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Deuxième
table ronde - La mutation de l’institution
militaire
sous la présidence
de François Gresle
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Exposé
introductif
Pierre
Dabezies
Lors d’un très récent colloque à
l’École Militaire, M. Jean Claude Mallet reconnaissait lui-même que
le passage à l’armée de métier requérait qu’on trouve un
substitut au lien armée-nation, à certains égards mis en cause par la
disparition de la conscription. Lien mythique, disent certains, en
rappelant que le service militaire au sens strict n’a guère chez nous
plus d’un siècle ! Mythe citoyen, peut-on leur rétorquer, qui
à travers la Révolution, la nation en armes, Jaurès, les grandes
guerres, a cimenté l’identité nationale et façonné une certaine idée
de la France républicaine qu’on peut appréhender de voir
aujourd’hui abandonnée.
Le service militaire a d’ailleurs été
un puissant facteur d’intégration sous la IIIe République
et, après une pause où le problème ne se posait plus dans les mêmes
termes, était susceptible de le redevenir à l’heure des fractures
internes. À ce titre, on peut se demander si, sur le plan subjectif de
la complicité du pays et de son armée, comme sur le plan objectif, de
la sécurité des citoyens et notamment du terrorisme, la mutation vers
une armée professionnelle ne constitue pas un très sérieux manque à
gagner.
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