Introduction
Depuis la seconde guerre mondiale
de nombreuses publications ont paru en Union Soviétique sur
l'histoire de la marine soviétique depuis la révolution1.
Elles apportaient beaucoup de précisions sur l'évolution générale
de la politique navale et sur les conférences aux divers niveaux,
en suivant bien entendu la ligne du parti. Les renseignements
touchant les personnes étaient limités à celles qui n'avaient pas
été poursuivies sous le régime de Staline ; sur les
constructions navales en cours, on s'en tenait à quelques détails
sans liens entre eux à propos de plusieurs types d'unités et à un
récapitulatif de celles construites ou mises sur cale pendant les
trois premiers Plans quinquennaux ; toutefois, on ne donnait
aucune précision sur les dates de construction. Les experts
occidentaux avaient toutes les peines du monde à découvrir la vérité
sur les programmes de constructions navales au milieu de ces
documents superficiels et incomplets2.
Depuis le début de la Perestroika
et de la Glasnost, on a vu paraître des publications plus
nombreuses et plus détaillées3 ;
trois années plus tard, de nouvelles précisions ont été mises à
la disposition des chercheurs après la levée du secret sur les
archives. Si bien que, tenant compte des premières publications et
des tout derniers documents, il est possible à l'heure actuelle
d'arriver à une meilleure compréhension du développement de la
pensée navale soviétique dans les milieux naval, militaire et du
parti, ainsi qu'à une présentation plus rigoureuse des programmes
de construction et de modernisation des années 1922 à 1941, sans
oublier quelques éclaircissements sur le quatrième plan
quinquennal4.
La
phase de reconstitution
A la fin de la première guerre
mondiale et de la révolution d'octobre, en 1922, la flotte russe de
la Baltique ne se composait plus que de quelques unités endommagées
ou obsolètes ; l'accession à l'indépendance de la Finlande
et des états baltes la contraignit à se terrer tout au fond du
golfe de Finlande. En mer Noire, les dernières unités en état
avaient appareillé avec les restes de l'armée Wrangel pour
Istamboul, et de là vers Bizerte ; seuls des épaves irrécupérables
et des navires inachevés restaient dans les bases. Finalement, la révolte
des marins de Kronstadt en mars 1921, auparavant glorifiés à cause
de la part qu'ils avaient prise dans la révolution et maintenant réprimés
d'un manière sanglante, contribua grandement à tempérer la bonne
volonté de Lénine et de la direction du parti soviétique à faire
quoi que ce soit pour la Flotte. En conséquence de quoi, étant
donné l'état du matériel et les purges subies par le personnel,
la Flotte était contrainte de passer par une renaissance5.
Le manque d'expérience des chefs
de la future marine soviétique contraignit le commissaire à la
Guerre Léon Trotsky à conserver quelque-uns des officiers de la
marine impériale en tant que spécialistes. Cela a pu être une des
raisons justifiant l'étonnante continuité dans la recherche des
buts à long terme de la pensée navale stratégique entre les années
1911 et 1925/1927. Alors que les jeunes officiers recrutés dans
l'organisation de la Jeunesse des Komsomol et poussés à faire des
études en tant qu'élèves à l'Académie navale6,
avaient à faire face à des conditions insuffisantes dans les
domaines matériel, financier et personnel, Trotsky lui-même fut au
début opposé à toute révision de la stratégie fondamentale
militaire et navale. C'est ainsi que l'enseignement donné à l'École
de guerre navale et à l'Académie navale correspondait à une
conception scolaire classique7.
Le professeur de l'époque tsariste
Klado, le Mahan russe, fut conservé dans son grade de contre-amiral
à la tête de l'Académie navale jusqu'à sa mort en 1919 ; de
même, jusqu'à la fin des années vingt, les deux représentants éminents
de l'école classique, les professeurs B.B. Gervais et M.A. Petrov,
continuèrent à enseigner dans des organismes centraux d'entraînement
pour les candidats aux plus hauts grades. Gervais admettait que le
sous-marin pourrait avoir de l'importance, mais soutenait qu'il ne
pourrait se substituer aux canons de gros calibres des navires de
ligne ; quant à Petrov, qui devint par la suite chef du département
des constructions navales, il considérait que l'épine dorsale de
la flotte devait être constituée de bâtiments de ligne et non de
sous-marins, afin d'assurer une stratégie offensive et défensive
qui bénéficiait en outre de l'appui de l'arme aérienne moderne8.
C'est ainsi que la doctrine de la
maîtrise de la mer fondée sur des escadres de navires de ligne
resta bien vivante, non seulement en théorie mais aussi en
pratique. Alors que les vieux navires furent vendus, principalement
aux Allemands, comme ferraille, entre 1921 jusqu'à 1925 on s'activa
à réparer et à mettre en service les trois dreadnoughts restants :
le Marat (ex Petropavlovsk), l'Oktyabrskaya
revolyutsiya (ex Gangut) et le Parishskaya kommuna
(exSevastopol). Des pourparlers eurent lieu avec le
gouvernement français pour qu'il autorise le retour dans l'escadre
de la mer Noire du bâtiment de ligne General Alekseev (ex Volya,
ex Imperator Aleksandre III) que les Russes blancs
avaient emmené à Bizerte ; toutefois, quand le gouvernement
français accorda cette autorisation, les Soviets déclinèrent
l'offre, trouvant le bâtiment en trop mauvais état. On envisagea
aussi de terminer les coques abandonnées du croiseur de bataille Ismail
en Baltique ou du bâtiment de ligne Demokratiya (ex Imperator
Nikolai I) en mer Noire9.
Un des plus ambitieux programmes de construction navale de cette époque
comportait la mise sur cale de 8 bâtiments de ligne, de 16
croiseurs et plus de 40 destroyers.
Une conférence des puissances
navales non représentées à la Conférence de Washington fut tenue
à Rome en février 1924 afin de discuter de la limitations des
armements navals. C'est au cours de cette conférence que le délégué
soviétique E.A. Berens, qui avait été de mai 1919 jusqu'à février
1920 chef des forces navales, exigea que soit attribué à l'Union
Soviétique un déplacement total de 491 000 tonnes de bâtiments
de ligne, légèrement moins que la Grande-Bretagne et les
Etats-Unis à qui Washington avait accordé 525 000 tonnes10.
La rÉforme
militaire de M.V. Frounze et la nouvelle jeune école
Avec le départ de L.D. Trotsky,
remplacé par M.V. Frounze le 26 janvier 1925, commence une période
de réforme de l'Armée des Travailleurs et des Paysans soviétiques
(RKKA). Frounze était hostile à l'idée d'une milice de
travailleurs voulue par Trotsky en tant que conception correcte
d'une armée socialiste. Au contraire, il était partisan d'une armée
permanente, unique moyen de mener le genre de guerre de mouvement
offensive que les "spécialistes" comme le chef de l'état-major
général de la RKKA, M.N. Toukhatchevski, et d'autres proposaient
en cas d'attaque par les puissances "bourgeoises". Frounze
essaya d'instituer une doctrine unifiée militaire et navale, appelée
"doctrine prolétarienne militaire". Ainsi, le 22 juillet
1926, le commandement des forces navales de l'Union Soviétique fut
réorganisé en tant que "commandement des forces navales de la
RKKA USSR" ; quatre semaines plus tard, le commandant en
chef de la Flotte, V.I. Zof, fut relevé de ses fonctions et remplacé
par R.A. Mouklevitch.
Tandis que Toukhatchevski et ses camarades
comme V.K. Triandafillov précisaient leurs conceptions d'attaques
massives par des forces mobiles s'enfonçant profondément en
territoire ennemi, dans la Marine, apparaissaient de jeunes
officiers qui devaient occuper de hautes fonctions à partir de
1925-1926, apportant avec eux de nouvelles idées dans la pensée
stratégique, lesquelles prirent de plus en plus d'importance. Déjà
en 1925, V.I. Zof, parlant à l'École de guerre navale, rappelait
à ses auditeurs quelques conditions pour pouvoir satisfaire aux théories
classiques de la puissance maritime ; quelques-uns demandèrent
même des porte-avions, mettant en avant des études de chantiers
concernant les coques de l'Ismail ou du cuirassé Poltava,
endommagé par un grave incendie dans sa première chaufferie le 24
novembre 1919, ou encore proposant le navire-école Komsomolets 11.
En raison de l'écrasante supériorité de la flotte britannique,
considérée comme l'ennemi le plus probable dans la situation
politique du moment, si la flotte rouge désirait remplir sa mission
de protection du territoire soviétique contre les menaces de "débarquements
contre révolutionnaires et interventionnistes", préoccupations
des officiers qui avaient fait la guerre civile, elle se devait de
compter sur une énergique défense côtière menée avec des moyens
navals simples, qui pouvaient être produits sans grandes dépenses
financières12.
K.I. Doushenov, I.K. Kojanov, I.M. Loudri et A.P. Alexandrov
devinrent les principaux tenants de cette nouvelle Jeune école.
Cependant, les partisans d'une
flotte de dreadnoughts possédaient encore une certaine influence.
Les divergences entre les deux groupes apparaissent dans la
comparaison des propositions formulées par le département Opérations
du grand état-major naval devant le Conseil pour le Travail et la Défense
le 26 novembre 1926 et du programme adopté le jour suivant. L'état-major
demandait un porte-avions, avec 50 appareils et un rayon d'action de
3 000 milles, qui aurait été le croiseur de bataille Ismail
reconstruit, un grand mouilleur de mines pour 600 mines, 12 nouveaux
destroyers, 27 sous-marins y compris 6 croiseurs sous-marins avec un
rayon d'action de 10 000 milles pour le Nord, 4 monitors, 23
dragueurs de mines, 60 vedettes lance-torpilles, 36 patrouilleurs et
6 patrouilleurs protégés. Il demandait en outre la reconstitution
de l'escadre de Bizerte avec 1 cuirassé, 6 destroyers et 4
sous-marins, reconstruits et modernisés. La flotte aurait ainsi
atteint 4 cuirassés, 4 croiseurs, 1 porte-avions, 26 destroyers, 40
sous-marins, 4 monitors, 12 canonnières, 2 mouilleurs de mines, 60
vedettes lance-torpilles, 36 patrouilleurs et 13 patrouilleurs protégés.
Face à cette proposition, le premier
programme de construction arrêté le jour suivant devait tenir
compte de l'état et des possibilités de l'industrie de la
construction navale : il ne prévoyait, pour les années
1926-1927 jusqu'à 1929-1930, que 6 nouveaux sous-marins, 8
patrouilleurs (Storojeyoï korabli) qui serviraient
d'escorteurs d'escadre et 6 vedettes lance-torpilles, à quoi il
faut ajouter les croiseurs achevés Krasny Kavkaz (ex Admiral
Lazarev) et Vorochilov (ex Admiral Boutakof) ainsi
que 3 destroyers. Un deuxième programme, s'étendant de 1927-1928
à 1931-1932, comprenait un monitor, 6 sous-marins, 10 patrouilleurs
et 30 vedettes lance-torpilles neufs, ainsi que la remise en état
du cuirassé Frounze (ex Poltava) à la suite d'une
modernisation très poussée et la mise en service de deux
destroyers supplémentaires13.
Entre 1926 et 1929, la controverse à propos
de la question : "De quelle flotte avons-nous besoin ?"
devint de plus en plus aiguë, mais la balance entre les deux partis
pencha en faveur de la Jeune école qui prônait l'emploi massif des
mines, des petits sous-marins, des vedettes lance-torpilles et des
avions. son porte-parole le plus actif était le professeur A.P.
Alexandrov, qui tenta d'imposer silence à ses collègues, Gervais
et Petrov entre autres, avec son article : "Une analyse
critique de la théorie de la suprématie navale" paru dans Morskoi
sbornik qui se terminait par le cri : "A bas l'idée
de la suprématie navale !" 14
Les tenants de la Jeune Ecole
obtinrent l'appui des chefs de haut rang de l'armée rouge,
particulièrement celui de son chef d'état-major général, M.N.
Toukhatchevski. Ceux-ci désiraient employer les maigres ressources
disponibles principalement pour développer l'artillerie, les chars
de combat, l'arme aérienne et les forces parachutistes, en vue
d'attaques massives en profondeur dans le territoire ennemi pour détruire
les forces adverses. Le 8 mai 1928 le Conseil de guerre révolutionnaire
discuta du "Rôle et des tâches des Forces navales dans le
système des Forces armées du Pays". Il comprenait le président
du Conseil, K.E. Vorochilov, le délégué commissaire pour l'Armée
et la Flotte, J.S. Unshlikht, Mouklevitch et Toukhatchevski, les
commandants des districts militaires et d'autres officiers de haut
rang comme S.M. Boudienny, A.I. Egorov, P. Ye. Dybenko, A.I. Kork,
J.E. Jakir, V.K. Triandafillov et B.M. Chapochnikov, les commandants
des escadres de la Baltique et de la mer Noire, M.V. Viktorov et
V.M. Orlov, ainsi que le chef du Département Entraînement et
Construction, M.A. Petrov, et d'autres encore.
Après les prestations antagonistes de
Toukhatchevski et de Petrov, 17 participants prirent la parole.
Quelques uns exigèrent qu'on ne gaspille pas les ressources en les
mettant à la disposition de la Flotte mais qu'au contraire elles
servent à l'Armée. Finalement, il y eut accord pour renforcer la
Marine dans le cadre d'une doctrine militaire acceptée et des
possibilités économiques du pays. On souligna fortement
l'importance des navires légers de surface, des sous-marins et de
l'aviation, celle des mines et de l'artillerie de côte pour la défense
côtière ; quant aux grands bâtiments disponibles, ils étaient
destinés à appuyer les forces légères15.
Dans les "Instructions pour le combat
de l'Armée rouge des travailleurs et des paysans (RKKA) édition de
1930 (BUMS-30)", il est dit que : "Les forces
navales de la RKKA, qui sont partie intégrante de l'Armée rouge, défendent
avec cette dernière les intérêts des travailleurs, doivent être
prêtes par une action courageuse et déterminée à lutter contre
l'ennemi pour assurer la défense des côtes de l'URSS, appuient les
opérations des forces terrestres de l'Armée rouge en les protégeant
sur mer, sur les fleuves et dans les mers intérieures" 16.
Cette décision devint le fondement de toute
la planification correspondant au premier Plan quinquennal. Le 4 février
1929, le Conseil pour le Travail et la Défense ordonna la
construction de 3 destroyers conducteurs de flottilles, de 10
sous-marins dont 3 de fort tonnage, 3 de moyen tonnage et 4 de
faible tonnage, ainsi que la construction de 16 vedettes
lance-torpilles17.
Par ailleurs, on dut surseoir à la construction du cuirassé Frounze,
du croiseur Vorochilov et d'un destroyer, car cela présentait
un trop gros effort ; en compensation, on modernisa les 3
cuirassés disponibles18.
Quand on se rendit compte que la Turquie
renforçait sa flotte en modernisant le croiseur de bataille Yavouz
avec l'aide de la France et en s'adressant aux chantiers italiens
pour la construction de 4 destroyers et de 2 sous-marins, les
Soviets décidèrent de faire passer en décembre 1929/janvier 1930,
le cuirassé Parizhskaya kommuna et le croiseur Profintern
(ex Svetlana) de la Baltique en mer Noire, où se trouvait déjà
un croiseur relativement moderne, le Tchervonaya Ukraina (ex Admiral
Nakhimov), de façon à contrebalancer le poids des forces
navales turques19.
Un nouveau danger apparut avec l'occupation
japonaise de la Mandchourie en 1931 ; les Soviets y répondirent
en créant en Extrême-Orient, le 21 avril 1932, des forces navales.
Comme il n'y avait pas de bâtiments de guerre disponibles et que
des chantiers de construction devaient être créés au préalable,
on commanda à ceux de Leningrad et de Sverdlovsk 12 sous-marins de
moyen tonnage et 24 autres de petit tonnage pour être envoyés, démontés,
par le Transsibérien jusqu'à Vladivostok, où ils furent remontés
et armés20.
Pour protéger la côte arctique on organisa
le 1er juin 1933 la Flottille du Nord. De mai à septembre 1933, grâce
à deux opérations conduites par I.S. Isakov, 3 destroyers, 3
patrouilleurs et 3 sous-marins furent transférés de la Baltique
par le canal récemment terminé de cette mer à la mer Blanche
jusqu'à Sévéromorsk où Staline lui-même accueillit avec son
entourage ces bâtiments ; par la suite ils continuèrent leur
voyage vers Polyarnyi qu'ils atteignirent en septembre 193321.
La reconstruction et la finition
des bâtiments de surface et des sous-marins de la marine impériale
furent achevées au début de 1932. Mais le programme de
construction des nouveaux navires souffrit quelque retard du fait du
peu d'expérience des techniciens et des ouvriers des chantiers.
Ainsi, outre la refonte des 3 bâtiments de ligne, de 5 croiseurs,
de 17 destroyers et de 14 sous-marins, seuls 6 nouveaux sous-marins
et 8 patrouilleurs, ainsi que de nombreuses vedettes
lance-torpilles, furent terminés. Quant à l'aviation navale, elle
reçut un nombre important d'appareils, surtout des hydravions.
Quelques-uns des bâtiments de surface et des sous-marins durent être
reconstruits pour pallier leurs défauts décelés au cours des
essais. Cela incita les autorités à faire appel à l'étranger
pour une aide technique.
L'aide étrangère à la
construction navale soviétique
Déjà en 1921/22, la jeune Armée rouge
avait tenté d'établir des relations avec la Reichswehr, qui
de son côté avait intérêt à faire des recherches sur les
armements qui lui étaient interdites par le Traité de Versailles.
A la suite du Traité germano-soviétique de Rapallo négocié du 16
avril au 29 juillet 1922, des accords spéciaux avaient défini une
coopération en matière d'armements. En avril 1925, un centre
d'entraînement pour l'aviation fut créé à Lipetsk, puis en 1928,
une école pour la guerre des gaz à Tomka, près de Saratov, et au
printemps 1929, à Kazan naquit celle de l'arme blindée22.
En outre, il y eut des échanges d'officiers de haut rang au cours
des manœuvres, ainsi que d'autres échanges au sein des écoles
d'entraînement dépendant des académies de l'état-major général.
Cette collaboration entre l'Armée rouge et la Reichswehr se
poursuivit à la satisfaction des deux parties jusqu'à l'été
1933, des mois après l'arrivée d'Hitler au pouvoir.
La marine de guerre allemande fut moins
encline à apporter son aide aux Soviets. A la suite d'une demande
de ces derniers en 1923 pour obtenir des plans de sous-marins, de
mines et d'avions, il y eut en 1926 quelques échanges de visites
d'officiers et on fournit des plans des sous-marins du type UB III,
construits en grand nombre pour la marine impériale allemande en
191623.
Cependant, quand Mouklevich, en décembre 1926, déclara au chef de
la mission commerciale d'échanges ne pas être intéressé par des
plans de bâtiments obsolètes de la première guerre mondiale et
quand il proposa de créer un centre d'entraînement analogue aux
centres qui existaient déjà pour l'Armée en demandant la
fourniture de plans d'unités modernes, le chef de la marine
allemande, l'amiral A. Zenker, refusa24.
Les Soviets essayèrent alors d'obtenir la
collaboration d'autres pays. Les chantiers navals italiens Cantiere
dell'Adriatico fournirent les plans pour un sous-marin, qui
servirent à l'ingénieur soviétique B.M. Malinine pour la
construction de 6 unités de la série I, type D
du premier programme. L'expérience acquise dans la remise en état
d'un sous-marin britannique après son relevage, le L 55, permit
la construction des 6 unités suivantes de la série II, type
L en mouilleurs de mines25.
Les premiers bâtiments de surface d'une certaine importance, les
conducteurs de flottille du projekt I, classe Leningrad,
furent influencés par les contre-torpilleurs rapides français26.
La
marine soviétique au cours du deuxième Plan quinquennal
A cette époque, les chefs de la
marine avaient adopté les idées de la Jeune Ecole. L'effort
principal dans le nouveau programme de construction devait porter
sur les sous-marins et les vedettes lance-torpilles, ainsi que sur
le développement de l'aviation navale et des mines. Des grands
bâtiments de surface n'étaient envisagés que pour donner plus de
consistance aux forces de défense côtière.
Les plans pour le deuxième Plan
quinquennal furent élaborés pendant l'année 1932 et finalement
examinés par le Conseil pour le Travail et la Défense le 11
juillet 1933. Ils prévoyaient 8 nouveaux croiseurs, 10 conducteurs
de flottille, 49 destroyers, 369 sous-marins dont 69 grands, 200
moyens et 100 petits, 37 dragueurs de mines, 30 chasseurs de
sous-marins, 8 canonnières, 28 vedettes protégées et 25 vedettes
lance-torpilles, ainsi que la refonte totale du vieux yacht
impérial Standart en croiseur mouilleur de mines Marti ;
ce programme devait être réalisé pour 1938.
Pour surmonter les insuffisances
dues à l'inexpérience des bureaux d'études et des chantiers, les
Soviétiques entrèrent en relation d'abord avec la France au cours
de l'été de 1933 pour obtenir sa collaboration dans la mise sur
cale de croiseurs, de destroyers, de sous-marins et pour le
développement des torpilles27.
Les Français se montrant peu coopérants, les Soviétiques se
tournèrent vers l'Italie où les chantiers Ansaldo, qui avaient
déjà construit deux navires garde-côtes pour le NKVD
d'Extrême-Orient, furent autorisés par le gouvernement italien à
fournir les plans du croiseur léger Montecuccoli, espérant
avoir par la suite d'autres commandes. Ces plans servirent à la
construction des croiseurs soviétiques du projekt 26, classe
Kirov. 28
Les ingénieurs italiens du chantier Ansaldo furent chargés
également des premières études des destroyers du projekt 7, classe
Gnevny et en 1934, les chantiers Odero-Terni-Orlando reçurent
une commande pour un nouveau conducteur de flottille rapide, le Tachkent,
livré en 193929.
Cependant, il fallut attendre le
dernier trimestre de 1935 avant que les 2 premiers croiseurs ainsi
que les 6 premiers destroyers puissent être mis sur cale, avec 3
conducteurs de flottille supplémentaires ; ces constructions
furent suivies en 1936 par 2 autres croiseurs et 40 destroyers.
Certaines unités de la classe Gnevny eurent des ennuis
techniques au cours des essais de machine ; il en résulta des
retards à la livraison et dans la refonte des 18 derniers
transformés en projekt 7u, classe Storojevoi :
ceux-ci bénéficièrent d'une nouvelle disposition des machines,
mais celle-ci retarda encore leur mise en service jusqu'en 1940/194130.
de tous les bâtiments de surface
prévus et mis sur cale, seul le premier conducteur de flottille Leningrad
et 16 des 18 patrouilleurs ainsi qu'un des dragueurs de mines purent
être terminés à la fin de 1937, en dehors des premières séries
de vedettes lance-torpilles31.
Les flottes de surface n'avaient
donc à leur disposition que des unités de la marine tsariste
refondues et modernisées. La flotte la plus importante, celle de la
Baltique, comprenait 2 bâtiments de ligne, 1 croiseur école, 1
destroyer conducteur de flottille, 7 destroyers, 5 patrouilleurs et
un nouveau dragueur et d'autres plus anciens. La flotte de la mer
Moire se composait d'un bâtiment de ligne, de 4 croiseurs, de 5
destroyers et de 2 patrouilleurs. Comme on l'a déjà dit, 3
destroyers et 3 patrouilleurs furent transférés de la Baltique
vers la flotte du Nord ; également de la Baltique, par la
route arctique, 2 destroyers rallièrent la flotte du Pacifique, qui
reçut aussi 6 patrouilleurs préfabriqués dans l'ouest : ils
furent transportés par le Transsibérien pour être réassemblés
dans les récents chantiers d'Extrême-Orient32.
On fit des efforts intenses pour
construire des sous-marins ; les unités de la série II
mouilleurs de mines de la classe L bénéficièrent
d'améliorations et devinrent les séries XI et XIII,
dont 6 et 7 unités étaient destinées à la flotte du Pacifique.
Après l'échec des 3 sous-marins de la série IV, classe
P, terminés en 1936, l'ingénieur A. Roudnitski conçut les KE-9, série
XIV, classe K, croiseurs sous-marins dont 12 furent
commandés et mis sur cale au début de 1938. Parmi les sous-marins
de moyen tonnage des séries III,V,V bis et V bis2, classe
Chtch, 43 furent prêts en 1936, suivis par les 32 unités de
la série améliorée X, classe Chtch, pour la plupart
terminées avant la fin de 193733 ;
quant à ceux de la série de faible tonnage VI,VI bis, classe
M, 50 étaient prêts fin 1936 et la version améliorée, la
sérieXII, classe M, fut lancée en 193734.
Il y eut un exemple d'aide
étrangère à la construction des sous-marins, car les Allemands
autorisèrent une firme installée aux Pays-Bas pour développer
l'arme sous-marine, l'Ingenieurskantor voor Scheepsbouw (IVS),
à fournir les plans du sous-marin E 1, en construction
en Espagne et vendu à la Turquie après essais. Un accord fut
conclu en 1934 et six ingénieurs russes vinrent à la Haye alors
qu'un groupe de spécialistes allemands se rendait à Leningrad
surveiller la construction de 3 sous-marins de la série IX, type
N, devenu plus tard type S, qui dura de décembre 1934 au
tout début de 1937 ; ces sous-marins furent suivis par ceux de
la nombreuse série IXbis, dont 20 unités furent mises sur
cale fin 1937 et bientôt suivies de commandes supplémentaires pour
le programme suivant35.
Même si l'on était loin du nombre
d'unités prévues par le programme, étaient livrées à la fin de
1937 : 25 de fort tonnage sur 69 prévues, 72 de moyen tonnage
sur 200 prévues et 52 de faible tonnage sur les 100 prévues ;
tous ces sous-marins furent armés et entrèrent en service.
Dans la répartition des
sous-marins, le commandement soviétique fit tout son possible pour
renforcer la défense en Extrême-Orient : la flotte du
Pacifique reçut 4 unités de fort tonnage, 34 de moyen tonnage et
28 de faible tonnage, toutes préfabriquées dans l'ouest et
transportées par voie ferrée pour être remontées par les
chantiers de la côte Pacifique. La flotte de la Baltique eut 6
sous-marins de fort tonnage, 22 de moyen tonnage et 16 de petit
tonnage et 2 sous-marins obsolètes ; quant à celle de la mer
Noire, elle reçut respectivement 6, 10 et 6 unités, auxquelles il
faut ajouter 5 sous-marins hors d'âge. La flotte du Nord, qui avait
déjà 3 unités de fort tonnage, incorpora 4 sous-marins de moyen
tonnage venus par le canal de la mer Blanche, ou Canal Staline, en
193736.
Parallèlement on développa
l'aviation navale ; outre les hydravions de reconnaissance
déjà hors d'âge, elle comprit des chasseurs et des bombardiers
ainsi que des escadrilles spécialisées dans le mouillage des mines
et des avions torpilleurs des modèles déjà en service dans les
forces terrestres comme les chasseurs I 153 et I 16 et le bombardier
DB 337.
Évolution
internationale et politique étrangère de Staline
Entre 1934 et 1936, pour
différentes raisons, la politique de Staline et de ses conseillers
commença à prendre un autre tour. Cela eut une influence
considérable pour la marine. Les développements en Extrême-Orient
firent naître un sentiment de menace, le Japon devenant le nouvel
ennemi probable dans cette région. En Europe, la politique
anti-soviétique de Hitler fit de celui-ci un autre ennemi à
l'ouest de l'Union Soviétique. Cela devint une évidence quand
l'Allemagne conclut un "Pacte de non-agression et
d'amitié" avec la Pologne le 26 janvier 1934, pays qui avait
été considéré comme l'ennemi commun durant la période de
coopération avec la Reichswehr. La mise en vigueur de la
conscription en Allemagne le 16 mars 1935, puis l'accord naval
anglo-allemand du 18 juin 1935, ajoutèrent encore d'autres
inquiétudes, tandis que la conclusion du "Pacte anti-komintern"
entre l'Allemagne et le Japon daté du 25 novembre 1936 fut
considéré comme une menace encore plus dangereuse38.
L'Union Soviétique tenta alors de
trouver des appuis pour s'opposer aux dangers évidents que faisait
courir la politique expansionniste du Japon, de l'Italie et de
l'Allemagne. Au début, Staline suivit une double politique ;
avec le XVIIe Congrès du Parti en mars 1934, il entama une campagne
en faveur du "patriotisme soviétique", premier indice
visible d'un renoncement à l'idée de révolution communiste
mondiale. Dans cet ordre d'idées, il faut noter le retour aux
anciennes dénominations des grades dans la hiérarchie de l'armée
et de la marine à partir du 22 septembre 1935. Au même moment, le
Komintern opta pour une politique de coalition avec les Front
populaires et les syndicats ouvriers en Occident. L'autre volet de
cette politique était la "sécurité collective", telle
qu'elle avait été proposée par les Français et reprise par le
Commissaire du Peuple pour les affaires étrangères, M.M. Litvinov.
L'Union soviétique adhéra à la Société des Nations le 18
septembre 1934 et signa en mai 1935 des traités d'assistance
militaire avec la France et la Tchécoslovaquie39.
Mais la conquête italienne de l'Ethiopie,
qui conduisit au "Pacte d'acier" entre Hitler et Mussolini
le 25 octobre 1936, ainsi que l'appui apporté par l'Italie et
l'Allemagne au soulèvement du général Franco, accrurent les
craintes des Soviétiques. Quand des navires de commerce
soviétiques apportant des armes pour les républicains espagnols
furent coulés par des bâtiments de surface ou des sous-marins
nationalistes espagnols ou italiens et que les patrouilles de
non-intervention se révélèrent inefficaces, alors que la marine
côtière soviétique était incapable d'apporter une aide aux
républicains espagnols, Staline fut contraint de conclure que, si
l'Union Soviétique désirait jouer le rôle d'une grande puissance,
elle se devait de posséder une marine de haute mer qui la ferait
prendre au sérieux40.
Quand les Britanniques, redoutant
de voir échouer les nouvelles limitations des armements navals qui
avaient été arrêtées à Londres en 1935/1936, commencèrent à
rechercher des accords bilatéraux avec les puissances maritimes non
représentées, l'Union soviétique répondit favorablement et la
signature eut lieu le 17 juillet 1937, en même temps que celle d'un
nouvel accord germano-britannique41.
Les Soviétiques acceptaient (en théorie) les limitations du
Traité de Londres du 25 mars 1936, qui fut ratifié par la
Grande-Bretagne, les Etats-Unis et la France le 29 juillet 1937.
Cependant, les Soviétiques
prévinrent qu'ils construiraient 7 croiseurs avec des canons de 180
m/m, permettant ainsi à l'Allemagne de remplacer les canons de 150
m/m de ses croiseurs de 10 000 tonnes par des canons de 203
m/m, alors qu'elle avait déjà 3 croiseurs lourds sur cale. Une
clause, secondaire aux yeux des Britanniques, mais plus importante
en réalité, exemptait les forces navales soviétiques en
Extrême-Orient des limitations en raison de la dénonciation des
traités par le Japon42.
Le
début des changements dans la politique navale et les purges
Ces événements permirent aux
partisans d'une marine de bâtiments de ligne de retrouver une
audience, particulièrement depuis que la Conférence navale de
1935/1936 de Londres avait remplacé les traités navals de
Washington de 1922 et de Londres de 1930, provoquant ainsi une
nouvelle course aux armements navals entre les grandes puissances43.
Vers la fin de 1936, lors d'une Conférence des chefs des flottes
convoquée par Staline, des opinions divergentes apparurent au sein
du commandement : le chef de la flotte de la mer Noire, le
Flagman Flota 2 Ranga I.K. Kojanov, principal porte-parole des
tenants de la Jeune Ecole, plaida pour continuer la politique de
construction de sous-marins et de bâtiments légers, tandis que le
chef de la flotte du pacifique, le Flagman Flota 1 Ranga M.V.
Viktorov, représenta ceux qui voyaient dans le navire de ligne
l'épine dorsale de la marine. Staline observa : "il
est possible que vous ne sachiez pas ce qu'il vous faut" ;
il était arrivé à la conclusion que l'Union Soviétique avait
besoin d'une flotte de haute mer44.
En janvier 1937, Staline commença
une profonde réorganisation du commandement naval, éliminant peu
à peu les tenants de la "poussière navale" ;
l'adjoint au commandant des forces navales, L.M. Loudri, fut envoyé
à l'Académie navale pour être démonté six mois plus tard. Il
fut remplacé par L.M. Galler, chef de la flotte de la Baltique,
partisan des grosses unités qui avait déjà commandé un cuirassé
à la fin de la première guerre mondiale. Son successeur fut A.K.
Sivkov, appuyé par I.S. Isakov, appartenant au même clan et
également diplômé de l'Académie navale impériale où leur
professeur avait été le commandant Klado45.
Bientôt, Isakov remplaça Sivkov pendant quelques mois avant de
prendre la direction du département des Constructions navales, en
remplacement de R.A. Mouklevitch arrêté en mai. Ensuite, les
partisans les plus en vue de la Jeune Ecole furent arrêtés :
le commandant en chef des forces navales, V.M. Orlov, fut remplacé
par M.V. Viktorov en juillet et le chef de la flotte de la mer
Noire, I.K. Kojanov, par P.I. Smirnov en octobre ; de même, on
arrêta les professeurs Jeune Ecole qui enseignaient à l'Académie
sous la houlette du professeur A.P. Alexandrov46.
Les charges retenues contre les
officiers victimes de cette purge ne sont pas connues, même à
l'heure actuelle ; nous savons seulement qu'une de celles
retenues contre le Maréchal Toukhatchevski, dans le procès
intenté contre les huit principaux chefs militaires de haut rang,
fut son refus d'ajouter de nouveaux bâtiments de surface à la
flotte soviétique47.
La condamnation à mort du maréchal et de ses camarades dans le
premier procès fut motivée par l'accusation d'avoir conspiré sous
l'influence de l'Allemagne fasciste pour renverser le gouvernement
soviétique48.
On ne pouvait utiliser de telles accusations contre les chefs de la
marine, car ils n'avaient jamais eu avec la Reichsmarine des
relations aussi étroites que celles des officiers de l'Armée avec
la Reichswehr, même si Mouklevitch, Orlov, Sivkov et
d'autres avaient visité des bases navales allemandes49.
Il est possible aussi que Staline se soit défié des spécialistes
provenant de la vieille armée tsariste et qu'il utilisa ces
accusations absurdes pour se débarrasser d'eux ; cela a pu
jouer pour les officiers de l'Armée, mais pour la marine, des
spécialistes provenant de la flotte tsariste comme Galler, Isakov
ou le nouveau chef de la flotte de la Baltique, G.I. Levtchenko,
furent confirmés dans les postes les plus importants50.
Planification
de la Flotte de haute mer : le Troisième plan quinquennal
Ces changements dans le personnel
permirent à Staline d'ouvrir la voie vers la construction d'une
Flotte de haute mer ; mais les premières décisions dans cette
direction avaient été prises bien avant ; en août 1935, le
chantier Ansaldo à Gênes reçut une demande pour l'étude de plans
d'un cuirassé de 42 000 tonnes, lesquels furent fournis sous
le sigle UP 41, le 14 juillet 193651.
Cette étude servit de base à la construction d'un nouveau
bâtiment de ligne soviétique, remplaçant des études plus
anciennes d'un cuirassé de 33 000 tonnes, préparées par
l'ingénieur A.N. Krylov52.
En juin 1936, le clan partisan des grosses unités avait présenté
un plan pour la construction d'une flotte de 24 bâtiments de ligne,
20 croiseurs et environ 350 sous-marins53.
Le Comité pour la Défense du Conseil des Commissaires du Peuple
refusa. Néanmoins ce programme fut repris et modifié en mai 1937.
Le nombre des unités destinées à la nouvelle Flotte était fixé
comme suit :
- 8 cuirassés type A de
41 500 tonnes,
- 16 cuirassés type B de
26 000 tonnes,
- 14 croiseurs d'un type nouveau de
7 500 tonnes,
- 6 croiseurs de 7 300 tonnes
de la classe Kirov,
- 10 conducteurs de flottille d'un
type nouveau de 2 020 tonnes,
- 1 conducteur de flottille de
2 790 tonnes, sur cale en Italie,
- 6 conducteurs de flottille de
2 020 tonnes de la classe Leningrad,
- 1 destroyer expérimental de
1 200 tonnes, plus tard l'Opytny,
- 107 destroyers de 1 425
tonnes type 7u, classe Storojevoi.
- 20 destroyers de 1 425 tonnes, type
7, classe Gnevny
- 350 sous-marins de divers types.
Ce schéma fut discuté et un
nouveau plan pour "Construire une Grande Flotte" fut
adopté le 15 août 1937, présenté le 7 septembre 1937 par le
Commissaire du Peuple pour la Défense nationale, Maréchal de
l'Union soviétique K.E. Vorochilov. Dans ce dernier plan, le nombre
de bâtiments de ligne semble avoir été réduit, mais en
réalité, il inclut de nouveaux types de navires et augmente les
déplacement des unités comme suit :
- 6 cuirassés du type A de
57 000 tonnes,
- 14 cuirassés de type B de
48 000 tonnes,
- 10 croiseurs de bataille de poche
de 23 000 tonnes,
- 2 porte-avions de 10 000
tonnes,
- 16 croiseurs de 10 000
tonnes,
- 6 croiseurs de 7 300 tonnes,
classe Kirov,
- 13 conducteurs de flottille de
2 020 tonnes,
- 1 conducteur de flottille de 2 790
tonnes (Tachkent),
- 6 conducteurs de flottille de
2 020 tonnes, classe Léningrad,
- 113 destroyers de 1 700
tonnes
- 1 destroyer expérimental de
1 200 tonnes,
- 30 destroyers de 1 425 tonnes, classe
Gnevny,
- 84 sous-marins de fort tonnage,
- 175 sous-marins de tonnage moyen,
- 116 sous-marins de petit tonnage54.
La répartition des unités entre
les quatre flottes devait se faire de la manière suivante55 :
|
Flottes
|
Types
|
Pacifique
|
Baltique
|
mer noire
|
du nord
|
Cuirassés
A
|
4
|
-
|
-
|
2
|
Cuirassés
B
|
4
|
6
|
4
|
-
|
Cuirassés
anciens
|
-
|
2
|
1
|
-
|
Porte-avions
|
1
|
-
|
-
|
1
|
Croiseurs
de bataille
|
4
|
2
|
1
|
3
|
Nouveaux
croiseurs
|
6
|
4
|
4
|
4
|
Croiseurs
classe Kirov
|
2
|
2
|
2
|
-
|
Croiseurs
anciens
|
-
|
-
|
3
|
-
|
Conducteurs
de flottille
|
8
|
4
|
4
|
4
|
Destroyers
|
4 8
|
40
|
28
|
28
|
Sous-marins
|
|
|
|
|
-
grands |
39
|
14
|
11
|
20
|
-
moyens |
70
|
4 6
|
31
|
28
|
-
petits |
46
|
28
|
28
|
12
|
La flotte la plus importante devait
être celle du Pacifique pour s'opposer à la puissante marine
japonaise et couvrir le Kamtchatka, la mer d'Okhotsk et les parages
de Vladivostok ; elle assurait la défense des côtes proches
de la Corée du nord contre les débarquements japonais et était en
mesure de menacer les lignes de communications du Japon.
Après la flotte du Pacifique,
celle de la Baltique était la deuxième en importance ; elle
devait surveiller les marines allemande, suédoise, finnoise,
estonienne et lettone ; elle avait pour mission d'assurer le
contrôle du golfe de Finlande et des parages septentrionaux des
eaux suédoises.
La flotte de la mer Noire devait se
tenir prête à assurer la surveillance de toute l'étendue de cette
mer et défendre les côtes de l'Union.
Quant à la flotte du Nord, elle
était chargée de la défense des côtes de la mer de Barents et de
menacer les lignes de communications de l'Atlantique nord.
Nouvelles purges et
réorganisation du commandement naval
Des groupes critiques, dans
l'Armée comme dans la Marine, réalisèrent que ce programme
extravagant dépassait de beaucoup les possibilités de l'industrie
et entraînait de grands bouleversements dans les priorités56 ;
c'est probablement ce qui provoqua de nouvelles purges dans la
Marine. Pour réduire au silence ces critiques et réorganiser le
commandement selon ses désirs, Staline institua un Commissariat des
Peuples particulier pour la Marine. Le Flagman Flota 1 Ranga P.A.
Viktorov fut relevé de ses fonctions et remplacé par l'ancien
Commissaire de l'Armée de 1er rang P.A. Smirnov avec le titre de
Premier commissaire des Peuples pour la Marine. En janvier 1938, le
successeur de Viktorov à la tête de la flotte du Pacifique, G.I.
Kireev, ainsi que celui de Kojanov à la tête de la flotte de la
mer Noire, P.I. Smirnov, furent arrêtés ; il en fut de même
en mars pour I.N. Kadatski de la flottille de l'Amour, et en juin
pour K.I. Douchenov de la flotte du Nord. Tous furent exécutés
entre 1938 et 194057.
Il est possible que l'intention
réelle de Staline en purgeant les officiers généraux de sa Marine
ait été de se débarrasser d'eux parce qu'ils s'opposaient à la
création d'une puissante flotte de haute mer et qu'ils continuaient
à prôner les théories de la Jeune Ecole ; le faux
prétexte servant à leur condamnation fut l'accusation de relations
avec l'Allemagne fasciste. Une exception dans ce tableau pourrait
être celle de Viktorov, mais la raison de sa condamnation est
inconnue ; voyait-il dans cet extravagant programme une
incompatibilité avec l'état réel de l'industrie soviétique
incapable de faire face à ses exigences techniques ?
Le 16 février 1938, pour répondre
à ces critiques, Staline et Molotov décrétèrent des
modifications dans le programme de 1937 et le 27 février, P.A.
Smirnov et le nouveau chef de l'état-major général, Flagman Flota
2 Ranga L.M. Galler, firent un rapport à Staline et à Molotov au
sujet de cette révision du plan. D'après cette nouvelle version,
les deux cuirassés de type A et B ne formaient plus qu'un seul type
de 58 000 tonnes et, au lieu de 6 + 14 unités à construire,
seules 15 du nouveau type étaient prévues. Toutefois cette
réduction du nombre des cuirassés était plus que compensée par
l'augmentation du nombre des croiseurs de bataille de poche, qui
passaient de 10 à 15, ainsi que celle des croiseurs légers, de 16
à 22. Ces changements furent accompagnés de diverses
réaffectations dans les flottes ; finalement, ce programme
révisé fut accepté, sa réalisation devait s'étaler sur huit
années jusqu'au 31 décembre 194558.
Pour faire admettre de force ce
programme, Staline et Molotov organisèrent en mars un Conseil de
guerre des forces navales, avec à sa tête P.A. Smirnov et composé
du secrétaire du parti (Léningrad) A.A. Jdanov, du chef de
l'état-major général L.M. Galler, du chef du Département des
constructions navales I.S. Isakov et enfin des nouveaux commandants
des flottes du Pacifique et de la Baltique, N.G. Kouznetzov et G.I.
Levtchenko, deux partisans des grosses unités de combat59.
Nouvelles tentatives pour
obtenir une aide étrangère
Pour lutter contre les déficiences
de l'industrie navale en Union soviétique, on s'efforça de nouveau
de trouver une collaboration étrangère. Outre les relations avec
l'Italie, des pourparlers eurent lieu avec la France, mais sans
résultats ; il y en eut également avec la Tchécoslovaquie,
lesquels furent matérialisés en août 1938 par un accord sur la
création d'un bureau d'études dans l'usine Skoda pour la
fourniture de canons de marine. Toutefois, cet accord devint caduc
après la crise des Sudètes en automne 1938. En outre, en 1937, les
Soviétiques commandèrent à Brown, Boveri et Cie, entreprise
suisse établie à Baden, quatre ensembles de turbines de
77 000 CV destinés à deux cuirassés60.
Ce matériel ne fut jamais livré à cause de l'invasion soviétique
de la Pologne.
Mais ce sont les négociations avec
les Etats-Unis qui furent les plus fructueuses. Elles commencèrent
par une demande de l'ambassadeur soviétique à Washington adressée
au Département d'etat le 26 novembre 1936 pour la fourniture de
pièces d'artillerie navale de gros calibre ainsi que de plaques de
blindage61 ;
en août 1938, l'amiral W.D. Leahy, chef des opérations navales,
donna son accord au département d'Etat pour la construction dans un
chantier des Etats-Unis d'un bâtiment de ligne pour l'Union
soviétique ; cet accord reçut l'appui du président Roosevelt62.
En octobre 1937, l'autorisation fut donnée de fabriquer trois
tourelles triples de pièces de 406 m/m pour la marine soviétique.
Le 21 décembre 1937, l'ambassadeur soviétique demanda une licence
en vue de la commande à des firmes américaines d'un projet de
cuirassé, ce qui fut accordé. Plusieurs commissions soviétiques
allèrent aux Etats-Unis pour discuter des projets proposés63 ;
la firme Gibbs and cox de New-York fournit d'abord trois versions
d'un cuirassé porte-avions : le type A déplaçant 66 074
tonnes armé de 8 pièces de 457 m/m et portant 40 avions, le type B
déplaçant 71 859 tonnes armé de 12 pièces de 406 m/m
portant 40 avions et enfin le type C, de 44 200 tonnes, armé
de 10 pièces de 406 m/m et 28 avions64.
Le 5 juin 1938, Staline lui-même se plaignit à l'ambassadeur
américain de retards alors que l'Union soviétique était prête à
verser immédiatement 60 à 100 millions de dollars65.
Toutefois, le secrétaire à la Marine informa le président le 8
juin 1938 qu'il n'y avait aucune objection à la fourniture de ces
plans préparés par Gibbs and Cox, mais qu'il n'était pas possible
de construire de tels bâtiments aux Etats-Unis car ils dépassaient
par trop les clauses limitatives du Traité de Washington66.
De toute manière, les Soviétiques n'étaient pas satisfaits des
plans67. C'est
alors que Gibbs and Cox prépara un nouveau plan pour un cuirassé
classique déplaçant 45 000 tonnes, armé de 10 pièces de 406
m/m avec une vitesse de 31 nœuds68 ;
pour discuter de ces plans et de la commande, une délégation
soviétique conduite par I.S. Isakov arriva en mars 1939 ; les
négociations aboutirent, mais à la suite du traité
germano-soviétique d'août 1939 et de l'invasion de la Pologne
orientale par les Soviétiques en septembre, les Etats-Unis
arrêtèrent toute coopération le 9 octobre 193969.
Les
modifications apportées au Programme naval 1939/1940
Tandis que ces pourparlers étaient
en cours, Moscou décida d'apporter de nouvelles modifications au
Programme naval ; le Commissaire du Peuple P.A. Smirnov ne put
se soustraire aux obsessions de Staline et fut remplacé en
septembre 1938 par le terrible Commissaire du Peuple aux Affaire
intérieures, Commander du NKVD, M.P. Frinovski, un des proches
collaborateurs de N.I. Ejov, chef sanguinaire de ce même NKVD.
Smirnov disparut mais dès mars 1939, Frinovski partagea le sort de
son ancien chef Ejov et tous deux furent fusillés70.
Le 28 avril 1939, Staline appela à
Moscou le jeune chef de la flotte du Pacifique N.G. Kouznetzov pour
le nommer Commissaire du Peuple pour la Marine et commandant en chef
des forces navales. En 1937, il n'était que capitaine de vaisseau
quand il revint de sa mission de conseiller en chef auprès de la
marine républicaine espagnole. Cet homme énergique eut la tâche
de conduire la marine soviétique tout au long de sa nouvelle phase
d'expansion, tâche rendue encore plus difficile par les coupes
sombres faites par les purges dans les cadres71.
La plupart des hauts commandements changèrent de titulaires en
1939 : L.M. Galler et I.S. Isakov permutèrent, la flotte de la
Baltique reçut pour chef V.F. Tributs en mai, V.P. Drozd prit en
juin la tête de la flotte du Nord, en juillet A.G. Golovko devint
chef de la flottille de l'Amour, en août ce fut au tour de F.S
Oktiabrski pour la flotte de la mer Noire et le même mois I.S.
Yumachev fut nommé à la tête de la flotte du Pacifique72.
Les nouvelles autorités
commencèrent à nouveau à réviser les programme de constructions
navales selon leur perception des réalités ; les cadences de
construction étaient modifiées en fonction des capacités des
chantiers. Le programme fut divisé en deux périodes, la première
s'étendant jusqu'au 1er janvier 1943 et la seconde jusqu'au 31
décembre 1947. Le 10 août 1939, N.G. Kouznetzov présenta un
nouveau programme qui comprenait, outre un nombre réduit de grosses
unités, une addition considérable de patrouilleurs (Storojevoy
korabl', en réalité de petits destroyers), de dragueurs de
mines, de canonnières, de bâtiments de barrages, de mouilleurs de
mines et de chasseurs de sous-marins73.
En attendant, l'industrie de la
construction navale reçut une priorité ; les grands chantiers
de Léningrad et de Nikolaiev furent modernisés, tandis que
l'ouverture d'autres chantiers s'accéléra avec ceux de Komsomolsk
et de Molotovsk à l'occasion du deuxième Plan quinquennal. De
nouveaux chantiers furent mis en route à Marioupol et sur le lac
Onega74. Les
fabriques de canons de gros calibre poursuivirent leurs efforts
ainsi que les industries construisant les appareils propulseurs
(turbines et moteurs Diesel) et les chaudières. C'est à la Marine
que fut confiée la production des blindages, au moins pour partie.
Enfin on conçut une large planification pour assurer le recrutement
et l'entraînement du personnel devant armer les nouveaux navires75.
La très forte opposition de
l'Armée à ce plan grandiose de constructions navales ne se
manifestait pas ouvertement à cause des graves purges qui avaient
frappé ses chefs. La redistribution des priorités avait dû rendre
très difficile la planification comme on peut le voir par les
nombreuses retouches apportées aux programmes navals soumis à
Molotov et à Staline pour décision ; cela est évident par le
nombre de types modifiés dans leur déplacement et leur
construction. Le programme d'août 1939 fut révisé par le Comité
d'Etat pour la défense du 9 janvier 1940 ; à la demande du
Commissaire du Peuple pour la construction navale, I.T. Tervosyan,
le nombre des unités du programme fut réduit. Un nouveau plan
fixant les dates de mise sur cale des nouveaux navires ainsi que le
temps nécessaire à leur construction donné pour chaque type fut
signé par l'amiral Kouznetzov le 27 juillet 194076.
Les plans pour les gros cuirassés,
appelés projekt 23, fixèrent le déplacement standard à
59 150 tonnes, avec un armement de 9 pièces de 406 en trois
tourelles triples et une vitesse de 28 nœuds. Par rapport aux 15
unités programmées en février 1938, la Marine proposait
maintenant de terminer 8 navires dans la première partie et 6 dans
la seconde partie du programme. Tervosyan réagit et exigea que l'on
réduise ces nombres à 6 et 4. Le 5 septembre 1938, le gouvernement
soviétique avait informé les Britanniques, en vertu des clauses de
l'"Accord anglo-soviétique sur les armements navals
qualitatifs" de 1938, des caractéristiques de ces navires dont
le déplacement était de 44 190 tonnes. Le Sovetskii Soyouz
et le Sovetskaya Ukraina furent mis sur cale le 28 septembre
et le 28 novembre, au chantier de la Baltique à Léningrad et au
chantier Marti à Nikolaiev ; ces mises sur cale furent suivies
par celle du Sovetskaya Rossiya le 28 novembre 1939 au
nouveau chantier de Molotovsk près d'Arkhangelsk, où la quatrième
unité, le Sovetskaya Belorossia, devait être commencée en
novembre 194077.
On ne sait que peu de choses des
décisions à propos des porte-avions. Dans le programme de 1937,
deux, déplaçant chacun 10 000 tonnes, étaient prévus pour
les flottes du Pacifique et du Nord ; ils devaient être
terminés en 1943 et 1945. Ils ont dû être conçus d'après les
unités semblables des grandes puissances maritimes et
particulièrement le Ryujo japonais de 8 000 tonnes,
terminé en 193378.
Il a pu exister également d'autres projets pour des 15 000 et
25 000 tonnes (projekt 71) 79.
Mais le projet intéressant est
celui du "croiseur de poche" (Tyajeliye kreiseri),
nom donné par les Soviétiques à leurs croiseurs de bataille
lourds. On les avait conçus d'abord comme une réponse aux
croiseurs de 10 000 tonnes Washington armés de canons de 203
m/m, en leur donnant un déplacement de 23 000 tonnes et une
artillerie de 254 m/m à grand débit. Mais quand apparurent les
cuirassés de poche allemands de la classe Deutchsland avec
du 280 m/m et que des rumeurs parlèrent des unités suivantes les Gneisenau
et Scharnhorst de 26 000 tonnes, le projet soviétique
s'avéra insuffisant par Staline ; il fit arrêter l'ingénieur
responsable du projet V.L. Bjezinski et son assistant V.P.
Rimski-Korsakov et fit réunir une commission sous la direction du
Flagman 2 Ranga S.V. Stavitski pour étudier à nouveau la question.
Staline, se basant sur les résultats de cette commission, ordonna
de poursuivre dans une voie différente avec le projekt 69,
approuvé le 12 avril 1940 ; un nouveau type de navire était
envisagé sous la forme d'un croiseur de bataille de 35 240
tonnes, trois tourelles triples de 305 m/m et une vitesse de 33 nœuds
que développaient trois ensembles de turbines de 77 000 CV80.
Au début, on comptait affecter une unité de ce type à la flotte
de la Baltique sur 16 construites, puis on convint de construire 5
autres dans la première partie du programme, et 6 dans la seconde
partie. Tervosyan réduisit ces chiffres à 8 en tout, à raison de
4 à mettre sur cale dans chaque partie du programme81.
Les deux premiers, le Kronstadt et le Sévastopol,
furent commencés les 30 et 5 novembre 1939 à Léningrad et à
Nikolaiev respectivement, alors que le troisième, le Stalingrad,
ne fut même pas commencé82.
Cette intervention de Staline dans
la réalisation de ces croiseurs de bataille peu souhaités
présente une similitude avec le comportement de Hitler, qui annula
la commande de 12 nouveaux "cuirassés de poche" de
22 145 tonnes armés de 6 pièces de 280 m/m appartenant au
plan Z de 1939 au profit de la construction de 3 croiseurs de
bataille de 28 900 tonnes et 6 pièces de 380 m/m83.
Quant aux croiseurs légers de la
classe Kirov de 8 200 tonnes et 9 pièces de 180 m/m,
leur nombre fut d'abord accru de 22 à 26, mais, par la suite,
réduit sur proposition de la Marine à 16 et enfin à 14 sur
l'intervention de Tervosyan, à raison de 10 pour la première
partie du programme et de 4 pour la seconde ; toutefois le
déplacement de ces unités fut porté à 8 600/11 300
tonnes avec un armement de 12 pièces de 152 pour le projekt
68 84.
De 1938 à 1940, les seuls croiseurs légers en construction furent
le Tchapaiev, le Jelezniakov et le Tchkalov à
Léningrad et le Frounze, le Kuibichev, l'Orjonikidze
et le Sverdlov à Nikolaiev85.
On continua la construction des
destroyers conducteurs de flottille du projekt 48 et celle
des destroyers du projekt 30, mais leur déplacement passa de
2 020 à 2 600 tonnes pour les premiers et de 1 700
à 2 240 tonnes pour les seconds ; les nouveaux
conducteurs de flottille passèrent de 13 à 30 et les destroyers de
99 à 115 ; cependant, à nouveau, sur proposition de la Marine
le nombre de conducteurs de flottille fut réduit à 1586.
Outre les navires à terminer appartenant au Deuxième Plan
quinquennal, devaient être prêts 11 conducteurs de flottille et 63
destroyers au cours de la première partie du programme et 4
conducteurs de flottille et 36 destroyers au cours de la seconde87.
En réalité, jusqu'en 1940, on ne mit sur cale que 4 conducteurs de
flottille et 26 destroyers. Une des unités du nouveau projekt 7
concernant les destroyers destinés à la flotte du Pacifique se
perdit dans la traversée de Komsomolsk vers les chantiers de
finition en novembre 1935 et dut être remplacée par un bâtiment
de la mer Noire. Quant à la flotte du Nord, elle reçut 5
destroyers du projekt 7, qui transitèrent par le canal
Staline88. Le
ralentissement des grosses unités fut compensé jusqu'à un certain
point par l'augmentation des petits bâtiments. De plus, aux 18
patrouilleurs terminés, un nouveau type, projekt 29 de 650
tonnes, plus tard de 905 tonnes, fut ajouté. En 1938, 96 unités de
ce type furent prévues ; en 1939, ce nombre fut porté à 148
et compris dans le programme proposé par la Marine en automne
1939 ; dans la première partie de ce programme jusqu'en 1942,
il était question de 44 patrouilleurs, parmi lesquels seuls 32
furent autorisés par Tervosyan et 15 mis sur cale89.
Il existait trois types de
dragueurs de mines : ceux propulsés par diésel de la classe Tral,
projekt 53, de 434 tonnes de déplacement au lieu des 395
prévues ; 40 unités de cette classe furent mises sur cale à
partir de 1933 et on envisageait d'augmenter leur nombre90.
Puis apparut un nouveau dragueur d'escadre à turbine de la classe V.
Polukhin, projekt 59, de 700 tonnes au lieu des 600
prévues. 72 unités de cette classe furent programmées en
1938 ; ce nombre fut porté à 90 en 1939, avec une tranche de
46 prévue dans la première partie du programme. Jusqu'au début de
la guerre, on en mit sur cale 2291.
On pensa construire en plus un petit dragueur de mines en acier de
faible déplacement (300 tonnes) pour les eaux côtières ; ce projekt
253 l sera celui de la classe T - 351 de 108
tonnes. On en programma d'abord 99, puis 120, mais de 1943 à 1945,
seuls 92 dragueurs de ce type furent armés92.
Un important rôle était réservé
aux vedettes lance-torpilles dont la planification de 1938 et 1939
prévoyait la construction de 348 ou 358 unités93.
De 1933 à la fin de la guerre, 329 vedettes de type G-5 furent
armées et de 1939 à 1945, 75 unités de la classe D-3 le
furent également. Il faut y ajouter un certain nombre d'unités
expérimentales94.
Quant aux patrouilleurs et aux
chasseurs de sous-marins, des classes BO - et MO -,
115 furent d'abord prévus, puis 274 ensuite. seulement 10 unités
de la classe BO -, de 249 tonnes, furent mises sur cale
jusqu'en 1941 et 23 furent terminées avant la fin de la guerre. 219
unités de la classe MO-IV, de 57 tonnes, furent mises en service
entre 1937 et 194595.
Il a existé trois types de
mouilleurs de mines de 5 000, 4 000 et 400 tonnes ;
le programme prévoyait aussi deux types de poseurs de filets, un de
1 000 et l'autre de 462 tonnes. Pour la flotte de la Baltique,
2 gros monitors de 12 000 tonnes et 4 canonnières de
3 500 tonnes furent prévus, mais on ne possède aucun détail
à leur sujet96.
Entre 1938 et 1940, le programme de
construction des sous-marins fut fréquemment remanié. Dans sa
version du 28 février 1938, pour les grosses unités, ce programme
prévoyait la finition des 9 sous-marins mouilleurs de mines des
séries XI et XIII, ainsi que la construction de 6
unités supplémentaires de la nouvelle série améliorée XIII
bis. Outre les 12 croiseurs sous-marins de la série XIV, entre
1941 et 1944, 30 unités supplémentaires devaient être
construites. Un nouveau type apparut, le ZP de 1 200 tonnes,
pour lequel nous n'avons aucun renseignement, si ce n'est qu'il
représentait un "type spécial" ; en 1940/1941, 8
unités de ce type devaient être livrées. Finalement le nombre des
sous-marins de fort tonnage atteignit 84 unités à la fin de 194597.
Quant aux sous-marins de tonnage moyen, les derniers de la série X
et un de la série IX devaient être terminés et, outre 8
nouveaux sous-marins d'une série améliorée X bis, le
nombre des unités de la série IX bis fut porté à 77
unités ; le total des sous-marins de moyen tonnage atteignait
16398. Pour
les sous-marins de petit tonnage, 46 unités des séries XII
et XII bis déjà en construction devaient être
terminées, portant leur total à 9899.
Une tentative intéressante concerne les sous-marins dont l'appareil
moteur aurait été du type à circuit fermé ; outre 2
sous-marins expérimentaux, Pigmei et S 92 (dénomination du
chantier), deux autres, le M-400 et le M-401, furent
commandés100.
La répartition des sous-marins
entre les flottes se fit de la façon suivante101 :
|
nombre
d'unités
|
Flottes
|
grands
|
moyens
|
petits
|
du
Pacifique
|
39
|
70
|
28
|
de la
Baltique
|
14
|
38
|
28
|
de la mer
Noire
|
11
|
31
|
18
|
du Nord
|
20
|
24
|
12
|
Il faut souligner qu'il y eut en 1939 et
1940 des transferts d'unités pour renforcer les flottilles
sous-marines des flottes du Pacifique et du Nord, malgré leurs
capacités de réparation encore limitées. La flotte du Nord
reçut, en 1939, 4 unités de la série X bis et 6 de la
série XII, et en 1940, 2 grands sous-marins série XIV
venant de la Baltique. La flotte du Pacifique se vit attribuer 4
unités de la série VI bis provenant de la Baltique
et 2 autres de la mer Noire qui auraient été suivies de 2 unités
de la série XII.
Cependant, en 1939, ce programme
reçut des modifications : les 30 unités supplémentaires de
la série XIV et les 8 de la classe ZP furent
annulées ; le nombre des unités des séries IX et IX
bis fut ramené à 49 tandis que celui des unités de la série X
bis était porté à 40. Le nombre des sous-marins de petit
tonnage des séries XII et XII bis s'accrut
jusqu'à atteindre 53, auxquels s'ajoutaient 29 unités de la série
très améliorée XV. Le nombre total des sous-marins de
petit tonnage passa de 202 à 198, mais on souligna la nécessité
de construire de préférence des unités de tonnages moyen et
faible pourvues d'une grande vitesse102.
Avant l'automne de 1940, des
sous-marins des types les plus récents furent commandés : 51
de la série IX bis, 13 de la série X bis, 28 de la
série XII bis, 6 de la série XIII bis, 12 de la
série XIV, 33 de la série XV et 8 de la série XVI,
en plus des unités appartenant aux programmes précédents103.
L'aviation navale fut dotée
d'appareils plus modernes dérivés des types de l'aviation
terrestre ; en outre, elle reçut des hydravions de
reconnaissance104.
La
seconde guerre mondiale et ses conséquences pour la Marine
Les modifications du Troisième
Plan quinquennal pour la Marine furent influencées par le
développement politique et militaire en Extrême-Orient et en
Europe.
Les craintes de voir les ambitions
japonaises s'étendre au continent dans un élan impérialiste
conduisirent à renforcer la flotte du Pacifique en lui affectant de
nouveaux sous-marins, ainsi que des bâtiments de surface
supplémentaires. Ces craintes furent amplifiées par des incidents
qui se produisirent le long de la frontière de la Mandchourie. Le
premier de ces incidents fut en juillet/août 1938 un engagement à
l'échelon de la division autour des collines de Changkufeng à
environ 200 km au nord de Vladivostok ; cette opération ne
satisfit pas Staline qui en profita pour destituer le commandant en
chef des forces soviétiques en Extrême-Orient, le maréchal V.K.
Blucher, qui fut condamné à mort en novembre. Le second incident
eut lieu en mai 1939 le long de la frontière avec la Mongolie à
Nomonhan et dégénéra en engagement à l'échelon de
l'armée ; il prit fin à la fin d'août avec la victoire
écrasante des forces blindées soviétiques sous les ordres du
général G.K. Joukov qui battit la VIe armée et la 23e division
japonaises105.
Ces événements peuvent expliquer le renforcement de la flotte du
Pacifique comme le montre le tableau ci-après106 :
Date de la
|
Flottes
|
de la
planification
|
Pacifique |
Baltique
|
Mer Noire
|
Mer du Nord
|
Totaux
|
07 / 09 /
1937
|
796 000
|
514 000
|
342 000
|
338 000
|
1
990 000 |
28 / 02 /
1938
|
910 692
|
581 787
|
396 393
|
343 629
|
2
232 501 |
10 / 08 /
1939
|
1 154 078
|
797 113
|
558 082
|
518 628
|
3
027 901 |
En Europe également, les
événements conduisirent à des modifications importantes dans la
politique suivie et dans les priorités. Quand Hitler écrasa la
Tchécoslovaquie en mars 1939, prit à la Lituanie la région de
Memel une semaine plus tard, se porta contre la Pologne pour
résoudre la question du "couloir" de Dantzig en avril,
dénonça l'accord naval avec la Grande-Bretagne, Staline eut à
choisir entre une alliance avec les démocraties occidentales ou
avec Hitler ; il commença à négocier avec les deux
adversaires, remplaçant le Commissaire du Peuple pour les affaire
étrangères M.M. Litvinov, qui était juif, par le président du
Conseil des Commissaires des Peuples, V.M. Molotov. Quand les
Britanniques refusèrent de signer une alliance permettant aux
forces soviétiques de pénétrer en Pologne, alors qu'Hitler
offrait de partager ce pays et proposait une collaboration
économique, Staline choisit cette dernière solution. Le 23 août
1939, un pacte de non-agression germano-soviétique fut signé à
Moscou, complété par un protocole secret définissant les sphères
d'influence respectives qui aboutissait au partage de la Pologne et
des états baltes entre les deux dictateurs107.
Dorénavant Hitler avait les mains
libres pour se lancer à la conquête de la Pologne le 1er septembre
1939, qui provoqua la déclaration de guerre de la Grande-Bretagne
et de la France le 3 septembre. Quand on se rendit compte que
l'armée et les forces aériennes allemandes étaient sur le point
de remporter la victoire, Staline donna l'ordre à l'armée rouge
d'envahir la Pologne orientale le 17 septembre ; le 28 du même
mois, un nouveau traité fut signé, définissant les frontières et
instituant une "amitié" entre les deux alliés.
S'appuyant sur ce traité, le 28 septembre et les 5 et 10 octobre,
les Etats baltes, Estonie, Lettonie et Lituanie, furent mis en
demeure d'accorder des bases militaires à l'Union Soviétique.
Quand la Finlande refusa aux Soviétiques de céder une partie de la
Carélie au nord-ouest de Léningrad ainsi que des bases, le 30
novembre 1939 l'Armée rouge attaqua la Finlande ; au début de
l'offensive, elle fut repoussée et elle ne fut victorieuse qu'en
février-mars 1940 après avoir été réorganisée et renforcée.
La "guerre d'hiver" se termina par un traité de paix le
11 mars, qui stipulait la cession de parties de la Carélie ainsi
que la péninsule des pêcheurs et un bail sur le port de Hanko108.
Pendant la "Guerre
d'hiver", la flotte de la Baltique basée à Kronstadt
protégea les flancs de l'Armée rouge par des tirs d'artillerie
exécutés par des destroyers et même par des bâtiments de ligne
anciens ; des sous-marins, certains basés dans les ports
nouvellement acquis d'Estonie, s'attaquèrent à la navigation
marchande à destination de la Finlande ; leurs succès furent
très limités et un sous-marin se perdit après avoir heurté une
mine. Du printemps à l'automne de 1940, la flotte de la Baltique
exécuta un programme d'entraînement avec les unités nouvellement
entrées en service, en profitant de la récente expérience acquise
pendant la courte guerre ; de plus la Marine se consacrait au
développement des nouvelles bases.
Pendant ce temps les négociations
germano-soviétiques conduisirent vers de nouveaux accords en
matière d'économie. Dans le domaine naval, les Soviétiques
autorisèrent l'utilisation d'une baie dans les parages de Mourmansk
appelée "Base Nord", pour permettre aux navires marchands
allemands venant d'outre-mer à travers le blocus britannique de
bénéficier d'un mouillage sûr. Tandis que l'alliance fonctionnait
bien, jusqu'au début du printemps 1940, l'usage de cette base pour
des opérations militaires n'apporta aucun avantage. Le navire-usine
baleinier Jan Welem, chargé de combustible destiné aux
destroyers, fut envoyé de cette base à Narvik avant l'attaque
alliée ; cependant, la Norvège conquise en juin 1940, les
Allemands cessèrent d'utiliser la "Base Nord"109.
Il y eut aussi des pourparlers pour
l'utilisation de la route arctique pour le trafic commercial entre
l'Allemagne et le Japon et aussi pour le passage des raiders. Cette
route ne fut utilisée qu'une fois, par le navire marchand Komet
armé en croiseur auxiliaire entre le 14 août et le 6 septembre
1940 ; le Komet fut escorté pendant une partie du
voyage par les brise-glaces soviétiques Lenin, Stalin, Malygin
et Lazar Kaganovitch 110.
Les tentatives de la marine
allemande pour obtenir la cession de sous-marins soviétiques furent
rejetées par Hitler qui ne voulait donner au monde aucun signe de
faiblesse en acceptant une telle aide111.
De même, les démarches
soviétiques pour obtenir une aide des Allemands pendant la
"Guerre d'hiver" contre les Finlandais ne reçurent qu'une
réponse dilatoire et n'eurent pas de suite importante112.
En revanche, les demandes
soviétiques adressées aux Allemands pour avoir leur assistance
technique en matière de construction navale furent considérables.
Déjà le 27 octobre 1939, le Commissaire du Peuple pour les
constructions navales I.T. Tervosyan fit un voyage à Berlin et
présenta les désirs des Soviétiques113 :
- Plans du cuirassé Bismarck
et du porte-avions Graf Zeppelin.
- Achat des croiseurs lourds Prinz
Eugen, Seydlitz et Lützow et de leurs plans.
- Achat de plaques de blindage,
d'appareils propulsifs et de matériel d'armement pour quatre
croiseurs légers.
- Achat de pièces d'artillerie de
gros et de moyen calibre, y compris du 406, 380, 280 et 150 m/m pour
être installés en tourelles, incluant des appareils de conduite de
tir ainsi que des mines, des torpilles, des apparaux de dragage, des
périscopes pour sous-marins et des batteries d'accumulateurs.
- Construction de navires ateliers,
de ravitailleurs et autres bâtiments spécialisés.
Les Soviétiques offraient en
échange de grandes quantités d'hydrocarbures et de grains ainsi
que d'autres matières premières. Hitler, après avoir examiné la
question avec le grand amiral Raeder et avec le chef de l'Oberkommando
der Wehrmacht, fut d'accord pour accéder à de nombreuses
demandes, si toutefois elles n'étaient pas incompatibles avec
l'effort de guerre allemand, mais il voulait, à propos des plans,
retarder le plus possible la réponse. Il refusa de céder les deux
premiers croiseurs lourds, mais accepta finalement de vendre le Lützow
non terminé. Le 11 février 1940, le traité fut signé et le 15
avril le Lützow remorqué à Léningrad où, sous le nom de Petropavlovsk,
on reprit sa construction avec l'assistance d'une commission
dirigée par le contre-amiral Feige114.
Quelques-unes des demandes furent
refusées, mais les Soviétiques désiraient à tout prix obtenir
six tourelles doubles de 380 m/m pour deux croiseurs de bataille et
quatre tourelles triples de 155 m/m pour un croiseur léger ainsi
que des tourelles de 280 m/m ; ils désiraient acquérir
quelques équipements pour sous-marins et des navires spéciaux.
Krupp fut autorisé à signer des accords pour la livraison des six
tourelles de 380 m/m et une autre firme pour deux télémètres de
10 mètres de base et pour six projecteurs de 150 m/m115.
Quand ce traité fut signé, les ingénieurs soviétiques
commencèrent à transformer les deux croiseurs de bataille déjà
commencés, Kronstadt et Sevastopol, pour les doter de
cette nouvelle artillerie et de ces équipements. Le 18 octobre
1940, ce nouveau programme (projekt 69-1) reçut l'accord de
l'amiral Kouznetzov116.
Malgré l'arrivée du flot continu
de matières premières de la part des Soviétiques, au cours des
six derniers mois de 1940, apparurent des tensions. Les Allemands
eurent des craintes quand en juin 1940 les Soviétiques profitèrent
des événements pour occuper les trois Etats baltes et contraindre
la Roumanie à leur céder la Bucovine du nord et la Bessarabie. En
août 1940, Hitler répondit en garantissant l'intégrité du
territoire roumain réduit, car il avait déjà décidé de
commencer son offensive au printemps 1941 pour conquérir la Russie
d'Europe, et l'avait annoncé secrètement à ses chefs militaires
le 31 juillet. On demanda à Krupp de retarder la livraison des
documents techniques, des plans et des canons, ces derniers devant
être utilisés plus tard pour réarmer les cuirassés Gneisenau
et Scharnhorst 117.
Nouvelles modifications au
programme naval pour renforcer l'armée
Des craintes naquirent à Moscou à
propos des intentions finales d'Hitler. Dans ce contexte, il devint
nécessaire d'accélérer la réorganisation de l'Armée, surtout
après la décevante "Guerre d'hiver" contre la
Finlande ; pour cela il fallait s'inspirer de la stratégie et
de la tactique allemandes victorieuses en tentant d'identifier le
fondement de leurs succès. Cela impliquait de revoir sérieusement
le rôle de l'industrie d'armements et l'importance des moyens
qu'elle mettait à la disposition de l'Armée, ce qui aurait pour
conséquences des réductions dans l'imposant programme de
constructions de la Marine.
Le 19 octobre, le gouvernement
soviétique décida de fixer les modalités et les dates de ces
réductions ; le 23 octobre, le Commissaire du Peuple amiral
Kouznetov expédia un ordre détaillé aux destinataires concernés118.
Son contenu était le suivant :
- Cuirassés et croiseurs de
bataille : aucun nouveau navire ne sera mis sur cale. La
construction du Sovetskii Soyouz et du Sovetskaya Ukraina
sera poursuivie de façon à tenir prêts ces navires en juin 1943.
Le Sovetskaya Rossiya à 12 % de sa finition sera mis à
flot à Molotovsk à la fin de 1943. Les éléments prévus pour la
construction du quatrième cuirassé Sovetskaya Belorossiya
seront affectés aux quatre destroyers du projekt 30. Les
croiseurs de bataille Kronstadt et Sevastopol à
18 % de la finition seront lancés dans les derniers mois de
1942.
- Croiseurs : l'état
d'avancement de la construction des croiseurs du projekt 26
se présente comme suit : Kalinin à 30 %, Kaganovitch
à 16 %. Le Kalinin doit être terminé en 1942. Pour
les croiseurs du projekt 68, Jeleznyakov, 62 %, Tchapayev,
52 %, Frounze, 45 %, Kuibychev, 42,5 %,
Tchkalov, 37 %, Ordjonikidze, 20 %, Sverdlov,
12 %. Les quatre premiers doivent être terminés en
1942 ; les deux derniers ont été mis sur cale dans le
quatrième trimestre de 1940 à Nikolaiev. Quatre croiseurs
supplémentaires du projekt 68 doivent être mis sur cale
(trois à Leningrad et un à Komsomolsk) en 1941. Enfin le croiseur Petropavlovsk
(ex-allemand Lützow) à 65 % d'avancement doit être
terminé pour 1942.
- Destroyers conducteurs de
flottille : on ne construira pas de nouvelles
unités ; le numéro de chantier 542 à Léningrad qui
appartient au projekt 48 ne sera pas construit. Le Kiev
et l'Erivan doivent être terminés dans le troisième et le
quatrième trimestre de 1942. Il n'est pas question des deux autres
navires en construction à Nicolaiev.
- Destroyers : 4 unités du projekt
30 doivent être mises sur cale à Nicolaiev au cours du
quatrième trimestre de 1940 ; en 1941, 9 autres doivent
l'être à Leningrad, 8 à Molotovsk, 2 à Komsomolsk et 14 à
Nicolaiev après la réorganisation de ce chantier. Au cours de
l'année 1941, on doit terminer 4 unités du projekt 7 et 8
du projekt 7u, et en 1942 2 du projekt 7 et de 10 du projekt
30.
- Patrouilleurs : on
mettra sur cale en 1940 9 unités du projekt 29 et 11 en
1941 ; 11 devront être terminées en 1942 et 8 en 1943.
- Dragueurs de mines :
20 dragueurs d'escadre du projekt 59 seront mis sur cale en
1941 ; 7 dragueurs à moteur diésel du projekt 53
doivent être lancés en 1942 ; on doit construire 6 dragueurs
côtiers en 1941, 12 en 1942 et 2 en 1943.
- Sous-marins : en 1941
on doit terminer 4 unités de la série XIV, 6 de la série
XIII bis, 11 de la série IX bis, 4 de la série X
bis, 12 de la série XII bis et 3 de la série XV.
A la place des patrouilleurs brise-glaces, on devra construire 2
sous-marins de la série X bis et 13 de la série XV ;
en outre, on mettra sur cale 8 unités de la série XVI au
lieu de 8 de la série IX bis ; les sous-marins de la
série XVI sont ceux de la classe S dont la coque est
entièrement soudée.
- Enfin, il sera prévu des
dispositions particulières pour la fabrication des turbines et des
moteurs diésel nécessaires.
Les derniers mois avant
l'offensive allemande
L'existence d'un Pacte tripartite
entre l'Allemagne, l'Italie et le Japon depuis le 27 septembre 1940
ne fit qu'augmenter les craintes de l'Union soviétique. Les 12 et
13 novembre 1940, le Commissaire pour les affaires étrangères V.M.
Molotov fut envoyé à Berlin pour présenter à Hitler et à son
ministre des affaires étrangères J. von Ribbentrop des exigences
exorbitantes en échange de la participation de l'Union Soviétique
au Pacte tripartite. Molotov, en effet, voulait qu'on revienne sur
les garanties apportées par l'Allemagne à la Roumanie, que la
Finlande et la Bulgarie passent dans la sphère d'intérêts
soviétique et demandait la cession de bases dans les détroits
danois et dans les détroits turcs. Hitler rejeta ces exigences et
dans les deux camps on se prépara activement à la guerre. Staline
était convaincu qu'à l'évidence Hitler ne se risquerait pas à
mener une guerre sur deux fronts et retarderait son offensive au
moins jusqu'en 1942 ; mais, pour des raisons économiques,
Hitler signa le 18 décembre 1940 l'ordre de commencer l'opération
"Barbarossa"119.
L'Armée rouge tenta de
réorganiser ses forces grâce à l'expérience qu'elle avait
acquise lors de la bataille de Nomonhan et pendant la "Guerre
d'hiver", sans oublier les enseignements que lui apportaient la
stratégie et la tactique allemandes ; il en résulta un plan
d'opérations que le général G.K. Joukov présenta le 15 mai 1941
à Staline120.
Mais Hitler commença son offensive le 22 juin 1941, donc bien avant
que les Soviétiques aient pu prendre des mesures de réorganisation
de l'Armée et bien avant que la Marine ait pu arrêter le nouveau
programme de constructions.
Il fut encore une fois nécessaire
de revoir ce programme. Les 9 et 19 juin, le Comité pour la
Défense ordonna d'annuler provisoirement la plupart des unités non
réellement commencées, bâtiments de surface ou sous-marins ;
en revanche on retenait 3 cuirassés, 2 croiseurs de bataille, 8
croiseurs, 2 destroyers conducteurs de flottilles, 25 destroyers, 13
patrouilleurs, 17 dragueurs, 3 monitors de rivière, 2 poseurs de
filets, 4 chasseurs de sous-marins, 2 navires expérimentaux et 42
sous-marins, toutes unités en cours d'armement ou en achèvement121.
Outre les unités des trois Plans
quinquennaux terminées à la date du 22 juin 1941, (4 croiseurs, 7
conducteurs de flottille, 30 destroyers, 18 patrouilleurs, 38
dragueurs de mines, un mouilleur de mines et 8 monitors de
rivière), on continua la construction de 5 croiseurs, 2 conducteurs
de flottille, 18 destroyers, 2 patrouilleurs, 8 dragueurs de mines,
3 monitors de rivière, 8 poseurs de filets, 6 chasseurs de
sous-marins et 49 sous-marins122.
Les théories concernant la
stratégie navale, les questions opérationnelles et les procédures
tactiques n'avaient pas atteint un haut niveau dans la seconde
moitié des années 30. Avec les purges de Staline décimant les
commandants partisans de la Jeune Ecole, des groupes influents
reprirent les idées classiques liées au concept de puissance
maritime ; ils voulaient quatre flottes dont chacune aurait une
puissance au moins égale à celle de l'ennemi potentiel. Les
grandes coupes sombres faites dans les cadres par les purges
laissèrent des commandants jeunes, pour la plupart inexpérimentés
du point de vue tactique et loin du niveau stratégique requis pour
le sommet de la hiérarchie. Ils devaient s'en tenir aux règlements
de 1930 qui soulignaient l'extrême importance des champs de mines
pour la défense des côtes avec l'appui de l'artillerie de côte et
l'utilisation des bâtiments de la flotte comme appui sur le flanc
des forces terrestres.
Les programmes navals de grande
ampleur reçurent l'aval de Staline ; mais presque personne ne
prit le risque de tenir compte des vraies capacités de l'industrie,
la plupart approuvaient ce programme en prenant leurs désirs pour
des réalités. Même avec les réductions prévues en 1940, ce qui
restait de ce programme demeurait trop lourd pour des capacités
encore diminuées par la taille insuffisante des entreprises
industrielles et surtout par leur rendement médiocre, provoquant
des retards et des pertes matérielles dans les opérations à cause
du temps consacré aux remises en état.
Il ne faut pas négliger
l'existence d'un inconvénient supplémentaire dans le domaine de
l'entraînement tactique : la présence de glaces dans les
bases de la Baltique, du nord-ouest de la mer Noire,
d'Extrême-Orient et bien entendu dans l'Arctique, dans les parages
de Mourmansk.
La crainte des officiers de se voir
impliqués dans les purges avait des conséquences désastreuses
pour leur activité. Bien peu osaient prendre le risque d'agir sans
toujours se tourner vers les supérieurs hiérarchiques ou les
commissaires politiques. Les conditions étaient ainsi au
commencement de la guerre ; les changements qu'elle rendait
nécessaires seront le sujet d'un autre travail.
_______________
Notes
1 Parmi
les plus récents travaux soviétiques dans ce domaine, on peut
citer : Boevoi put 'Sovetskogo voenno-morskogo flota, N.A.
Piterskii (éd.), Moscou, Voenizdat, 1964, 3e éd. par V.I. Achkasov
et al, 1974. Istoriya voenno-morskogo iskusstva, S.E.
Zakharov (éd), Moscou, Voenizdat, 1969. S. G. Gorshkov, Morskaya
moshch' gosudarstva, Moscou, Voenizdat, 1960, 2e éd. 1976, 3e
éd. 1979.
2 Parmi
les nombreuses publications occidentales on peut mentionner :
David Woodward, The Russians at Sea, Londres, Kimber, 1965 ;
Robert W. Herrick, Soviet Naval Strategy : Fifty Years of
Theory and Practice. Annapolis, US Naval Institute, 1969 ;
Donald W. Mitchell, A History of Russian and Soviet Sea Power. Londres,
Deutsch, 1974 ; Harald Fock, Vom Zarenadler zum Roten Stern,
Herford, Mittler, 1985.
3 A.
V. Basov, "Der Bau der Seekriegsflotte der UdSSR vor dem
Zweiten Weltkrieg 1921-1941" dans The Naval Arms Race
1930-1941, Jürgen Rohwer (ed.),Revue internationale
d'histoire militaire, n° 73, 1991 pp. 119-135. S.S.
Berezhnoi, Korabli i suda VMF CCCR 1928-1945. Moscou,
Voenizdat, 1988. V.I. Dmitriev, Sovetskoe podvodnoe
korable-stroenie, Moscou, Voenizdat, 1990.
4 M.
Monakov, "Sud'by doktrin i teorii. 1. Kakoi RSFSR nuzhen flot ?
1922", Morskoi sbornik, novembre 1990, pp. 15-23.
5 A.S.
Bubnov, S.S. Kamenev, et R.P. Eideman, Grazhdanskaya voina
1918-1921 gg, 3 vols, Moscou 1928. A.K.Selianichev, V.I.Lenin
i stanovlenie sovetskogo voenno-morskogo flota, Moscou, Nauka,
1979. A. Zakharov, "Pervyi komanduyushchii morskami silami
respubliki V.M. Al'tfater", Voenno-istoricheskii zhurnal, 1983-12,
pp. 80-82.
6 L.
Trotsky, La révolution trahie, 1937. Boevoi put'... op. cit.,
3e éd., pp. 126-136.
7 R.W.Herrick,
op. cit., pp. 3-18.
8 B.B.
Gervais, "Flot segodnisshnego dnia : Boevye sredstva",
Krasnyi flot, févier 1922. M.A. Petrov, "Zametki i o
taktiki malogo flota", Morskoi Sbornik, septembre 1923,
pp. 45-61. I. Gordeev, Krasnyi morskoi flot, Moscou,
Voenizdat, 1925. M. Monakov, "Sud'by doktrin i teorii. 2,
1923 1925", Morskoi sbornik, décembre 1990, pp. 7-23.
9 S.
Breyer, op. cit., vol. I., pp. 103-104.
10 Société
des Nations, Official Journal, février 1924. pp. 708-710.
H. Fock, op. cit., p. 192.
11 V.I.
Zof, "Mezhdunarodnoe polozhenie i zadachi morskoi oboroni SSSR",
Morskoi sbornik, mai 1925, pp. 3-16. M.A. Petrov, Podgotovka
rossii k mirovo. 1 voine na more, Moscou, Voenizdat, 1926. M.A.
Petrov, Obzor glavneiskikh kampanii i srazhenii parovogo flota v
sviazi s evolutsiei voenno-morskogo iskusstva, Léningrad,
Gosvoenizdat, 1927. B. Gervais, "Piat' let raboty
voenno-morskogo akademii RKKA", Morskoi sbornik, mars
1927, pp. 312. S. Breyer, op. cit., vol. 3, pp. 13-16.
12 John
Erickson, The Soviet High Command. A Military Political History,
1918-1941, Londres, Macmillan, 1962. R.W. Herrick, op. cit.,
pp. 19-27. S.G. Gorshkov, Die Rolle der Flotten in Krieg und
Frieden, Munich, Lehmanns, 1975. pp. 77-105. I.A. Korotkov,
Istoriya sovetsk voennoi mysl'. Kratkii ocherk 1917-iiun 1941 gg,
Moscou, Nauka, 1980. M. Monakov, art. cit., 2, pp. 22-23.
13 M.
Monakov et N. Berezovskii, "Sud'by doktrin i teorii. 4. Flot
dolzhen byt' aktivnym. 1925-1928 gg.", Morskoi sbornik, mars
1991, pp. 24-31. Postanovlenie soveta truda i oborony 26. XI
1926, O programme stroitel'stva morskikh Sil RKKA, Pr.STO n°
295. S. Breyer, op. cit., vol. 3, pp. 14-15.
14 R.A.
Mouklevith, "Desiatiletie oktyabrskoi revolutsii i morskoi
flot", Morskoi sbornik, octobre 1927. Ivan Ludri, "Desiat'
let bor'by i stroitel'stvo", Morskoi sbornik, févier
1928, pp. 28-36. "Krasnyi flot v sostave vooruzhënnykh
sil respubliki", Morskoi sbornik, octobre 1927, pp. 23-27.
"Morskie operatsii", voennaya mysl,' février 1937,
pp. 75-86. V.N. Orlov, "Na strazhe morskikh granits SSSR".
Morskoi sbornik, mars 1937, pp. 11-21.
15 Stenogramma
zasedaniya RVS SSSR s Komanduyushchimi voiskami MVO, UVO i BVO i
Nachal'nikami morskikh sil Baltiiskogo i Chernogo morei ot 8-go Maya
1928 goda. ZGASA, F.4, Op.1, D.752, L.213. A.V. Basov, op. cit.,
pp. 120-121.
16 Boevoi
ustav VMS RKKA 1930. Moscou 1931. p. 9.
17 Claude
Huan et Jürgen Rohwer, La Marine soviétique, Documentation
française, 3 octobre 1978. S. Breyer, op. cit., vol. 2,
pp. 52-128. Un sous-marin de moyen tonnage supplémentaire fut
construit grâce à une souscription publique.
18 N.N.
Afonin, "Proekt pegeoborudovaniya linkora 'Frunze' i Lineynii
kreiser", Sudostroenie, juillet 1989, pp. 56ff.
19 Boevoi
put'... , op. cit., pp. 137-139.
20 A.V.
Basov, op. cit., p. 121. Dates des mouvements et de
l'armement dans S.S. Berejnoï, op. cit, pp. 42-66;
V.I. Dmitriev, op. cit., pp. 89-90, 103-105,
120-126.
21 Boevoi
put'... , op. cit., p. 140.
22 H.
Fock, op. cit., pp. 195-200.
23 H.
Fock, op. cit., p. 196.
24 H.
Fock, op. cit., p. 196.
25 V.I.
Dmitriev, op. cit., pp. 75-93.
26 S.
Breyer, op. cit., vol. 2, pp. 75-81.
27 René
Greger, "Sowjetischer Schlachtschiffbau", Marine-Rundschau,
août 1974, p. 466.
28 Yarovoi,
"Kreiseri tipov 'Kirov' i 'Maksim Gorkii'", Sudostroenie,
juillet 1985, p. 46. S. Aleksandrovskii, "'Kirov',
Pervenets sovetskogo kreiserostroeniya", Sudostroenie, novembre
1986, pp. 51 S. René Greger, "Anfänge des sowjetischen
Kreuzerbaus", Marine-Rundschau, avril 1989, pp. 228
sq. Breyer, op. cit., vol. 3, pp. 25-31.
29 S.
Breyer, op. cit., vol. 3, pp. 32-35.
30 S.
Breyer, op. cit., vol. 3, pp. 36-54.
31 H.
Fock, op. cit., pp. l97-198.
32 d'après
S.S. Berezhnoi, op. cit.
33 V.I.
Dmitriev, op. cit., pp. 240-264.
34 V.I.
Dmitriev, op. cit., pp. 129, 149-162.
35 Eberhard
Rossler, Die deutschen U-Boote und ihre Werften, 2 vol,
Munich, Bernard & Graefe, 1980, vol. I, pp. 75-86. V.I.
Dmitriev, op. cit., pp. 133-149.
36 On
trouvera les dates de ces mouvements dans S.S. Berejnoi, op. cit.
37 A.V.
Basov, op. cit., p.123.
38 Der
große Ploetz. Auszug aus der Geschichte, 29e éd., Würzburg,
Ploetz, 1980, pp. 864-869.
39 Der
große Ploetz. op. cit., pp. 966-971.
40 S.G.
Gorshkov, "Voenno-morskie floty v voinach i v mirnoe vremja",
Morskoi Sbornik, 1972/1973. éd. allemande Die Rolle der
Flotten in Krieg und Frieden Munich, Lehmanns, 1975, pp. 77-105.
Jürgen Rohwer, "Russian and Soviet Naval Strategies",
dans Philip S. Gillette and Willard C. Frank (eds), The Sources
of Soviet Naval Conduct, Lexington, Heath, 1990, pp. 95-120,
not. p. 104.
41 Weyers
Taschenbuch der Kriegsflotten 1938, A. Bredt (ed.), Munich,
Lehmanns, 1938, pp. 396-403.
42 Jost
Dulffer, Weimar, Hitler und die Marine. Reichspolitik und
Flottenbau 1920 bis 1939, Dusseldorf, Droste, 1973, pp. 370-434.
43 The
Naval Arms Race, op. cit. avec des articles de D.K.
Brown (Grande-Bretagne), D.C. Allard (USA), S. Toyama (Japon), Ph.
Masson (France), A. Santoni (Italie), J. Dulffer (Allemagne) et A.V.
Basov (Union soviétique).
44 N.G.
Kouznetzov, Nakanune, Moscou, Voenizdat, 1966, p. 257.
45 A.M.
Azurmanian, Admiral flota sovetskogo soyuza I.S.Isakov
(1894-1967), Erivan, Izdat-Ajastan, 1973. S.A. Zonin, Admiral
L.M. Galler. Zhisn' i flotovodcheskaya deyatel'nost, Moscou,
Voenizdat, 1991.
46 Renseignements
sur ces mouvements, Boevoi put'... op. cit., 3e
éd, pp. 521-529.
47 J.
Erickson, op. cit., p. 476.
48 D.
Volkogonov, Triumf i tragedia. Politicheskii portret I.V. Stalin,
Moscou, Novosti, 1989. éd allemande Triumph und Tragodie:
Politisches Portrat des J.W. Stalin, 2 vols., Berlin,
Brandenburgisches Verlagshaus, 1990, pp. 241-262.
49 H.
Fock, op. cit., pp. 198-199.
50 B.
Yevgrafov, "Dva ventsa admirala Levchenko", Morskoi
Sbornik, novembre 1990, pp. 82-87.
51 René
Greger, op. cit. S. Breyer, "Großkampfschiffbau in
der Sowjetunion", dans S. Breyer Großkampfschiffe
1905-1970, 3 vols., Munich, Bernard & Graefe, 1977-1979,
vol. 3, pp. 139-169. B. Krasnov, "Linkori tipa 'Sovetskii
Soyuz'", Morskoi Sbornik, mai 1990, pp. 59-63.
52 R.
Greger, op. cit., pp. 463-464.
53 Tablitsa
rasiregeleniya korablei po teatrach po programme stroitel'stva
voennogo flota, dans Narodnii Komissar Oborony SSSR, Marshal
Sovetskogo Soyuza K.Voroshilov to Tsentral'nii Komitet BKP(b), tov.
Stalin I.V. i Predsedatelyu Soveta Narodnych Komissarov SSSR tov.
Molotov V.M., 7.9.1937. TsGAVMF, F.1877, op. 9, D.56.
54 Idem.
55 Idem.
56 A.V.
Basov, op. cit., p. 125.
57 P.I.
Mus'yakov, Flagman Konstantin Dushenov, Moscou, Voenizdat,
1966. D. Volkogonov, op. cit., pp. 241-262.
58 Narodnii
komissar voenno-morskogo flota SSSR, Armeiskii Komissar 1 ranga
P.A.Smirnov, i Nachal'nik Glavnoi morskogo shtaba RKKF, Flagman
Flota 2 ranga Galler to Tsentralnii Komitet BKP(b), tov. Stalin I.V.
i Predsedatelyu Soveta Narodnych Komissarov SSSR, tov. Molotov,
V.M., 27.2.1938. TsGAVMF, F.1877, op.9, D.56, 1.37-42.
59 Boevoi
put'..., op. cit., 3e ed, p. 145.
60 S.
Breyer, "Sowjetischer Schlachtschiffbau", Marine
Rundschau, mars 1975, pp. 141-163, part. p. 144. cit. S.
Breyer, op. cit., III. R. Greger, op. cit.,
p. 466.
61 S.
Breyer, op. cit., III, R. Greger: op. cit.,
pp. 467-468.
62 H.
Fock, op. cit., p. 207-209.
63 S.
Breyer, op. cit., II, pp. 140-146.
64 S.
Breyer, op. cit., II, pp. 143-146.
65 R.
Greger, op. cit., p. 467.
66 S.
Breyer, op. cit., II, p. 144.
67 R.
Greger, op. cit., p. 467.
68 S.
Breyer II, op. cit., p.144. - Zapis' razgovora s g-nom
Gibbs ot firmy Gibbs kaks ot 17 Noyabrya, 1937g, et autres rapports
sur les négociations de la délégation en date du 22 novembre 1937
avec la General Electric, le ler décembre 1937 avec "Rajt"
et "Vorgan" par D.A. Rozov. Rapport du chef de "Amtorg",
A. Kirilyuk, adressé à P.A. Smirnov le 27/7/1938 et Otchet o
rabote morskoi komissii v SShA du 20/10/38. Zapis'
peregovorov Zam. Narkoma VMF flagmana 1 ranga tov. Isakov s
predstaziutelem amerikanskoi firmy Gibbs i Koks g-nom Dzhois, 13
Noyabrya 1938 g.
69 H.
Fock, op. cit., p. 208.
70 D.
Volkogonov, op. cit.
71 N.G.
Kuznecov, Nakanune, pp. 213-216. A.V. Basov, op. cit.,
p. 128. Claude Huan,"La fantastique carrière de l'amiral
Kouznetsov", Stratégique, 47, 1990-4.
72 Cf.
Boevoi put'..., op. cit., pp. 521-529.
73 Narodnii
Komissar VMF SSSR, 10. 8 1939, 9911/ss/ob. (TsGYVMF, F 1877, Op.3,
D.56, L.140-142.)
74 J.
Rohwer, op. cit., p.105.
75 J.
Rohwer, op. cit., p.106.
76 Komiteta
oborony pri SNK SSSR, Ob utverzhenii pyatiletnego (1938-42gg)
plana sudostroeniya dlya RKVMF i pyatiletnei programme sudostroeniya
na 1943-47g.g. TsVMA, F.2, D.39526. L. 13-33.
77 W.G.
Garzke and R.O. Dulin, Battleships. vol. 2, Allied
Battleships in World War II. Annapolis, U.S.Naval Institute,
1980, "The Sovetskiy Soyuz-class", pp. 307-332. - V.
Krasnov, op. cit.
78 Les
caractéristiques viennent d'en être révélées, dans la revue Gangut,
n° 3, pp. 63-70. Le porte-avions Krasnaia Zvezda fit
l'objet de plusieurs esquisses, avant le projet final, qui prévoyait
un déplacement de 10 600 tonnes standard (13 150 tonnes
p.c.), trois machines de 55 000 ch. donnant 34 nœuds, avec une
autonomie de 30 jours, 30 avions et une puissante artillerie anti-aérienne
(6 x 130 mm ; 12 x 100 mm ; 12 x 37 mm ;
20 x 12,7 mm).
79 H.
Fock, op. cit., p. 210.
80 V.
Yu. Usov, "Tyazhelnye Kreisery Tipa 'Kronshtadt", Sudostroenie,
novembre 1989, pp. 57ff. V. Krasnov, "Kreisera tipa 'Kronshtadt',
Morskoi Sbornik, août 1990, pp. 53-56.
81 Komiteta
oborony..., voir note 76.
82 S.
Breyer, "Vor 50 Jahren, Sowjetische Schlachtkreuzer mit
Krupp-Kanonen", Marine-Forum, septembre 1991, pp. 301-303.
83 J.
Dülffer, op. cit., pp. 488 sq.
84 S.G.
Gorshkov, op. cit., p. 98.
85 Dates
de construction, M. Twardowski and B. Lemachko, op. cit.,
p.328
86 Komiteta
oboron..., op. cit., voir note 76.
87 Komiteta
oborony..., op. cit., voir note 76.
88 Pour
les dates des transferts, voir S.S. Berezhnoi, op. cit.,
pp. 28-79.
89 Komiteta
oborony..., op. cit., voir note 76.
90 S.
Breyer I, op. cit., vol. 3., pp. 60-68.
91 Komiteta
oborony..., op. cit., voir note 76.
92 M.
Twardowski et B. Lemachko, op. cit. p. 341.
93 Komiteta
oborony..., op. cit., voir note 76.
94 M.
Twardowski et B. Lemachko, op. cit., pp. 341-343.
t-1.
95 M.
Twardowski et B. Lemachko, op. cit., pp. 343-344. -
S. Breyer I, op. cit., vol. 2, pp. 39-43, vol. 3,
pp. 16-20.
96 Programma
stroitel'stva... korablei flota po godakhi 1938-1945 gg (1937).
97 Komiteta
oborony..., op. cit., voir note 81.
98 V.I.
Dmitriev, op. cit., pp. 163-178.
99 V.I.
Dmitriev, op. cit., pp. 163-178.
100 V.I.
Dmitriev, op. cit., pp. 191-196.
101 V.I.
Dmitriev, op. cit., pp. 174-175.
102 Komiteta
oborony..., op. cit., voir note 76.
103 liste
dans V.I. Dmitriev, op. cit., pp. 258-264.
104 A.V.
Basov, op. cit., pp. 131.
105 Shigemitsu
Mamoru, Die Schicksalsjahre Japans, Fancfort/Main, Metzner,
1959, pp. 161-166, 176-180.
106 Narodny
Komissar VMF SSSR, 10 août 1939, 991/ss/ob.
107 Der
große Ploetz, op. cit., pp. 867-870.
108 Der
große Ploetz, op. cit., pp. 215-217.
109 H.
Fock, op. cit., pp. 215-217.
110 G.
Hümmelchen, Handelsstörer. Handelskrieg deutscher Überwasserstreitkräfte
im Zweiten Weltkrieg, 2e éd., Lehmanns, 1967, pp. 130-138.
111 Lagevorträge
der Oberbefehlshabers der Kriegsmarine vor Hitler 1939-1945, G.
Wagner (ed.), Munich, Lehmanns, 1972, p. 28.
112 Boevoi
put..., op. cit., pp. 147-153.
113 M.
Salewski, Die Deutsche Seekriegsleitung 1935-1945, vol. 1,
1939-1941, Francfort/Main, Bernard & Graefe, 1970, pp. 156-159,
375.
114 S.
Breyer, "Die Kreuzer 'k' und 'L' der deutschen kriegsmarine ('Seydlitz'
und 'Lützow')", Marine-Rundschau 63, 1966, pp. 20-28,
99-100 ; M.J. Whitley, German Cruisers of World War II,
Londres, Arms and Armour Press, 1985, pp. 48-50. Le Lützowne
fut jamais payé.
115 M.
Salewski, op. cit., pp. 156-159.
116 S.
Breyer, "Sowjetische Schlachtkreuzer mit Krupp-Kanonen",
art. cit., p. 303.
117 W.H.
Garzke et R.O. Dulin, op. cit., vol. 3, Axis and
Neutral Battleships in World War II, Annapolis, US Naval
Institute, 1985, pp. 127-202.
118 Prikaz
Narodnogo Komissara Voenno-Morskogo Flota Soyuza SSR N° 00263,
23 octobre 1940.
119 Jürgen
Förster, "Hitlers Entscheidung für den Krieg gegen die
Sowjetunion", Das deutsche Reich und der Zweite Weltkrieg,
vol. 4, Militärgeschichtliches Forschungsamt, Stuttgart,
Verlagsanstalt, 1983, pp. 3-37.
120 Kommunist
Voorushennykh sil', 1990.
121 A.V.
Basov, op. cit., pp. 129-130.
122 A.V.
Basov, op. cit., p. 130.
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