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La
“Faille” et la nouvelle Quadrennial Defense Review Tanguy Struye de Swielande Pour
les États-Unis, la donne internationale actuelle crée une nouvelle
grille de lecture géostratégique à plusieurs échelons. Au premier
échelon, nous retrouvons la relation entre la superpuissance et les
grandes puissances. Le deuxième échelon se caractérise par la
relation entre Washington et les États voyous. Le troisième, enfin
se détermine par la relation entre les États-Unis et les États
effondrés, lesquels sont souvent dirigés par des clans, des ethnies
ou des tribus et forment un refuge pour de nombreux acteurs
transnationaux. En reprenant l’analyse de Thomas Barnett, le premier
échelon correspond au “Noyau” du monde, les deux autres échelons
formant pour leur part la “Faille”. Cette dernière est composée
principalement des Caraïbes, de la partie andine de l’Amérique du
Sud, de la majorité de l’Afrique, des Balkans, du Caucase, du
Moyen-Orient, d’une partie de l’Asie du Sud-Est et de la Chine intérieure.
Ces régions sont celles se caractérisant par des difficultés à
entrer dans l’ère de la mondialisation. Soit il n’y a pas suffisamment
de règles mises en place pour attirer les investissements, soit
elles se caractérisent par des conflits endémiques, par des régimes
autoritaires ou dictatoriaux, etc.[1]
Toute l’attention du gouvernement américain porte par conséquent
aujourd’hui sur cette Faille, dans laquelle les forces à combattre
sont souvent des chefs de guerre, des paramilitaires, des extrémistes,
des cartels, des enfants soldats, des mafias et groupement de
tous ordres (warrior-class
cultures).
Les conflits sont de cette façon de plus en plus polymorphes et idéologiques.
Les années 90 ont démontré que les principales contingences stratégiques
ne viennent pas d’une armée de haute technologie, mais sont plutôt
le fait d’acteurs transnationaux ne respectant aucune contrainte
instrumentale, morale ou juridique, et dont la rationalité est différente.
Pour autant, les menaces traditionnelles ne disparaîtront pas.
Elles s’ajouteront aux premières. L’environnement
sécuritaire de l’après-guerre froide se caractérise ainsi par la
fragmentation et par la libanisation, rendant la carte de lecture
des conflits brouillée. La
question, dès lors, est : comment des systèmes
politico-militaires tels que ceux des États-Unis peuvent-ils
concevoir et appréhender cette nouvelle donne ? Cette
évolution géostratégique nécessite une nouvelle approche doctrinale.
Même si la nouvelle Quadrennial
Defense Review ne sera rendue public que début 2006[2],
il est d’ores et déjà possible de comprendre dans quelle direction,
en s’appuyant sur les évolutions de ces dernières années, la
politique de sécurité et de défense se dirige. Washington,
réalisant que l’arc de crise va aujourd’hui de l’Amérique du
Sud-Caraïbes à l’Asie du Sud-Est, en passant par l’Afrique, le
Moyen-Orient, le Caucase et l’Asie centrale, comprend qu’un redéploiement
de ses forces est nécessaire. Or positionner des forces considérables,
semblables au déploiement des forces américaines durant la guerre
froide dans ces différentes régions est impossible. Déplacer, en
outre, une force conventionnelle lourde à partir des États-Unis
sur le théâtre des opérations prendrait trop de temps. Le président
Bush a, dans ces conditions, annoncé, mi-août 2004, une restructuration
du dispositif militaire américain à l’étranger : le Global
Defense Posture. Cette
initiative se donne comme objectif de restructurer la présence en
avant pour répondre aux nouvelles exigences de l’après-guerre
froide et de rendre le déploiement des forces militaires plus rapide,
plus agile et plus flexible dans les différents théâtres régionaux
à partir de bases avancées. Plus de 70 000
militaires stationnés en Europe et en Asie sont concernés par cette
restructuration. Le pays le plus touché est l’Allemagne, qui verra
le retrait de deux divisions (la 1re division blindée et
la 1re division d’infanterie). Le second pays affecté
est la Corée du Sud, qui verra la présence américaine réduite de
12 500 militaires. Ce redéploiement devrait débuter d’ici
2006 et prendre plusieurs années. Concernant la présence des forces
américaines au Japon, aucune décision n’a été prise à ce jour.
Cela étant, Washington
envisage dorénavant trois manières de déployer des forces à l’étranger : Cooperative
Security Locations, Forward Operations Bases
et Main Operating Bases. Les premières
(Cooperative Security
Locations) serviraient pour une mission bien précise et
concerneraient principalement l’Afrique. Les deuxièmes (Forward
Operations Bases) permettraient aux forces américaines de se déployer pour des exercices
ou interventions réelles et cela de façon temporaire, par rotation
(sans que toute la logistique et la famille accompagnent) et à un coût
moindre ; c’est, par exemple, le cas des bases en Afghanistan
et au Tadjikistan. Les dernières (Main Operating
Bases) sont des bases permanentes établies dans
des endroits stratégiques de part le monde (Japon, Corée du Sud,
Allemagne…). Il est de plus en plus encouragé de prépositionner
des forces en mer. De nombreux systèmes sont d’ailleurs à l’étude.
Enfin, les capacités dites Reach-Back,
c’est-à-dire les capacités qui ne sont pas indispensables sur le
théâtre d’opération (ex. l’évaluation des dommages de combat)
se retrouveront dans des lieux reculés et sécurisés[3].
À l’avenir, l’armée américaine se concentrera principalement sur la nécessité d’avoir des postes d’opération avancés et des facilités d’accès dans certains pays de l’arc de crise. Washington s’est de la sorte installé ces dernières années, entre autres, à Djibouti, en Géorgie, en Roumanie, en Bulgarie, en Afghanistan, au Tadjikistan, en Australie, en Équateur, en Colombie et demain probablement en Azerbaïdjan et au Cape Vert. Pour Douglas Feith, ancien numéro trois du Pentagone, la nouvelle approche se résume de la façon suivante : “Notre objectif est d’être positionnés pour gérer l’incertitude, avec un volume de forces approprié, les bonnes relations, les bonnes autorités et les capacités d’exécuter nos missions dans et à travers les régions (…) Les forces militaires américaines doivent être gérées de manière globale de façon à nous permettre de déployer rapidement un plus grand pourcentage des forces partout dans le monde où cela est requis. Les commandements régionaux ne « possèdent » plus de forces (propres) dans leurs théâtres d’opération. Le président et le secrétaire à la Défense répartissent les forces selon les besoins, les prenant partout dans le monde en fonction des circonstances”[4]. Ce redéploiement s’articule logiquement dans la nouvelle stratégie du Homeland Security se définissant par le “forward-deployed active-layered defense”, la première défense étant les postes avancés. Il faut, en d’autres termes, affronter l’adversaire le plus loin possible des États-Unis. En voulant la destruction en amont (à la source) de la menace, Washington applique une politique proactive. Aussi les coalitions sont construites en fonction d’objectifs bien déterminés, sont flexibles et très facilement adaptables. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que le Pentagone songe également à abandonner sa doctrine de deux guerres régionales pour une doctrine plus souple. Durant le premier mandat Bush, le département de la Défense avait déjà abandonné le principe de deux guerres régionales (au sens strict) lui préférant le concept win-hold-win. Dans le jargon militaire on parlera “1-4-2-1” : le “1” faisant référence à la défense du territoire ; le “4” renvoyant à quatre opérations de paix de petite taille dans quatre parties du monde ; le “2-1” faisant, enfin, référence aux deux conflits régionaux, dont l’un se caractérise par une victoire rapide. La nouvelle QDR paraît vouloir aller un pas plus loin : ne gagner plus qu’une guerre régionale rapidement et allouer ainsi plus de ressources à la défense du territoire américain et aux opérations antiterroristes. Cette évolution, si elle se confirme, devrait avoir un impact sur l’acquisition des équipements militaires à venir, puisque les interventions dites de basse intensité nécessitent un équipement militaire différent. Après l’annulation du système d’artillerie mobile Crusader, de l’hélicoptère Commanche, la réduction du nombre d’avions de chasse F-22, c’est aujourd’hui le programme du Joint Strike Fighter qui est menacé de coupes budgétaires importantes. Sans nullement négliger les conflits de haute ou de moyenne intensité, l’accent est mis sur les conflits de basse intensité, trop délaissés par le passé. Intervenir de façon rapide et efficace sur les différents théâtres d’opération, requiert flexibilité, versatilité et légèreté. La recherche se concentre sur des concepts clés tels que ceux de projection de forces à longue portée, d’accès au théâtre d’opérations, de supériorité technologique, d’opérations conjointes et de déni d’accès. Si les différentes branches de l’armée américaine connaissent des mutations, la transformation la plus importante est celle ayant lieu au sein de l’armée de terre américaine. Cette dernière manifeste la volonté d’allier la puissance de feu meurtrière des forces mécanisées (Legacy Force) à la souplesse stratégique des forces légères (Interim Force) et cela en fonction du projet à long terme de Future Force. Cette dernière comprend deux niveaux : le niveau de structure de combat et le niveau de l’individu. La structure de combat s’articule autour du Future Combat System (FCS). Ce dernier sera composé d’une famille de 17 véhicules d’un poids de moins de 20 tonnes, facilement transportables par air, de drones et de robots, tous interconnectés les uns aux autres. Le budget du programme FCS dans les années à venir est estimé aujourd’hui à 115 milliards de dollars. Il devrait se développer en trois stades d’ici 2014 et équiper 43 brigades d’ici 2025. L’objectif sera, de surcroît, d’insérer à l’avenir une brigade sur un théâtre d’opérations en 96 heures, une division en 120 heures et 5 divisions en 30 jours. On ne parlera plus de divisions, mais plutôt d’unités d’emploi et d’unités d’action. Les premières auront comme tâche les frappes de précision, l’administration du commandement conjoint des forces et la gestion C4ISR. Les unités d’action, devront, quant à elles, pouvoir agir de façon indépendante et pouvoir soutenir un rythme opérationnel élevé de plusieurs jours sans ravitaillement au niveau logistique, carburant et autres[5]. Là encore agilité, versatilité, létalité et réseaucentrisme seront les concepts clés. Tirant les leçons de la guerre en Irak, le général Schoomaker a d’ailleurs donné l’ordre de transformer la 3e division en différentes unités d’action (Unit of Action) afin de disposer d’unités modulaires. Le
fantassin connaîtra également une adaptation dans les années à
venir. Ce sera d’abord le Land Warrior (2010) et ensuite le Future
Force Warrior (à l’horizon 2015-2020), l’accent étant mis
sur la communication, la vidéo, l’interopérabilité, le réseaucentrique
etc. Le Land Warrior sera subdivisé en cinq systèmes :
le casque intégré, le système d’armes emporté, le dispositif
informatique communicationnel, les software
de combat et enfin les systèmes de protection et de survie. Il disposera,
en sus d’une connaissance de la situation tactique dans laquelle il
évolue, d’une vision claire du champ de bataille (niveau opératif)
et du théâtre complet des opérations (niveau stratégique). Les échanges
d’informations se feront entre fantassins et entre ces derniers et
leur plate-forme[6].
Certaines composantes du système seront testées sur le terrain dès
2003 et équiperont les forces militaires dans les prochaines années.
Les innovations du Land
Warrior serviront principalement de base pour le Future
Force Warrior. Ce
dernier est encore dans une phase de recherche et développement, mais
devrait être révolutionnaire (combinaison modifiant son camouflage
afin de se confondre au paysage, s’adaptant aux conditions atmosphériques,
etc.). Nous l’observons, le projet Future Force se donne
comme objectif une capacité de conduite opérationnelle interarmées
et sera structuré et organisé de façon à agir de manière plus
rapide, précise et agile. L’US
Navy met, pour sa part, l’accent sur la projection de puissance
dans les régions littorales et sur la nécessité d’acquérir les
moyens technologiques et opérationnels pour faire face au risque
d’un déni d’accès (access-denial),
pouvant dissuader la projection de puissance américaine (mines,
missiles anti-navires, sous-marins diesels, vedettes d’attaque
rapides, avions et hélicoptères). L’objectif est d’assurer, à
la fois, la présence à l’avant, la supériorité technologique,
l’action en temps réel et l’organisation opérationnelle. Car,
comme le déclare J. M. Robertson : “L’importance
des forces navales à l’avenir requerra une aptitude croissante de
combattre dans les eaux territoriales plutôt qu’en haute mer”.[7]
La nouveauté doctrinale consiste donc à avoir à disposition des
forces navales expéditionnaires parfaitement adaptées pour mener
des opérations interarmées à partir de la mer. Il
s’agira désormais d’utiliser les mers pour projeter la force
nationale sur les points faibles de l’ennemi. L’importance du sea
basing devient primordiale
dans ce contexte. Dans la pratique, ces inflexions doctrinales
se sont déjà traduites par
l’étude du destroyer d’attaque terrestre DD-X, devant entrer en
service vers 2010, mais qui connaît plusieurs problèmes de
conception. De même, les navires amphibies LPD-17, ainsi que
l’acquisition de plates-formes plus traditionnelles [nouvelle génération
de porte-avions : CVN-77 et, à plus long terme, CVN-(X)].
D’autres projets sont à l’étude, dont la base offshore
mobile (MOB). Sorte de port maritime, elle s’appuie sur la
technologie des plates-formes flottantes, accueillant sur 2 kilomètres
de longueur et 200 mètres de largeur, C-130, chasseurs-bombardiers, hélicoptères,
cargos, transporteurs de troupes, milliers de tonnes de logistique,
etc. L’US Navy de demain s’appuie, en définitive, sur trois
grands principes : Sea
Basing (bases en mer, forces expéditionnaires), Sea
Strike (projection de la puissance maritime), Sea Shield (bouclier par défense anti-aérienne, anti-missiles,
anti-sous-marine, défense du littoral, déminage, etc.)[8]. Parallèlement
à ses missions classiques, l’US Air Force met de plus en plus
l’accent sur des missions d’appui aérien rapproché en guise
d’artillerie. Enduring Freedom et Iraqi Freedom ont
ainsi montré une réorientation de la puissance aérienne vers une
fonction de soutien aux troupes au sol. En matière de stratégie aérienne,
la réduction de la durée des cycles F2T2EA (Find, Fix, Track,
Target, Engage, Assess) à 12 minutes est exemplaire : elle
pouvait être de plus de 24 heures durant Desert Storm[9].
La domination informatique par le biais des drones, des satellites,
des avions espions… a permis d’obtenir des informations en temps réel
et d’avoir un temps de réaction plus rapide que par le passé. Développé par les Marines, le concept Operational Maneuver from the Sea (OMFTS) (aujourd’hui Marine Corps Strategy 21)[10] s’articule autour de la notion du ship-to-maneuver, laquelle envisage désormais les opérations amphibies indépendamment de l’étape antérieure de l’établissement d’une tête-de-pont, étape qui imposait la pause opérationnelle. L’attaque du rivage depuis la mer devra permettre l’engagement rapide à un point choisi par les forces américaines, ainsi que la manœuvre, laquelle privera l’ennemi du délai de réaction. L’OMFTS tend à combiner les technologies avancées, la manœuvre et l’avantage comparatif du sea-basing, pour combattre dans l’environnement littoral chaotique du xxie siècle. Durant Enduring Freedom, les US Marines ont appliqué à la lettre le nouveau concept ship-to-maneuver. Pour s’attaquer à l’Afghanistan, les États-Unis ne disposaient pas de bases avancées dans la région. Aussi, le débarquement, à partir du porte-avions USS Kitty Hawk, d’un nombre non négligeable de Marines avec leur équipement en un temps record sur un aéroport au sud de Kandahar a permis un déploiement rapide et à un point choisi par les Marines. Parallèlement, le corps des Marines investit fortement dans la guerre urbaine. D’ici à 2015, le corps des Marines veut devenir une force plus légère, plus mobile, plus rapide, plus flexible, plus létale et disposant d’une empreinte logistique réduite à terre. Les leçons d’Irak aidant, les Marines (ainsi que d’ailleurs l’armée de terre) ont non seulement adapté leur équipement à la guerre urbaine (blindage des Humvee, des chars Abrams, genouillères et coudières, gilets pare-balles, drones portables, etc.), mais également leurs tactiques opérationnelles à travers le swarming[11], l’Effect Based Operations[12], etc. Dans
ce contexte de conflits de basse intensité, une autre adaptation récente
est celle des “règles de comportement”. Contrairement à une
certaine tradition militaire américaine (Jomini), le Pentagone ne
mise plus seulement sur la technologie pour défaire ses adversaires,
mais tient compte de plus en plus des questions psychologiques,
politiques et sociales en jeu dans une guerre de basse intensité.
Ainsi l’académie militaire de West Point insiste auprès des cadets
pour qu’ils maîtrisent les langues, les cultures et traditions
locales et qu’ils aient un sens aigu de la diplomatie et de la
psychologie. Alors même que les nouvelles technologies facilitent
certains aspects de la guerre, le soldat adapté à la lutte contre-guérilla
et contre-terroriste, ainsi que le renseignement humain deviendront
indispensables. Dans ces circonstances, le Pentagone commence à
comprendre que, si la RMA n’est pas accompagnée par une révolution
dans la prise en compte de l’aspect ontologico-culturel, les États-Unis
pourraient bien se retrouver dans une situation semblable à celle
qu’ils ont connue durant la guerre du Viêt-nam dans les conflits à
venir. Une autre évolution dont il sera probablement fait mention dans la nouvelle QDR est celle de la privatisation de la sécurité. À côté des forces militaires officielles, Washington a de plus en plus souvent recours à des sociétés de sécurité privées. Ces sociétés s’imposent dans différents domaines de la sécurité, allant du catering et du gardiennage au soutien et à la collaboration aux forces militaires, au renseignement et aux forces spéciales en passant par la maintenance de bombardiers B-2, F-117 et de navires de guerre et par le pilotage de drones Global Hawk. Cette politique parallèle est une composante essentielle de la nouvelle géopolitique avec ses guerres par procuration, inavouées mais si utiles aux intérêts nationaux[13]. En cas de coup dur ou d’interférence diplomatique nuisible, ces nouveaux partenaires privés assument les inconvénients à la place du gouvernement américain. Dans un contexte d’austérité budgétaire, cette politique permet, en outre, une importante baisse du personnel, sans affecter pour autant la capacité d’influence et de projection extérieure du Pentagone. Ces sociétés sont intervenues ces dernières années en Colombie, en Irak, en Afghanistan, en Afrique sub-saharienne, etc. Enfin,
si les États-Unis continuent à explorer un ensemble de systèmes de
défense contre des attaques de missiles balistiques - le Theater
High Altitude Area Defense (THAAD), le Medium
Extended Air Defense System (MEADS), le Navy
Theater Wide Defense (NTWD) et l’Airborne
Laser - ils craignent de plus en plus les missiles de croisière.
Aussi plusieurs programmes sont-ils en cours de développement dans
le cadre du projet Cruise
Missile Defense. La première ligne de défense est la détection,
à savoir les E-3, les E-2 de la marine, les systèmes Aegis,
les radars terrestres et les Joint
Land Attack Cruise Missile Defense Elevated Netted Sensor (JLENS)[14].
Pour l’interception des missiles de croisière, les forces
militaires américaines ont recours, entre autres, au missile Navy
SM-2, à l’Advanced Medium
Range Air-to-Air Missile et au système Patriot
PAC–3. Une solution pour l’avenir est le Tactical
High Energy Laser (THEL), laser de défense aérienne conçu en
coopération avec Israël. Il sera déployé dans les prochaines années.
À plus long terme, le commandement américain aura à disposition le
laser aéroporté sur le Boeing 747, le F-22 et les missiles AIM-120. Au bout du compte, l’on observe donc une armée américaine qui se transforme intégralement par l’amélioration des capacités d’interopérabilité, d’intégration, de sécurité et de précision du C4ISR, par le développement d’armes offensives et défensives, de précision et de longue portée, par la mobilité des forces et par de nouvelles doctrines. Le défi majeur des États-Unis sera de continuer l’adaptation de leur force high-tech au combat dans des zones (grises) low-tech du monde, où les ennemis ne sont pas des États-nations, mais plutôt des cartels de la drogue, des mafias, des réseaux extrémistes, etc. L’objectif est, en retenant les leçons de l’Afghanistan et de l’Irak de former une armée qui soit aussi bien capable de faire des guerres de haute intensité que de basse intensité. Aussi les forces armées et doctrines américaines sont-elles soumises à une transformation dynamique et continue en fonction des leçons du passé, des menaces et de l’actualité. [1]
Thomas P.
Barnett, “The Pentagon’s New Map’”, Esquire, 1er mars
2003. [2] Depuis 1993, la loi fédérale fait obligation à chaque administration en début de mandat d’établir un document de référence relatif à la stratégie de défense des États-Unis. [3]
The
National Defense Strategy of the United States of America,
Department of Defense, mars 2005, p. 23. [4]
Statement of Douglas J. Feith, Under Secretary of Defense for Policy
before the House Armed Services Committee, 23 juin 2004. [5]
Mark
Hewish, “Technology Transformations for Armored Warfare”, Jane’s
International Defense Review, avril 2003, n° 36, pp. 33-58. [6]
Alain De
Neve, Raphaël Mathieu, “La Défense européenne et la RMA :
convergences possibles ou disparités inéluctables”,
Sécurité et Stratégie (Centre d’Etudes et de Défense),
n° 84, avril 2004, pp. 84-85 et p. 53. [7]
Michael Robertson, “Alfred Mahan and the Geopolitics of Asia”, Comparative
Strategy, 1996, p. 361. [8]
Alain De Neve et Joseph Henrotin, “Sea Power 21 et l’avenir de
la posture stratégique de l’US Navy”, Stratégique,
à paraître. [9]
Alain De
Neve, Joseph Henrotin, “L’opération
Iraqi Freedom, une guerre de la ‘Troisième Vague’ ?”,
www.checkpoint-online.ch, 21 septembre 2003. [10]
Marine
Corps Strategy 21, Department of the Navy, Headquarters United
States Marine Corps, Washington, D.C. 20380-1775, novembre 2000, pp.
1-12. [11] Le swarming (essaimage) consiste à frapper de façon structurée, ordonnée, à partir de multiples directions par une multitude d’unités de petite taille, dispersées, mais en communication constante une cible précise. [12]
Opérations basées sur l’application des effets. [13]
Ken
Silverstein, “Privatizing War”, The Nation, 28 juillet-4
août 1997. [14]
Le
JLENS est un aérostat doté de radars (surveillance radar et
precision tracking radar) devant fournir une couverture à
basse altitude des missiles de croisière assaillants. Il opérera
à une altitude de 10 000 à 15 000 pieds.
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