Un aspect
de la géographie politique de Peter Taylor
LA GÉOPOLITIQUE
EST-ELLE UNE SCIENCE ?
Frank Debié
Au sein d’une œuvre de
synthèse originale, Taylor a le mérite de proposer une réponse à la
question du statut de la géopolitique. Faut-il prendre la géopolitique
au sérieux ? Est-elle une science ? Quels rapports
entretient-elle avec la géographie ?
Pour Taylor1
et Hepples2, le terme "géopolitique"
n’a pas eu bonne presse en géographie politique depuis la guerre, à
l’exception de l’œuvre isolée de Samuel Cohen - que Taylor découvre
à Clark, plus de dix ans après la fin de ses études de géographie. En
revanche, le terme n’a cessé d’être utilisé par des hommes
politiques, des diplomates et des journalistes. Dans les années
soixante-dix, Kissinger et ses mémoires ont contribué à populariser le
terme parmi le grand public américain, plus que les travaux des géographes.
Les premières années de l’ère Reagan qui voient le rafraîchissement
des relations Est-Ouest ont été favorables à un nouveau type de
discours de la fermeté, qui insiste sur les "impératifs géopolitiques"
en Europe et en Amérique Latine. La crise du Golfe - survenue après la
seconde édition de Political Geography - pourrait aussi illustrer
cette subite floraison des analyses et des spécialistes en "géopolitique".
Pour Taylor, la première évidence est là : la géopolitique est un
discours, et, pour le moment, un discours à la mode, qui passe à l’écran
ou à la radio.
Cette mode de la géopolitique parmi les
publics a conduit à un réexamen par les universitaires des ouvrages et
des auteurs considérés comme fondateurs3.
Dans le même temps, ont été publiés un certain nombre d’essais dans
le domaine anglo-saxon qui proposent le projet d’une nouvelle géopolitique4.
Utilisé et réutilisé par des orateurs,
des experts, des journalistes, des universitaires, dans des contextes et
pour des usages très différents, le terme de géopolitique n’avait guère
de chance de désigner un objet ou de renvoyer à une méthode très précise.
Pour bénéficier d’une utilisation aussi large et d’un accueil
favorable auprès du grand public en même temps que d’un nouvel intérêt
auprès des spécialistes, il fallait pourtant que le terme de géopolitique
désignât quelque chose d’assez précis et d’aisément compréhensible.
Taylor suggère que l’utilisation du champ sémantique de la géopolitique
renvoie à une situation, réelle ou perçue, de rivalité politique entre
deux puissances égales. "L’usage courant distingue la géopolitique
comme traitant de la rivalité entre deux grandes puissances (puissance
centrales, ou puissances naissantes de la semi-périphérie) de l’impérialisme
en tant que domination exercée par les Etats forts (du centre) sur les
Etats faibles (de la périphérie)… Dans l’espace, la géopolitique
est associée aux relations Est-Ouest, l’impérialisme aux relations
Nord-Sud" 5.
Géopolitique et rivalité
La rivalité entre deux grandes
puissances peut avoir un contenu strictement politique (zone
d’influence) mais aussi économique. Dès lors l’on comprend comment
la renaissance de la géopolitique peut, à la fin des années
quatre-vingt, accompagner l’érosion de la rivalité Est-Ouest, et le
renforcement de l’hégémonie américaine. La rivalité "géopolitique"
perçue n’est plus tant la rivalité politique et militaire avec
l’URSS que la rivalité économique et politique avec la CEE et le
Japon. Ce sont les pan-régions de Haushofer plus que le modèle de
Mackinder qui viennent désormais hanter l’imagination des politiciens,
des experts, des universitaires et des journalistes américains.
De manière très significative, le
discours géopolitique refait surface avec force au moment où les
Etats-Unis, pourtant confortés dans leur hégémonie militaire, se
passionnent pour les raisons qui expliquent le déclin des empires et perçoivent
ou croient percevoir les signes avant-coureurs de puissances qui s’éveillent
et de rivalités à venir 6.
Taylor rappelle que les théories de
Mackinder formulées en 1904, 1919 et en 1943 sont inspirées
successivement par la rivalité commerciale et politique entre
l’Angleterre et l’Allemagne au début du siècle. En 1919, le danger
est celui d’une alliance de l’Allemagne vaincue et de la Russie
communiste, qu’il faut éviter en créant des "Etats tampons".
En 1943, c’est l’alliance contre nature avec l’URSS contre le Reich
qu’il s’agit de justifier 7. De même
les travaux de Haushofer sur les pan-régions doivent se comprendre dans
un contexte d’effondrement du libéralisme, où l’Allemagne sans
empire colonial est en rivalité avec des puissances qui arrivent à
surmonter la crise économique grâce à l’organisation d’autarcies
impériales : les Etats-Unis, la France, l’Angleterre et le Japon.
Pour le contrôle de la pan-région centrale, l’Allemagne doit
supplanter la France et la Grande-Bretagne.
Le travail réalisé par Spykman (1944) 8
à partir des théories de Mackinder (1904) démontre par ailleurs à quel
point un même modèle - à savoir l’opposition entre puissance centrale
continentale et puissances périphériques maritimes organisées en deux
croissants autour du continent - peut être considéré comme valide. Pour
Mackinder, en 1904, le danger que représente le centre était fondé sur
la supériorité de mouvement dont il dispose par rapport à la périphérie
grâce à l’automobile, aux chemins de fer et à l’aviation, plus
rapides que les navires, et qui redonnent toute leur importance à la
longueur des lignes de communication. "L’accent mis initialement
par Mackinder sur les chemins de fer semble plutôt obsolète à l’âge
des missiles intercontinentaux - mais d’une certaine manière peu
importe que le modèle soit une représentation précise de la réalité.
Ce qui importe c’est qu’un nombre suffisant de gens y croient. Ainsi
la théorie "heartland-Rimland" devint un instrument idéologique
utilisé par les responsables américains en matière de politique étrangère" 9
Selon Taylor, la géopolitique de
Spykman, inspirée de celle de Mackinder, aurait débouché pour la première
fois sur des décisions géographiques d’importance, comme la mise en
place des alliances du "croissant intérieur" - OTAN, OTASE - et
même la mise en place de l’arsenal nucléaire américain (censé, selon
Walters 10, compenser la supériorité
géopolitique a priori de l’URSS) au moment où ses fondements théoriques
avaient disparus. De même, les années quatre-vingt verraient le retour
à la théorie des dominos pour traiter des problèmes de l’Amérique
latine alors que les experts en démontrent l’inanité 11.
Cartographie de propagande
Le succès de la géopolitique malgré la
faiblesse des théories qui soutiennent ses démonstrations semblent dû
à l’utilisation de l’image. A un long discours, la géopolitique
substitue des modèles cartographiques 12
qu’il est possible de comparer avec la carte réelle de la situation
politique ou économique concrète. Ainsi le succès de Mackinder ou
Spykman pendant la guerre froide, le regain d’intérêt pour Haushofer
semblent inspirés par l’exercice cartographique.
Les experts du Pentagone ou du Department
of State qui, sur les cartes des années cinquante, voient grandir la
tache rouge au centre de l’Eurasie et comparent les modèles
cartographiques de Mackinder ou Spykman sont frappés par la ressemblance.
Bientôt, les voilà convaincus de la valeur prophétique des modèles et
du génie de leurs auteurs, puisque la carte dessinée en 1904 ou en 1944
a prédit ce qui est en train d’arriver dans les années 1947-56 :
contre toute attente, le centre affaibli, l’URSS exsangue, l’emporte
sur la périphérie, la tache centrale s’étend aux dépends du rivage
bleu du croissant intérieur.
Les travaux de Gaddis 13
ont démontré que la chute de la Chine consacre le triomphe de la géopolitique
inspirée de Spykman et Mackinder au détriment de la vision politique de
Kennan. Kennan identifiait cinq centres industriels vitaux : la
Grande-bretagne, l’Allemagne, le Japon, l’URSS, les Etats-Unis.
Puisque l’URSS était contre les Etats-Unis, alliés de la
Grande-Bretagne, il fallait achever de l’isoler politiquement en évitant
que les deux autres centres, les vaincus, se tournent vers elle ; il
fallait les aider à reconstruire et se concilier leurs régimes. Après
1949, le document NSC-68 démontre un net changement dans la politique américaine
qui propose "un périmètre de défense" où tous les points
ont, comme sur la carte la même valeur : une défaite n’importe où
est une défaite partout. La considération carte l’emporte sur les
subtils équilibres diplomatiques et les considérations de géographie
politique. Le temps n’est plus à mesurer la puissance et l’importance
de chaque pays.
L’analyse cartographique de la
situation planétaire constitue un extraordinaire court-circuit de la
raison dialectique : il ne s’agit plus de comprendre des causes,
des mécanismes complexes. La ressemblance des cartes suffit à prouver la
pertinence du modèle, à suggérer l’action à entreprendre et
l’espace où elle doit s’exercer : la périphérie du bloc, le
croissant intérieur, devient la zone d’action où il faut placer ses
pions : flottes, divisions, missiles, etc… La zone d’action qui
borde l’URSS et son bloc est sur deux mille kilomètres la zone géostratégique
par excellence.
La rationalité cartographique qui assure
durant les années cinquante et soixante une postérité politique à la géopolitique
de Mackinder a le mérite d’être rapide à comprendre et a expliquer :
une seule carte vaut un long rapport ou un long discours. Elle a aussi le
mérite de rapprocher le traitement des problèmes de politique
internationale du traitement des problèmes tactiques : comme sur le
théâtre européen de 1943-45, il y a une ligne de front à défendre,
comme sur le théâtre pacifique,la progression se fait par sauts de
puces, un domino en entraînant un autre. La seule différence c’est
qu’ici ce sont des pays qui tombent à la place des villes ou des îles,
et que des organisations militaires complexes remplacent les escadrilles
et les divisions comme des pions sur une carte de théâtre étendue aux
dimensions du planisphère.
L’idéologie de la guerre froide
fonctionne sur des associations faciles à faire comprendre au public :
Staline c’est à peu près Hitler, le communisme c’est à peu près le
nazisme, ce qui se passe aujourd’hui c’est à peu près ce qui s’est
passé hier : la ligne de front et les méthodes de combat ont changé,
mais la situation reste la même : il faut résister, puis refouler.
Dans ce contexte, la carte géographique permet d’entraîner les
convictions.
Les dangers de la géopolitique
Taylor sait nous montrer de manière
assez convaincante que le discours géopolitique n’est ni homogène ni
forcément scientifique. Il se préoccupe plus de convaincre que de décrire
et d’analyser. Pour la géographie du politique, il apparaît davantage
comme un objet d’étude que comme une discipline voisine 14.
L’utilisation de la carte contribue à son schématisme en même temps
qu’à son succès médiatique.
Pour Taylor, universitaire marxiste, le
danger principal de la géopolitique telle qu’elle s’est développée
pendant la guerre froide est de cacher derrière une façade idéologique
les véritables enjeux. L’idéologie cartographique de l’affrontement
de deux blocs a permis à chacun d’eux de justifier des opérations d'épuration
à l’intérieur, de contrôle plus sévère des alliés à l’extérieur.
La guerre froide a servi à organiser, au profit des champions, des zones
économiques où leurs intérêts se trouvent bien servis. De manière
tout à fait classique, Taylor soutient que la géopolitique qui présente
la politique mondiale sous la forme d’un affrontement entre grandes
puissances sert surtout à justifier les entreprises impérialistes de
chacune d’entre elles ; la grande compétition se transforme en
grande conspiration. Cette vision n’est pas nouvelle depuis les travaux
de Lénine sur l'impérialisme.
La géopolitique telle qu’elle a été
pratiquée durant la guerre froide nous semble surtout présenter des
risques très graves de désinformation des responsables politiques par
leurs propres experts. Dans la sphère de décision, où il ne s’agit
pas de décider des pédagogies destinées à l’opinion mais de formuler
des objectifs politiques et de créer des moyens pour y parvenir, le
discours géopolitique doit être traité avec plus de précautions.
Une cartographie, quelle soit ou non schématique
- à la manière des scenarii de Galtung 15
- ne remplace pas une démonstration. Elle fascine mais elle apprend peu.
Elle présente comme séparées et opposées des entités qui vivent,
d’une manière ou d’une autre, en symbiose économique et écologique.
L’URSS en rouge et les USA en bleu ne sont pas des blocs, mais, au plus
aigu des la guerre froide, des pays étroitement liés par des liens
commerciaux qui créent une dépendance croissante. Le Nord et le Sud, le
Pacifique et l’Eurafrique, que l’on présente comme les nouveaux
antagonistes, ne s’opposent qu’en se complétant. La cartographie géopolitique
présente par ailleurs un tiers espace, un "terrain de manœuvre",
un "échiquier" où chaque partenaire géopolitique pousse ses
pions : le "croissant interne" dans la vision de Spykman,
l’Inde, la Chine, le Moyen-Orient dans les schémas de Galtung. Ces
espaces ne sont pas neutres, les conflits n’y seront pas forcément
limités, les répercussions sur les acteurs géopolitiques peuvent être
considérables. Enfin, depuis que l’URSS n’en finit pas d’éclater,
nous savons que les taches de couleur homogènes qui représentent les
acteurs ou les actants sur la carte géopolitique introduisent dans
l’esprit bien des contre-vérités.
________
Notes:
1
Peter J. Taylor est un géographe
qui va vers la cinquantaine. Il enseigne à Newcastle-upon-Tyne, après
avoir réalisé de brillantes études à Liverpool. Dans les années 70,
il découvre l’Amérique à Iowa State University, et surtout à Clark
University. De retour en Grande-Bretagne, il anime le renouveau de la géographie
politique britannique en créant et en éditant la revue Political
Geography Quarterly. La première édition de son livre Political
Geography en 1985 (Londres, Longman) reçoit un accueil enthousiaste,
qui l’incite à donner, en 1989 (Londres, Longmann, 308 p.) une
seconde édition revue et augmentée. Comme beaucoup des collègues de sa
génération, Peter Taylor est un géographie marxiste, qui n’hésite
pas à éditer son ouvrage à Karl Liebkniecht. Son œuvre a le mérite de
proposer une nouvelle interprétation des concepts marxistes d’impérialisme,
des rapports entre le centre exploiteur et la périphérie exploitée,
entre l’infrastructure de l’économie mondiale et les superstructures
politiques et idéologiques. Nous nous contenterons ici d’examiner le
sort qu’il fait à la géopolitique, ou plus exactement à ce que les
Anglo-saxons appellent geopolitics.
2
L. Hepples, “The
revival of geopolitics”, Political Geography Quarterly, n° 5,
1986, pp. 21-36.
3
La géopolitique
allemande des années 30 a fait l’objet de beaucoup d’intérêt :
M. Bassin, H. Heske, J.H. Paterson, J. O’Loughlin et H. van der Wusten
émaillent régulièrement la revue Political Geography Quarterly
de leurs articles sur ce thème. La permanence de l’influence de
Mackinder a été étudiée par W.H. Parker, Mackinder. Geography as an
Aid to Statecraft, Oxford, Clarendon, 1982.
4
P. O’Sullivan, Geopolitics,
New York, St Martin’s Press, Londres, Croom Helm, 1986. Pour
O’Sullivan, la géopolitique est une discipline universitaire qui étudie
“la géographie des relations entre les détenteurs de la puissance, que
ce soit des chefs d’Etat ou des organisations transnationales”. P.
O’Sullivan cherche à proposer une géopolitique qui serve à faire la
paix. Il insiste principalement sur l’écart entre les mythes “géopolitiques”
qui hantent l’imagination des responsa-bles politiques et militaires et
la réalités géographiques. Une étude du rôle de la distance de
l’interdépendance économique manifestée par l’ampleur des flux
d’hommes d’idées, de marchandises doit permettre de constituer la
base d’une “géopolitique alternative”, où la menace apparaisse
moins immédiate et la guerre moins certaine. Sous des apparences
scientifiques, O’Sullivan cherche surtout à remplacer les modèles de
Mackinder et Spykman par une autre carte du monde. “Le plus grand
service que puisse offrir un géographe dans le domaine des affaires
internationales est de souligner l’importance de la géographie pour se
défendre contre les ambitions de ses rivaux.” A cause de la distance,
à cause de l’interdépendance économique, “l’autre n’attaquera
pas directement”.
5
Peter J. Taylor, op.
cit., 1989, p. 45.
6
Ainsi qu’en témoigne
le succès de Paul Kennedy, The Rise and Fall of Great Powers, New
York, Random House, 1988, et dans un domaine plus académique l’intérêt
des travaux sur les cycles qui régulent la succession des puissances
politiques comme ceux de G. Modelski, Long Cycles of World Politics,
Londres, Macmillan, 1987.
7
H. J. Mackinder, “The
geographical pivot of history”, Geographical Journal, n° 23,
1904, p. 421-442. Idem, Democratics Ideals and Reality, A
Study in the Politics of Reconstruction, Londres, Constable, 1919. Idem,
“The round world and the winning of the peace”, Foreign Affairs,
n° 21, 1943, p. 595-605.
8
N. J. Spykman, The
geography of Peace, New-York, Harcourt-Brace, 1944.
9
P. J. Taylor, op.
cit., 1989, p. 52.
10
R. E. Walter, The
Nuclear Trap : an Escape Route, Londres, Penguin, 1974.
11
P. O’Sullivan,
“Antidomino”, Political Geography Quarterly, n° 1, 1982,
pp. 57-64.
12
La “rationalité
cartographique” fait l’objet d’une étude particulièrement intéressante
dans les premières parties de l’ouvrage de P. O’Sullivan (1986). Les
motivations et les décisions, les visions du monde, les théories géopolitiques
lui semblent avoir pour point commun de reposer sur des cartes mentales.
“Lorsque les spécialistes de politique internationale des grandes
puissances réagissent aux tensions et aux crises qui surgissent dans le
monde entier, ils semblent très clairement avoir à l’esprit un certain
nombre d’images très générales de géographie politique “ainsi les
cartes mentales qui distinguent “nos” territoires des “leurs”
au-delà même des frontières nationales”.
13
J. L. Gaddis, strategies
of containment, Oxford University Press, 1982.
14
On pourrait appeler de
manière rapide et qui peut prêter à confusion “géopolitique” une
nouvelle discipline à cheval entre les sciences politiques et la géographie
politique qui s’occuperait des représentations des codes, des cartes
“géopolitiques”, expliquerait leur genèse, leur utilisation. En
toute rigueur, une telle discipline devrait plutôt s'appeler méta-géopolitique
ou géopolitique théorique, mais ces néologismes sont indigestes. Avec
les ouvrages de Taylor et de O’Sullivan, il semble bien que
l’acceptation du terme de géopolitique pour désigner la discipline qui
étudie la logique des représentations géopolitiques soit admise.
15
J. Galtung, The True
World, New York, Free Press, 1979.