DEUX ANTAGONISMES FACE A FACE

Deux antagonismes face à face

Quand on considère ensemble des phénomènes économiques et politiques qui se développent dans tout le continent sud-américain et aussi autour de lui, on doit tenir compte de deux antagonismes formels qu’on observe dans son étendue et dans ses divers territoires, comme deux facteurs essentiels des modalités par lesquelles ces mêmes phénomènes se manifestent.

Si d’une certaine façon, ces antagonismes séparent, comme d’ailleurs tous les antagonismes, ils peuvent aussi traduire s’ils se conjuguent, les vraies forces créatrices des événements dans la vie politique et économique au sein de l’activité sud-américaine.

Par ailleurs, cette constatation ne fait que confirmer une des conclusions les plus fondamentales de la science géographique moderne, en face de laquelle les antagonismes se révèlent comme étant des forces qui, par excellence, engendrent la cohérence, si on les met en face des aspects anthropogéographiques qu’ils contiennent.

Et ceci devient d’autant plus vrai que ces forces se développent, d’une part, sous la forme de voies de communication et de moyens de transport et, d’autre part, comme la richesse qui fait circuler les biens.

Les interactions de ces facteurs se plient aux antagonismes en présence sur notre continent et elles seules, envisagées de cette manière, peuvent faire naître un critère sûr pour l’orientation des esprits, soit en tenant compte de l’importance des événements présents, soit en évaluant les possibilités des développements ultérieurs.

Ces antagonismes se manifestent dans différents environnements :

 

l’un, embrassant tout le continent, dans ses causes comme dans ses effets, se traduit par l’opposition entre les deux versants du continent, le versant atlantique et celui du Pacifique ;
l’autre, intéressant uniquement le versant atlantique, présente l’opposition entre deux grands bassins qui s’y sont formés : celui de l’Amazone et celui du Rio de La Plata ; il est facile d’observer cette opposition en examinant une carte de géographie physique de l’Amérique du Sud.

L’Atlantique et le Pacifique

Dans le premier de ces antagonismes, la crête de la cordillère des Andes sépare les deux bassins fluviaux qui débouchent sur deux océans de caractères essentiellement différents. Vers l’ouest, le Pacifique ou « la mer de la solitude » est l’océan des lignes de navigation régionales, celui des immenses étendues, des grandes profondeurs et des vastes archipels, alors que dans l’est, l’Atlantique est le plus fréquenté des océans, celui où le milieu maritime se trouve parfaitement défini et où le « plateau continental » est le plus riche en espèces.

Les versants correspondant à chacun des océans qui enserrent le continent sud-américain ne font jamais que reproduire à l’intérieur des terres l’opposition littorale de leurs propres caractéristiques.

Le versant occidental, celui du Pacifique, ne possède aucun grand fleuve ; les terres descendent en pentes rapides depuis les hauts plateaux et les sommets, les eaux qui empruntent la direction des méridiens sont des torrents qui parcourent les vallées longitudinales avant d’aboutir à la mer.

Au littoral aux rares articulations – criques, baies, golfes – qui naît littéralement du milieu maritime, correspond un hinterland de caractère montagneux du fait de son altitude, de l’activité de sa production minière et de la mentalité statique de sa population.

De même, le versant oriental est aussi en harmonie avec la mer qui baigne ses côtes ; les terres et, comme elles, les eaux s’étendent depuis les confins de la mer des Antilles jusqu’à atteindre, apaisées, l’océan. D’immenses fleuves navigables prolongent vers le cœur du continent toutes les magnificences de l’Atlantique. Il y a là une région intérieure où se développent l’élevage et l’agriculture grâce à l’esprit dynamique des populations.

Il ne fait aucun doute que nous sommes ici en présence d’un antagonisme bien caractérisé si, depuis les sommets des Andes, nous considérons les versants et les océans qui les enserrent.

L’Amazone et le Rio de La Plata

Si nous examinons le second de ces antagonismes, on constate qu’il n’est pas moins évident que le premier.

Quittant les hauts plateaux boliviens pour aller vers l’est, la séparation des thalwegs due aux contreforts andins fait que les eaux du plateau central brésilien se répartissent entre deux bassins, celui de l’Amazone et celui du Rio de La Plata ; une chaîne montagneuse secondaire se détache, laquelle forme une barrière entre ces bassins et ceux du Rio S. Francisco et du Rio Paranaiba qui constituent à leur tour une autre opposition.

Avec l’Amazone au nord et le Rio de La Plata au sud, nous avons là deux très longs fleuves qui s’opposent systématiquement ; le plus grand débit d’eau du premier s’écoule en direction générale du nord ; les eaux du second courent vers le sud. Ces fleuves ne prennent une direction générale vers l’est que dans leur cours inférieur ; c’est la raison pour laquelle ils parcourent des régions dont les climats et les productions sont très différents : l’Amazone reçoit le long de son cours des affluents au nord et au sud de l’Équateur, tandis que le Rio de La Plata, bien que d’un cours moins long, possède un bassin étendu presque entièrement placé au sud du tropique du Capricorne.

L’Amazone se jette dans l’océan à l’extrémité nord-est du littoral du grand versant, à la latitude de l’Équateur et en vue du grand courant de navigation maritime le plus important de l’Atlantique Sud ; le Rio de La Plata, lui, se jette bien plus bas que le tropique du Capricorne, face aux lignes de navigation secondaires de ce même océan.

On peut déjà conclure que, outre les complications particulières aux circonstances qui la définissent, cette opposition qui aggrave ce que la séparation des thalwegs par les contreforts andins a créé, les réactions du versant atlantique sur celui du Pacifique, vont s’exercer à travers deux ensembles s’opposant également. C’est grâce à ces deux ensembles que le versant du Pacifique va pouvoir neutraliser ses insuffisances ou plutôt les insuffisances de son littoral (absence de milieu) et de l’océan lui-même qui le baigne (trafic maritime régional).

Ainsi, grâce à ces deux soupapes de sûreté exceptionnelles, au contact direct de la civilisation européenne, le versant du Pacifique va échapper aux influences extérieures que ses vallées longitudinales pourraient attirer et canaliser.

De ces causes, deux autres aspects essentiels qui peuvent se traduire dans la compétition dans le développement des voies de circulation des deux bassins atlantiques et même pour les régions au-delà de la cordillère des Andes.

C’est ce que va nous montrer la relance d’une politique de communication de l’Argentine et celle concernant la possibilité pour l’Amazonie de se doter de voies de communication.

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