TRANSFERTS
INTERNATIONAUX DE TECHNOLOGIE
ET RISQUES
DE PROLIFÉRATION
Bertrand WARUSFEL
Depuis quarante ans, les
principaux pays occidentaux - qui sont également les principaux
fournisseurs de haute technologie - ont mis sous contrôle leurs
exportations de produits ou de technologies susceptibles de renforcer
significativement le potentiel militaire de l'Union soviétique du pacte
de Varsovie et de la Chine populaire. Ce système de contrôle multilatéral
conçu en 1949 s'est organisé autour d'un comité de coordination, le
COCOM, qui a - avec une rigueur plus ou moins grande suivant les périodes
- exercé une surveillance sur les transferts de produits et de
technologie à destination des pays communistes. Et la principale
particularité de ce contrôle est qu'il s'est exercé, non seulement sur
les matériels militaires, mais aussi sur tous les produits à usage civil
susceptibles d'être détournés à des fins militaires. C'est ainsi que
les matières et les équipements nucléaires civils, de même que de très
nombreux produits industriels de haute technologie (ordinateurs,
machines-outils, systèmes de télécommunications, logiciels, composants
électroniques, appareils de mesure, ...) ont été inscrit sur les listes
des produits frappés d'embargo vers les pays dits “visés” (c'est-à-dire
douze pays communistes, dont l'URSS, ses alliés du pacte de Varsovie et
la Chine populaire) et soumis à autorisation préalable d'exportation
vers l'ensemble des autres pays du monde1.
Mais aujourd'hui, le paysage stratégique
et technologique mondial change de manière significative. D'un côté, le
postulat qui fondait la validité de l'embargo COCOM est en train de
disparaître : les pays de la Triade (Etats-Unis, Japon, Europe) ne
sont plus, dans de nombreux domaines, les fournisseurs exclusifs de haute
technologie. De l'autre, la décomposition intérieure du camp soviétique
oblige les occidentaux à revoir à la baisse leurs restrictions
technologiques en raison du recul apparent de la menace militaire soviétique
et, à l'inverse, du besoin croissant des technologies occidentales qu'éprouvent
les nouvelles démocraties d'Europe de l'Est pour consolider leur
processus d'ouverture politique et économique.
Va-t-on assister à la levée définitive
de toutes les restrictions au commerce des technologies et des produits à
“double usage” ? Va-t-on vers une libéralisation internationale
totale du commerce de tous ces produits de pointe ? Ce n'est pas sûr,
car au moment même où la mutation de l'antagonisme Est/Ouest ne justifie
plus des règles aussi restrictives que par le passé, se lèvent depuis
quelques d'années de nouvelles menaces internationales liées à
l'utilisation militaire détournée des technologies avancées. Ces
menaces proviennent le plus souvent de certains de ces pays “tiers”
(ainsi dénommés dans la terminologie du COCOM pour désigner des pays
qui ne sont ni participants ni visés par l'embargo COCOM) qui deviennent
aujourd'hui à la fois des puissances technologiques et des acteurs
militaires importants. Face à cette nouvelle réalité, les pays
occidentaux - dont certains sont conscients du problème depuis plusieurs
années - se sont contentés de prendre quelques mesures discrètes de prévention
dans les secteurs les plus immédiatement dangereux (nucléaire, chimique,
balistique), mais n'ont pas voulu traiter le problème dans son ensemble,
craignant de donner l'impression d'une opposition Nord-Sud et d'apparaître
comme des “néo-colonialistes” technologiques refusant de partager
leur richesse industrielle et scientifique avec les pays de l'hémisphère
Sud.
Pourtant les événements récents
survenus au Moyen-Orient (l'invasion du Koweit par l'Irak et ses suites)
nous montrent bien toute l'importance des conséquences néfastes qui
peuvent résulter pour la sécurité internationale de la récupération
de la haute technologie occidentale à des fins militaires. Il est donc
temps que les tabous politiques et diplomatiques en la matière cessent et
que le problème soit abordé clairement : “Le débat qui pourrait
s'ouvrir sur la liberté des échanges technologiques Nord/Sud - et sur le
contrôle des effets militairement déstabilisants de certains de ces
transferts - serait le prolongement logique de celui sur la non-prolifération
nucléaire. Comment assurer la sécurité internationale sans légitimer
le protectionnisme technologique ? Cette question, hier posée à
propos de la seule diffusion des techniques nucléaires, peut être
aujourd'hui étendue à l'ensemble des échanges mondiaux de haute
technologie et devrait être la base d'une réflexion sur la non-prolifération
technologique et l'usage pacifique des technologies”2.
En 1986, nous appelions à une réflexion et à un débat, aujourd'hui les
événements ont accéléré la marche des choses : face aux risques
croissants de détournements des technologies à double usage par des pays
tiers, c'est la définition d'une politique concrète et efficace qui
s'impose à nous.
LES FACTEURS DE RISQUE
Une étude (non publiée) réalisée en
1988/1989 sur le sujet par le Centre de recherches Droit et Défense de
l'Université Paris V pour le compte du secrétariat général de la Défense
nationale concluait : “D'une manière générale, il nous semble
clair que nous nous trouvons aujourd'hui du fait de l'essor et de la
diffusion des technologies civiles à double usage, devant les risques
nouveaux de ce que l'on pourrait dénommer la “prolifération
technologique”. Après la prise de conscience des risques de prolifération
nucléaire, les Etats occidentaux ont découvert plus récemment la
“prolifération balistique” et la “prolifération chimique”. Par
ailleurs, ils contrôlent déjà depuis quarante ans un champ très large
de technologies civiles à destination des pays visés par le COCOM. L'émergence
d'acteurs internationaux industriellement agressifs et géopolitiquement
difficiles à classer rend nécessaire un élargissement raisonnable du
concept de contrôle des technologies sensibles pour pouvoir couvrir
certains “pays tiers””. Plusieurs facteurs économiques et géopolitiques
contemporains contribuent en effet à l'augmentation tendancielle des
risques de détournement de technologie par certains pays du Sud.
la croissance des échanges
technologiques internationaux
L'accélération des échanges
technologiques internationaux est le premier phénomène majeur qui rend
possible, voire même inévitable, des détournements de technologie par
des pays tiers. En effet, la part de la haute technologie dans le commerce
mondial est en augmentation régulière depuis le milieu des années 60,
tant quantitativement (augmentation du volume d'échanges) que
qualitativement (augmentation du niveau technologique des échanges). Et
ce phénomène connaît une accélération depuis dix ans.
Sectoriellement, ce sont essentiellement
les produits de la filière électronique (informatique, composants, télécommunications,
aéronautique, instrumentation, électronique grand public) qui tirent
cette tendance à la hausse (en 1986, l'ensemble des produits de l'électro-nique
a connu une progression record des échanges de 21 %).
Cette diffusion internationale des
technologies avancées - avec au coeur de celle-ci, l'accélération des
échanges d'électronique - ne peut qu'accélérer de facto la circulation
mondiale de produits et de savoir-faire à double usage. Elle rend également
de plus en plus difficile le contrôle préventif des pays occidentaux sur
leurs exportations, en raison de l'augmentation des volumes en cause et de
la crédibilité technologique croissante de nombreux pays tiers.
L’apparition de pôles technologiques
autonomes
A cette évolution structurelle des échanges
correspond la volonté de nombreux pays tiers de tirer profit de la
croissance du marché mondial des hautes technologies en développant des
stratégies industrielles agressives et autonomes. Qu'il s'agisse de
nouveaux pays industrialisés tels l'Inde, le Brésil, la Corée du Sud,
Taïwan et Singapour ou - selon des modalités différentes - de pays
neutres industrialisés tels la Finlande ou la Suède, la grande majorité
des pays tiers ont choisi de privilégier des stratégies économiques de
développement comportant d'importants points communs :
- une planification technologique
active (identification des secteurs stratégiques, mise au point de grands
programmes, mobilisation de moyens de soutien) ;
- une spécialisation internationale
assez poussée permettant une insertion rapide dans l'économie mondiale
(secteurs de spécialisation les plus fréquents : électronique, équipement
électrique, armement, transports) ;
- la priorité à l'exportation et à la
réexportation (zones franches, aides publiques) suivie de plus en plus
par une politique d'accueil des investissements technologiques étrangers
(par substitution aux importations pures et simples).
Dans ce contexte de volontarisme
industriel et commercial
qui caractérise les politiques économiques de nombreux pays tiers, il
est clair qu'il s'agit pour eux d'une priorité nationale qui passe avant
toute autre considération qui pourrait leur être imposée par les
puissances occidentales. Recevant en 1987 le secrétaire d'Etat adjoint américain,
le ministre pakistanais des affaires étrangères exprimait clairement le
refus de son pays de se plier aux exigences internationales concernant l'énergie
atomique en ces termes : “ces restrictions sont un affront pour
nous, elles sont préjudiciables à nos intérêts nationaux et n'aident
en aucune façon à la non-prolifération nucléaire” 3.
Le phénomène d'émancipation progressive de nombreux pays tiers vis-à-vis
des interdits nucléaires et chimiques édictés par les grandes
puissances semble donc pouvoir logiquement se reproduire dans le domaine
d'autres technologies industrielles à double usage4.
L’élévation du niveau technologique
des conflits locaux
Sous le double effet de la diffusion
croissante des technologies avancées et de l'amélioration de la
portabilité et des conditions d'uti-lisation des systèmes d'armes
modernes, les conflits locaux récents (Falkland, Afghanistan, Tchad,
Iran-Irak, Liban...) témoignent d'une élévation du niveau technologique
des matériels qui y sont employés. Evoquant “les conséquences des
nouvelles technologies dans les conflits périphériques”, un rapport sénatorial
écrit ainsi : “On ne peut qu'être frappé, au cours des
conflits récents qui se sont déroulés ou se déroulent encore de par le
monde, de l'efficacité des armements modernes” 5.
Parmi les systèmes d'armes qui ont été
employés dans les conflits locaux ou régionaux de ces dernières années,
figurent notamment :
- des avions de combat de dernière
ou d'avant-dernière génération (Mirage F1, Super-Etendard, F14, F15,
Mig 23, Mig 29,...) assez généreusement exportés depuis dix ans par les
principaux pays exportateurs ;
- des hélicoptères de combat,
soit acquis dans cette configuration, soit militarisés à partir de
versions civiles ;
- de l'artillerie lourde ;
- des missiles à courte portée
sol-air (Stinger, Redeye, SAM 7) ou anti-navires (Exocet, Gabriel) ;
- des missiles balistiques à
moyenne portée (notamment les versions modifiées des SCUD soviétiques
utilisés durant la guerre Irak-Iran et lors du conflit du Golfe) ;
- différents systèmes de guerre
électronique et de surveillance radio et radar ;
- des armes chimiques (de différents
types, notamment binaires) portées par différents vecteurs (obus
d'artillerie, missiles, bombes, ...).
Et l'on pourra bientôt ajouter à cette
liste le secteur jusqu'alors très fermé des satellites, qu'ils soient de
télécommunications ou de télédétection. Plusieurs pays tiers sont en
train de développer plus ou moins officiellement une capacité nationale
ou un accès préférentiel à ces outils modernes de contrôle et de
commandement du champ de bataille. L'Inde utilise depuis 1988 les services
du satellite de communication INSAT 1B pour ses liaisons militaires à
longue distance6, tandis que le Pakistan
vient de faire lancer par une fusée chinoise son premier satellite expérimental
de radiocommunication (qui semble, d'ailleurs, être une version détournée
du satellite expérimental mis au point par l'université britannique du
Surrey)7. De leur côté, Israël et le Brésil
travaillent l'un et l'autre sur un double programme de satellites :
un programme de télécommunications (Brasilsat déjà opérationnel pour
le Brésil et l'Amos israélien encore en développement) et un programme
de télédétection. Israël a lancé en avril 1990 son deuxième
satellite expérimental de reconnaissance, Ofeq-2, tandis que le Brésil
devrait faire lancer en 1992 par Ariane son premier satellite de télédétection
(après des mois de négociation difficile due aux réticences
occidentales liées aux risques de détourne-ment de technologie8).
On sait, en effet, depuis plusieurs années que la télédétection par
satellite est un domaine “à double usage” qui ne diffère pas considérablement
des systèmes spatiaux de surveillance militaire9,
à tel point que le gouvernement français a dû mettre l'embargo sur la
commercialisation par la société nationale Spotimage des images prises
par le satellite civil Spot dans la région du golfe Persique depuis le début
de la crise dans cette région10.
des stratégies nationales renforcées
par le déclin de la perspective Est-Ouest
L'évolution récente des relations
Est/Ouest, due au bouleversement intérieur du Pacte de Varsovie, va
contribuer à son tour à l'émergence de nouvelles formes de prolifération
technologique via des pays tiers. Le recul du caractère dominant de la
relation Est/Ouest laisse en effet le champ libre à des stratégies
nationales et régionales autonomes.
Par nature, la plupart des pays considérés
comme tiers au regard du contrôle des technologies sensibles se
trouvaient déjà le plus souvent dans une position géopolitique ambiguë
qui n'était pas favorable à un contrôle très efficace des produits et
technologies qui y étaient exportés. Désormais, le déclin tendanciel
de la rivalité ouverte entre l'Est et l'Ouest ne peut que favoriser
encore plus les velléités d'autonomie de leurs stratégies diplomatiques
et militaires.
C'est le cas notamment des pays tiers qui
se réclament officielle-ment du non-alignement (comme l'Inde, la
Yougoslavie, le Mexique) et qui ont maintenu durant vingt ans un subtil équilibre
dans leurs relations diplomatiques, technologiques et commerciales avec
les deux blocs. La nouvelle situation géopolitique leur ouvre de
nouvelles perspectives de jouer un jeu international original émancipé
de la sujetion aux grandes puissances.
Il faut également mentionner les pays
neutres européens, tels l'Autriche, la Finlande, l'Irlande, la Suisse et
la Suède qui - tout au moins pour les deux premiers - étaient tenus de
conserver, du fait de la proximité géographique, un niveau de relations
élevé avec le bloc socialiste et qui cherchent aujourd'hui à profiter
de la nouvelle conjoncture pour devenir des points de passage privilégiés
de la coopération et du commerce avec les nouvelles démocraties d'Europe
de l'Est.
Plus surprenant sans doute, il ne faut
pas oublier les positions géopolitiques atypiques de plusieurs pays tiers
par ailleurs stratégiquement liés au camp occidental. C'est le cas de
l'Afrique du Sud en raison de la politique d'apartheid, d'Israël en
raison du conflit au moyen-orient et des territoires occupés et de Taïwan
depuis son exclusion de l'ONU au bénéfice de la Chine Populaire. On peut
même y ajouter la Corée du Sud du fait de la division du pays. Ces pays
recherchent tous, malgré leur allégeance à la tutelle militaire et
diplomatique américaine, à améliorer sensiblement leurs relations avec
l'URSS et la Chine11. En effet, leurs
situations géopolitiques fragiles ne pourront trouver une solution
durable qu'avec la bienveillance et le soutien de l'URSS et du camp
socialiste.
le développement des relations
technologiques Sud/Sud
Le développement des capacités de
production d'armement dans de nombreux pays situés hors de la zone
d'influence directe des grandes puissances et la mise en oeuvre de stratégies
politiques et industrielles autonomes ont pour conséquence directe
l'apparition de nombreux liens commerciaux et technologiques entre pays du
Sud. On peut en relever certains qui sont particulièrement significatifs :
- une collaboration à géométrie
variable existe indéniablement - malgré les dénégations permanentes de
trois gouvernements - entre Israël, l'Afrique du Sud et Taïwan dans les
domaines nucléaire et balistique. Un missile sud-africain à moyenne portée
conçu à partir de la technologie israëlienne a notamment été testé
en juillet 1989 en contrepartie d'une livraison d'uranium enrichi
sud-africain12. Pour
sa part, il semble que le missile Green Bee taïwanais ait également bénéficié
d'un transfert par Israël d'une partie de la technologie américaine du
missile tactique Lance. Taïwan fabrique d'ailleurs aujourd'hui sous
licence israëlienne le missile anti-navire Gabriel ainsi que la vedette
rapide Dvora. Et des rumeurs ont couru en 1984 concernant la vente d'armes
chimiques israëliennes à Taïwan13.
- entre 1984 et 1989, l'Irak, l'Argentine
et l'Egypte ont travaillé en commun sur un projet de missile balistique
à moyenne portée, le Condor II (connu en Irak sous le patronyme de Badr
II). La technologie d'origine proviendrait du missile argentin Condor I,
lui-même développé par l'Argentine en travaillant à partir de missiles
américains du type Pershing. Un consortium de grandes entreprises aéronautiques
et électroniques européennes aurait également été secrètement
constitué pour fournir des équipements à ce projet14.
- les firmes d'armement chiliennes
et brésiliennes étaient réputées être parmi les principaux
fournisseurs de matériels militaires de l'Irak. Parmi elles, se trouve la
société Cardoen, qui a basé sa récente fortune sur la vente massive de
bombes à fragmenta-tion et de diverses munitions à l'Irak durant la
guerre avec l'Iran et qui aurait également aidé le régime de Bagdad à
construire ses propres usines d'armement15.
Pour sa part, le Brésil - qui avait signé en 1987 avec l'Irak un accord
global de compensation de 2,4 milliards de dollars - a, non seulement
fourni de nombreux matériels militaires à Bagdad (notamment des
lances-roquettes Astro 2 et le missile Piranhas), mais est particulièrement
soupçonné d'avoir soutenu l'ef-fort de recherche nucléaire de l'Irak en
lui livrant à plusieurs reprises du “yellow cake” (c'est-à-dire
de l'uranium fortement concentré)16.
- de son côté, la Chine
populaire, malgré son siège au Conseil de sécurité, fait actuellement
partie de ces producteurs du tiers-monde qui échappent largement au contrôle
des grandes puissances mondiales. Or, on retrouve dans la plupart des régions
du monde la trace des exportations et des transferts de technologie
chinoise : vente de missiles CSS-2 à l'Arabie Saoudite, assistance
aux programmes balistiques brésiliens et pakistanais17,
fourniture d'armes à l'Iran (notamment des fusées soviétiques Scud B de
seconde main), ...
L'existence de liens technologiques et
commerciaux Sud/Sud de plus en plus soutenus (97 % des exportations
d'armes en provenance des producteurs du tiers-monde sont effectuées vers
des pays du Sud) a deux conséquences stratégiques importantes du point
de vue des puissances industrielles du Nord (URSS compris). D'une part,
cela signifie que les grandes puissances perdent progressivement leur
moyen d'intervention classique qu'était le contrôle des
approvisionnements militaires évolués. Des sources alternatives mal
contrôlées sont en mesure d'entretenir un courant d'échanges Sud/Sud et
d'alimenter les conflits locaux ou régionaux (y compris dans le domaine
des avions de combat, où apparaîssent progressivement des pôles de compétence
au Brésil, en Corée du Sud, à Taïwan ou en Inde)18.
UNE TYPOLOGIE DE LA MENACE
Le transfert direct ou indirect de
technologies à double usage peut comporter pour le pays d'origine
plusieurs risques d'ordre commercial ou stratégique. Il semble que l'on
puisse distinguer trois principales menaces potentielles :
- la contrefaçon technologique
- la transformation militaire locale
- le détournement direct vers les pays
visés
la contrefaçon technologique
Par contrefaçon technologique, on entend
ici l'extension des phénomènes traditionnels de la contrefaçon et de la
violation des règles de propriété industrielle aux domaines de moyenne
et haute technologie. Il est, en effet, nécessaire de considérer
qu'aujourd'hui la contrefaçon est une menace qui concerne non plus
seulement les secteurs traditionnels (objets de luxe, horlogerie, textile,
...) mais aussi les industries de pointe.
Du fait de l'importance économique
croissante de la contrefaçon au niveau international (plus de 5 % du
commerce mondial et environ 60 milliards de dollars pour la seule CEE en
1987), il est fatal que les secteurs très porteurs tels que
l'informatique, l'électronique ou la bio-technologie deviennent à leur
tour progressivement des cibles pour les contrefacteurs internationaux.
Les importants profits illicites que génèrent les différentes formes de
commerce parallèle sont d'ailleurs tels qu'ils doivent pouvoir financer
les investissements coûteux que nécessite la contrefaçon technologique.
De plus, il faut souligner que les
produits technologiques sont par nature vulnérables à la contrefaçon du
fait de la difficulté juridique de leur protection. Les logiciels et les
semi-conducteurs sont notam-ment deux types de produits dont la protection
juridique est encore aujourd'hui difficile à assurer. Les produits
militaires eux-mêmes ne sont pas à l'abri de la contrefaçon - bien au
contraire - au point que cela risque parfois de donner naissance à de véritables
contentieux juridiques : MBB a failli engager en 1986 une action
judiciaire contre le chilien Cardoen en raison de la transformation et la
fabrication non autorisée de son hélicoptère de combat B0-10519.
De son côté, Israël Aircraft Industries vient de porter plainte contre
la société espagnole Ceselsa pour utilisation illicite de technologie
lors de la révision des Mirage III de l'armée de l'air espagnole20.
Enfin, il faut remarquer que d'importants
Etats contrefacteurs sont par ailleurs actifs dans le domaine des
industries de haute technologie. Si le Japon, Taïwan, la Corée du Sud ou
Hong-Kong affirment officiellement vouloir répudier cette pratique peu
honorable, d'autres PVD ou pays en voie d'industrialisation sont
aujourd'hui en première ligne : la Malaisie, Singapour, la Thaïlande,
le Mexique, l'Indonésie, ... Et la méfiance demeure de rigueur dans tous
les domaines technologiquement avancés.
La contrefaçon technologique représente
donc pour les industries de pointe une double menace. Tout d'abord, une
menace commerciale importante liée aux pertes de marché et à la
concurrence déloyale qu'entraîne généralement la contrefaçon (on
estime à 5 milliards de francs le coût de la contrefaçon pour la France
en 1987). Mais à celle-ci s'ajoute aussi une menace stratégique
indirecte. En effet, lorsque la contrefaçon affecte un produit soumis au
contrôle de la destination finale, elle crée automatiquement une source
d'approvisionnement libre et discrète pour les pays visés. La contrefaçon
technologique - même lorsque ses motivations sont purement mercantiles -
renforce ainsi la disponibilité internationale des produits sous contrôle
(la “foreign availability” prévue par la réglementation américaine)
et affaiblit de ce fait l'efficacité des contrôles stratégiques.
la transformation militaire locale
A partir de l'instant où existent dans
certains pays tiers des capacités de production d'armement (capacités
anciennes comme en Suède, ou surtout récentes comme dans plusieurs pays
tiers du tiers-monde), le transfert direct ou indirect d'une technologie
occidentale à double usage peut provoquer une transformation militaire
locale soit en vue d'un usage par les forces armées nationales, soit en
vue d'une réexportation.
En quelques dizaines d'années, le marché
mondial de l'armement a été largement bouleversé par l'arrivée de
nouveaux producteurs, capables de subvenir à une partie de leurs besoins
militaires locaux, voire d'exporter certains de leurs équipements (selon
certaines sources, le Brésil serait aujourd'hui le cinquième exportateur
mondial de matériel de guerre). En 1977, le ministre brésilien de l'armée
de l'air affirmait d'ailleurs clairement la volonté d'autonomie qui
sous-tendait l'effort industriel de son pays en matière d'armement :
“Le temps est venu de nous émanciper des Etats-Unis et des pays
européens. La sécurité de chaque pays passe par la fabrication de ses
propres armes” 21.
Même si l'ensemble de ces nouveaux
producteurs ne représentent encore qu'au plus 5 % de la production
mondiale, il s'agit d'un phénomène significatif tant en termes de
capacités technologiques (certains pays ont atteint des niveaux de
conception assez élevés) qu'en termes d'emploi (près d'un million de
personnes travaillent dans le tiers-monde pour le compte des entreprises
d'armement) et d'impact économique (rentrée de devises).
L'existence de capacités locales de
conception, d'adaptation ou de production d'armes accroît les risques de
détournement de technologie occidentale à des fins militaires. Et ce,
pour deux raisons :
- ces capacités locales accroissent la
demande en produits et en technologies militaires modernes ;
- il ne suffit plus aux fournisseurs de
contrôler les exportations de produits finis (systèmes d'armes soumis au
régime des matériels de guerre), il faut surveiller en amont d'éventuelles
acquisitions de produits à double usage ou de technologies ouvertes
susceptibles d'être adaptées à des fins militaires.
Dans le passé récent, les exemples sont
nombreux de détournements indirects de produits ou de technologies
occidentaux par des pays tiers soucieux de les utiliser à des fins
militaires locales. On citera pour mémoire :
- l'utilisation comme porte-chars par la
Libye d'engins de transport civils livrés par la France en 1982 ;
- la réalisation vers 1985 par l'Iran de
missiles sol-sol de portée intermédiaire utilisant des moteurs à réaction
et des composants électroniques civils importés d'Europe ;
- la fabrication par l'Irak - puis l'Iran
- de gaz de combat à partir de produits chimiques civils fournis par des
sociétés occidentales (notamment allemandes) ;
- la transformation en 1985 - avec l'aide
d'une société argentine - de deux avions C 130 libyens en avions
ravitailleurs ;
- la militarisation par l'Afrique du Sud
de l'hélicoptère français Alouette III (prototype d'hélicoptère de
combat Alpha XH-1 de la société sud-africaine Atlas) et la copie de l'hélicoptère
Puma (hélicoptère transport de troupe XTR-1).
De plus, la plupart des pays tiers
disposant d'une industrie locale d'armement sont aussi potentiellement des
exportateurs de matériel de guerre. Il s'agit, en effet, d'une
quasi-obligation pour ces Etats de rentabiliser leurs productions
nationales par des exportations et de se procurer ainsi des devises. Ce
risque potentiel de réexportation, qui se surajoute à celui du détournement
de technologie, constitue une menace pour les producteurs occidentaux à
un double titre :
- la réexportation par un pays tiers
d'un système d'armes issu d'une technologie occidentale détournée accroît
le risque de diffusion incontrôlée de cette technologie dans le monde, y
compris à destination des pays visés ;
- ces réexportations sont une nouvelle
forme de concurrence sur un marché international de l'armement en pleine
crise. Les premiers cas de concurrence entre un matériel original et sa
contrefaçon commencent, en effet, à apparaître.
Le détournement direct vers les pays
“visés”
La troisième menace qui peut peser sur
les technologies occidentales transférées dans les pays tiers est celle
du détournement direct et clandestin vers les pays visés. C'est la
menace qui était jusqu'à présent la plus directement dangereuse pour
les intérêts stratégiques de la France mais c'est aussi celle qui est
la plus difficilement quantifiable.
La demande de technologie avancée et la
relance des importations sont, en effet, deux traits marquants de l'évolution
récente des pays visés et notamment de l'URSS et de la Chine populaire.
Certes, l'accent est mis en URSS comme en Chine sur l'accès aux produits
technologiques civils susceptibles de contribuer à la modernisation des
infrastructures et à la satisfaction de la consommation intérieure.
Cependant rien ne permet d'affirmer que cette quête de la technologie
occidentale ne profitera pas également aux industries militaires locales,
que ce soit à titre principal ou comme retombées secondaires.
Les spécialistes occidentaux soulignent
notamment un maintien à haut niveau de l'activité d'espionnage
technologique de la part des services spéciaux des pays visés. En URSS
notamment, il semble bien que la perestroïka se traduise, dans les
organismes de sécurité de l'Etat, par une régression des activités de
répression politique intérieure au profit d'une accélération du
renseignement économique et technique facilitée par la plus grande
ouverture des relations commerciales avec l'Occident. Un transfuge récent
du KGB, Igor Tcherpinski (qui est passé à l'Ouest en avril 1990 à
Bruxelles) aurait ainsi confirmé une nouvelle fois “l'obsession de
Moscou de s'approprier les technologies européennes et l'accélération
donnée par Mikhaïl Gorbatchev pour rendre le KGB encore plus actif qu'il
n'était afin, a-t-il expliqué, de maintenir la Russie soviétique dans
la course de vitesse technologique” 22.
Et Marcel Chalet, l'ancien directeur de la DST confirme : “Que
l'espionnage technologique soit encore nécessaire me paraît une vérité
première dans la mesure où la perestroïka répond précisément à une
prise de conscience par le régime socialiste de son inaptitude à
produire les armements modernes qui lui sont nécessaires et à combler le
handicap grandissant qui pourrait, à terme, le mettre en position d'infériorité
dans le dialogue Est-Ouest” 23.
Dans ce contexte de redéploiement dans
lequel l'URSS et d'autres pays visés cherchent à acquérir plus de
technologie sans provoquer pour autant des incidents diplomatiques néfastes
à la nouvelle politique d'ouverture, une stratégie de contournement axée
sur certains pays tiers apparaît comme une stratégie de substitution aux
pratiques illégales traditionnelles. Un certain nombre de cas de détournement
par les pays tiers ont ainsi été portés à la connaissance des services
officiels compétents durant ces dernières années. Certaines affaires de
détournement significatives rendues publiques témoignent de la variété
des filières et des lieux de transit :
- condamnation par un tribunal américain
en 1987 d'une société norvégienne ayant réexporté via l'Autriche du
matériel électronique américain vers l'URSS.
- réexportations illégales de matériel
américain par la société Stemeg située en Autriche à partir de 1978.
- saisie en Suède en novembre 1983
d'un ordinateur Vax 11/782 de Digital Equipment destiné à être réexporté
vers l'URSS. A l'occasion de cette enquête, l'Afrique du Sud apparut
alors comme la “plaque tournante” du réseau qui utilisait également
une société-écran située en Suisse.
- réexportation illégale de matériel
américain par les firmes suédoises ASEA (usine sidérurgique robotisée
construite par ASEA à Novyy Oskol en URSS), Ericsson et Datasaab (vente
en 1980 d'un système de navigation aérienne civil).
- annulation en février 1983 par la société
informatique américaine Wang d'un contrat “suspect” avec une société
indienne.
- démantèlement aux Etats-Unis en février
1984 d'un réseau de contrebande technologique au profit de la Chine
populaire dont faisaient partie deux citoyens de Hong-Kong, lieu par
lequel devaient transiter les produits détournés.
- réexportation clandestine de matériel
Rank Xerox sous embargo, via l'Inde.
- saisie à la frontière entre la RFA et
la Suisse d'ordinateurs PDP-11 de Digital Equipment exportés par une société
canadienne et destinés à rejoindre l'URSS via la Suisse.
- saisie d'ordinateurs américains réalisée
en 1984 par les douanes françaises sur l'aéroport de Bâle-Mulhouse dans
un camion tentant de pénétrer en Suisse.
- condamnation en septembre 1985 d'un
homme d'affaires britannique pour exportation d'équipements informatiques
vers la Tchécoslovaquie et la Bulgarie via l'Indonésie et la Suisse.
- démantèlement en octobre 1987 en
Australie (avant l'entrée de ce pays au COCOM) d'un réseau cherchant à
exporter clandestinement en Hongrie du matériel américain et japonais
via une société implantée à Singapour.
- démantèlement à Tokyo en août 1989
d'une filière d'exportation vers la RDA d'équipements électroniques et
nucléaires utilisant des sociétés-écrans en Corée du Sud et à
Singapour.
Il est certain que de nombreux pays tiers
offrent involontairement aux services spécialisés du pacte de Varsovie
des lieux d'observation et des zones de transit idéaux pour
s'approvisionner discrètement en matériels de pointe occidentaux. Les méthodes
utilisées pour réaliser un détournement à partir d'un pays membre du
COCOM sont encore plus aisées à mettre en oeuvre dans des pays
faiblement équipés en moyens de contrôle et de contre-espionnage et peu
sensibilisés. La principale limite est donc le niveau de crédibilité
minimum à atteindre pour qu'un pays tiers puisse exporter un équipement
de haut niveau sans éveiller les soupçons. C'est la raison pour laquelle
les pays tiers européens qui disposaient d'un niveau technologique élevé
ont été ceux qui permettaient de réaliser les détournements les plus
aisés. Aujourd'hui, d'autres pays tiers situés dans l'hémisphère sud
(Inde, Brésil, pays d'Asie du sud-est, ...) commencent à atteindre une
stature technologique suffisamment crédible pour pouvoir servir à leur
tour de zone de transit.
Une typologie des destinations À risque
De même que nous établissons une
typologie entre les trois différentes (mais convergentes) formes de
menaces, il importe de pondérer ces risques suivant les différents types
de destination que l'on peut dénombrer parmi les pays tiers. L'étude du
Centre Droit et Défense précitée considérait comme “pays tiers” au
sens des risques de détournement de technologie, “tout Etat, ni membre
du COCOM ni visé par les contrôles, ayant un niveau suffisant de
relations technologiques avec la France et dont le caractère stratégique
de ses secteurs industriels en développement, la teneur de ses relations
avec les pays visés ou le niveau des contrôles imposés localement au
commerce des technologies sensibles, permet de craindre que des
technologies occidentales qui y sont importées puissent être utilisées
à des fins contraires aux intérêts économiques et stratégiques de la
France”. En suivant cette définition et les critères qu'elle propose
(et en prenant plus largement en compte, non seulement les intérêts de
la France, mais ceux de l'ensemble des puissances occidentales), nous
pouvons regrouper les pays tiers présentant un certain degré de
sensibilité en quatre catégories :
- les pays neutres européens
- les puissances militaires régionales
- les nouveaux pays industrialisés
- les zones de transit
Les pays neutres européens
Les pays neutres européens (Autriche,
Finlande, Suisse, Suède) ont été, comme on l'a signalé, le lieu de détournements
directs importants vers les pays tiers jusqu'au début des années 80. Ils
ont été, de ce fait, l'objet d'importantes pressions américaines pour
instaurer des contrôles locaux et collaborer indirectement à l'embargo
COCOM.
Deux éléments ont contribué, dans le
passé récent, à faire de ces pays des plaques tournantes du trafic de
technologie. D'une part, leur situation diplomatique de neutralité,
renforcée pour la Finlande et l'Autriche d'une proximité géographique
avec l'URSS qui induit de forts échanges commerciaux. D'autre part, un
savoir-faire technologique élevé qui rend crédibles des transferts de
haut niveau en provenance de pays du COCOM et éveille donc peu
l'attention des autorités occidentales.
Si ces caractéristiques demeurent
aujourd'hui, il faut néanmoins les pondérer par les efforts positifs de
contrôle entrepris par ces différents pays depuis cinq ans du fait des
menaces de représailles américaines. De même, au niveau gouvernemental,
il semble que l'intégration très poussée de ces pays au système économique
occidental (l'Irlande appartient à la CEE et les autres à l'AELE) empêche
les autorités locales de couvrir en toute connaissance de cause des détournements
importants.
S'il n'existe pas, à proprement parler,
de menace de contrefaçon technologique ni de transformation militaire
locale, le seul risque demeure donc un risque atténué de détournement
direct vers les pays tiers en raison de la difficulté qu'il y a pour les
autorités locales à identifier un éventuel trafic vers les pays visés
dans la masse des échanges transitant par ces pays.
Les puissances militaires régionales
Certains pays tiers se distinguent par le
fait qu'ils exercent régionalement un leadership militaire qui leur
garantit à la fois une influence directe sur les Etats de la région et
une marge d'autonomie vis-à-vis des grandes puissances.
L'Inde peut être considérée comme
appartenant à cette catégorie, ainsi qu'Israël et l'Afrique du Sud. Ces
trois Etats, quelles que soient les inimitiés farouches qui les opposent
à certains de leurs voisins, sont en mesure de se faire respecter dans
leurs zones d'influence grâce à leur puissance militaire et à leurs
capacités industrielles. Et l'Irak cherchait, avant la guerre du Golfe,
à accéder à ce rang au détriment d'autres puissances arabes comme
l'Egypte ou la Syrie.
Economiquement et industriellement, leur
situation se rapproche fort de celle de certains “nouveaux pays
industrialisés” (comme le Brésil ou Taïwan, par exemple) mais il nous
semble que, du point de vue des risques de prolifération, leur rôle de
puissance militaire leur confère des caractéristiques particulières.
Vis-à-vis de ces Etats, la première
menace est certainement la transformation militaire locale en vue de
renforcer le potentiel des forces armées nationales, puis de réexporter
les systèmes d'armes ainsi développés en vue de rentabiliser la
production, d'importer des devises et de nouer des alliances
conjoncturelles avec des clients du tiers-monde.
Le détournement direct vers les pays visés
n'est pas à exclure. Il est plus souvent le fait de trafics privés menés
par des entreprises et des agents travaillant pour les services spéciaux
des pays visés, qui profitent pour opérer leurs détournements du manque
de rigueur déployé par les autorités locales en matière de contrôle.
La contrefaçon technologique peut
exister dans ces pays, notamment en raison d'éventuels embargos dont ils
peuvent être victimes (Israël, Afrique du Sud) mais elle ne semble, en
aucun cas, devoir revêtir le caractère d'une stratégie industrielle délibérée
comme dans certains nouveaux pays industrialisés.
Les nouveaux pays industrialisés
La notion de “nouveau pays industrialisé”
(NPI) est apparue dans le vocabulaire économique international pour désigner
une catégorie particulière de pays en développement engagés dans une
industrialisation rapide et capables, de ce fait, de se tailler rapidement
une place significative sur le marché mondial. De nombreux pays en développement
se sont lancés dans cette voie sans pour autant que tous aient les
capacités pour devenir rapidement des partenaires industriels crédibles.
Néanmoins, plusieurs pays tiers importants peuvent être considérés
comme d'incontestables nouveaux pays industrialisés.
La Corée du Sud, Taïwan, le Brésil
(qui, par ailleurs, a également certains traits d'une puissance militaire
régionale) et Singapour sont aujourd'hui les exemples les plus représentatifs
de cette catégorie de pays tiers. Ces nouveaux pays industrialisés se
caractérisent avant tout par le caractère agressif de leurs stratégies
industrielles et commerciales et par leur approche mercantile des
relations internationales. La réexportation de produits de moyenne et
haute technologie est une priorité absolue devant laquelle s'efface tout
autre considération, notamment de propriété industrielle. Ces pays sont
ou ont été très souvent des contrefacteurs ou de simples copieurs de
technologie, à l'image de ce que fut le Japon dans les vingt années qui
suivirent la fin de la seconde guerre mondiale. Aujourd'hui, ces NPI
doivent d'ailleurs faire face de la part des pays industrialisés à “un
environnement hostile en ce qui concerne l'accès aux technologies”
du fait même de leurs pratiques concurrentielles et juridiques hétérodoxes,
comme le souligne une récente étude du Centre de développement de
l'OCDE24.
La principale menace est donc celle de la
contrefaçon technologique. L'utilisation militaire locale peut être également
un risque à prendre en considération dans certains cas (celui du Brésil
notamment) et qui ira certainement en s'amplifiant en raison des
tentatives de certains NPI d'Asie du Sud-Est de s'implanter sur le marché
de l'armement (Taïwan, Corée du Sud, Singapour, Indonésie). Quant au détournement
direct vers les pays visés, il est, lui aussi, un risque qui devrait croître
dans les années à venir au fur et à mesure de l'accession de ces pays
à une maturité technologique suffisante. L'hypertrophie commerciale et
exportatrice des nouveaux pays industrialisés permet, en effet, le
camouflage très aisé de filières de détournement clandestines.
Il nous semble donc que les pays tiers
appartenant à la catégorie des nouveaux pays industrialisés sont ceux
qui présentent le profil de risque le plus diversifié.
Les zones de transit
A l'opposé des nouveaux pays
industrialisés, les pays que l'on peut classer dans la catégorie des
“zones de transit” sont des Etats largement dépourvus de capacités
industrielles ou commerciales autonomes mais que leur situation géographique
ou politique amène à servir de lieu de transit pour différents types de
commerce parallèle, y compris celui de la haute technologie.
La Yougoslavie, malgré quelques efforts
autonomes en matière industrielle, peut être rangée dans cette catégorie
en raison de sa position particulière aux confins de l'Europe de l'Ouest,
des pays balkaniques et du bloc soviétique. Pour des raisons tenant également
à la géographie et à l'histoire politique, des îles comme Malte ou
Chypre doivent aussi être considérées comme des “zones de transit”,
pour les stupéfiants, les armes de guerre et la haute technologie sous
embargo. Dans une moindre mesure, un lieu d'échanges aussi important que
Hong-Kong peut être considéré également comme une “zone de
transit”.
Dans ce type de pays, le principal danger
demeure donc le détournement direct vers les pays visés. Et les
principales vulnérabilités des zones de transit au regard de cette
menace sont, d'une part, la faiblesse (voire l'absence) des moyens de
contrôle locaux et, d'autre part, la propension chronique de ces Etats à
la corruption et aux contrebandes sous toutes leurs formes.
Le tableau ci-dessous donne une présentation
synthétique de l'analyse des menaces suivant les types de destination :
|
Pays neutres européens
|
Puissances
militaires régionales
|
NPI
|
Zone de transit
|
Contrefaçon technologique
|
|
XX
|
XXX
|
X
|
Transformation militaire locale
|
X
|
XXX
|
XX
|
|
Détournement direct vers les
pays visés
|
XX
|
X
|
XX
|
XXX
|
|
3
|
6
|
7
|
4
|
source : Centre Droit et Défense, 1989
LA PERSPECTIVE D'UN CONTRÔLE
INTERNATIONAL HARMONISÉ
Si la réalité des risques présentés
par des transferts de technolo-gie inconsidérés vers certaines
destinations n'est pas sérieusement contestée, il n'en est pas de même
pour les mesures de contrôle à adopter. La pratique actuelle des pays
occidentaux est aussi complexe qu'insatisfaisante, là où il serait
souhaitable d'aller progressivement vers un système de contrôle harmonisé
et reconnu internationalement.
Une pratique actuelle complexe et
insatisfaisante
La nécessité de contrôler avec
vigilance les transferts de produits et de technologie sensibles vers différents
pays tiers n'a longtemps été admise que dans le seul domaine de la
non-prolifération nucléaire (traité de non-prolifération de 1968, puis
“club de Londres” à partir de 1975). Et ce n'est qu'en 1987 que sept
pays occidentaux (les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie,
le Canada, la RFA et le Japon) officialiseront leur concertation en matière
de contrôle des exportations de produits ou de technologies balistisques25.
Sous le nom de MTCR (Missile Technology Control Regime) cette
concertation souple sans consécration officielle (chaque pays prend lui-même
les mesures nationales nécessaires, comme dans le cas du COCOM) vise à
empêcher la prolifération des systèmes balistiques pouvant emporter une
charge utile de plus de 500 kgs à plus de 300 kms de distance. Plus récemment,
la découverte d'usines d'armes chimiques en Libye et en Irak a amené les
différents gouvernements à préparer une convention sur l'interdiction
de l'utilisation de l'arme chimique (réunion de Paris en janvier 1989) et
- pour certains - à prendre des mesures de contrôle renforcées sur
certains produits spécifiques (la CEE a pris le 20 février 1989 une
directive instituant un contrôle communautaire sur les exportations de
huit produits “précurseurs”). Et comme les menaces ne sont pas
limitatives, c'est désormais les risques biologiques qui font réfléchir
les experts : une dizaine d'Etats sont actuellement soupçonnés de détenir
des armes biologiques et les principaux Etats occidentaux s'inquiètent
aujourd'hui d'une éventuelle prolifération d'armes biologiques et bactériologiques
(la France possède déjà une loi de 1972 sur le sujet et a adhéré en
1984 à la Convention internationale sur les armes biologiques)26.
De son côté, en décembre 1990, la CEE a instauré un contrôle sur
l'exportation de certaines substances utilisables pour la transformation
des stupéfiants.
Mais par-delà ces tentatives
sectorielles, qui diffèrent les unes des autres tant par le secteur
concerné (même si des produits ou des technologies peuvent être à la
charnière de plusieurs domaines) que par les pays impliqués et le cadre
juridique choisi, le contrôle de la prolifération vers les pays tiers
repose encore essentiellement sur deux mécanismes traditionnels. Les réglementations
nationales d'autorisation des exportations de matériel de guerre
constituent un premier verrou : la France a ainsi placé sous la
couverture de son décret-loi de 1939 des produits non spécifiquement
militaires mais qu'elle juge utile d'assimiler aux armes de guerre pour en
faciliter le contrôle (par exemple, les lanceurs et les systèmes
spatiaux ou certains types d'hélicoptères).
Mais plus encore, ce qui permet jusqu’à
présent aux pays occidentaux d'appréhender et de freiner des
exportations de produits à double usage vers des pays tiers, ce sont les
réglementations de contrôle issues du COCOM (en France, la procédure dîte
de “contrôle de la destination finale”). Bien que destiné à contrer
la seule menace de l'URSS et des pays communistes, le système COCOM
impose en effet à ses membres de contrôler de manière préventive
toutes les exportations (vers quelque destination que ce soit) portant sur
des produits considérés comme sensibles. De ce fait, l'exportation d'un
produit à double usage vers un pays tiers fait donc toujours l'objet
d'une demande de licence d'exportation, ce qui donne la possibilité aux
autorités nationales d'exercer un contrôle discrétionnaire à l'abri de
la procédure COCOM.
Si cette situation présente un avantage
pratique, en ce sens qu'elle évite aux pays occidentaux de devoir
annoncer officiellement des embargos sélectifs touchant certains pays
tiers (avec lesquels chacun souhaite par ailleurs rester en bons termes
commerciaux et diplomatiques), elle n'est pas pour autant saine et
efficace. Elle n'est pas saine dans la mesure où les exportateurs ne sont
pas véritablement en mesure de connaître les contraintes qui pèsent sur
leurs exportations et ont l'impression d'être soumis, sans avoir été prévenus,
à l'arbitraire des autorités douanières. Elle n'est pas saine non plus
en ce sens que l'application des contrôles sur les pays tiers dépend
exclusivement de la responsabilité et de la bonne volonté de chaque pays
exportateur au gré de la conjoncture et de ses intérêts du moment, sans
même la présence d'un système de concertation et de régulation du type
COCOM. Elle n'est pas efficace, parce que l'évolution des menaces et des
technologies impliquerait une surveillance organisée et systématique là
où seules des initiatives nationales, parfois divergentes et peu coordonnées,
sont actuellement admises. Et elle sera d’autant moins efficace à
l’avenir que les membres du COCOM s’apprêtent à réduire considérablement
leur liste de contrôle pour tenir compte des progrès de l’Est.
Seule une harmonisation des contrôles
existants peut permettre d'appréhender la “prolifération
technologique” dans son ensemble
Il existe encore aujourd'hui un hiatus évident
entre l'attitude des pays occidentaux vis-à-vis des exportations de
produits sensibles vers les pays communistes (le COCOM) et les efforts de
contrôle sectoriels entrepris par les mêmes Etats sur des exportations
à destination de certains pays “proliférants” du Sud (les différents
contrôles sur les produits chimiques, le MTCR, le club de Londres et la
non-prolifération nucléaire).
D'un côté, la liste des produits soumis
au contrôle de la destination finale prend en compte le caractère global
et interdépendant de toutes les technologies modernes pouvant avoir un
usage militaire (qu'il s'agisse des armements eux-mêmes, du nucléaire
civil ou des technologies industrielles civiles à double usage). De
l'autre, on fait mine de considérer que chaque type de menace peut être
appréhendée isolément (le chimique, le balistique, le nucléaire, le
biologique) et on exclut de ce fait le contrôle d'une grande partie des
produits civils à double usage présents sur les listes COCOM mais qui ne
peuvent être clairement liés à aucune de ces menaces spécifiques
(c'est notamment le cas d'une grande partie des systèmes électroniques
et des machines-outils).
Il n'est pas intellectuellement et
pratiquement envisageable de continuer longtemps dans cette voie. Soit l'évolution
des contrôles du COCOM amène à faire disparaître de leurs listes la
totalité des produits et technologies à double usage ne se rapportant
pas directement à une menace militaire spécifique. Soit l'approche
traditionnelle du COCOM en ce qui concerne les produits civils à double
usage apparaît toujours pertinente aux experts occidentaux et, dans ce
cas, il convient alors d'en tirer les conséquences logiques en ce qui
concerne les contrôles vers les pays tiers : si un composant électronique,
un robot ou un équipement de communication civil restent considérés
comme pouvant renforcer le potentiel militaire soviétique, il n'y aucune
raison qu'il ne puisse pas renforcer également le potentiel de certains
pays tiers disposant de ressources technologiques croissantes et représentant
aujourd'hui une menace stratégique significative pour les occidentaux.
Dans les deux cas envisagés ci-dessus,
l'évolution va inévitablement vers une convergence et une unification
progressive des listes de produits et de technologies soumis à des
restrictions d'exportation. Cette unification des bases du contrôle
simplifierait la tâche tant des services officiels chargés de son
application que des exportateurs contraints de le respecter. Les uns comme
les autres sont aujourd'hui aux prises avec une situation d'une grande
complexité dans laquelle les degrés et les modalités de contrôle
changent sensiblement en fonction des couples produits/ destinations. Ce
qui est contraire tout à la fois à l'efficacité de ces contrôles et au
caractère global du phénomène de prolifération technologique.
Un cadre international officiel serait la
meilleure garantie juridique et politique d'un contrôle de la “prolifération
technologique”
A supposer qu'un tel rapprochement des mécanismes
et des critères de contrôle soit possible, demeure la question de son
cadre juridique. Il serait logique et souhaitable que les différentes
mesures de restriction à la circulation des technologies puissent être
fondées sur une base juridique internationale qui en établisse les
conditions de validité et qui en sanctionne les abus éventuels
d'utilisation. Les esprits évoluent dans ce sens. Un rapport de l'UEO
d'octobre 1989 a recommandé “de constituer, avec la Commission européenne,
un groupe de travail commun chargé d'établir une liste de produits et
des technologies dont la cession à des pays tiers serait de nature à
porter atteinte à la paix dans le monde, en vue d'interdire aux pays
membres de telles cessions et de s'efforcer de faire prévaloir les mêmes
règles auprès des autres pays exportateurs” 27.
Et évoquant récemment les retombées de la crise du Golfe et la
prolifération nucléaire, l'éditorial de l'Economist concluait :
“Surveiller le combustible nucléaire n'est pas le seul problème (...)
Le contrôle des exportations d'équipement à double usage est autrement
plus délicat. L'affaiblissement du système COCOM et la perspective du
marché unique de 1992, qui va rendre plus difficile le suivi de ces
exportations, signifient qu'un nouvel accord international est nécessaire
pour réglementer les exportations à double usage” 28.
Mais pour ce faire, il conviendrait de résoudre
d'abord le problème de la nouvelle place de l'Union Soviétique et de ses
anciens satellites du pacte de Varsovie vis-à-vis de cette question. Tant
que la situation Est/Ouest demeurait fortement tendue, il n'était ni
possible ni souhaitable d'associer l'URSS et ses alliés à un contrôle
unifié des technologies stratégiques. Cela aurait été notamment
impossible du fait même que le COCOM demeurait dirigé directement contre
ces pays. Mais aujourd'hui qu'une évolution de grande ampleur est engagée
à l'Est de l'Europe, il semble que la situation puisse évoluer. L'URSS
participe déjà officiellement aux mesures de non-prolifération nucléaire
et aux travaux préparatoires de la future convention sur les armes
chimiques. De même, Moscou affirme désormais son désir de respecter
unilatéralement les normes du contrôle MTCR. Et face à l'invasion du
Koweit par l'Irak, Moscou s'est largement solidarisé avec les occidentaux
et a voté les sanctions économiques contre l'Irak. Ce faisant, on peut
estimer que, même s'il ne porte pas uniquement sur des matériels
militaires, l'adoption de cet embargo par les membres du Conseil de sécurité
(y compris l'URSS et la Chine) le 6 août 1990 “constitue un premier
précédent important vers une légitimation politique et juridique d'un
contrôle international du commerce avec certains pays considérés comme
“dangereux” par la communauté mondiale” 29.
Si la poursuite des assouplissements
actuels du COCOM30 apparaissait à l'URSS
comme un gage suffisant de l'ouverture diplomatique occidentale à son égard,
et si les deux aspects (contrôle vers l'Est et contrôle vers les pays
tiers) pouvaient être suffisamment dissociés sur le plan politique pour
lui permettre de ne pas perdre ouvertement la face, il n'est plus exclu
d'envisager à terme un soutien soviétique à une initiative
internationale qui fonderait juridiquement le droit des Etats possesseurs
de technologie à en restreindre la diffusion en cas de menace pour la
paix. Un tel droit à l'“auto-défense technologique” (qui
s'apparenterait d'une certaine manière au droit de “légitime défense”
reconnue par la Charte des Nations-Unies en ce qui concerne le recours à
la force) existe déjà implicitement dans la coutume et la pratique
internationale. On en trouve notamment la trace dans l'article 223 du
traité de Rome qui réserve aux Etats une compétence discrétionnaire en
matière de sécurité nationale et de commerce des armements. C'est aussi
ce que les pays occidentaux souhaitaient voir reconnaître par le projet
de Code de conduite pour les transferts de technologie qu'avait élaboré
la CNUCED (mais qui n'a jamais vu le jour)31.
A supposer que dans un cadre
international adapté (Nations-Unies, GATT ou conférence diplomatique ad
hoc), les occidentaux obtiennent, sinon l'accord explicite, tout au moins
l'abstention bienveillante de l'URSS et de ses anciens alliés, il serait
alors possible de constituer officiellement sur une base internationale légitime
des listes communes de produits objectivement susceptibles d'utilisations
militaires dangereuses. Ce serait un premier pas vers une harmonisation
des contrôles, le second pouvant être la mise en place de procédures
administratives de contrôle définies et harmonisées au niveau régional
(par exemple, au sein de la CEE pour les pays européens). Tout cela n'empêcherait
pas les Etats de demeurer souverains, en dernier ressort, pour délivrer,
en fonction de leurs critères d'appréciation, les autorisations
d'exportation qu'ils jugeraient ne pas comporter de risques pour la sécurité
internationale. Tout au plus, pourrait-on imaginer en contrepartie des
procédures obligatoires de consultation et d'information préalable des
Etats partenaires (comme cela se pratique au sein du COCOM).
Il apparaît clairement que le temps est
désormais propice au lancement d'initiatives en faveur de la mise en
place d'un système de contrôle international et harmonisé de la
diffusion des produits et technologies militairement proliférantes.
Jusqu'à présent, la rigidité de la confrontation Est/Ouest avait empêché
les pays occidentaux de faire sortir de sa relative clandestinité le système
de contrôle multilatéral du COCOM. Aujourd'hui, les esprits sont alertés
dans le monde entier sur le danger que court l'humanité à laisser
circuler sans contrôle des technologies modernes susceptibles d'un usage
militaire direct ou indirect. Il ne faudrait pas que cette fois-ci la
crainte de provoquer des querelles Nord-Sud dissuade les autorités des
pays technologiquement avancés de rechercher des règles communes pour le
contrôle de la prolifération technologique.
________
Notes:
1
voir Bernard Chantebout
et Bertrand Warusfel (sous la coordination de), Le contrôle des
exportations de haute technologie vers les pays de l'Est, Masson,
1988.
2
Bertrand Warusfel,
“Quelques aspects critiques des transferts de technologie civile à
destination du tiers monde”, Etudes polémologiques n° 40,
4/1986.
3
cité dans “Le
Pakistan n'a pas l'intention de modifier sa politique nucléaire”, Enerpresse,
6 août 1987.
4
Voir dans ce sens,
l'annonce par le groupe Samsung de la signature d'un contrat de télécommunications
avec l'URSS en contradiction avec les règles du COCOM et l'accord américano-coréen
de mars 1989, Le Monde, 12 juin 1990.
5
Jacques Genton, Les
nouvelles technologies dans le domaine des armements conventionnels, Sénat,
rapport n° 267, séance du 26 avril 1989.
6
Cf. Défense et
Armement Héraclès, avril 1988.
7
Air et Cosmos, 25
août 1990.
8
Le Monde, 12
juillet 1990.
9
cf. Bertrand Warusfel,
art. cit.
10
“Embargo sur les
images Spot du Golfe”, Air et Cosmos, 25 août 1990.
11
Voir, par exemple,
“Corée du Sud : la diplomatie du billard”, Le Monde, 30 juin
11990, “Israël-URSS : un commerce qui s'envole”, le Figaro,
19/20 août 1989 et “Pride & Profits - As the old guard faces away,
Taiwan re-examines itself and its sensitive relationship with China”, Newsweek,
19 mars 1990.
12
Cf. “Israël denies
N-aid for S. Africa”, Financial Times, 28/29 octobre 1989 et J.E.
Nolan and A.D. Wheelon, “Third World Ballistic Missiles”, Scientific
American, août 1990.
13
Jane's Defence Weekly,
11 août 1984.
14
cf. Alain Friedman,
“Le vol du Condor”, Dynasteurs, janvier 1990 (traduction française
d'un article du Financial Times) et “Les pays latino-américains
se réarment à travers leurs propres industries militaires”, Défense
globale, octobre 1988.
15
cf. “Carlos Cardoen,
fournisseur privilégié de Saddam Hussein”, Le Monde, 11 août
1990.
16
cf. “Le Brésil pris
au piège de son “amitié” avec Bagdad”, La Tribune, 28 août
1990.
17
J.E. Nolan et A.D.
Wheelon, art. cit.
18
cf. notamment Claude
Monier, “Premiers pas vers un avion de chasse asiatique”, Défense
nationale, avril 1989 et “Le marché de l'aéronautique et de
l'espace en Corée du Sud”, Défense nationale, mars 1989.
19
Serge Brosselin, “Le
lifting des avions de combat”, Science & Vie, numéro spécial
n° 159, juin 1987.
20
cf. La Tribune,
28 août 1990.
21
cité par Geoffrey
Aronson, “Quand le Tiers-Monde devient partie prenante dans la
fabrication et le commerce des armements”, Le Monde
diplomatique, mars 1985.
22
Charles Villeneuve,
“Un transfuge soviétique passé à l'Ouest révèle la stratégie du
Kremlin”, Match, 7 juin 1990.
23
Marcel Chalet, Thierry
Wolton, Les visiteurs de l'ombre, Grasset, 1990.
24
Technologie et compétition
mondiale, un défi pour les nouvelles économies industrialisées,
OCDE, 1990.
25
“Commerce des missiles
: accord à sept”, Le Figaro, 17 avril 1987.
26
cf. “West Takes Steps
to Curb Biological Weapon Proliferation”, Defense News, 25 juin
1990. Voir également : Patrice Binder, “Agents d'origine biologique :
l'évolution du risque”, Défense nationale, juillet 1990.
27
“L'UEO dans le marché
unique européen - réponse au rapport semestriel du Conseil”, Assemblée
de l'UEO, 35e session, document 1201, 26 octobre 1989.
28
The Economist, 4
août 1990.
29
Infos Haute
Technologie (bulletin d'actualité sur la réglementation et le contrôle
des technologies sensibles), n° 4/5, août 1990.
30
cf. Bertrand Warusfel,
“Réunion du COCOM : un tournant pour le contrôle des exportations”, Droit
de l'informatique et des télécoms, 1990/2.
31
cf. René-François
Bizec et Yves Daudet, Un Code de conduite pour les transferts de
technologie, Economica, 1980