Par M. le sénateur Rémi Herment, Président du Conseil Général de la Meuse
Mesdames et Messieurs,
L’emploi du temps d’un président de Conseil général est souvent bousculé, vous vous en doutez. J’ai néanmoins tenu à venir non pas seulement saluer les organisateurs de cette manifestation mais aussi tout ceux qui, dans cette ville, dans notre département et au-delà de la Meuse, s’intéressent au phénomène Verdun. Il y a quelques instants, j’entendais le colonel Benoît faire référence, entre autres, aux uniformes de l’Armée française. J’avais devant les yeux l’uniforme garance et bleu du lieutenant Fournier qui, avec une vingtaine d’autres compagnons d’arme fut retrouvé dans une fosse commune, il n’y a pas si longtemps dans les hauts de Meuse, et de ce drap, de qualité je n’en doute pas, qui avait, lui aussi, passé le temps. Ce fut d’ailleurs un des éléments qui ont permis aux experts d’identifier les cadavres qui se trouvaient dans cette fosse commune.
Mesdames et Messieurs, nous sommes à Verdun et nous sommes au Centre mondial de la paix. On me permettra de rejoindre le colonel Farinet dans son propos, il y a quelques instants lorsqu’il évoquait la paix, en disant : « on ne peut pas en parler avec efficacité sans relier ce sujet extraordinaire à la guerre bien entendu et plus particulièrement ici, ou dans cette ville résonnent toujours les traces d’une histoire qui a marqué, oh combien, notre territoire puisque dans les lieux, oh combien martyrs, que vous connaissez, figure toujours la trace indélébile de ceux qui ont souvent donné leur vie pour notre patrie ».
- le doyen Pedroncini, vous m’avez demandé d’assurer avec M. le député-maire de Verdun la présidence de ce colloque sur les armes nouvelles. Je le fais au nom de l’Assemblée départementale que je représente et nous sommes sensibles à cette attention. Nous sommes sensibles parce que vous venez de reconnaître les efforts qui sont les nôtres dans ce domaine bien particulier du souvenir et de la mémoire. Je redis, profitant de ce rappel, l’intérêt que nous portons à cette mémoire et les engagements moraux qui sont les nôtres. J’y ajoute les matériels car rien ne saurait naturellement remplacer, notamment dans l’armée, on connaît bien ce terme « l’intendance ». Je voudrais redire ici l’intérêt que nous portons au maintien de cette mémoire et au renforcement de ce terme car, nous le savons bien, certains sites commencent à donner des signes de fatigue. Le temps passe aussi sur les fortifications les plus solides.
Ce colloque, d’une haute tenue, a résumé une partie seulement de la richesse de notre histoire. Toutes les conférences qui ont été tenues ici font progresser incontestablement la connaissance historique. Comme les interventions seront publiées, une fois encore nous aurons plaisir, non seulement à lire et relire ces publications, mais aussi à les placer dans les bibliothèques des écoles car nous avons, vous le savez, Mesdames et Messieurs, depuis les lois de décentralisation, la responsabilité des collèges, par exemple.
C’est donc un des points forts de cette série de colloque qui, aujourd’hui, intéresse Verdun. Je reviens à ces publications pour souligner la rapidité avec laquelle elles sont éditées. Je voudrais vous en féliciter car ce n’est pas aussi simple mais cela permet de diffuser rapidement les résultats des recherches les plus récentes et les plus novatrices.
Ceci, Mesdames et Messieurs, vous le savez, c’est l’œuvre du Comité national du Souvenir de la bataille de Verdun. Ce travail au service de la mémoire est particulièrement efficace. Je me réjouis de l’organisation de nouveaux colloques à venir, en novembre prochain sur les troupes coloniales, et ceux que vous avez annoncé pour 1997.
Autre sujet de satisfaction, ces colloques s’inscrivent dans le cadre d’un projet dynamique. La création espérée d’un centre de recherches sur la Grande Guerre à Verdun, projet qui vous est cher, mon cher Doyen, et auquel, je n’en doute pas, sera apporté, avec l’adhésion du ministère, une contribution significative des uns et des autres. Grâce à vous, ce projet progresse activement. De la sorte sera amplifiée pensons-nous et complétée l’action de l’Institut d’histoire des conflits contemporains que vous animez.
Cette perspective ne peut que réjouir le Conseil général qui, à l’unanimité, permettez-moi de le rappeler, a adopté un ambitieux « Programme 14-18 » en le dotant de 35 millions de francs.
Que l’on me permette de rappeler les quatre volets qui marquent dans la généralité ce programme. C’est la mise en perspective de la Grande Guerre, grâce à un Centre d’interprétation. On me permettra une parenthèse. Vous disiez tout à l’heure que le Centre mondial de la paix doit être relié, d’une manière ou d’une autre, à l’histoire de la guerre. Puisque nous avons la chance d’avoir en notre possession le musée Dior, soit 32 000 pièces environ, une richesse assez exceptionnelle puisqu’il est devenu la propriété du département, nous avons pensé avec l’accord de M. Maréchal, avec les adhésions naturellement du président de « Connaissance de la Meuse » installer, dès 1997, dans un endroit à définir ici même, sur ce site, une exposition qui pourrait reprendre les plus belles pièces dont nous disposons. Ce sera une manière comme une autre de donner le coup d’envoi de ce Centre que nous voulons fortifier, bien évidemment, à Verdun et ailleurs, car la guerre ne frappa pas seulement, vous le savez, cette ville dans notre département.
Deuxième point, c’est la création d’une Maison d’accueil des touristes qui présenterait, d’une manière objective, tous les sites 14-18 en Meuse. C’est aussi la mise en valeur des champs de bataille, ceci afin de développer l’action déjà menée par l’Association nationale du souvenir de la bataille de Verdun et enfin l’événementiel celui qui, je crois a été encore une réussite dans sa forme cette année.
Voilà le cadre d’une action qui se veut dynamique et qui se veut aussi accompagnatrice des efforts déjà réalisés par les uns et les autres. Trop souvent, nous tâtons notre pouls, ces hommes et ces femmes qui se sont consacrés à la mémoire et au souvenir ont été un peu isolés, il faut bien le dire par rapport aux pouvoirs publics. Nous estimons qu’avec d’autres sujets de préoccupation, nous devons aussi en Meuse tout particulièrement nous pencher résolument vers la mémoire et rejoindre ceux qui déjà ont beaucoup donné dans ce domaine et ne jamais nous substituer à leurs efforts ni à leurs initiatives. Je crois que c’est cela le signe fort que nous voulions donner, c’est un engagement à nouveau que je prends devant vous. Nous le devons, profitant de cette mouvance mondiale et nous reposant toujours sur des idées fortes de paix. Nous pouvons, me semble-t-il, unir nos efforts, de Paris jusqu’ici, sans oublier des partenaires hors hexagone pour faire mieux encore dans ce domaine du souvenir.
1996 c’est précisément un événement fort, le 80e anniversaire de la bataille de Verdun. Je ne reviendrai pas sur ce qui fut organisé à cette occasion sinon pour vous féliciter, une fois de plus, de votre contribution. Nous y avons été sensible, vous le savez bien.
Le Colloque de ce jour est donc un maillon essentiel de cette année exceptionnelle. Je souhaite, Mesdames et Messieurs, Monsieur le Président, Messieurs les intervenants, ensemble encore, que d’autres initiatives du même genre s’organisent à Verdun, ou ailleurs, car je dois aussi témoigner de l’intérêt que porte beaucoup de Meusiens sur l’ensemble du territoire pour tout ce qui concerne le souvenir et qui font, eux aussi, des efforts.
Donnons-nous rendez-vous, si vous le voulez bien, pour les projets que nous avons conçus ensemble et qui seront dévoilés le moment venu car il y encore des négociations qui sont actuellement en cours au niveau des différents ministères concernés. Il ne serait pas raisonnable pour nous d’aller au-delà d’un effet d’annonce modeste mais qui redit encore, une fois s’il en était besoin, tout l’intérêt que nous portons à notre Histoire de France, à notre belle Histoire de Verdun.
Je vous remercie de votre attention.