Institut de Stratégie Comparée, Commission Française d'Histoire Militaire, Institut d'Histoire des Conflits Contemporains |
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Correspondance
militaire Extraite
de la correspondance générale Par
ordre du ministère de la guerre Tome cinquième Paris - 1876 1070.
‑ DÉCRET PORTANT DISSOLUTION DE LA GRANDE ARMÉE ET FORMATION DE
L’ARMÉE DU RHIN. Erfurt,
12 octobre 1808. TITRE
1er. ARTICLE
PREMIER. ‑ A dater du 15 du présent mois, la Grande Armée sera
dissoute. Le
corps de troupes qui restera en Allemagne prendra le nom d’Armée
du Rhin. ART.
2. ‑ Le corps de troupes qui restera sous les ordres du maréchal
prince de Ponte‑Corvo, dans les villes hanséatiques, prendra le nom
de corps de troupes du gouvernement des villes hanséatiques. TITRE II. DU
GOUVERNEMENT DES VILLES HANSÉATIQUES. ARTICLE
PREMIER. ‑ Le prince de Ponte‑Corvo commandera en chef le corps
de troupes du gouvernement des villes hanséatiques. Le général de
brigade Gérard sera chef d’état‑major dudit corps. Le général
Mossel commandera l’artillerie. Le général Lazowski commandera le génie.
Le sieur Duprat remplira les fonctions d’ordonnateur en chef. Le
sieur….. remplira les fonctions de payeur. Troupes
françaises : Division
du général Dupas, composée
du 5è régiment d’infanterie légère, du 19è régiment d'infanterie de
ligne, du 13è et du 24è régiment de chasseurs à cheval. Artillerie
:
Douze pièces d’artillerie servies par deux compagnies du 1er régiment
d’artillerie, attelées ; les compagnies nécessaires du train d’artillerie,
fournies par un même bataillon du train ; une compagnie de sapeurs ; une
compagnie d’équipages militaires. Division
de troupes hollandaises :
quatre
régiments
d’infanterie, un régiment de cuirassiers, une compagnie d’artillerie à
cheval, une compagnie de pontonniers, une compagnie du train d’artillerie. ART.
2. – L’état‑major sera composé de deux adjudants commandants et
de six adjoints à l’état-major. Chaque division aura un adjudant
commandant et deux adjoints. L’administration sera conforme aux règlements. TITRE
III. ARMÉE
DU RHIN. ARTICLE
PREMIER. ‑ Le due d’Auerstædt commandera en chef l’armée du
Rhin. Le général de division Compans sera chef d’état‑major de
ladite armée. Quatre adjudants commandants, seize adjoints seront attachés
à l’état‑major général. Un adjudant commandant et trois adjoints
seront attachés à chacune des divisions. Le
général de division Hanicque commandera l’artillerie. Un général de
brigade d’artillerie sera désigné pour commander le parc. Le nombre
d’officiers d’artillerie nécessaire, tant pour le parc que pour
chacune des divisions, sera déterminé. Le
général de brigade Tousard commandera le génie. Les officiers du génie nécessaires
pour l’état-major, pour les places et pour les divisions, seront nommés. L’inspecteur
en chef aux revues Villemanzy sera l’intendant général de l’armée. Le
commissaire ordonnateur Chambon sera ordonnateur en chef de l’armée. Le
payeur actuel de la Grande Armée sera payeur général de l’armée du
Rhin. TITRE
IV. COMPOSITION
DE L’ARMÉE DU RHIN. ARTICLE PREMIER. – L’armée du Rhin sera composée de quatre divisions, une réserve d’infanterie, une de cavalerie, et du gouvernement de Danzig, savoir : 1re division, la division actuelle du général Morand ; 2è division, la division actuelle du général Friant ; 3è division, la division actuelle du général Gudin ; 4è division, la division actuelle du général Saint‑Hilaire, augmentée du 57è de ligne. Réserve d’infanterie : corps du général Oudinot. Réserve de cavalerie : Quatorze régiments de grosse cavalerie, formant trois divisions. CORPS
DU GOUVERNEMENT DE DANZIG. Le général Rapp, gouverneur, ayant à ses
ordres quinze officiers français de différents grades, qui seront désignés
de suite pour remplir les fonctions d’adjudant commandant, de commandant
d’armes et de commandant de forts ; un commissaire des guerres et les
garde‑magasins nécessaires. Garnison
:
Le 105è régiment de ligne français ; un régiment d’infanterie saxon ;
deux régiments d’infanterie polonais ; un régiment de cavalerie légère
français ; un régiment de cavalerie polonais. Artillerie
et génie :
Deux officiers supérieurs d’artillerie français ; quatre capitaines, résidents,
d’artillerie français ; trois compagnies d’artillerie à pied françaises.
Un officier supérieur du génie français ; quatre officiers du génie
français, résidents ; une compagnie de sapeurs français. ART.
2. ‑ La division du général Saint‑Hilaire aura son quartier général
à Stettin et fournira les garnisons pour les places de Stralsund, Stettin,
Küstrin et Glogau. Le reste des troupes de la division occupera la Poméranie
suédoise. ART.
3. ‑ Il y aura à Glogau une compagnie d’artillerie à pied française,
un escadron de cavalerie française, un régiment d’infanterie française,
une compagnie de sapeurs, une escouade d’ouvriers. État‑major
: L’état‑major sera composé d’un commandant de place, quatre
adjudants de place, un commissaire des guerres, et des garde‑magasins
nécessaires. Artillerie
:
Un officier supérieur
d’artillerie, deux officiers d’artillerie en résidence, des
garde‑magasins. PLACE
DE KUSTRIN : Le même état‑major et la même composition
d’artillerie et du génie qu’à Glogau. La garnison ne sera composée
que de deux bataillons d’infanterie et d’une seule compagnie de
cavalerie. PLACE
DE STETTIN : Il y aura à Stettin deux compagnies d’artillerie. Du
reste, même composition d’état‑major, d’artillerie et du génie
que ci‑dessus. Tout
ce qui restera de la division Saint‑Hilaire, infanterie, cavalerie,
artillerie et génie, tiendra garnison à Stralsund et occupera la Poméranie
suédoise. Cette division aura dix‑huit pièces de canon, dont six
servies par l’artillerie légère. Il
y aura au quartier général du général Saint-Hilaire un commissaire
ordonnateur, qui correspondra avec tous les commissaires des places de
Stettin, Küstrin et Glogau, et même avec celui de la place de Danzig, afin
de connaître la situation des magasins et de veiller à ce que les
approvisionnements de siège soient en bon état et suffisants pour les
besoins de la garnison pendant un an. ART.
4. ‑ Les trois autres divisions seront placées, savoir : une à
Magdeburg, laquelle sera complétée à 12,500 hommes et nourrie par le
roi de Westphalie ; l’autre division sera placée dans le Hanovre ; la
troisième, à Halle et à Halberstadt. Une
division de cuirassiers restera dans le pays de Baireuth. Les deux autres
divisions de cuirassiers seront placées dans le Hanovre. La
division de réserve du corps du général Oudinot restera à Baireuth. Ces
troupes seront nourries des magasins de l’Empereur. TITRE V. ARTICLE
PREMIER. ‑ Il y aura à l’armée du Rhin dix régiments de cavalerie
légère, savoir : brigade du général Beaupré : 1er, 2è
et 12è régiment de chasseurs ; brigade du général Pajol : 5è et 7è de
hussards, 11è de chasseurs ; brigade du général Bordesoulle ; 9è
régiment de hussards, 7è et 20è régiments de chasseurs. Le 8è de
hussards et le 16è de chasseurs seront placés, l’un à Danzig, l’autre
dans une des trois brigades ci-dessus. Art.
2. – Indépendamment de cette cavalerie légère, la réserve de grosse
cavalerie, comme il est dit ci-dessus, composée de quatorze régiments et
formant trois divisions, fera partie de l’armée du Rhin. La
division du général Nansouty aura 12 pièces d’artillerie légère et
chacune des deux autres divisions en aura 6 ; total, 24 pièces. TITRE VI. ARTICLE PREMIER. – Le commandant de l’armée du Rhin aura soin de pourvoir à l’organisation de l’artillerie des places de Stralsund, Stettin, Küstrin, Glogau et Magdeburg. Il y aura dans ces places un officier supérieur, deux officiers en résidence, et des garde-magasins. Une compagnie d’ouvriers sera distribuée dans ces places. Il
y aura à Danzig quatre compagnies d’artillerie à pied fournies par un même
régiment ; trois à Magdeburg ; cinq autres compagnies
d’artillerie à pied seront également distribuées dans les places de
Stettin, Kûstrin et Glogau ; ce qui fera douze compagnies
d’artillerie à pied dans ces places. Dix
compagnies d’artillerie à cheval seront employées au service des 60 pièces
d’artillerie légère attachées aux divisions de l’armée du Rhin ;
douze compagnies d’artillerie à pied seront aussi employées à
l’artillerie de ces divisions ; six autres compagnies d’artillerie
à pied seront employées au parc. Deux compagnies d’ouvriers seront
employées aux divisions et au parc. Quatre compagnies de pontonniers auront
la même destination. ART.
2. – L’équipage de campagne sera de 130 pièces de canon et de 1,000
voitures, dont 7 à 800 attelées ; quatre bataillons du train et au
moins 4,000 chevaux d’artillerie. On
aura soin que les dix compagnies d’artillerie légère et les trente
compagnies d’artillerie à pied soient, s’il se peut, prises dans les mêmes
régiments. TITRE VII. ARTICLE PREMIER. – Le génie aura un officier supérieur et le nombre d’officiers du génie convenable dans chacune des places de Danzig, Glogau, Stettin, Kûstrin, Stralsund et Magdeburg. Le minimum qu’on puisse y employer doit être de vingt-cinq à trente officiers. Indépendamment
du service des places, il y aura deux officiers du génie à chaque
divisions près du commandant du génie. Il
y aura près de ce commandant un bataillon de sapeurs, une compagnie de
mineurs, 15,000 outils chargés sur des fourgons attelés. Le
commandant du génie aura soin de se pourvoir, sous sa responsabilité,
des plans des places dans lesquelles il reste des garnisons françaises,
ainsi que de la carte du pays à 1,200 toises de la place, afin de pouvoir
s’en servir si l’occasion s’en présente. TITRE
VIII. ADMINISTRATION. ARTICLE PREMIER. ‑ Il y aura deux bataillons entiers des équipages militaires, formant 228 voitures attelées, un médecin en chef, un chirurgien en chef, un pharmacien en chef, un commissaire ordonnateur chargé des hôpitaux, six commissaires des guerres pour chacune des six places de Küstrin, Stettin, Stralsund, Magdeburg, Glogau et Danzig. ART.
2. ‑ Un commissaire ordonnateur sera chargé de tout ce qui tient à
l’approvisionnement des magasins des places, de manière à ce qu’ils
soient approvisionnés pour un an pour la garnison. ART.
3. ‑ Tous les objets d’habillement et d’équipement qui se
trouvent sur la rive droite de l’Elbe seront sans délai évacués et
dirigés sur Magdeburg. Tous
les magasins et approvisionnements qui se trouvent sur la Vistule seront évacués
et dirigés sur Danzig. TITRE
IX. ARTICLE
PREMIER. ‑ La division du général Boudet et celle du général
Molitor, organisées et composées telles qu’elles l’étaient en
venant d’Italie, artillerie, génie et administration, ainsi que les 19è,
3è, 23è et 14è de chasseurs qui ont leurs dépôts en Italie, se réuniront
d’abord à Francfort‑sur‑le‑Main, où elles attendront
de nouveaux ordres. ART.
2. ‑ La division du général Legrand et la division du général
Saint‑Cyr se réuniront d’abord à Würzburg, où elles attendront
de nouveaux ordres. ART.
3. ‑ Les mouvements, en ce qui concerne l’armée du Rhin, ne se
feront que par les ordres du duc d’Auerstædt et par le plénipotentiaire
qui sera chargé des dispositions relatives à l’évacuation de la Prusse.
A cet effet, ce maréchal se rendra à Berlin, et, dès ce moment,
c’est‑à‑dire du 15 octobre, le corps du maréchal Soult est
sous ses ordres, ainsi que toutes les troupes en Allemagne, hormis le corps
du prince de Porte‑Corvo. ART.
4. ‑ A cet effet, le major général donnera des états détaillés de
tout ce qui doit rester à l’armée du Rhin et de ce qui doit en partir. ART.
5. ‑ Les officiers d’état‑major, les commandants d’armes,
les généraux, les inspecteurs aux revues, commissaires des guerres, agents
et employés des différentes administrations, qui ne seront pas compris
dans la présente organisation, se rendront à Mayence, où ils recevront
des ordres du ministre de la guerre. TITRE
X. GENDARMERIE. ARTICLE
PREMIER. ‑ Le corps du prince de Ponte-Corvo gardera le détachement
de gendarmerie qui s’y trouve aujourd’hui et qui est fort de 3 officiers
et de 78 gendarmes montés. ART.
2. ‑ Il y aura à l’armée du Rhin un colonel de gendarmerie et deux
compagnies de 50 gendarmes chacune. ART.
3. ‑ Le surplus de la gendarmerie qui pourrait rester à la Grande Armée
se retirera sur Mayence, d’où chaque brigade rentrera dans sa légion. TITRE
XI. ROUTE
DE L’ARMÉE. ARTICLE PREMIER. ‑ La route de l’armée pour les places, de Glogau, Danzig, Küstrin et Stettin, sera tracée par Magdeburg et Wesel. La
route pour le corps du général Oudinot sera tracée, par le plus court
chemin, sur Mayence. ART.
2. ‑ Nos ministres de la guerre, de l’administration de la guerre,
notre major général et l’intendant général sont chargés de l’exécution
du présent décret. NAPOLÉON. D’après
l'ampliation. Dépôt de la guerre. 1071. ‑ ORDRE AUX COMMANDANTS D’ARMÉE DE CORRESPONDRE DIRECTEMENT AVEC LE MINISTRE DE LA GUERRE. AU
GÉNÉRAL CLARKE, MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS. Saint‑Cloud,
19 octobre 1808. Le
Vice‑Roi comme commandant mon armée d’talie, le général Marmont
comme commandant mon armée de Dalmatie, le roi de Naples comme commandant
mon armée de Naples, le duc d’Auerstædt comme commandant mon armée du
Rhin, le prince de Ponte-Corvo comme commandant le corps d4armée des villes
hanséatiques, vous écriront directement, et non par le canal de leur chef
d’état-major, pour tous les objets relatifs au service, ce qui ne doit
pas empêcher l’état‑major de vous donner des explications sur les
détails et de vous envoyer des rapports. Mais faites connaître aux commandants
en chef que la responsabilité n’est à couvert qu’autant qu’ils ont
écrit au ministre de la guerre, sans que quoi qu’ils puissent écrire
directement à l’Empereur puisse couvrir leur responsabilité. D’après
la minute. Archives de l’Empire. 1072. ‑ OBSERVATIONS SUR LA CONDUITE DE JUNOT EN PORTUGAL. – INSTRUCTIONS POUR LA RÉORGANISATION DE SON CORPS D’ARMÉE. AU
GÉNÉRAL JUNOT, DUC D’ABRANTÈS, COMMANDANT LE 8è CORPS DE L’ARMÉE
D’ESPAGNE, A LA ROCHELLE. Saint‑Cloud,
19 octobre 1808. Le
ministre de la guerre m’a mis sous les yeux tous vos mémoires et,
notamment, votre lettre du 15 octobre. Vous n’avez rien fait de déshonorant
; vous ramenez mes troupes, mes aigles et mes canons. J’avais cependant
espéré que vous feriez mieux. Dès les premiers moments de votre entrée
en Portugal, je vous avais prévenu de la nécessité d’être maître des
Portugais, de n’avoir aucune confiance en eux, de former un camp
retranché. Ce camp retranché ne devait pas avoir pour but spécial de
couvrir Lisbonne et l’embouchure du Tage : Almeida et Elvas pouvaient même
servir de centre et de réduit, si l’embouchure du Tage n’y était pas
propre. Dans la saison où nous sommes, il était facile d’y réunir des
vivres, sauf à laisser manquer Lisbonne. Vous auriez défendu vos chevaux ;
manquant de vivres, vous les auriez mangés ; et vous eussiez pu attendre,
dans cette position, des secours pendant six mois. Durant ce temps vous
auriez été secouru, ou, si vous ne l’aviez pas été, vous eussiez alors
mérité la convention que vous avez faite. Cette convention, vous l’avez
gagnée par votre courage, mais non par vos dispositions ; et c’est avec
raison que les Anglais se plaignent que leur général l’ait signée. Vous
l’auriez méritée si vous l’eussiez signée dans un camp retranché,
six semaines plus tard. Enfin il est dans votre traité une circonstance qui
peut difficilement se justifier, c’est d’avoir abandonné Elvas :
pourquoi, au contraire, n’en avoir pas renforcé la garnison et ne lui
avoir pas dit de tenir jusqu’à son dernier morceau de pain ? Nous serons
à Elvas avant la fin de décembre ; quel avantage si nous avions trouvé
cette place ! Et à tout événement, 1,500 à 2,000 hommes auraient obtenu
de rentrer en France. Je vous avais ordonné depuis longtemps de démolir
Almeida et la plupart des autres places. Aujourd’hui, j’ai publiquement
approuvé votre conduite ; ce que je vous écris confidentiellement est
pour vous seul. Restez
où vous êtes. J’ai donné ordre au ministre Dejean de vous fournir 800
mulets et chevaux. Je passerai la revue de votre corps avant dix jours ; il
forme désormais le 8è corps de l’armée d’Espagne, que je commande en
personne. Avant la fin de l’année, je veux vous replacer moi‑même
à Lisbonne. Retenez près de vous les officiers qui connaissent le mieux le
pays. Envoyez‑moi la meilleure carte que vous ayez ; faites‑y
tracer les routes, et joignez‑y tous les renseignements sur la manière
dont on peut rentrer à Lisbonne sans faire aucun siège. Placez
la division Delaborde à Angoulême. Faites-lui fournir douze pièces de
canon avec les caissons, afin que cette division soit en état d’entrer la
première en Espagne. Chacune sera portée à 6,000 hommes. Tous les détachements
de dragons que vous avez rejoindront leurs corps, et je vous donnerai une
division complète. Déjà j’ai ordonné que de nombreux détachements des
47è, 70è et 86è partissent de Bretagne ; d’autres vont partir de Paris. Le
ministre Dejean a dû vous envoyer l’ordre d’acheter 800 mulets pour
votre bataillon du train, et d’autres pour vos équipages militaires ; 600
chevaux espagnols sont dirigés sur vous ; 600 chevaux s’y rendent des dépôts
de dragons, et vous êtes autorisé à en acheter en Poitou. Envoyez‑moi
l’état de situation de votre artillerie, de vos équipages militaires, de
votre train, de votre cavalerie, de votre sellerie, de votre remonte, enfin
tout ce qui peut me mettre à même de bien connaître la situation de
votre corps. Ayez soin, en parlant de vos bataillons, de faire mettre le
nombre de compagnies dont ils sont formés. Vous porterez désormais le nom
de 8è corps de l’armée d’Espagne. Sur les 600 chevaux que vous avez
ramenés, je désire savoir combien il y en a qui appartiennent à la
troupe.
Un homme comme vous doit mourir
ou ne rentrer à Paris que maître de Lisbonne. Du reste, vous serez
l’avant‑garde et je serai derrière vous. Ne perdez pas un moment ;
activez l’organisation des administrations ; passez par‑dessus les
difficultés. D’ailleurs j’ordonne qu’un nouveau bataillon du train
vous soit envoyé. D’après
la minute. Archives de l’Empire. 1073.
‑ REPROCHES ET OBSERVATIONS POUR NE PAS AVOIR SOUTENU UNE DE SES
DIVISIONS ENGAGÉE AVEC L’ENNEMI. AU
MARÉCHAL VICTOR, DUC DE BELLUNE, COMMANDANT LE
1er CORPS DE L’ARMÉE D’ESPAGNE, A OSMA. Vitoria,
6 novembre 1808, minuit. J’ai
mis sous les yeux de l’Empereur voire lettre du 6, que votre aide de camp
a dit avoir écrite à midi. Sa Majesté, Monsieur le Maréchal, a été très‑mécontente
de ce que, au lieu d’avoir soutenu le général Villatte, vous l’ayez
laissé aux prises avec l’ennemi, faute d’autant plus grave que vous
saviez que le maréchal Lefebvre avait commis celle de laisser exposée une
division de votre corps d’armée en reployant ses deux autres divisions
sur Bilbao.
Vous saviez, Monsieur le Maréchal, que cette division était exposée
à Valmaseda, puisque le général la Bruyère avait communiqué avec elle
le 5 au matin. Comment, au lieu de vous porter en personne, à la tête de
vos troupes, secourir une de vos divisions, avez‑vous laissé cette opération
importante à
un général de brigade, qui n’avait pas votre confiance et qui
n’avait avec lui que le tiers de vos forces ? Comment, après que vous
avez eu la nouvelle que pendant la journée du 5 la division Villatte se
fusillait, avez-vous pu, au lieu de marcher à son secours, supposer
gratuitement que ce général était victorieux ? Sa Majesté demande
depuis quand la fusillade et l’attaque sont une preuve de la retraite de
l’ennemi. Cependant, M. le Duc, les instructions de M. le Maréchal
Jourdan étaient précises, de ne vous porter sur Miranda que quand vous
seriez assuré que l’ennemi était en retraite ; au lieu de cela, M.
le Maréchal, vous êtes vous êtes parti lorsque vous aviez la preuve
certaine que l’ennemi se battait. Vous savez que le premier principe de la
guerre veut que dans le doute du succès on se porte au secours d’un de
ses corps attaqués, puisque de là peut dépendre son salut. Dans l’autre
supposition, votre mouvement ne pouvait avoir d’inconvénient puisque
votre instruction de vous porter sur Miranda n’était qu’hypothétique,
et qu’ainsi sa non-exécution ne pouvait influer sur aucun projet du général
en chef. Voici ce qui est arrivé, Monsieur le Maréchal : la colonne
devant laquelle le général la Bruyère s’est ployé a trouvé le général
la Villatte, qui, attaqué de front et en queue, n’a dû son salut qu’à
son intrépidité et après avoir fait un grand carnage de l’ennemi ;
de son côté, il a un peu perdu, et s’est retiré sur Bilbao, deux lieues
en avant de cette ville, le 5 au soir. La
volonté de l’Empereur, Monsieur le Maréchal, est que vous partiez sans délai
pour vous porter sur Orduna ; que vous marchiez à la tête de vos troupes,
que vous teniez votre corps d’armée réuni et que vous manœuvriez pour
vous mettre en communication avec la gauche du maréchal Lefebvre, qui
doit être à Bilbao. N’ayant aucune connaissance ici de ce que l’ennemi
peut avoir fait dans la journée du 6, ni de ce qu’il fera dans la journée
du 7, vous devez vous conduire selon les circonstances. Dans tous les événements,
les débouchés d’Orduna, d’Amurrio et d'Areta assureront vos
communications avec Vitoria. Je donne ordre au général Lapisse de se
porter sur les hauteurs d’Orduna pour assurer votre mouvement. Vous
pourrez le réunir à votre corps d’armée, aussitôt qu’il sera remplacé
sur les hauteurs d’Orduna par les troupes du maréchal Bessières. Si cependant
vous acquériez la certitude que l’ennemi ait évacué Valmaseda et Nava,
et se fût, comme cela est possible, mis en retraite, vous pouvez arrêter
votre mouvement, toutefois après vous être mis en communication, par vos
coureurs, avec le maréchal Lefebvre, et avoir concerté ensemble vos
mouvements. Le
prince ALEXANDRE, major général. D’après
l’original. Dépôt de la guerre. 1074. ‑ MODIFICATIONS DANS LA COMPOSITION DES CORPS D’ARMÉE D’ESPAGNE. A
ALEXANDRE, MAJOR GÉNÉRAL PRINCE
DE NEUCHATEL, MAJOR A VITORIA. Vitoria,
8 novembre 1808. Mon
Cousin, envoyez l’ordre au maréchal Moncey de placer les deux bataillons
du 116è dans la division Morlot, afin de porter cette division à 4,000
hommes. La division du général Mathieu doit être diminuée du 1er
régiment de la Vistule ; ce régiment fait partie de la division Musnier.
Par ce moyen, la division Mathieu sera diminuée de 1,000 hommes, qui lui
sont compensés par le nouveau bataillon du 44è qu’elle a reçu ;
d’ailleurs, cette division sera toujours de 7,000 hommes, sans compter la
cavalerie, et cela portera la division Musnier à 5,500 hommes. La
division Morlot, augmentée du 116è, sera de plus de 4,000 hommes, et celle
du général Grandjean, augmentée d’un bataillon de réserve et d’un
bataillon supplémentaire, sera de 5,000 hommes. Ainsi le maréchal Moncey
aura de disponibles : 1° la division Mathieu, avec les généraux de
brigade, Buget et Habert, 7,000 hommes d’infanterie ; 2° la division
Musnier, avec les généraux Brun et Razout, 5,500 hommes ; 3° la division
Morlot, avec le général Augereau, 4,000 hommes ; 4° la division Grandjean,
avec les généraux Laval et Rostollant, 5,000 hommes ; total de
l’infanterie du corps du maréchal Moncey, 21,500 hommes. La
cavalerie commandée par le général Wattier forme 1,600 hommes. Le général
d’artillerie Couin reprendra le commandement de l’artillerie de la Garde
; mais il ne quittera le corps du maréchal Moncey que quand il aura été
remplacé par un autre général de brigade que désignera le général la
Riboisière. Une
compagnie de sapeurs sera attachée au corps du maréchal Moncey, et, s’il
est possible, une autre compagnie de pontonniers. Quant
à l’artillerie, chacune de ces divisions doit avoir 10 pièces de canon :
il me semble qu’il n’y en a aujourd’hui que 36, c’est donc 4 pièces
de canon qu’il faut tâcher de fournir. Il faut également fournir à ce
corps trois compagnies d’un bataillon d'équipages militaires formant
108 voitures, dont 12 serviront pour le service de l’ambulance et le
reste pour le transport du pain. Vous
donnerez des ordres positifs pour que le 119è et le 47è aillent rejoindre
le corps du maréchal Bessières. La garnison de Pampelune restera forte du
7è bataillon de marche (jusqu’à ce que vous m’ayez présenté le
travail d’incorporation), d’un bataillon irlandais, du 1er
bataillon de marche de Portugal, des grenadiers et des chasseurs des gardes
nationales, des sapeurs et artilleurs destinés au siège de Saragosse et du
dépôt, formé en quatre compagnies, des hommes éclopés et
convalescents de tout le corps d’armée, qui sera réuni dans la citadelle
; chaque compagnie se composera des hommes de la même division ; elles
seront spécialement chargées de la garde de la citadelle, et ne peuvent
pas être évaluées à moins de 800 hommes, ce qui portera la force de
cette garnison à plus de 3,000 hommes. Ainsi le maréchal Moncey doit être
prêt, avec 21,000 hommes d’infanterie, 36 ou 40 pièces de canon et 1,500
hommes de cavalerie, formant un corps de 24,000 hommes, à agir
offensivement. Le général Bisson aura pour Pampelune et la Navarre ce que
j’ai désigné pour la place de Pampelune, et la garnison de cette place dépendra
de l’état‑major et sera portée comme place. Donnez des ordres à
Bayonne pour que les hommes des trois régiments de la Vistule, des lanciers
polonais, et tous les hommes éclopés du corps du maréchal Moncey, soient
dirigés sur‑le‑champ sur Pampelune. Faites-moi connaître de
combien de compagnies se trouve composé le 70è, qui est de la division
Mathieu. Il doit y avoir des détachements de ce corps à Bayonne et des
conscrits qui ont été destinés pour compléter ses bataillons.
Recommandez au général Drouet de faire faire des visites dans les hôpitaux
de la 10è et de la 11è division pour rassembler les hommes en état de
servir, les faire armer et habiller, et d’envoyer à Pampelune ceux qui
appartiennent au corps du maréchal Moncey, à Saint‑Sébastien ceux
qui appartiennent aux autres corps, et à raison de 150 hommes par
compagnie. Le
corps du maréchal Bessières sera composé de la division Merle, ayant les
généraux de brigade Lefebvre et Gaulois, augmentée de quatre compagnies
du 86è, du 4è bataillon du 119è et d’un bataillon supplémentaire, et
formant 6,000 hommes ; de la division Bonnet, augmentée du 118è, qui se
trouvera être de 4,500 hommes, et de la division Verdier, de 7,000
hommes ; total, 18,000 hommes d’infanterie ; de la division Lasalle,
composée du 10è et du 22è de chasseurs et du 9è de dragons, formant avec
les Polonais de la Garde 3,000 hommes. Les Polonais resteront jusqu’à
nouvel ordre. La division de dragons du général Michaud, formant 2,500
hommes, sera attachée au même corps jusqu’à nouvel ordre. Ce corps
aura donc 5,500 hommes de cavalerie. Chaque division devra avoir 12 pièces
de canon ; la division Milhaud doit en avoir 6 ; ce qui portera sa force à
42 pièces de canon. Il doit y avoir une compagnie de pontonniers et une de
sapeurs avec une division d’outils. Ainsi le maréchal Soult, qui va
commander ce corps, aura 24,000 hommes. Le
maréchal Ney gardera jusqu’à nouvel ordre la division Dessolle, ce qui
lui fera 23,000 hommes d’infanterie,
2,500 de cavalerie et 40 pièces de canon. Le
corps du maréchal Lefebvre restera comme il est. La
division Latour‑Maubourg sera attachée à la réserve, ainsi que la
division Milhaud, pour en être disposé selon les événements. NAPOLÉON. D’après
l’original. Dépôt de la guerre. 1075.
‑ NOTE POUR LE SERVICE DU GÉNIE, CONCERNANT L’ÉTABLISSEMENT DE
POINTS FORTIFIÉS EN ESPAGNE POUR Y METTRE LES MAGASINS. Cubo,
10 novembre 1808. L’Espagne est grande ; l’Empereur ne veut point disséminer ses troupes. Il vent donc avoir tous ses magasins dans des points fortifiés. Saint‑Sébastien est si près de Bayonne qu’à peine est‑il de quelque avantage. Pampelune est extrêmement utile. Il n’y a rien à faire pour cette place ; tout y est fait. Miranda est extrêmement important ; il l’est tellement que l’Empereur veut le fortifier et y avoir une place ; de sorte que, depuis Bayonne et Pampelune, il soit le premier entrepôt où il puisse avoir ses magasins d’artillerie, de vivres, d’habillement ou autres objets précieux. La hauteur de Miranda est faite exprès pour cela. Il faut d’abord tracer une enceinte de 5 à 600 toises sur la hauteur même, en bonnes fortifications de campagne avec belles et fortes palissades. Cet
ouvrage ne demande que des bras et de l’argent, et doit être fait en
quinze jours. Mais 600 hommes ne pourront pas être en sûreté dans un si
faible ouvrage ; il faut, sur la hauteur, établir un deuxième rang de feux
ou un réduit. En Pologne, un, réduit eût été fait en bois, et
l’opinion générale de l’armée a été qu’un tel réduit exigeait
les procédés d’un siège. Ici, il est plus court d’employer la maçonnerie
: une contrescarpe en pierres sèches, ou même en maçonnerie ; un réduit
qui n’aurait pas 120 toises de développement, en forme de redoute, ne
peut être un grand ouvrage. Sous
la protection de ce réduit, on établira trois baraques en bois, une pour
l’artillerie, une pour le service des vivres et d’habillement, et
l’autre pour la garnison. Il faut que Bertrand aille sur les lieux avec un
ingénieur et trace un ouvrage comme je l’entends. Les pierres sont
rendues sur les lieux. A
Pancorbo, je désire qu’on achève des barrières et plusieurs ouvrages
qui sont indispensables, et surtout qu’on ferme la gorge, qu’on achève
la communication du fort avec la batterie basse. Tout se réduit à
achever cette batterie, où on peut placer quatre pièces de canon, et à
fermer la gorge. L’intention
de l’Empereur est qu’on travaille à Miranda avec activité et dans peu
de jours. Ce fort doit servir en même temps de tête de pont ; mais ce ne
doit pas être le but principal. Une tête de pont est nulle quand on a passé
la rivière. Il faut qu’il batte la route de Vitoria, et se défende
contre l’ennemi qui viendrait de Vitoria et contre celui qui viendrait
de Burgos. Il faut que tous les paysans d’Espagne réunis ne puissent pas
le prendre en plusieurs mois ; il faut même qu’une division de troupes
de ligne ne puisse pas le prendre avec du canon de campagne. Il
serait à désirer que, de la citadelle établie sur la hauteur, on pût
s’appuyer de droite et de gauche à l’Èbre, de manière à fermer entièrement
Miranda et en former une place. Peut‑être pourrait‑on avoir de
l’eau dans la partie basse. Il faut aussi savoir si, dans l’été, il y
a suffisamment de l’eau dans l’Èbre, si c’est une barrière, et si on
peut facilement se fermer le long du fleuve. Après
Miranda, il faudra voir quel parti on pourra tirer du château de Burgos, et
ainsi de suite. Toutes les trente lieues, c’est‑à‑dire toutes
les trois marches, il faut qu’il y ait un pareil fort, où 4 à 500
hommes puissent être à l’abri de l’insulte et où l’on puisse
renfermer les effets les plus précieux de l’administration, vivres,
habillement, et surtout des milliers de cartouches et de coups de canon ;
tout cela dans des baraques, quand on ne peut pas trouver des églises et
des bâtiments déjà faits. D’après
la minute. Archives de l’Empire. 1076.
‑ REPROCHES SUR LE SERVICE DE L’HABILLEXIENT. AU
GÉNÉRAL DEJEAN, MINISTRE
DIRECTEUR DE L’ADMINISTRATION DE LA GUERRE, A PARIS. Burgos,
14 novembre 1808. Je
reçois votre rapport du 2 novembre avec l’état qui y était joint. Il en
résulte que j’aurais à Bayonne 83,000 paires de souliers, 140,000
chemises, 23,000 havre‑sacs, 39,000 shakos, et des capotes en quantité.
Tout cela sont des contes pour les enfants. Je n’ai rien, je suis nu ;
mon armée est dans le besoin, et vos bureaux se moquent de moi. Les
fournisseurs sont des voleurs qui seront payés, et je n’aurai rien. Tout
votre service habillement va mal.
Ceux qui sont à la tête sont des sots ou des fripons. Jamais on n’a été
plus indignement servi et trahi. D’après
la minute. Archives de l’Empire. 1077.
‑ ORDRE DE FAIRE ÉVACUER LES DÉPÔTS D’ARTILLERIE DE L’ALLEMAGNE
ET DU RHIN SUR METZ ET MAESTRICHT. AU
GÉNÉRAL CLARKE, MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS. Aranda,
28 novembre 1808. Je
reçois votre lettre du 21. Mon intention est que toute l’artillerie qui
est à Magdeburg soit évacuée sur France, ne laissant dans cette place
que ce qui est nécessaire pour l’armée, et s’arrangeant de manière
qu’on puisse, selon l’occasion, tirer de l’armement de la place un équipage
de siège suffisant pour prendre Küstrin et Stettin. Mais les 1,500 pièces
d’artillerie et cette grande quantité de boulets qui sont dans Magdeburg
doivent rentrer en France. A cet effet, il faudrait voir si, par Hambourg,
on ne pourrait pas faire arriver tout cela à Anvers. Il faut, au reste,
prendre vos mesures de manière que si, d’ici à trois mois, Magdeburg était
pris, on ne prît que l’artillerie de la place. Par suite de ce principe,
je désire qu’il y ait peu d’artillerie à Strasbourg, Mayence et Wesel,
et que les grands dépôts soient à Metz et à Maëstricht, qui sont des
places du second ordre. Ainsi, il ne faut pas évacuer de Mayence sur
Strasbourg, mais sur Metz. Metz doit être considéré comme le grand dépôt
de l’artillerie de France. Cette place est éloignée de la frontière,
est très‑forte, et a l’avantage de communiquer avec la frontière
du Rhin par la Moselle. D’après
la minute. Archives de l’Empire. 1078.
‑ INSTRUCTIONS POUR LA FORMATION DES QUATRIÈMES BATAILLONS DE L’ARMÉE
DU RHIN. AU
GÉNÉRAL LACUÉE, DIRECTEUR DES REVUES ET DE LA CONSCRIPTION MILITAIRE, A
PARIS. Chamartin,
5 décembre 1808. Mon
intention est de renvoyer les compagnies de grenadiers et de voltigeurs des
4es bataillons des régiments qui font partie de l’armée du Rhin à
leurs régiments, pour former le cadre des 4es bataillons, et d’augmenter
insensiblement ces 4es bataillons des quatre autres compagnies, de manière
que l’armée du Rhin, qui est composée de vingt et un régiments, le
soit de quatre‑vingt‑quatre bataillons ; ce qui, avec le corps
des huit bataillons qui forment le corps des villes hanséatiques, fera
quatre‑vingt‑douze bataillons, ou un effectif de près de 78,000
hommes, et, avec la cavalerie et l’artillerie, près de 110,000 hommes. Le
corps d’Oudinot ne serait plus alors composé que des compagnies de
grenadiers et voltigeurs des régiments ci‑après, savoir : 6è, 9è,
16è, 25è, 27è, 17è, 21è, 24è, 26è, 28è d’infanterie
légère ; 8è, 95è, 96è, 4è, 18è, 40è, 64è, 88è, 27è, 39è,
45è, 59è, 69è, 76è, 24è, 54è, 63è, 94è d’infanterie de ligne. Mon
intention serait que les compagnies res
tant des 4es bataillons de ces corps y fussent réunies ;
ce qui compléterait vingt‑huit bataillons. J’y joindrais les
4es bataillons des 46è, 28è, 50è, 75è,
100è et 103è ; ce qui porterait ce corps à trente-quatre
bataillons, qui, à 840 hommes chacun, feraient près de 30,000 hommes.
Pour compléter le
nombre de 30,000 hommes, j’y réunirais les bataillons des
tirailleurs du Pô et des tirailleurs corses ; j’en formerais trois
divisions de douze bataillons
chacune ; ce qui ferait un beau corps qui pourrait, si cela était nécessaire,
renforcer l’armée du Rhin et la porter à 140,000 hommes, laissant les 4è,
46è, 18è de ligne, 24è et 26è légers, ce qui fait cinq régiments, pour
la défense du port de Boulogne et de la Bretagne, et me laissant ainsi la
faculté de diriger sur l’Allemagne les 4es bataillons des 48è, 13è,
108è, etc. Enfin
mon intention serait de réunir au corps d’Oudinot les 4es bataillons des
régiments qui ne font partie ni de l’armée du Rhin, ni de l’armée
d’Italie, ces bataillons ne pouvant se compléter que par la conscription
de 1810 ; et, dans ce cas, je pense qu’il serait nécessaire de former les
5es bataillons de tous les régiments qui n’en ont plus, afin de pouvoir,
quelque temps après, disposer des six régiments laissés dans l’intérieur,
en les remplaçant par des extraits des 5es bataillons. D’après
la minute. Archives de l’Empire. 1079.
‑ RÉORGANISATION DU 4è CORPS DE L’ARMÉE D’ESPAGNE. A
ALEXANDRE, PRINCE DE NEUCHATEL, MAJOR GÉNÉRAL, A CHAMARTIN. Madrid,
9 décembre 1808. Mon
Cousin, mon intention est que l’on profite du moment où le 4è corps est
à Madrid pour l’organiser convenablement. Ce corps est composé de trois
divisions, la division Sebastiani, la division Leval et la division
Valence. Il n’y a rien à faire pour l’infanterie de la division
Sebastiani. Donnez ordre que le bataillon du prince Primat, la brigade
hollandaise qui est à Bilbao, les détachements de Hesse‑Darmstadt
qui sont restés dans la Biscaye, rejoignent à Madrid par Aranda. Par ce
moyen, la division Leval sera composée ainsi qu’il suit : deux généraux
de brigade, le prince d’Isembourg et un général hollandais ; un régiment
d’infanterie hollandais de 1,600 hommes, un régiment de Bade, un régiment
de Nassau, un régiment de Hesse‑Darmstadt, un bataillon du Prince
Primat et un bataillon de Paris ; ce qui fera plus de 6,000 hommes. La
division Valence est composée de trois régiments polonais qui arrivent
ces jours‑ci à Madrid. ADMINISTRATION.
Il faut au 4è corps un ordonnateur, un payeur (ce dernier existe) et un
chef de chaque service d’administration, trois commissaires des guerres et
trois adjoints pour être attachés à chaque division. Je crois qu’il
n’y a que deux commissaires des guerres. La division Valence n’a probablement
point de commissaires des guerres. ARTILLERIE.
Il faut un général ou au moins un colonel d’artillerie, un chef de
bataillon d’artillerie pour chaque division, et au moins trente pièces de
canon avec au moins quinze caissons d’infanterie. Il n’existe
aujourd’hui que six pièces hollandaises, quatre pièces badoises, huit
françaises de la division Sebastiani et trois qui sont à Ségovie, de
l’ancienne armée, ce qui fait vingt et une pièces. Il manque donc neuf
pièces ; mais elles existent, puisqu’il y en a six de Darmstadt et quatre
de Bade détachées avec la division Lagrange. Il faut écrire au maréchal
Ney que, si ces pièces sont encore à la division Lagrange, il les dirige
sur Madrid ; si elles n’y sont pas, elles seront restées devant
Saragosse. Il faut alors les faire venir ; mais comme cela tardera, donnez
ordre au général la Riboisière de fournir le matériel et les équipages
pour les pièces qui manquent. Quant au personnel, les Polonais ont deux
compagnies. Chaque division doit avoir huit pièces de canon et
l’avant‑garde six pièces d’artillerie légère. Il serait même
convenable qu’on pût porter le nombre de pièces à trente‑six. Il
est à observer que les pièces n’ont qu’un caisson pour deux. Il faut
que le général la Riboisière pourvoie à ces détails, car, avec deux
obusiers par caisson, il n’y a pas de quoi faire feu une heure. Il est
aussi convenable que le général la Riboisière dispose le matériel de
manière qu’il n’y ait pas de calibre différent dans le corps d’armée
; que les obusiers soient du même calibre et les pièces de 12, de 8 et de
6. Le génie doit donner un chef de bataillon du génie, trois officiers,
une compagnie de sapeurs et un caisson d’outils. Chaque division doit
avoir un adjudant commandant et deux adjoints. La division Sebastiani manque
d’un général de brigade ; si le général Pouzet arrive, on pourra le
désigner. Réitérez l’ordre que tous les détachements de hussards
hollandais, partout où ils se trouvent, rejoignent à Madrid. AMBULANCES.
Chaque division doit avoir quatre
caissons d’ambulance, et le corps d’armée, deux compagnies de
transports militaires, savoir : douze voitures pour les ambulances et
soixante pour les vivres ; ce qui fait soixante et douze, y compris les
prolonges et les forges. On donnera deux compagnies entières du 10è
bataillon. NAPOLÉON. D’après
l’original. Dépôt de la guerre. 1080.
‑ ORGANISATION DES DÉPOTS A MADRID. A
ALEXANDRE, PRINCE DE NEUCHATEL, MAJOR GÉNÉRAL, A CHAMARTIN. Chamartin,
11 décembre 1808. Mon
Cousin, j’ai été aujourd’hui au Retiro. Les dépôts que j’ai ordonnés
pour recevoir les hommes des quatre corps ne sont pas encore formés. Prenez
des mesures et assurez‑vous de leur exécution pour que j’aie là
quatre compagnies de marche de 200 hommes chacune ; ce qui fera 800 hommes. On
prendra les appartements, hormis les pièces dorées. Vous ferez mettre
1,200 fournitures dans ce local, et les hommes isolés ou sortant des hôpitaux
s’y rendront. On les armera et équipera, et même on pourra les y laisser
comme dans un hôpital de convalescents. Qu’il y ait toujours là un
commissaire des guerres qui ne s’absente pas. Rendez‑vous‑y
vous‑même tous les jours. Je vous rends responsable de l’entière
exécution de ces dispositions. Sans dépôts il n’y a pas d’armée.
Vous ordonnerez qu’un cinquième dépôt, composé de 400 hommes, commandé
par un officier, ce qui fera 1,200 hommes, soit chargé de recevoir les
hommes qui ont été faits prisonniers avec le corps de Dupont, mais
seulement les Français, et qui s’échapperaient ou ne voudraient point
entrer dans la garde du Roi. Ils seront mis là en subsistance ; la plupart
sont malades et ont besoin d’être soignés. Il m’en sera rendu compte.
On les habillera, on les armera et on les placera dans des corps. J’ai vu
un grand nombre de ces malheureux, qui ne veulent point entrer dans la garde
du Roi, qui sortent des hôpitaux de San‑Fernando, et qui ne savent à
quel saint se vouer. Veillez à ce que le dépôt de cavalerie établi dans
la caserne à une lieue de Madrid soit organisé. NAPOLÉON. D’après
l’original. Dépôt de la guerre. 1081.ORDRE
CONTRE LES PILLARDS ET CONTRE CEUX QUI MALTRAITENT LES HABITANTS. ORDRE DE L’ARMÉE. Chamartin,
12 décembre 1808.
L’Empereur est mécontent des
désordres qui se commettent. Le pillage anéantit tout, même l’armée
qui l’exerce. Les paysans désertent ; cela a le double inconvénient
d’en faire des ennemis irréconciliables qui se vengent sur le soldat
isolé, et qui vont grossir les rangs ennemis à mesure que nous les détruisons
; cela prive de tous renseignements, si nécessaires pour faire la guerre,
et de tout moyen de subsistance. Les paysans qui venaient au marché en sont
éloignés par les troupes, qui les arrêtent, qui pillent leurs denrées,
et qui les battent. L’Empereur
ordonne à MM. les maréchaux, généraux et officiers, de prendre les
mesures les plus fermes, pour mettre enfin un terme à ces abus et à ces
excès, qui compromettent la sûreté de l’armée. En conséquence, il est
ordonné : I.
Que tout individu qui arrêtera on maltraitera un habitant ou paysan portant
des denrées pour la ville de Madrid sera sur‑le‑champ conduit
à une commission militaire et condamné à la peine de mort ; II. Que tout individu qui se livrera au pillage et empêchera le rétablissement de l’ordre sera traduit devant une commission militaire et puni de mort. L’Empereur
ordonne à MM. les maréchaux, généraux et autres officiers, de donner
une protection spéciale aux établissements des postes, soit des postes aux
lettres, soit des postes aux chevaux ; il y sera mis des sauvegardes. En
conséquence, il est expressément défendu de loger aucun individu dans les
maisons des postes aux lettres ou postes aux chevaux ; D’enlever
les fourrages ni aucunes subsistances des maisons des postes aux chevaux ;
de prendre les chevaux, soit dans les écuries des postes, soit sur les
routes ; de maltraiter les postillons et de leur occasionner du retard. Tout
soldat qui se rendra coupable du délit ci-dessus sera arrêté et traduit
à une commission militaire pour être jugé, comme s’étant livré au
pillage et ayant compromis la sûreté de l’armée. Le
prince ALEXANDRE, major général. D’après
le texte imprimé. Archives de l’Empire. 1082.
‑ MESURES A PRENDRE EN ARRIVANT A BAYONNE POUR Y COMMANDER LES RÉSERVES
DE L’ARMÉE D’ESPAGNE. AU
MARÉCHAL KELLERMANN, DUC DE VALMY, COMMANDANT LA RÉSERVE DE L’ARMÉE
D’ESPAGNE. Madrid,
21 décembre 1808.
Mon Cousin, je suppose que vous
êtes arrivé à Bayonne et que les choses vont prendre une autre tournure.
Réunissez tous les petits dépôts dans la ville, et mettez dans tout cela
votre activité ordinaire. Des magasins considérables ont été établis à
Bayonne ; faites‑en faire l’inventaire et faites‑moi connaître
ce qui reste. Je n’ai pas besoin de viande ni même de la plus grande
partie de ces vivres. Veillez à ce que rien ne se gâte. Équipages
militaires. Il
est resté à Bayonne ou Bordeaux des caissons des 4è, 7è, 8è, 10è, 11è
1er et 3è bataillons d’équipages militaires. Vous savez que
chacun de ces bataillons est de quatre compagnies, chaque compagnie de 36
caissons, ce qui fait 144 caissons par bataillon. Je n’ai ici aucun de ces
bataillons qui ait plus de 90 caissons ; le reste est à Bayonne. Portez
votre œil attentif sur cette partie ; prenez toutes les mesures pour lever
les obstacles, et que tous ces caissons partent. Habillement.
Depuis
le mois d'août, j’ai prescrit des mesures pour réunir à Bayonne des
magasins considérables d’effets d'habillement. Mes intentions ne sont pas
remplies, et je n’ai rien. Faites-vous remettre sous les yeux les ordres
qu’a donnés l’ordonnateur ; faites‑vous rendre compte de ce qui
est arrivé, et sachez pourquoi le reste n’arrive pas. Pressez les
ouvriers de Bordeaux, activez les confections, et concertez‑vous
avec le préfet des Landes et les préfets voisins sur les moyens de presser
les arrivages. Je n’ai besoin de biscuit ni de vivres, mais de souliers,
capotes, chemises. Administration
des corps. Les
corps ont des souliers à Bayonne ; ils en ont tous 3 ou 4,000 paires
envoyées de leurs dépôts. Prenez les mesures nécessaires pour les
faire arriver ici. Faites‑les partir par gros convois, en profitant
des escortes et avec des feuilles de route des endroits où ils sont. Il
faut que les escortes soient composées de compagnies de marche de 120
conscrits.
20,000
hommes doivent être réunis à Bayonne des dernières levées ; plus de
17,000 sont déjà présents.
J’ai demandé qu’on fit partir : 1° cinq bataillons de marche
composés de conscrits appartenant aux 1er, 2è, 3è, 4è et 6è corps, formés
de quatre
compagnies chacun, ce qui fait près de 4,000 hommes ; 2° trois
bataillons de marche composés, le premier, de tous les conscrits habillés
appartenant au 1er , au 6è et au 4è corps, et fort de 800 à
1,100 hommes ; le deuxième, des conscrits disponibles des 3è et 5è corps,
fort de 800 à 1,000 hommes ; et le troisième, de conscrits disponibles des
2è et 8è corps, fort de 800 hommes ; 3° un régiment provisoire de
Bayonne formé de compagnies des 114è, 115è, 116è, 117è, 118è et 120è
régiments d’infanterie de ligne, fort de 1,696 hommes. Il est fort
important de diriger tous ces détachements, bien armés, bien habillés et
bien équipés, sur les lieux que j’ai désignés. Il ne faut pas
confondre avec ces bataillons de marche et ce régiment provisoire les
hommes isolés venant de la Grande Armée ou sortant des hôpitaux. Ces
derniers devront être dirigés sur leurs régiments, à mesure qu’on en
aura formé une compagnie de 120 hommes d’un même corps d’armée. Dépôt
de cavalerie. Le
dépôt de cavalerie est à Pau, celui des équipages militaires est, je
crois, à Auch. Le général Bourcier vient de passer la revue de celui de
Pau. Prenez des mesures pour qu’il y ait des selles, et que tout ce qui
est disponible parte. Profitez des estafettes pour écrire là-dessus aux
ministres Dejean et Clarke. Faites
passer la revue des équipages du train. Ils ont laissé beaucoup de
caissons à Bordeaux. Prenez des mesures pour que ces caissons soient attelés
de mulets et qu’ils partent pour l’armée. J’ai assez de pièces ;
indépendamment de celles que j’ai amenées de France, j’en ai pris un
grand nombre à l’ennemi. J’ai besoin de boulets de 24 et, par-dessus
tout, de caissons d’obus et de 12 ; s’il n’y a pas de caissons,
envoyez-moi des munitions confectionnées d’obus et de 12. Expédiez-moi,
par les premiers chevaux d’artillerie qui passeront, 3,000 obus et 3,000
coups de 12. J’ai donné ordre qu’il fût mis 100,000 francs à votre disposition. Faites-moi connaître ce qu’il faut que j’ordonne pour lever tous les obstacles, et pour que je sois abondamment pourvu de souliers ; ce pays n’en fournit pas du tout. J’attends de votre zèle qu’avant le 1er février les 16,000 conscrits qui sont à Bayonne seront en Espagne, où ils serviront merveilleusement sur mes derrières pour les garder ; mais il faut qu'ils soient en bon état et qu’il ne leur manque rien. NAPOLÉON. D’après
l’original comm. par M. le duc de Valmy. FIN DU TOME CINQUIÈME
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