Introduction

Dans l’histoire de la pensée stratégique, comme dans l’histoire des idées en général, l’étude de quelques grands noms laisse souvent dans l’ombre l’apport, parfois considérable, de bon nombre de leurs contempo­rains. Ainsi dans la pensée aérienne des premières décennies du xxe siècle, hors du triptyque Douhet, Trenchard et Mitchell, il n’y aurait, semble-t-il, point de salut. C’est dans une tentative de corriger quelque peu cette tendance, tout en présentant au lecteur français un texte d’un grand intérêt sur le plan théorique et historique, que s’inscrit le présent ouvrage.

Il y a quelques années, la réédition aux États-Unis d’Air Warfare[1] (“La guerre aérienne”), l’un des premiers traités de stratégie et de tactique aériennes, tombé dans l’oubli depuis 1926, année de sa première publication, nous a conduits à découvrir la réflexion stratégique de l’aviateur américain William Carrington Sherman[2]. Con­tenue dans un unique ouvrage, que le décès prématuré de son auteur l’année suivante rendra définitif, nourrie par l’expérience de la Première Guerre mondiale, elle révèle une synthèse parfaite entre le stratégiste et l’historien militaire. Comme nous aurons l’occasion de le constater, on peut, en effet, classer William Sherman parmi les tenants d’une approche historique de la straté­gie militaire, même si sa formation initiale d’ingénieur l’incline parfois à traiter certaines questions selon une méthode que l’on qualifierait aujourd’hui de rationnelle scientifique.

Considéré comme “plus rigoureux dans son appro­che et plus équilibré dans son argumentation”[3] que Winged Defense, l’ouvrage phare de William Mitchell, Air Warfare est à l’évidence un livre majeur, ce que pressentaient d’ailleurs ses contemporains. Ainsi, c’est le seul ouvrage américain cité par l’Air Marshal britanni­que John Slessor, dans son livre remarqué de 1936 Air Power and Armies[4]. Depuis les années 1930, l’apport théorique de William Sherman a été quelque peu oublié avant de Tactical History susciter dernièrement un certain regain d’intérêt. Ainsi, si l’historien de l’U.S. Air Force, Robert Futrell ne lui consacrait que quelques lignes en 1989 dans sa monumentale synthèse en deux volumes[5], la récente étude de Tami Davis Biddle sur les approches britannique et américaine du bombardement stratégique reconnaît l’apport capital de William Sherman pour la réflexion stratégique aérienne[6] en regrettant que : “son style discret et sa mort prématurée ont empêché que ses idées soient pleinement reconnues et que son nom devien­ne un nom important dans l’histoire de la réflexion de l’U.S. Air Force”[7].

L’objet d’Air Warfare : une approche globale de la stratégie et de la tactique aériennes

L’objet d’Air Warfare, aux yeux de son auteur, sem­ble au départ relativement modeste. Il s’agit simplement “de décrire d’une manière générale les pouvoirs et les limitations de l’avion et d’indiquer ce que l’on pourrait raisonnablement attendre (des) aviateurs lorsque la Nation sera de nouveau confrontée à la nécessité de faire la guerre”[8]. La matière première du livre est constituée par les notes des cours donnés par Sherman à l’Air Service Field Officer’s School (qui deviendra quelques années plus tard l’Air Corps Tactical School), et à l’Army Command and General Staff School. Ces notes sont irriguées par une connaissance approfondie des opéra­tions de la fin de la Première Guerre mondiale telle qu’elle ressort, comme nous le verrons plus tard, de la “Tactical History” et des “Notes on Recent Operations”. S’exprimant toujours en demi-teinte, pesant soigneuse­ment les deux termes de chaque alternative dans un balancement dialectique très éloigné des méthodes de raisonnement plus directes des autres théoriciens de la puissance aérienne, William Sherman y expose en moins de trois cents pages la totalité des connaissances de son époque dans le domaine de la guerre aérienne. L’ouvrage constitue ainsi non seulement un véritable traité de stratégie et de tactique aériennes, mais traite également de tous les domaines relevant de l’aviation militaire : conception des avions, aéronavale, défense aérienne, logistique, armements, etc.

Mais qu’entend-on exactement à cette époque par stratégie et tactique aériennes ? C’est précisément à l’occasion d’une discussion du principe de la surprise dans la guerre aérienne que William Sherman introduit cette distinction. Il admet tout d’abord que “la différence entre la tactique et la stratégie est difficile à décrire, comme l’on pourrait s’y attendre lorsqu’on réalise qu’elles ne sont que différentes phases d’un même art”[9]. On pense immédiatement ici à la distinction classique selon laquelle tout ce qui précède le combat relèverait de la stratégie, tout ce qui suit le moment où le combat s’engage appartenant au domaine de la tactique. Cette conception classique fut battue en brèche à la fin du xixe siècle, ce qui conduisit à une multiplicité de définitions dont Sherman est d’ailleurs parfaitement conscient : “Il y a rarement une ligne de démarcation bien définie et lorsque l’on doit établir une distinction entre les deux, chaque auteur tour à tour a dû établir ses propres définitions”[10].

William Sherman s’en tient toutefois à la distinc­tion traditionnelle en l’adaptant directement au domaine aérien : “Dans cette discussion la stratégie sera consi­dérée comme l’art de bien disposer la force aérienne sur ses aérodromes de telle sorte qu’elle puisse prendre l’air dans les conditions les plus avantageuses pour assurer le succès au combat. D’autre part, la tactique sera consi­dérée comme l’art de conduire la force aérienne lorsqu’elle est en l’air pour obtenir ce même résultat. La frontière entre les deux est constituée par la surface de la terre”[11]. Si la définition qu’il donne de la tactique aérienne est cohérente, par contre celle de la stratégie aérienne, circonscrite au problème des bases, nous semble quelque peu réductionniste.

Bien qu’Air Warfare aborde ainsi la dichotomie classique entre tactique et stratégie, son auteur ne transpose pas explicitement cette distinction aux opéra­tions aériennes ou aux objectifs de l’aviation. Ainsi par exemple, les termes de “bombardement stratégique” ou de “guerre aérienne stratégique” n’y sont pas employés. Cette dualité fondamentale en matière d’emploi de l’aviation militaire (qui n’apparaîtra clairement qu’en 1943 avec la publication du Field Manual 100-20[12]), était pourtant, à la même époque, présente à l’esprit de Sherman comme cela apparaît clairement à la lecture du Règlement d’instruction 440-15, dont il fut le principal rédacteur. Ce document distingue en effet l’“aviation de bombardement tactique” et l’“aviation de bombardement stratégique”. Tout comme le fait la doctrine contempo­raine, il précise que cette distinction est fondée sur la nature des objectifs à traiter, qui relèvent ainsi des catégories “tactique” (objectifs situés “à l’intérieur de la zone de combat ennemie”) ou “stratégique” (objectifs situés “dans le territoire ennemi au-delà de la zone de combat”) :

Selon la manière dont l’aviation de bombarde­ment est employée, elle est classée en aviation de bombardement tactique et en aviation de bombardement stratégique.

(1) l’aviation de bombardement tactique est normalement employée contre des objectifs à l’intérieur de la zone de combat ennemie en vue d’apporter un soutien direct aux troupes terres­tres dans la poursuite de leur objectif […].

(2) l’aviation de bombardement stratégique opère en profondeur dans le territoire ennemi au-delà de la zone de combat contre des objec­tifs qui peuvent être très éloignés du champ de bataille, dans le but de détruire les sources d’approvisionnement militaire, les lignes prin­cipales de communication, les centres de mobi­lisation et de concentration, ainsi que les centres industriels militaires […][13].

Figure 1 : Les différentes branches de l’aviation

Cette distinction n’a donc rien à voir, comme beau­coup le croient encore, avec le type d’appareil employé, les bombardiers des années 1920 étant également aptes à ces deux types de missions[14]. L’appellation de “bombar­dier stratégique” ne représentait en 1926, tout comme aujourd’hui d’ailleurs, qu’un “usage informel ou non officiel, en dépit de la fréquence de son emploi”[15]. La doctrine ne considérait que les bombardiers “lourds”, “moyens” ou “légers”[16].

Comme l’exprime, d’une autre manière, la doctrine aérienne moderne : “c’est l’objectif, et non le système d’armes employé, qui détermine si une attaque est stratégique ou non”[17].

Plan de l’ouvrage

Il y a plus affaire à interpréter les interprétations, qu’à interpréter les choses, et plus de livres sur les livres, que sur autre subject. Nous ne faisons que nous entreglo­ser”, reconnaissait Montaigne[18]. Ce livre ci ne fera pas exception.

Après avoir, dans un premier chapitre, présenté quelques éléments biographiques sur le major William Sherman qui nous permettront de mieux appréhender sa réflexion historique et stratégique, nous aborderons directement cette dernière à travers Air Warfare, dont la trame nous servira souvent de fil conducteur. À cette occasion, nous confronteront systématiquement les vues qui y sont exposées par l’auteur à celles de ses con­temporains. Quelques allers-retours entre Air Warfare et la doctrine américaine moderne nous permettront d’en apprécier la pertinence.

Dans un deuxième chapitre, ayant préalablement exposé les conceptions de Sherman sur la nature de la guerre, nous aborderons ensuite ce qui est sans doute historiquement l’une des premières transpositions des principes traditionnels de la guerre au fait aérien.

Le troisième chapitre sera consacré aux problèmes techniques de conception des avions militaires, ce qui nous permettra de constater combien en ce domaine les concepts tactiques et la technologie sont étroitement liés.

Le quatrième chapitre développera les principes de base du combat aérien, que le chapitre suivant, le cinquième, appliquera à l’aviation de chasse dans son ensemble et au problème capital de l’acquisition de la supériorité aérienne.

Le sixième chapitre traitera de la défense aérienne dit “passive”[19], confiée à l’artillerie et aux mitrailleuses anti-aériennes.

Le septième chapitre traitera de l’aviation d’assaut, branche de l’aviation militaire chargée de l’attaque au sol et qui est souvent confondue avec l’aviation de bombardement.

Le huitième chapitre s’intéressera de manière quel­que peu approfondie aux développements que Sherman consacre dans son livre au bombardement, symbole par excellence de la puissance aérienne. Nous distinguerons alors les moyens du bombardement (le bombardier et son armement), les conditions du bombardement, et les objectifs du bombardement (le choix des cibles).

Enfin, le neuvième et dernier chapitre sera consa­cré à l’aviation d’observation, domaine souvent négligé par les théoriciens de l’arme aérienne, ce qui justifiera que l’on s’y intéresse ici.

[1]       William C. Sherman, Air Warfare, reprint edition, Air Univer­sity Press, Maxwell Air Force Base, Alabama, 2002, 300 pages ; ce texte est précédé d’une copieuse et fort utile introduction biographique due au colonel Wray Johnson de l’US Air Force.

[2]       À ne pas confondre avec son illustre homonyme du xixe siècle, William Tecumseh Sherman (1820-1891), général nordiste durant la guerre de Sécession, qui devint ensuite, en 1868, commandant en chef de l’armée des États-Unis.

[3]       Selon son biographe, le colonel Johnson, dans son introduction à l’œuvre de William Sherman ; Air Warfare, op. cit., p. III.

[4]       Air Power and Armies (Oxford University Press, Oxford, 1936) a la même origine qu’Air Warfare. Ce livre est issu de conférences prononcées par son auteur, John Slessor (1897-1979), lorsqu’il ensei­gnait en Angleterre à l’Army Staff College de Camberley dans les années 1930. Comme William Sherman, Slessor met l’accent sur l’importance de la supériorité aérienne et préconise un emploi de l’aviation dans un cadre interarmées, avec une préférence pour les missions d’interdiction.

[5]       Robert Frank Futrell, Ideas, Concepts, Doctrine : Basic Thin­king in the United States Air Force, 1907–1960 (vol. 1), 1961-1984 (vol. 2), Air University Press, 1989 ; voir notamment vol. 1, pp. 4 et 40-41.

[6]       Tami Davis Biddle, Rhetoric and Reality in Air Warfare : The Evolution of British and American Ideas about Strategic Bombing, 1914-1945, Princeton University Press, 2002, pp. 140-141.

[7]       Ibid., p. 140.

[8]       Air Warfare, op. cit., p. 3.

[9]       Ibid., p. 30.

[10]     Ibid.

[11]     Ibid.

[12]     Le concept de guerre aérienne stratégique ne sera en effet explicitement intégré dans la doctrine américaine qu’à l’occasion de la publication de ce texte fondamental (voir à ce sujet, USAF Histo­rical Division, The Employment of Strategic Bombers in a Tactical Role, Research Studies Institute, Air University, 1953, p. 9)

[13]     Training Regulations n° 440-15, op. cit., 4e section, § 16 (“l’avia­tion de bombardement”), alinéa (g).

[14]     Tout comme ceux de notre époque. Ainsi, la première guerre du Golfe a vu des bombardiers “stratégiques” B-52 traiter des objectifs que l’on qualifierait de tactiques (des concentrations de troupes) et des chasseurs-bombardiers “tactiques” F-15 ou F-16 s’attaquer à des infrastructures proprement stratégiques. C’est d’ailleurs le 1er juin 1992 que seront supprimés le Strategic Air Command et le Tactical Air Command issus de la guerre froide (ils furent créés en 1946).

[15]     USAF Historical Division, The Employment of Strategic Bombers in a Tactical Role, Research Studies Institute, Air Univer­sity, 1953, p. 4.

[16]     Ibid.

[17]     Air Force Basic Doctrine, Air Force Doctrine Document 1, United States Air Force, 1997, p. 52.

[18]     Michel de Montaigne, Essais, III, 13.

[19]     Pour Sherman, la défense aérienne “active” est du ressort de l’aviation de chasse.

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Défense contre les missiles balistiques

Jean-Philippe Baulon

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Table des matières

Avant-propos

Introduction

Chapitre Premier – Aux origines de la défense antimissile (1945-1957)

Bombe atomique et prolifération balistique (1945-1952)

Bombardement stratégique et innovations technologiques (1944-1945)

Le développement des missiles balistiques aux États-Unis et en URSS (1946-1952)

Les premiers systèmes complexes de défense stratégique

L’avènement des missiles intercontinentaux, défense et dissuasion (1952-1957)

Les enjeux de la défense stratégique

La course aux ICBM

La cohérence du programme antimissile soviétique (1953-1957)

La diversité des initiatives antimissiles aux États-Unis

Chapitre II – Défense antimissile et course aux armements (1957-1969)

La construction des premiers systèmes expérimentaux (1957-1961)

Évaluation et représentation de la menace

La réorganisation de la RD antimissile en URSS et aux États-Unis (1957-1959)

Les premiers essais américains et soviétiques (1959-1961)

L’extension de la prolifération à partir de la fin des années 1950

Le déploiement d’une défense antimissile en question (1961-1966)

Kennedy, la “réponse flexible” et les hésitations sur Nike-Zeus (1961-1963)

En URSS, rattrapage nucléaire et déploiement ABM à Moscou (1962-1966)

McNamara, la destruction assurée et le report de Nike-X (1963-1966)

Définir le format et l’objet des déploiements antimissiles (1967-1969)

La révision du programme ABM et la question des négociations en URSS (1967-1969)

De Sentinel à Safeguard, armements stratégiques et débat public aux États-Unis (1967-1969)

Chapitre III – Défense antimissile et régulation des armements (1969-1980)

La limitation négociée des défenses antimissiles (1969-1975)

Les ABM dans les négociations SALT

Le traité ABM de 1972 et le protocole additionnel de 1974

Le déploiement et le démantèlement de Safeguard

Nouvelles images de la vulnérabilité, nouvelles technologies (1975-1980)

La question américaine de la “fenêtre de vulnérabilité” et le déclin des SALT

BMD et nouvelles technologies aux États-Unis

En URSS, technologies exotiques et modernisation du système de Moscou

Chapitre IV – La défense antimissile et la fin de la guerre froide (1981-1989)

Le retour de la défense stratégique aux États-Unis (1981-1985)

Les adeptes de la BMD et la prudence initiale de l’administration Reagan (1981-1982)

Les choix stratégiques américains et l’impasse de 1982

Le discours sur l’IDS et les réactions internationales (1983)

L’organisation de l’IDS et le débat américain (1983-1985)

La prolifération et les discussions sur la création d’un régime de contrôle

L’initiative de défense stratégique, le désarmement et la prolifération (1985-1989)

La controverse américaine sur un déploiement partiel de l’IDS

L’IDS et les négociations START, autour de Reykjavik

Accélération de la prolifération et établissement du MTCR

Chapitre V – La défense antimissile après la guerre froide (1989-2005)

Redéfinition de la menace, réorientation de la défense (1989-1991)

La poursuite des START et la dislocation de l’URSS

La guerre du Golfe et ses enseignements

L’administration Bush et la menace balistique

Face aux “États voyous”, antimissiles de théâtre et non-prolifération (1992-1997)

La fin de l’IDS et les orientations de l’adminis­tration Clinton (1992-1993)

Les succès relatifs de la non-prolifération (1993-1997)

Le retour de la défense antimissile dans la politique américaine (1994-1997)

Vers une défense antimissile du territoire américain (1998-2005)

Les essais asiatiques de 1998 et le rapport Rumsfeld

Les incertitudes de la RD et les réticences de l’administration Clinton (1998-2000)

Les réactions internationales au projet américain de NMD

L’administration Bush, la fin du traité ABM et la construction du système (2001-2005)

Conclusion

Bibliographie

Index des noms

Index thématique

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L’océan Indien dans la Seconde Guerre mondiale

Amiral Henri Labrousse

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Table des matières

Avant-propos

Introduction

Chapitre Premier – L’empire britannique et l’océan Indien

Chapitre II – L’organisation militaire britannique dans l’océan Indien à le veille de la Seconde Guerre mondiale L’East Indies Station

Chapitre III – Les hostilités. L’Admiral Graf Spee

Chapitre IV – La croisiére du croiseur lourd Admiral Scheer (23 octobre 1940 – 30 mars 1941)

Chapitre V – La guerre des raiders dans l’océan Indien (croiseurs auxiliaires)

Chapitre VI – L’Atlantis (raider 16)

Chapitre VII – L’Orion (raider 36)

Chapitre VIII – Le Pinguin (raider 33)

Chapitre IX – Le Kormoran (raider 41)

Chapitre X – Le Thor

Chapitre XI – Le Michel (raider 28)

Chapitre XII – Les forceurs de blocus

Chapitre XIII – La marine marchande de l’Axe dans la Seconde Guerre mondiale

Chapitre XIV – Les raiders japonais dans l’océan Indien (1942 – 1943). L’affaire de Madagascar : l’opération “Ironclad” (mai 1942)

Chapitre XV – La guerre en mer Rouge

Chapitre XVI – La Côte Française des Somalis (CFS)

Chapitre XVII – Le canal de Suez pendant la Seconde Guerre mondiale

Chapitre XVIII – La guerre dans le golfe Arabo-Persique

Chapitre XIX – Les sous-marins forceurs de blocus

Chapitre XX – La guerre sous-marine dans l’océan Indien

Chapitre XXI – Le Japon et l’océan Indien

Chapitre XXII – L’entrée en guerre du Japon

Chapitre XXIII – L’offensive des alliés

Chapitre XXIV – L’offensive japonaise (III). La prise de Hong Kong (8 décembre – 25 décembre 1941)

Chapitre XXV – L’offensive japonaise (II). La conquête de la Thaïlande et de la Malaisie (7 décembre 1941-15 février 1942)

Chapitre XXVI – La Conquête des Indes néerlandaises (1941-1942)

Chapitre XXVIII – L’offensive japonaise (III). La bataille manquée entre l’Eastern Fleet britannique et la “Force Raid” japonais (4 avril – 8 avril 1942)

Conclusion – Le théâtre maritime de l’océan Indien pendant la Seconde Guerre mondiale

Bibliographie

Index
Table des cartes 223

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Avant-propos 

Les océans représentent environ 70 % de la surface de la terre. Ils constituent une partie importante de notre écosystème global. Par leur interaction avec l’atmosphère ils affectent le climat de la planète. Ils jouent aussi un rôle important dans les processus biolo­gique, physique et chimique et dans les moyens de communications. Ils constituent une réserve considé­rable de protéines par les produits de la pêche. Ils sont une source d’énergie dans la production d’électricité par l’utilisation des vagues et les marées. Par la désalini­sation ils fournissent de l’eau potable. Les fonds marins et leurs sous-sols, bientôt exploités, livreront les nodules polymétalliques contenant divers minéraux. Enfin la récupération de l’uranium à partir de l’eau de mer est du domaine de la réalité. D’après les travaux britanniques, russes et japonais, les océans renfermeraient 4 milliards 160 millions de tonnes d’uranium en suspension dans l’eau de mer.

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*     *

Par sa superficie, l’océan Indien est le troisième océan du monde. Il couvre 73 402 000 km2, soit 14 % de la surface de la planète. Son volume est estimé à 292 millions de km3. Ses États riverains sont au nombre de 37. Il est fréquenté par toutes sortes de navires : porte-containers, pétroliers, car-ferries, navires de guerre à propulsion classique ou nucléaire, cargos “roll-on roll off”. L’accroissement de ce trafic pose de réels problèmes dans certains détroits comme les détroits de Malacca et de Singapour, le détroit d’Hormuz et le détroit de Bab el-Mandeb. Son littoral comprend les régions côtières du Sud et de l’Est de l’Afrique, de la mer Rouge et du golfe Arabo-Persique, du sud-est asiatique, y compris l’Indoné­sie,et de l’Australie occidentale.

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*     *

Les limites de l’océan Indien ont fait l’objet de nombreuses discussions, en particulier entre le Bureau hydrographique international et l’Académie des sciences de la Russie. En définitive, l’accord semble être réalisé sur les limites suivantes :

–      limite Sud-Ouest – longitude 20° E – soit le méridien du cap des Aiguilles en Afrique du Sud ;

–      limite Sud-Est – longitude 146” 53’ E – soit le méridien du Southeast Cape en Tasmanie.

L’océan Indien comprendrait la mer Rouge, le golfe Arabo-Persique, le détroit de Bass, la mer de Timor, la mer d’Arafura, le détroit de Torres, les détroits de Malacca et de Singapour et les eaux archipélagiques de l’Indonésie au sud de l’équateur[1].

Le traité de l’Antarctique, signé à Washington en 1959 et entré en vigueur deux ans plus tard, a fixé la limite sud de l’océan Indien au parallèle 60° Sud.


[1]      Vivian Louis Forbes, The Maritime Boundaries of the Indian Ocean Region, Singapore University Press, National University of Singapore, 1995.

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Batailles navales précoloniales en Afrique

Marc-Louis Ropivia

 

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L’Afrique est trop souvent perçue comme un continent refermé sur lui-même, rétif «par nature» à l’expansion outremer, et même simplement au contact avec l’élément marin. Il faut dire qu’en l’absence de documentation écrite, les indices de l’activité maritime des États africains sont rares. Cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y ait jamais eu de marines africaines. Certaines entités politiques ont été capables de constituer des flottes de pirogues imposantes, capables de mettre en oeuvre des tactiques et des stratégies élaborées. Marc-Louis Ropivia le démontre ici avec un exemple particulièrement bien documenté, grâce à la relation qu’en a laissée le grand explorateur Stanley : la série de combats qui se sont déroulés sur le lac Victoria, en 1875, ont abouti à l’hégémonie du Buganda, seule puissance de la région capable de dominer à la fois sur terre et sur l’eau. Cet essai profondément novateur contribue à renouveler et à élargir notre connaissance de l’histoire africaine. En même temps, il permet de mieux comprendre la géopolitique contemporaine de l’Afrique des grands lacs et apporte des éléments nouveaux, entièrement originaux, à l’appui d’une théorie globale de la puissance maritime.

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