La mesure de la force. Traité de stratégie de l’Ecole de guerre

Martin Motte, Georges-Henri Soutou, Jérôme de Lespinois, Olivier Zajec

Commander l’ouvrage

Table des matières 

Introduction

Chapitre 1. Les données élémentaires de la stratégie
Par Martin Motte

Qu’est-ce que la stratégie ?
La stratégie comme art
La stratégie comme dialectique des volontés
Affinement de la définition
Du côté des praticiens

Peut-on apprendre la stratégie ?
Trois erreurs majeures
Les piliers de l’enseignement stratégique

Du bon usage de l’histoire en stratégie
La recherche des principes
Différences des guerres, unité de la guerre
Un cas d’école : la guerre des tranchées

Conclusion

Chapitre 2. La stratégie, les relations internationales et le système international
Par Georges-Henri Soutou

Les paramètres essentiels
Relations internationales et système international
Les grandes écoles en relations internationales
La place de la stratégie

De l’ordre westphalien à la guerre froide
L’Europe westphalienne (1648‑1789)
L’Europe des États nationaux et du Concert européen (1792‑1914)
Les conflits hors d’Europe
L’ère des guerres totales (1914‑1945)
Le monde bipolaire de la guerre froide (1947‑1990)
Les stratégies nucléaires
Les stratégies d’endiguement ou containment
Les stratégies de contournement

La deuxième mondialisation et le désordre international actuel
Une situation difficile à décrypter
Conséquences stratégiques

Conclusion

Chapitre 3. Qu’est-ce qu’un stratège ?
Par Olivier Zajec

Les qualités du stratège
Le stratège, maître du rythme guerrier
Tacticiens et stratèges
La méditation stratégique
Le stratège et la notion de « victoire »
La fin des « victoires militaires » ?
La victoire au prisme clausewitzien

Le stratège et le dialogue politico-militaire
L’élargissement du concept de « stratégie »
Le devoir de contradiction argumentée

Conclusion

Chapitre 4. La stratégie : science, méthode et art
Par Olivier Zajec

Méthodes, théories et doctrines
Le développement historique
de la science stratégique
Les méthodes stratégiques
Théories stratégiques et doctrines militaires

Couplages et options stratégiques
Couplages stratégiques
Les options stratégiques

Modalités et processus stratégiques
Le processus stratégique

Conclusion

Chapitre 5. Principes de la stratégie, principes de la guerre
Par Olivier Zajec

La recherche des principes stratégiques
De Machiavel à Foch
Les deux tendances

Diversité et contradiction apparentes des principes stratégiques
Les principes de la guerre : parcimonie ou exhaustivité ?
Diversité des cultures, diversité des principes
« Stratégie » et « guerre » : dépasser le paradoxe des principes

Quelques principes
La concentration
La liberté d’action
L’objectif
La masse
L’économie des forces
La sûreté

Conclusion

Chapitre 6. Stratégie navale et stratégie maritime
Par Martin Motte

Les caractéristiques de la guerre sur mer
Les fonctions de la mer
La maîtrise de la mer
Les opérations en mer
Les opérations littorales

Les systèmes classiques de guerre sur mer
Les trois formes de guerre sur mer
Système anglais et système français
Comparaison des deux systèmes
L’ère industrielle

La mer au XXIe siècle : enjeux et stratégies
Le contrôle des flux
La course aux ressources maritimes
La nouvelle donne opérationnelle
La querelle du porte-avions

Conclusion

Chapitre 7. La stratégie aérienne
Par Jérôme de Lespinois

Le concept de « stratégie aérienne »
Définition de la stratégie aérienne
Les caractéristiques de la stratégie aérienne

Les trois volets de la stratégie aérienne
La maîtrise de l’air
Le bombardement stratégique
L’appui aérien aux forces de surface

L’évolution de la stratégie aérienne
La conceptualisation de la stratégie aérienne
L’engourdissement de la pensée aérienne après 1945
La renaissance de la pensée aérienne

Conclusion

Chapitre 8. Les cultures stratégiques
Par Martin Motte

Qu’est-ce que l’approche culturaliste ?
Cadre de vie, structures sociopolitiques et stratégie
Métastratégie
Les limites de l’approche culturaliste

Quelques cultures stratégiques occidentales
L’Allemagne, puissance continentale
Le Royaume-Uni, puissance maritime
La France, puissance mixte
Les États-Unis, puissance intégrale
La Russie ou la stratégie de la profondeur
Les coalitions

Quelques cultures stratégiques non occidentales
La Chine
Le monde musulman
Le jihadisme contemporain

Conclusion

Chapitre 9. L’évolution de la stratégie classique
Par Olivier Zajec

La stratégie classique après 1945
Survol d’un déclin
Les lendemains de la Seconde Guerre mondiale
Du blocage nucléaire aux « guerres limitées »
La réhabilitation de la stratégie conventionnelle

La stratégie classique à la fin de la guerre froide
La « Révolution dans les affaires militaires »
Les « coups de balancier » entre paradigmes

L’avenir de la stratégie dite « classique »
La guerre comme caméléon
Effets des phénomènes de rattrapage symétrique

Conclusion

Chapitre 10. Des stratégies « alternatives » ?
Par Olivier Zajec

Le retour de l’irrégularité
La notion d’« irrégularité »
La fin de la « clausewitzologie » ?

Irrégularité et « approche globale »
Déficience de l’approche politique
La tacticisation de la stratégie

Les stratégies alternatives : une remise en perspective
Les enjeux de la notion d’« asymétrie »
Le sens politique de l’action, une exigence non substituable
Un bilan de la contre-insurrection

Conclusion

Chapitre 11. La géostratégie
Par Martin Motte

Qu’est-ce que la géostratégie ?
Géographie militaire et géostratégie
La stratégie des grands espaces
Les deux campagnes de Russie

Les problématiques élémentaires de la géostratégie
La maîtrise de l’espace
La coordination des théâtres
La coordination des milieux
Les implications politiques

La mer contre la terre
Les théories de la puissance maritime
Les théories de la puissance continentale
Synthèse
De 1945 à nos jours

Conclusion

Chapitre 12. Les stratégies nucléaires
Par Jérôme de Lespinois

L’avènement de la dissuasion
De la coercition à la dissuasion
La définition de la dissuasion
Le seuil d’agressivité critique

L’évolution des doctrines de dissuasion
La doctrine américaine
La doctrine britannique
L’évolution de la doctrine française

Les problématiques nucléaires actuelles
Le désarmement nucléaire
La non-prolifération
La dissuasion élargie

Conclusion

Chapitre 13. La stratégie spatiale
Par Jérôme de Lespinois

La stratégie spatiale comme stratégie de milieu
Les caractéristiques physiques du milieu spatial
La structure stratégique du milieu spatial
Les relations entre les milieux

Les formes de la guerre spatiale
La guerre pour la supériorité spatiale
La guerre des communications spatiales
La guerre de l’espace contre la Terre

Principes théoriques et modes stratégiques de la guerre spatiale
La supériorité spatiale
Les principes de la guerre spatiale
Les différents modes stratégiques appliqués à l’espace

Conclusion

Chapitre 14. La cyberstratégie
Par Jérôme de Lespinois

Définition de la cyberstratégie
Qu’est-ce que le cyberespace ?
Organisation stratégique du cyberespace
Rapports du cyberespace aux autres milieux

Principes applicables aux opérations numériques
La maîtrise du cyberespace
Guerre d’escadre, de côte et de course
Les principes applicables aux opérations numériques

Les différents modes stratégiques appliqués au cyberespace
Cyberdissuasion
L’action stratégique
La coercition

Conclusion

Conclusion
Notes
Bibliographie indicative
Tables des figures
Remerciements
Index des noms de personnes

Publié dans Uncategorized | Commentaires fermés sur La mesure de la force. Traité de stratégie de l’Ecole de guerre

Préface de l’auteur. Au nom de Dieu, Clément, Miséricordieux, etc.

Louanges, grâces, et bénédictions infinies à ce maître souverain des Empires et Royaumes du monde et des cieux, maître de la gloire et de la toute-puissance, Dieu très saint, qui est le principe et la source de tout ordre, et de toute symétrie de l’univers, dont la volonté suprême règle les affaires des fils d’Adam, et dont les décrets éternels dirigent toutes les actions du genre humain.[1]

Salut et paix à ce Prophète du dernier temps l’asile de la félicité du peuple des vrais croyants, qui par la manifestation des canons sacrés de la loi a procuré un ferme appui à la constitution de l’état, et qui moyennant la tradition des articles de la foi révélée, a apporté un remède salutaire à la religion de la nation.

Honneur et vénération soit aussi à la famille de ses descendants, l’exemple de la vertu, et de l’équité, dont l’institut plein de zèle et de ferveur pour la justice sera à jamais le modèle du gouvernement de l’Empire, et dont les dogmes dirigeant au bonheur, seront la règle constante de l’admiration des affaires publiques.

Et moi pauvre et vil sujet, privé d’éloquence, et de génie, et n’ayant pour tout bien que le besoin de la miséricorde du Seigneur ; d’ailleurs dépourvu de tout fond d’érudition et de connaissances pour me faire valoir dans le public, et trop destitué de talents et de lumières pour oser présenter quelque ouvrage à la considération des gens de mérite et de savoir[2] ; me glorifiant seulement comme du comble de mes vœux, et de l’objet principal de mes désirs, de la puissante grandeur du Roi des Rois, l’ornement des climats du monde, et du bruit de la renommée des grâces et bienfaits de sa Majesté Impériale ; me réfugiant ainsi sous l’ombre des ailes de sa puissante protection, et jouissant d’une pleine sûreté dans cet abri auguste, et ce rempart assûré contre les vexations et les injustices des méchants et perfides, et contre la tyrannie des oppresseurs et usurpateurs ; dans cet état de tranquillité ma seule occupation était un attachement inviolable aux devoirs de la reconnais­sance pour ses bienfaits royaux, et mes jours et nuits se passaient à faire des vœux ardents et des prières assidues pour la conservation de sa vie, et de son Empire, et pour l’accroissement de sa gloire et de sa grandeur. C’est donc ainsi que retiré dans un coin de ma retraite, et dans l’obscu­rité de ma solitude, m’abandonnant à ces réflexions et méditations, je goûtai en paix la tranquillité d’âme, et la douceur d’une vie privée, jusqu’à l’an de l’Hégire 1143,[3] et celui du lever du soleil de l’auguste maison ottomane. Lorsque tout à coup je sentis mon esprit agité, et comme assailli d’une foule impétueuse de pensées, et mon cœur en proie à la plus vive douleur, à la vue de tant de désastres,[4] et d’adver­sités survenus consécutivement dans le cours de la dite année, époque déplorable des calamités publiques, et de tant de malheurs qui acca­blèrent tout de suite l’Empire Ottoman.

Dans ces troubles mon attention se tournant sur la considération des causes de cette révolution subite, et m’appliquant à la recherche de la vraie origine de tous ces maux, dans l’effort que je faisais pour appro­fondir ce mystère, mon faible esprit enveloppé des ténèbres de l’étonne­ment, se perdit entièrement dans l’abyme de ces spéculations.

Toutefois dans la première affliction de mon cœur, je n’ai pas manqué d’attribuer ces funestes effets à la défectueuse exécution des lois et des constitutions de l’état ; à l’extrême indolences des ministres, et des grands officiers de la Cour, dans le maniement des affaires de l’Empire, à la négligence et au peu d’attachement des mêmes à leurs devoirs dans les fonctions les plus importantes du Gouvernement, enfin à une coupable nonchalance et inaction dans des choses et des circons­tances qui demandaient la plus grande vigilance.

Tantôt il m’a paru que de pareils accidents étaient purement l’effet des décrets impénétrables de la providence, provenant de l’essen­ce même de la nature variable de ce monde, et conformes en tout à l’inconstance des affaires humaines. Qu’ainsi les changements et les catastrophes étant dans l’ordre des choses créées, et les révolutions et vicissitudes étant indissolublement attachées à la condition humaine, il était convenable de croire que ces marques d’infirmité dans la consti­tution du corps de l’Empire, et ces symptômes de l’affaiblissement de ses forces et de sa vigueur n’étoit qu’un simple pronostic de son déclin et de sa décadence. Ces tristes et chagrinantes pensées me firent donc plaindre le sort commun de l’instabilité des choses humaines, et le penchant général à la dépravation située dans le cœur des mortels.

Tantôt jetant mes yeux sur les histoires, et les anciennes relations, et réfléchissant sur les revers et disgrâces de rois et souverains des temps passés, j’ai crû remarquer, que tous les changements, révolutions, vicissitudes, arrivés par les arrêts du Tout-puissant dans les cours et dans les états des Princes musulmans, ont produit pour la plupart d’heu­reuses conséquences, comme causes principales du rétablissement des lois de la religion et de l’Empire, de l’affermissement de la puissance de la monarchie, de la restauration des droits et canons de la justice, de la pacification des affaires des sujets, de la perfection des ordonnances et statuts du royaume, et de la réforme de la pureté de la foi, et des articles de la sainte religion. Ces flatteuses et satisfaisantes pensées, faisant triompher mon esprit je sentis aussitôt renaître la paix et la tranquillité dans mon cœur désolé.

Mais enfin le plus puissant sujet de ma consolation, et le plus ferme appui de mes espérances, et de la pacification publique c’est le glorieux avènement au trône du plus grand potentat de la terre, l’asile des peuples de la vraie foi, le très puissant et très gracieux empereur des Ottomans, le sultan, le fils du sultan, Mahmud Chan, fils du sultan Mustapha Chan, fils du sultan Muhammed Chan, notre généreux bien­faiteur, et notre clément, et gracieux souverain ; Dieu veuille éterniser son règne, augmenter sa gloire, multiplier ses victoires, et confondre ses ennemis. Attendu que sa Majesté élevée à la dignité impériale, par la grâce et miséricorde infinie de Dieu, seul distributeur de tout bien, a signalé le commencement de son règne à jamais heureux et permanent, et pour ainsi dire le premier moment de son inauguration par la destruc­tion, et la subversion totale de la machine des factions et de la rébellion, et par l’extinction entière du feu de la sédition et des combustions ; ce qui nous fait espérer avec raison, que la même magnanimité accompa­gnant toutes ses actions, et que la même sagesse conduisant ses opéra­tions, qu’enfin la bénédiction du ciel secondant toutes ses salutaires intentions, l’empire et la religion recouvreront bientôt leur premier lustre, et que la puissance impériale éclatera avec plus de force, et de vigueur. Dans ce point de vue mon esprit dissipé se rallia, et moyennant une foule d’exemples des révolutions des anciens états et nations rapportés dans l’histoire du monde, et des témoignages tirés d’un nom­bre de relations, je conçus le dessein de remarquer, autant qu’il me serait possible, les causes principales des troubles, et des désordres apparents ou cachés, arrivés successivement dans les états des princes et monarques précédents, de développer les germes des changements et des vicissitudes continuelles dans les affaires des peuples, et d’indiquer en conséquence les moyens les plus efficaces pour se garantir d’aussi pernicieux accidents, et les expédients les plus convenables pour préve­nir ces suites funestes, et pour couper la racine du mal ; aussi bien que pour le rétablissement de l’ordre, et de l’harmonie dans le système du gouvernement, et pour l’affermissement de la constitution de l’empire sur des fondements inébranlables.

Ce qui m’a le plus déterminé à cette entreprise, quoique infini­ment au-dessus de ma capacité, et trop téméraire pour un esprit aussi borné que le mien, c’est ce vil et méprisable peuple des Chrétiens, lequel comparé au peuple des Islams, n’était d’abord que très inférieur en nombre, et par rapport aux qualités du corps, et du cœur, une faible et misérable race, mais qui cependant depuis un certain nombre d’années, s’étant répandu dans toutes les parties du monde est non seulement venu à bout d’asservir plusieurs provinces, mais aussi malgré sa naturelle imbécillité a été aperçu plus d’une fois victorieux et triomphant de l’invincible armée ottomane.

Des événements aussi étonnants, et si peu attendus, ont d’abord attiré toute mon attention, et m’ont de plus en plus confirmé dans l’exé­cution de mon plan, et dans la recherche des vraies causes et instru­ments de ces surprenants effets. Pour approfondir donc, et pour mieux pénétrer ce mystère étrange, je me suis armé de tout mon zèle, et de tout mon courage pour sortir de l’état de trouble et de confusion, où mon premier étonnement m’avait jeté, et enfin la vivacité de ma passion m’ayant fait entrevoir l’espérance de quelque succès, j’ai donné un cours libre à mes réflexions.

La langue latine que je me suis rendu familière, m’a été d’un grand secours pour cet effet ; car c’est par ce moyen que j’ai puisé bien des connaissances dans les livres contenant l’histoire de tous ces peu­ples, et que j’ai consulté différents écrits sur l’art de la guerre, et un nombre de mémoires concernant leur tactique, leurs constitutions mili­taires, la forme de leur ordre de bataille et semblables autres affaires, très importantes à savoir.

Non content de la seule lecture, j’ai cherché des éclaircissements dans l’entretien, et les fréquentes conférences avec des gens d’esprit et de pénétration, versés dans cette sorte de connaissances, et consommés dans l’expérience des affaires militaires ; en quoi le même secours de la langue latine me facilitant les moyens, j’eus l’occasion de consulter là-dessus les experts de toute sorte de nations, et de questionner les offi­ciers de différentes armées. J’eus surtout soin d’amener ces conver­sations avec beaucoup de douceur, et de dissimulation, pour m’insinuer de plus en plus par cet artifice dans leur confiance. Les ayant donc ainsi comme amorcé, j’ose dire que rien ne m’a été caché, & que j’eus toute la facilité du monde pour pénétrer jusqu’au fond de leur secret. Au moyen quoi, persuadé que les perles et les pierres précieuses devaient être ramassées, dans quelque endroit qu’on les trouve, j’ai rassemblé soigneusement tous les principes, et les maximes développées succes­sivement dans nos conférences réitérées.

Enfin, poussé par l’ardeur de mon zèle, je résolus de communi­quer au public les fruits de mes réflexions, et le résultat de toutes ces consultations. Pour cet effet j’entrepris de donner une certaine forme à cet amas de matières, tirées de la substance des avis et sentiments des personnes éclairées, des méthodes par eux suggérées, et des préceptes et règles généralement approuvés. Tout cela après avoir été dûment assorti, et ce qui m’a paru superflu retranché, a été distribué dans un nombre d’articles relatifs au bon ordre du gouvernement, à un arrange­ment propre des affaires de l’administration, et à l’affermissement de la constitution fondamentale de l’état ; conformes en tout aux témoi­gnages, et aux aveux unanimes des gens sensés et judicieux, et appuyés sur l’expérience et la certitude des personnes dignes de foi. Ces articles ainsi rassemblés formant la grosseur d’un juste volume, ont été enfin rédigés en un seul livre subdivisé en chapitres, et sections, lequel étant le premier du grand nombre d’ouvrages, et écrits utiles, qu’on s’attend à voir éclore dans ce règne heureux, a été sous de bons auspices intitulé : Méthode de l’art pour l’ordonnance des troupes.[5]

Celui-ci étant enfin terminé il ne me reste plus qu’à supplier, qu’entraîné par ma présomption à me prosterner avec mon ouvrage au pied du trône de la sublime grandeur, et puissance Impériale, sa Majesté daigne jeter un regard favorable sur ce livre ; il arrivera ainsi qu’à l’exemple du Prince, les ministres du Divan, et les grands Officiers de la Cour du Sultan tourneront aussi leur vue du côté des avantages de mon plan, et trouvant le chemin déjà frayé, la grâce divine y coopérant enfin, les utilités de mon système se feront bientôt sentir dans le monde, et que le succès et la bénédiction couronnera mon entreprise.

AVERTISSEMENT

Le présent ouvrage est divisé en trois chapitres, dont le premier traite de la nécessité de l’ordre et de la discipline, et des grands avanta­ges qui leur sont attachés. Le second chapitre contient en abrégé les utilités principales, provenant de l’étude de la géographie. Ensuite la considération, et la connaissance des affaires, et opérations des infidèles réprouvés, ennemis de la Foi et de l’Empire, étant de l’aveu de tout ce qu’il y a d’hommes judicieux, et circonspects un objet digne de la plus grande attention, et de la dernière importance, comme absolument nécessaire pour la résistance et l’opposition, peut-être même condition principale de la victoire, le troisième chapitre comprend les différentes espèces de troupes dans les armées des chrétiens, les règles et la disci­pline observée parmi eux en campagne et en quartier, leurs ordonnances et statuts militaires, prescrits et exécutés dans leurs combats, et dans leur ordre de bataille. Ces trois chapitres suivant l’exigence des matières ont été encore subdivisés en plusieurs sections, en forme de prélimi­naires.

[1]       Il ne sera pas inutile de remarquer qu’il est de l’essence de toute préface des livres mahométans qu’elle contienne trois parties, savoir : le Bismilé, le Hamdelé, et le Salvelé. Le Bismilé, est la formule usitée de : au nom de Dieu, miséricordieux etc. Le Hamdelé est l’action de grâce à Dieu, qui commence d’ordinaire, par ces mots : hamd-ü-sena, c’est-à-dire, louanges et grâces à Dieu, etc. Le Salvelé enfin est le salut donné au Prophète. On y ajoute communément quelque bénédiction pour les successeurs et la postérité de Mahomet, ensuite de quoi vient l’éloge du prince régnant. Il faut savoir aussi que ces sortes de préfaces sont ce qu’il y a de plus pompeux et de plus travaillé dans tout l’ouvrage, et que ces éloges ont presque toujours quelque rapport au sujet du livre ; de même qu’ici la tactique étant le sujet de l’auteur, il loue Dieu comme principe de l’ordre et de l’harmonie du monde. La coutume de ces pieuses préfaces a tellement prévalu, que même dans les livres remplis d’impiétés, ou d’obscénités, on ne manque pas de louer Dieu, et de saluer le Prophète. Cette note, quoiqu’étrangère à la matière, servira à faire connaître la raison du commencement uniforme de toutes ces préfaces. N.T. (Note qui existe seulement dans l’édition parisienne. F.T.)

[2]       Le turc dit : des gens magnanimes et intelligents. N.T.

[3]       1730 selon le calendrier européen. F.T.

[4]       L’auteur entend ici la rébellion de l’année 1730, et la déposition du Sultan Achmet. N.T. (Autrement dit, la révolte de Patrona Halîl à Constantinople. F.T.)

[5]       Je n’ignore pas que les mots : nizam-iliimem peuvent se prendre dans un sens plus étendu, comme pour : la direction des peuples. Mais la signification que je leur donne, convient mieux au sujet de ce livre, et il semble que l’auteur même les a pris dans ce sens. N.T.

Publié dans Uncategorized | Commentaires fermés sur Préface de l’auteur. Au nom de Dieu, Clément, Miséricordieux, etc.

Préface

Par Martin Motte

Publié à Constantinople en 1732 puis traduit en français en 1769, le Traité de la tactique d’Ibrahim Müteferrika est à la fois un ouvrage emblématique de l’« ère des tulipes »[1], une butte-témoin du reflux ottoman et un document de premier intérêt sur les rapports entre l’Islam et la civilisation européenne au xviiie siècle. Nulle surprise donc à ce qu’Hervé Coutau-Bégarie ait tant souhaité sa réédition. C’est chose faite et bien faite grâce à Ferenc Tóth, dont les savants commentaires éclairent une période et des personnages fascinants – Ibrahim Müteferrika bien sûr, mais aussi son traducteur Charles Émeric de Reviczky et quelques autres encore, au carrefour d’intrigues ottomanes, magyares, autri­chiennes, françaises, russes et polonaises.

Pour tirer la substantifique moëlle du Traité, il faut, nous semble-t-il, le confronter aux Mémoires de Montecuccoli, dont Ferenc Tóth a récemment donné une excellente édition.[2] On voit alors se dessiner deux cultures stratégiques différentes.[3] Sur ce chapitre, Ibrahim Müteferrika n’hésite pas à égratigner ses coreligionnaires, car selon lui, leurs revers tiennent largement à leur sclérose intellectuelle. Plus surpre­nant, il incrimine aussi leurs  œillères esthétiques. Toutefois, les solu­tions qu’il propose ne sont pas à la hauteur de son diagnostic…

Deux acteurs des guerres austro-turques

Les Mémoires de Montecuccoli et le Traité d’Ibrahim Müteferrika ont pour toile de fond les guerres austro-turques, mais leurs perspectives, à première vue du moins, sont différentes : alors que le général italien traite presque exclusivement de questions militaires, le diplomate d’origine transylvaine se place dans le cadre beaucoup plus vaste de la science politique et de ce qu’on n’appelait pas encore la géopolitique.[4] Le véritable titre de son livre, modifié par le traducteur du xviiie siècle pour des raisons éditoriales qu’explique Ferenc Tóth, était d’ailleurs Pensées sages sur le système des peuples.

Le contexte, d’autre part, a changé dans les six ou sept décennies qui séparent la rédaction des deux œuvres, car si l’empire ottoman en imposait encore lorsque Montecuccoli prit la plume, son étoile avait nettement pâli à l’époque d’Ibrahim Müteferrika. D’où la perspective inversée des auteurs : le chrétien préconise l’adaptation des armées européennes au défi ottoman, le musulman celle des forces ottomanes au défi européen.

À cet égard toutefois, l’un et l’autre illustrent ce que le général Poirier appelait le complexe de Polybe, c’est-à-dire la propension du vaincu à se mettre à l’école du vainqueur.[5] Cette tendance découle du caractère dialectique de la guerre, où « chacun des adversaires fait la loi de l’autre », comme l’écrivait Clausewitz[6], et plus profondément peut-être de la rivalité mimétique en laquelle René Girard voyait la matrice de toute violence.[7]

L’Italien et le renégat transylvain sont donc plus proches qu’il n’y paraît, non seulement parce qu’ils affrontent le même problème, mais encore parce qu’ils y apportent une réponse similaire : ils ont parfai­tement compris que le succès ou l’échec sur le champ de bataille sanctionnent les caractéristiques politiques, sociales, économiques, culturelles et spirituelles des entités en lutte. Dès lors, une puissance qui veut conjurer la défaite ne peut se dispenser de réformes profondes. Montecuccoli ne détaille pas ces réformes, contrairement à Ibrahim Müteferrika, mais son plaidoyer en faveur des armées permanentes suppose de toute évidence le passage de la bigarrure féodale à l’ordre absolutiste.

Le choc des cultures stratégiques

Tout en admirant l’armée permanente de l’empire ottoman, Montecuccoli se montre réservé sur ses soldats. Il leur reconnaît certes une impétuosité qu’il corrèle explicitement à la doctrine du jihad et que démultiplie leur masse ; mais ces atouts ne les rendent pas invincibles, pense-t-il, car si « les peuples barbares mettent leur principal avantage dans le grand nombre et dans la fureur », des « milices bien disci­plinées » peuvent les battre par leur « valeur » et leur « bon ordre ».[8]

Masse orientale contre discipline occidentale : on reconnaît un stéréotype remontant aux guerres médiques et que Montecuccoli, fin lettré, a dû capter à la source, c’est-à-dire chez Hérodote. Mais en l’occurrence, son analyse est corroborée par Ibrahim Müteferrika, qui attribue la supériorité militaire des chrétiens à « une disposition régu­lière et bien entendue de leurs troupes, un arrangement admirable de leur ordre de bataille et un resserrement ferme et impénétrable de leurs rangs ».[9] Ce dispositif rigoureux a rendu inopérante la tactique otto­mane du hugium, ou choc à l’arme blanche, dans le même temps qu’il maximisait les performances des fusils occidentaux. Ibrahim Müteferrika suggère en somme que les Ottomans n’ont pas su s’adapter à la révolution des armes à feu portatives.

Tout aussi éclairante est la façon dont nos deux penseurs articu­lent leur réflexion militaire et leurs convictions religieuses. « Après avoir employé tout son courage, suivi en tout les règles de l’art, et s’être convaincu soi-même qu’on n’a rien oublié de ce qui pouvait contribuer à l’heureux succès d’une entreprise, il en faut recommander l’issue à la Providence : car ce serait la tenter que de s’y fier en sorte qu’on négligeât les règles de la prudence humaine, qui n’est autre qu’un rayon de cette Providence », écrit Montecuccoli.[10] « Quoiqu’en toute occasion […] les succès et les victoires dépendent absolument de la volonté de l’Être suprême », professe pour sa part Ibrahim Müteferrika, « la Divine Providence opère en conséquence des moyens et mesures employés par les hommes dans leurs affaires ; il est consé­quemment dans l’ordre même des choses qu’une armée dirigeant ses opérations suivant les principes de l’art […] ait les succès et les victoires de son côté ».[11]

L’un et l’autre auteur s’accordent donc à condamner ce que l’on pourrait nommer le « quiétisme militaire », ou tentation d’abandonner le sort des armes à la seule volonté divine. Mais cette parenté intellectuelle laisse subsister entre eux une différence culturelle : le chrétien mention­ne en premier ce qui dépend des hommes, puis rappelle la raison à ses devoirs envers Dieu ; le musulman part au contraire de l’omnipotence divine, puis recommande à ses coreligionnaires de ne pas céder à leurs penchants fatalistes. S’il s’agit dans les deux cas de concilier la foi et la raison, l’humanisme chrétien de Montecuccoli semble nettement plus adapté à cette entreprise que le système théocratique auquel se réfère Ibrahim Müteferrika.

Le déclin de l’empire ottoman

L’influence du facteur religieux sur les questions stratégiques est confirmée par l’analyse qu’Ibrahim Müteferrika donne des défaites ottomanes. Il les impute à « l’extrême indolence des musulmans », que leur aversion pour le christianisme a porté à mépriser les sciences et les techniques européennes.[12] Le résultat d’une telle attitude était prévisi­ble : l’empire ottoman importe d’Europe ses horloges et ses montres ; son système bancaire est contrôlé par des Juifs venus d’Anvers ou de Venise ; sa monnaie inspire si peu confiance qu’il recourt à des pièces d’or européennes pour les transactions de quelque importance.[13] Autant de handicaps dont on saisit immédiatement les conséquences mili­taires…

Plus déterminant encore est le retard de l’empire dans le domaine de l’imprimerie. En ce début du xviiie siècle, le seul imprimeur ottoman stricto sensu n’est autre qu’Ibrahim Müteferrika, et encore est-il en butte à l’hostilité des autorités islamiques. Or, l’imprimerie a puissam­ment contribué à l’avance militaire prise par les nations chrétiennes : en effet, elle a facilité la redécouverte des stratégistes antiques, nourri les débats entre tacticiens et permis la diffusion de manuels d’instruction présentant de façon très pédagogique le nouvel art de la guerre.[14] Elle a aussi joué un rôle capital dans les progrès de la géographie, discipline dont le renégat transylvain rappelle qu’elle est indispensable aux chefs d’État comme aux chefs d’armées. Corrélativement, la circulation des livres et des cartes a facilité les grandes explorations maritimes, qui ont permis aux Occidentaux de découvrir le Nouveau Monde et de jeter leurs filets autour de l’Ancien.

Ibrahim Müteferrika n’est pas le premier lettré ottoman à s’in­quiéter de ces percées occidentales. Dès 1655, Kâtip Çelebi avait écrit un Guide de l’histoire des Grecs, des Romains et des chrétiens pour les gens perplexes dans lequel il notait les progrès des puissances chré­tiennes et exhortait les musulmans à étudier l’histoire et la géographie, seule façon selon lui de relever le défi.[15] Mais il avait prêché dans le désert. Ibrahim Müteferrika ne semble pas avoir eu plus de succès : en 1800 encore, le grand vizir ignorait que la mer Rouge débouche dans l’océan Indien… [16]

Beaux-arts et stratégie

Pareil oubli de la géographie est stupéfiant pour qui se remémore les fastes de cette science dans l’Islam médiéval. Pourquoi les géogra­phes chrétiens des temps modernes ont-ils pris l’ascendant sur leurs homologues musulmans ? La question appelle toute une série de répon­ses d’ordre à la fois technologique, économique, sociologique, politique et culturel.[17] Celle d’Ibrahim Müteferrika est fort originale : « On ne peut pas contester aux nations chrétiennes le mérite d’avoir beaucoup contribué à la perfection de la géographie par leur adresse et habileté en fait de dessin et de peinture », écrit-il.[18] Reviczky, le traducteur du Traité, rappelle à ce propos que « les mahométans […] ne sauraient cultiver la peinture et la sculpture, à cause que [leur] loi leur défend […] toute sorte de représentation ».[19]

Il est vrai que l’interdit en question porte sur les représentations du vivant, non sur la cartographie ; mais il existe un rapport de celles-ci à celle-là. Dès lors en effet que les artistes occidentaux recherchaient la représentation la plus fidèle possible de l’homme, ils devaient l’insérer dans un paysage crédible, ce qui leur fit adopter les ressources de la perspective. Cette discipline n’était certes pas inconnue du monde musulman, puisque Ibn al-Haitham, dit Alhazen, l’avait considérable­ment développés aux xe-xie siècles. Mais la culture aniconique de l’islam fit que la perspective y resta une théorie de la vision, pas une pratique picturale.[20]

On comprend sans peine l’avance qu’une telle pratique donna aux cartographes et par conséquent aux stratèges occidentaux ; Carl Schmitt a proposé le concept de « révolution spatiale » pour rendre compte de cette interdépendance entre l’esthétique, les sciences, la stratégie et la géopolitique.[21] Rappelons d’autre part que nombre d’artistes de la Renaissance furent aussi des ingénieurs militaires : il y a évidemment plus qu’un hasard dans le fait que Brunelleschi ait été à la fois l’un des pères de la perspective picturale et le premier architecte connu à avoir réalisé le plan en relief d’une citadelle.[22] Enfin, le dessin perspectif devint un outil de renseignement et de planification enseigné dans les académies militaires ; même l’apparition de la photographie ne lui fit pas immédiatement perdre ce statut, comme en témoignent les talen­tueux croquis tactiques réalisés par Rommel au cours des deux guerres mondiales.

En tant qu’école de perception et de maîtrise de l’espace, les arts figuratifs ont donc eu partie liée avec l’art de la guerre. Ils ont constitué un atout de l’Occident face à l’Islam, point que n’a pas relevé Victor Davis Hanson dans ses célèbres analyses du modèle militaire occi­dental.[23] Ce n’est pas le moindre mérite d’Ibrahim Müteferrika que de l’avoir mis à jour.

De la lucidité à l’aveuglement

Très perspicace lorsqu’il analyse les facteurs du déclin ottoman, Ibrahim Müteferrika l’est beaucoup moins quand il cherche les moyens de l’enrayer. Il formule bien quelques idées intéressantes, dont celle de combiner la tactique européenne des feux de salve et la tactique otto­mane du choc à l’arme blanche : de fait, c’est une combinaison de ce type qui, théorisée par Guibert dans les années 1770, assurera la supé­riorité tactique des armées napoléoniennes. Plus près de nous, on peut se demander si la « guerre hybride » des jihadistes ne procède pas d’une intuition analogue.[24]

Reste que sur le fond, le diplomate ottoman ne voit de salut qu’en l’islam : pour faire jeu égal avec les troupes chrétiennes, soupire-t-il par trois fois, il faudrait que les musulmans se présentent au combat comme ils le font à la mosquée, c’est-à-dire « en bel ordre et en bonne contenance, […] suivant les règles de la géométrie ».[25] Mais pourquoi n’est-ce pas le cas ? À cette question, Ibrahim Müteferrika apporte des réponses bien vagues : il incrimine les défaillances de l’administration, les fautes du commandement, les désobéissances des soldats, etc.

Or, il existe une autre explication. Pour la saisir, écoutons notre réformateur épingler ce qui, à l’en croire, constitue l’infériorité rédhibi­toire de l’Occident : « Les nations chrétiennes, n’ayant guère de lois divines touchant la direction de leurs affaires, […] s’en rapportent uniquement à des lois et constitutions humaines et arbitraires, faites à plaisir, et accommodées à la simple lumière de la raison ». En islam au contraire, « toutes les actions et toutes les démarches de l’adminis­tration sont déterminées par les lois infaillibles de la religion », qui fournissent « les décisions convenables et suffisantes [pour régler] tous les cas et occurrences possibles ».[26]

On a bien lu : la supériorité de l’islam, tel du moins que le conçoit Ibrahim Müteferrika, tiendrait à ce que la loi divine y a réponse à tout – y compris, par hypothèse, à des questions tactiques qui ne se posaient pas à l’époque de Mahomet ; et la tare du christianisme serait d’envi­sager quantité de problèmes temporels « à la simple lumière de la raison ». Il suffit d’inverser ces propositions pour comprendre quels furent, sur les champs de bataille du xviiie siècle, le principal handicap des armées ottomanes et le principal atout des armées chrétiennes.

[1]       Cette période réformatrice de l’histoire ottomane court de 1718 à 1730 et s’achève donc peu avant la parution du Traité, mais c’est bien dans sa perspective qu’il s’inscrit.

[2]       Raimondo Montecuccoli, Mémoires ou Principes de l’art militaire, Paris, Centre de recherches en sciences humaines de l’Académie hongroise des sciences – Institut de stratégie comparée, 2017.

[3]       Pour une première approche de cette notion, voir Hervé Coutau-Bégarie, Traité de stratégie, 7e édition, Paris, Institut de stratégie comparée-Economica, 2011, chap. VI, et Martin Motte (dir.), La Mesure de la force, Paris, Tallandier, 2018, chap. VIII.

[4]       Le mot était apparu une première fois en 1676 sous la plume de Leibniz, mais il resta inusité jusqu’au début du xxe siècle. Sur l’histoire de la géopolitique, voir Hervé Coutau-Bégarie et Martin Motte (dir.), Approches de la géopolitique, de l’Antiquité au xxie siècle, 2e éd. augmentée, Paris, Economica, 2015.

[5]       Lucien Poirier, Les Voix de la stratégie, Paris, Fayard, 1985.

[6]       Carl von Clausewitz, Vom Kriege [1832], trad. fr. De la Guerre, Paris, Éditions de Minuit, 1955, p. 53.

[7]       René Girard, Achever Clausewitz, Paris, Carnets Nord, 2007.

[8]       Montecuccoli, op. cit., p. 167.

[9]       Voir ci-après, chap. III.

[10]     Montecuccoli, op. cit., p. 103.

[11]     Voir ci-après, chap. III.

[12]     Voir ci-après, chap. I.

[13]     Alessandro Barbero, Il divano di Istanbul [2011], trad. fr. Le divan d’Istanbul – Brève histoire de l’Empire ottoman, Paris, Payot, 2014, p. 197-199.

[14]     Bruno Colson, L’Art de la guerre de Machiavel à Clausewitz, dans les collections de la bibliothèque universitaire Moretus Plantin, Presses universitaires de Namur, 1999 ; Bruno Colson et Hervé Coutau-Bégarie, Pensée stratégique et humanisme – De la tactique des Anciens à l’éthique de la stratégie, Paris, Institut de stratégie comparée-Economica, 2000.

[15]     Bernard Lewis, The Muslim Discovery of Europe [1982], trad. fr. Comment l’islam a découvert l’Europe, [1984], Paris, Gallimard, 1990, p. 131-132.

[16]     Ibid., p. 152.

[17]     Paul Claval, Histoire de la géographie (3e éd.), Paris, Presses universitaires de France, 2004, p. 22-29.

[18]     Voir ci-après, chap. II.

[19]     Voir ci-après, Préface du traducteur.

[20]     Hans Belting, La Double perspective – La science arabe et l’art de la Renais­sance, Dijon, Les presses du réel, 2010.

[21]     Carl Schmitt, Land und Meer – Eine weltgeschichtliche Betrachtung [1942], trad.fr. Terre et Mer – Un point de vue sur l’histoire mondiale [1985], Paris, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2017 (avec une introduction passionnante d’Alain de Benoist). Pour une appréciation critique du concept de « révolution spatiale », nous nous permettons de renvoyer à notre article « Genèse et significations de la géopoli­tique », dans H. Coutau-Bégarie et M. Motte (dir.), Appro­ches de la géopolitique, op. cit., p. 35-41.

[22]     Ce plan, aujourd’hui disparu, fut construit en 1435. Voir Giovanni Ranieri Fascetti, Le Fortificazioni di Vico Pisano, Pisa, Edizioni ETS, 1998.

[23]     Victor Davis Hanson, The Western Way of War [1989], trad. fr. Le Modèle occi­dental de la guerre, Paris, Les Belles-Lettres, 1990 ; Carnage and culture [2001], trad. fr. Carnage et culture, Paris, Flammarion, 2002 et 2010.

[24]     Sur le concept d’hybridité, voir Joseph Henrotin, Techno-guérilla et guerres hybrides : le pire des deux mondes, Paris, Nuvis, 2014.

[25]     Voir ci-après, chap. III.

[26]     Ibid.

Publié dans Uncategorized | Commentaires fermés sur Préface

Traité de la tactique ou méthode artificielle pour l’ordonnance des troupes (1769)

Ibrahim Müteferrika

Édition établie par Ferenc Tόth
Préface de Martin Motte

Ouvrage publié avec le Centre de recherches en sciences humaines de l’Académie hongroise des sciences avec le concours de la Fondation géopolitique Pallas Athéné PAGEO de Budapest

Table des matières

Préface

Introduction : Un ouvrage politico-militaire ottoman au XVIIIe siècle

Préface du traducteur
Préface de l’auteur : Au nom de Dieu, Clément, Miséricordieux, etc

Chapitre Premier

Réflexions
Continuation du même sujet
Dénombrement abrégé des mêmes avantages

Chapitre II : Des principaux avantages de la science géographique

Chapitre III

Index

Publié dans Uncategorized | Commentaires fermés sur Traité de la tactique ou méthode artificielle pour l’ordonnance des troupes (1769)

Les études stratégiques en France sous la Ve République. Approche historiographique et analyse prosopographique

 

Matthieu Chillaud

Commander l’ouvrage

Table des matières

PRÉFACE

INTRODUCTION

1. Les études stratégiques et les hésitations de l’État pour les développer
2. Le champ disciplinaire de notre étude entre éclectisme et syncrétisme
3. Les sources de notre étude : diverses et éclatées

CHAPITRE PREMIER : LE PÉRIMÈTRE INCERTAIN DU CHAMP DISCIPLINAIRE DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

1. Les études stratégiques au carrefour d’une myriade de disciplines
1.1. Chose militaire et logiques disciplinaires
1.1.1 L’histoire
1.1.2. Le droit
1.1.3 La science politique
1.1.4 La sociologie
1.1.5 La géographie
1.1.6 Les sciences économiques
1.2 L’étude de la chose militaire dans une logique transdisciplinaire
1.2.1 La polémologie
1.2.2 Les approches complémentaires et alternatives
1.2.3 La prospective

2. Recherche appliquée et recherche fondamentale
2.1 Études et recherche stratégiques entre empirie et théorie
2.2 La variété et la finalité des centres de recherche

CHAPITRE 2 : LES ÉTUDES STRATÉGIQUES EN ORBITE AUTOUR DES OPTIONS POLITIQUES DE LA FRANCE

1. La subordination de la réflexion stratégique au pouvoir politique
1.1 La « glaciation » de la réflexion stratégique
1.2 Les contraintes du devoir de réserve
1.3 Des vecteurs d’expression aussi nombreux que parcimonieux

2. Le quasi-monopole de l’État comme concepteur, stimulateur et consommateur de la réflexion stratégique
2.1. Production de la recherche stratégique dans les think tanks internes
2.1.1. Au sein du ministère de la Défense
2.1.2. Au sein du ministère des Affaires étrangères
2.2. Un lien de subordination ambigu entre l’État et le producteur de la connaissance scientifique
2.2.1. Les relations avec le monde académique
2.2.2. L’« assujettissement » de la recherche stratégique

3. La mutation des études stratégiques
3.1 Stratégie et sécurité
3.2 Les objets de recherche, reflet de l’évolution des formes de conflictualités et de belligérences auxquelles la France est confrontée
3.2.1 Guerre asymétrique et terrorisme
3.2.2 Nucléaire, désarmement et défense euro-atlantique
3.2.3 La privatisation des armées
3.2.4 Le renseignement
3.2.5 Technologies et armements

CHAPITRE 3 : LES FORTUNES DE L’INSTITUTIONNALISATION DES
ÉTUDES STRATÉGIQUES DANS LE MONDE ACADÉMIQUE

1. Dans les centres de recherche académiques
1.1. Les think tanks externes
1.1.1. L’Institut français d’études stratégiques (IFDES)
1.1.2. La Fondation pour les études de défense nationale (FEDN)
1.1.3. L’Institut français de polémologie (IFP)
1.1.4. Le Centre d’études de politique étrangère (CEPE) et l’Institut français de relations internationales (Ifri)
1.1.5. L’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS)
1.1.6. Le Centre de recherche et d’études sur les sciences et techniques (CREST)
1.1.7. Le Centre de recherche internationales (CERI)
1.1.8. Le Centre interdisciplinaire de recherche sur la paix et les études stratégiques (CIRPES)
1.1.9. L’Institut de stratégie comparée (ISC)
1.1.10. Les autres centres et associations savantes
1.2. Les centres à l’interface de l’État et de l’alma mater
1.2.1. Les instituts précurseurs à l’IRSEM
1.2.2. L’établissement de l‘Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM)
1.3. Les centres à l’interface du monde civil et du monde militaire
1.3.1. L’Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN)
1.3.2. L’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ)
1.4. Les centres et enseignements militaires
1.4.1. Recherche doctrinale et stratégique
1.4.2. L’articulation délicate entre l’alma mater et le monde académique militaire

2. Dans le monde universitaire
2.1. L’enseignement des études stratégiques dans l’alma mater et les centres de recherche universitaires
2.1.1. Une lente insertion de la chose militaire à l’Université
2.1.2. La discontinuité des structures associatives savantes
2.2. La difficile cohérence de l’État dans le soutien et la promotion des études stratégiques
2.2.1. Soutenir et encourager les études stratégiques. De la MEED à l’IHEDN
2.2.2. Les projets de réorganisations des institutions chargées des mener et de stimuler les études stratégiques
2.2.3. Les dispositifs pour promouvoir les études stratégiques

CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

Publié dans Uncategorized | Commentaires fermés sur Les études stratégiques en France sous la Ve République. Approche historiographique et analyse prosopographique