Stratégies irrégulières

Hervé Coutau-Bégarie (Dir.)

 

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Les interminables guérillas d’Irak et d’Afghanistan ont ramené au premier plan de l’actualité stratégique une catégorie que les tenants de la Transformation ou de la Révolution dans les Affaires militaires avaient prétendu faire disparaître par le recours exclusif à la technique. Il a fallu constater que des armées régulières dotées des armements les plus perfectionnés éprouvent toujours les plus grandes difficultés face à des combattants irréguliers plus rustiques, beaucoup moins bien armés, mais plus déterminés et prêt à mourir pour leur cause. La stratégie n’est pas réductible à la technique et la guerre contemporaine ne se limite pas à l’hypothétique « guerre centrale » entre grandes puissances. Au lieu de se focaliser sur la guerre rêvée, il faut faire face aux guerres et aux crises réelles que l’on appelle maintenant asymétriques, hybrides, bâtardes, de 4e génération… La prolifération de ces désignations prouve l’embarras des commentateurs face à des conflits de plus en plus insaisissables. Le vieux concept de guerre irrégulière y puise une nouvelle jeunesse et rend probablement mieux compte que ces nouveautés de la diversité des conflits contemporains. Ce livre tente une première approche en combinant la réflexion théorique, sur les concepts et les catégories de la guerre irrégulière, une réflexion historique, de l’Antiquité grecque et chinoise jusqu’aux guerres révolutionnaires du xxe siècle, et une réflexion prospective sur les conflits en cours. La perspective adoptée englobe aussi bien les guérillas que le terrorisme, les problèmes juridiques que les problèmes techniques, avec pour ambition de faire apparaître les parts respectives des constantes et des variations de cette donnée permanente de l’histoire.

Table des matières

Liste des collaborateurs

Préface

Guerres irrégulières : de quoi parle-t-on ?
Hervé COUTAU-BEGARIE

La théorie du partisan de Carl Schmitt
David CUMIN

La guerre irrégulière dans le monde grec antique
Jean-Nicolas CORVISIER

Stratégie et stratagèmes dans l’Antiquité grecque et romaine
Pierre LAEDERICH

Recruter ses ennemis pour gagner les guerres irrégulières : les barbares au sein de l’armée du Bas-Empire
Loïc PATTIER

La pacification de l’Afrique byzantine 534-547
Philippe RICHARDOT

Guerre et guérilla dans le haut Moyen Âge chinois
François MARTIN

Les guerres irrégulières dans les principautés de Moldavie et de Valachie
Emmanuel-Constantin ANTOCHE

La petite guerre lorraine de Madame de Saint-Balmon
Jean-Pierre SALZMANN

La “guerre de partis” au XVIIe siècle en Europe
Sandrine PICAUD-MONNERAT

Une guerre irrégulière, civile et religieuse au sein de la grande guerre : l’exemple de la guerre des Camisards
Paul BURY

Montcalm et la perte du Canada
Jean-Pierre POUSSOU

Tradition et modernité dans les affaires militaires du royaume de Hongrie aux XVIe et XVIIe siècles
István CZIGANY

Régularité et irrégularité dans la guerre d’indépendance hongroise au début du XVIIIe siècle
Ferenc TOTH

La guérilla hongroise au XIXe siècle. La petite guerre de Háromszék en décembre 1848
Tamás CSIKANY

“Partisan Warfare”, “War in detachments”, la “petite guerre” vue d’Angleterre au XVIIIe siècle
Sandrine PICAUD-MONNERAT

Napoléon et la guerre irrégulière
Bruno COLSON

Soumettre les arrières de l’armée. L’action de la Gendarmerie impériale dans la pacification des provinces septentrionales de l’Espagne (1809-1814)
Gildas LEPETIT

Landwehr et Landsturm. Une armée d’ombres et une armée à l’ombre de l’armée
Jean-Jacques LANGENDORF

Les francs-tireurs pendant la guerre de 1870-1871
Armel DIROU

L’Armée française face à Abdelkrim ou la tentation de mener une guerre conventionnelle dans une guerre irrégulière 1924-1927
Jan PASCAL

La guerre d’Indochine : guerre régulière ou guerre irrégulière ?
Michel GRINTCHENKO

Le rôle des bases aéroterrestres dans la lutte contre la guérilla
Philippe KIRSCHER

Les supplétifs ralliés dans les guerres irrégulières (Indochine – Algérie, 1945-1962)
Pascal IANNI

La peur et le cœur. Les incohérences de la contre-guérilla française pendant la guerre d’Algérie
Michel GOYA

L’artillerie dans la lutte contre-insurrectionnelle en Algérie 1954-1962
Norbert JUNG

Les trois guerres de Robert McNamara au Viet-nam (1961-1968) et les errements de la raison dans un conflit irrégulier
Jean-Philippe BAULON

Les détachements d’intervention héliportés dans la guerre irrégulière
Frédéric BOS

L’avion à hélice dans la lutte anti-guérilla, archaïsme ou avenir ?
Jean-Christophe GERVAIS

L’appui aérien dans le cadre de la guerre irrégulière
Olivier ZAJEC

Des armes maudites pour les sales guerres ? L’emploi des armes chimiques dans les conflits asymétriques
Olivier LION

“Le partisan et le bombardier” ou la guerre aérienne irrégulière
Jérôme de LESPINOIS

La guerre maritime et aérienne à partir et au-delà de Carl Schmitt
David CUMIN

Guérilla et terrorisme maritimes. Sri Lanka contre Tigres tamouls
Hugues EUDELINE

Otages : constantes d’une institution archaïque et variantes contemporaines
Arnaud de COUPIGNY

Démocratie et guerre des idées au XXIe siècle : la contre-insurrection, une nouvelle confrontation idéologique ?
François CHAUVANCY

Guerres irrégulières en Afrique centrale
Guy MVELLE

La contre-insurrection dans l’âge informationnel : le cas afghan
Français GERE

Les adaptations de la guerre irrégulière aux nouvelles conditions technologiques : vers la techno-guérilla
Joseph HENROTIN

Le “mobile” ontologique et politique de la guerre irrégulière
Aymeric BONNEMAISON/Tanguy STRUYE DE SWIELANDE

Le barbare : une nouvelle catégorie stratégique ?
Frédéric RAMEL

Une Révolution dans les affaires de guérilla ?
Riccardo CAPPELLI

Vers l’ordre oblique : la contre-guérilla à l’âge de l’infoguerre
Bernard WICHT

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Préface

Hervé Coutau-Bégarie

Ce livre a une histoire. Les écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan et la Fondation Saint-Cyr ont lancé, au printemps 2008, l’idée d’un grand colloque international couplé à la réunion annuelle du Forum des académies militaires, organisée en 2009 à Coëtquidan. Le thème retenu a été la guerre irrégulière. Il est vite apparu au conseil scientifique du colloque (dont le signataire de ces lignes faisait partie) que le thème posait de multiples questions qu’il ne serait pas possible d’évoquer, même sommaire¬ment, en un seul colloque, d’où l’idée de préparer celui-ci par un certain nombre de travaux et de manifestations destinés à enrichir et à élargir la problématique du colloque, afin que celui-ci puisse s’appuyer sur des réflexions préalables. Plusieurs partenaires ont répondu à cette invitation : le King’s College (Londres) a organisé une journée d’étude en novembre 2008, suivi par l’Institut d’Histoire du Temps Présent (CNRS). Le Centre d’Etudes Stratégiques Aérospatiales a suivi, en janvier 2009, avec des ateliers dont les actes ont été publiés dans Penser les ailes françaises (n° 19). Le Centre d’Enseignement Supérieur de la Marine a organisé, en février 2009, une journée d’étude “Guerre sur mer et irrégularité”, dont les actes ont paru dans le Bulletin d’études de la marine (n° 45). La Commission Française d’Histoire Militaire, par le canal de sa délégation Artois, a organisé deux journées d’étude sur la petite guerre, réunies dans un numéro de la Revue internationale d’histoire militaire (n° 85, mai 2009). L’Institut de Stratégie Comparée a également apporté sa contribution, avec un numéro de Stratégique (n° 93-94-95-96, mai 2009). Son succès inattendu permet sa reprise en volume, revue et augmentée de contributions nouvelles, les unes déjà parues dans d’autres numéros de Stratégique, les autres inédites.

Pour réaliser ce numéro, puis ce volume, tous les réseaux de l’Institut ont été actionnés. D’abord les deux séminaires : le séminaire d’histoire des doctrines stratégiques à l’Ecole pratique des Hautes Etudes et le séminaire de théorie stratégique au Collège Interarmées de Défense. 13 stagiaires et brevetés du Collège Interarmées de Défense ont apporté leur concours. Naturellement, les chercheurs “réguliers” de l’Institut ont répondu à cet appel. Mais aussi, des correspondants plus occasionnels en France et à l’étranger. Mention spéciale doit être faite de la Hongrie, grâce au dynamisme du professeur Ferenc Toth : pas moins de trois contributions hongroises ont pu être réunies en des délais très courts.

La contrainte majeure était, en effet, celle des délais, puisque l’objectif initial était de pouvoir mettre ce numéro à la disposition des participants au colloque de Coëtquidan, les 12 et 13 mai 2009 , alors que les appels à contribution n’ont véritablement été lancés qu’à la rentrée 2008-2009. La conséquence a été l’impossibilité d’organiser, à ce stade, une quelconque réflexion sur les textes ici réunis. Il ne s’agit que de matériaux dont l’exploitation doit maintenant être entreprise dans des enceintes diverses qui restent à définir. Le séminaire d’histoire des doctrines stratégiques de l’Ecole pratique des Hautes Etudes en a fait l’un de ses thèmes durant l’année 2009-2010 ; l’Institut organisera une journée d’étude sur “Pensée militaire et guerre irrégulière”. Il y aura aussi des initiatives émanant d’horizons différents. L’Institut Catholique d’Etudes Supérieures de la Roche-sur-Yon a organisé, en octobre 2009, un colloque sur “Les autres Vendée”. C’est une illustration de ce que l’on appelle aujourd’hui le travail en réseau, dont on parle beaucoup, mais qu’on pratique moins souvent.

Pourtant le résultat est là, puisqu’en quelques mois seulement, et avec une assise bureaucratique pour le moins légère, ce sont pas moins de 32 contributions qui ont pu être réunies. Pour cette édition en livre, d’autres sont encore venues s’y ajouter portant le total à 43 contributions. Cela prouve au moins que cette pensée stratégique française qu’on nous décrit trop souvent comme anémiée, sinon comateuse, recèle encore des réserves de dynamisme qu’il ne tient qu’à quelques initiatives bien choisies de faire sortir.

Les matériaux ici réunis sont très divers. Ils démontrent l’intérêt d’une véritable pluridisciplinarité bien comprise. La dimension historique est déterminante pour en finir avec les déclarations péremptoires, généralement peu argumentées, sur la radicale nouveauté des conflits actuels. Il y a indiscutablement des aspects nouveaux, liés tantôt à la mondialisation (changements politiques et stratégiques), tantôt à la révolution des armes et des procédés (changements techniques). Mais il y a aussi des éléments très anciens, voire archaïques, comme la résur¬gence du fanatisme religieux ou le retour des guerres paysannes. C’est le travail de l’historien que de montrer et d’évaluer les parts respectives des permanences et des innovations. Que reste-t-il des guerres irrégu¬lières du passé ? Quels enseignements peut-on encore en extraire ? Quelle est la part de nouveauté radicale ? La réflexion sur ces thèmes a commencé dans les années 1990, elle est dominée par quelques auteurs connus, avec des thèses pas toujours conciliables et, souvent, une base historique un peu trop étroite. L’un des objectifs majeurs de la recherche devrait être précisément l’élargissement de cette base historique, préalable indispensable à un raffinement théorique.

Parmi les multiples autres dimensions qu’il faudrait aborder pour une pesée globale de la guerre irrégulière, la dimension juridique, longtemps méprisée par les stratégistes, devrait être mieux prise en compte. Il y a beaucoup de travaux juridiques, mais qui restent dans la sphère des spécialistes du droit ; un effort considérable devrait être consenti dans ce domaine pour mieux appréhender cette contrainte juridique, dorénavant déterminante. Il en va de même de la contrainte médiatique : des thèmes comme la révolution de l’information ne sont pas simplement des lubies de théoriciens, ils expriment une réalité contraignante et qui pèse directement sur la conduite des guerres et particulièrement des guerres asymétriques ou irrégulières.

Le plan technico-opérationnel est évidemment décisif. C’est un lieu commun, malheureusement assez fondé, de dire que les armées régulières sont, en règle générale, peu aptes à la guerre irrégulière. Pourtant, il y a eu de multiples tentatives d’adaptation et certaines ont été couronnées de succès. Cela était vrai à l’époque des guerres coloiales, cela l’est resté, au moins partiellement, dans la deuxième moitié du XXe siècle : la guerre révolutionnaire ou asymétrique l’a souvent emporté, notamment dans les guerres les plus spectaculaires (Indochine, Algérie, Vietnam), elle n’était pas invincible pour autant : de la Grèce à la Malaisie on peut opposer quelques contre-exemples moins connus, mais qui méritent un examen attentif. Aujourd’hui, le problème se pose de nouveau. C’est un aspect peu remarqué du renouveau doctrinal des armées américaines au lendemain de la débâcle du Vietnam. Ce magnifique effort de réflexion avait une contrepartie, à savoir la volonté de tourner la page vietnamienne en partant du principe que les forces armées américaines ne se laisseraient plus entraîner dans de telles impasses. D’où la fixation sur la guerre centrale, où pouvait pleinement s’exprimer la supériorité de la puissance de feu et de la technique. Le résultat a été cette floraison de doctrines : Airland Battle, Maritime Strategy, la guerre parallèle de Warden… Mais la guerre irrégulière a quand même fini par rattraper les États-Unis en Afghanistan et en Irak et ils doivent, une nouvelle fois, s’adapter à une réalité qu’ils avaient prétendu effacer. D’où des programmes lancés dans l’urgence, aussi bien sur un plan doctrinal avec la redécouverte, faute de mieux, de l’école française de contre-insurrection, spécialement Galula et Trinquier, que sur un plan matériel, avec la multiplication des crash programs, par exemple sur la protection des personnels dans le combat urbain ou face aux engins explosifs improvisés.

Un seul volume ne peut évidemment pas couvrir un champ aussi immense et on a privilégié ici, en complément des ateliers du CESA, le problème de l’appui aérien. De la même manière, des contributions s’intéressent à des aspects, non pas marginaux, mais probablement sous-estimés. On trouvera ici deux études de fond sur l’emploi d’armes chimiques dans les conflits asymétriques et sur les prises d’otages. Ce sont deux sujets importants qui ont donné matière, encore une fois, à une littérature spécialisée ; mais, comme souvent, celle-ci reste trop peu prise en compte dans la réflexion générale.

Enfin, et peut-être surtout, fidèle à la vocation de l’Institut de Stratégie Comparée qui est de privilégier la recherche fondamentale, ce volume essaie, malgré ses limitations de tous ordres, d’esquisser quelques développements théoriques. On a souvent dit que la notion de guerre irrégulière était vague, trop vague pour fonder des analyses utilisables. Le fait est qu’on lui a préféré, dans les dernières décennies, des notions jugées plus opératoires, plus “modernes”, notamment celle de guerre asymétrique. Pourtant, le concept de guerre irrégulière se refuse à disparaître, il semble même resurgir , y compris sur un plan institutionnel avec la mise en place de groupes de travail sur la guerre irrégulière au sein des organismes doctrinaux des forces américaines. Peut-être est-il possible de donner à ce concept apparemment flou une substance ? C’est ce qu’essaie de montrer David Cumin à partir de cet auteur de référence inépuisable qu’est Carl Schmitt.

On le voit, le programme de recherche est immense. L’ISC y apporte sa première pierre avec ce volume, rendu possible par le soutien de l’IHEDN, et deux contributions historiques majeures , en attendant les actes du colloque de Coëtquidan et d’autres développements à venir. Un deuxième numéro de Stratégique sur les stratégies irrégulières est en préparation et le Corpus sur les écrivains militaires en langue française, dont la première tranche est prévue pour 2010, inclut plusieurs théoriciens de la petite guerre : La Croix, Grandmaison, Jeney, La Roche… C’est par la patiente accumulation de sources et de matériaux que l’on ouvrira la voie à une synthèse à la fois historique et stratégique, instrument de connaissance et guide pour l’action.

Ce livre n’aurait pu voir le jour sans de multiples concours. Évidemment, en premier lieu, celui de tous ceux qui ont répondu à l’appel à publication, avec un taux de retour inattendu. Isabelle Redon, comme d’habitude, a mis en forme cette masse, avec toutes les difficultés inhérentes à un document aussi lourd. L’enseigne de vaisseau (r.) Jean-François Dubos a généreusement contribué à une relecture sou¬vent ardue. Le partenariat avec la Compagnie Européenne d’Intelligence Stratégique a permis la publication du numéro de Stratégique, celui de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale permet celle du présent volume. Que tous trouvent ici l’expression de ma reconnaissance.

HERVE COUTAU-BEGARIE

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Liste des collaborateurs

Emmanuel-Constantin ANTOCHE, docteur en histoire.

Jean-Philippe BAULON, agrégé et docteur en histoire, chargé de recherches à l’Institut de Stratégie Comparée. Prix Clément Ader de l’armée de l’air 2008 pour sa thèse L’Amérique vulnérable ? (1946-1976).

Aymeric BONNEMAISON, lieutenant-colonel, breveté de l’enseignement militaire supérieur, doctorant à l’Université catholique de Louvain.

Frédéric BOS, chef de bataillon, breveté de l’enseignement militaire supérieur.

Paul BURY, chef de bataillon, breveté de l’enseignement militaire supérieur.

Riccardo CAPPELLI, membre du Centre d’études stratégiques et internationales de l’Université de Florence.

François CHAUVANCY, colonel, breveté de l’enseignement militaire supérieur, docteur en diplomatie et organisations internationales.

Tarnás CSITRANY, lieutenant-colonel, professeur à l’Université de la Défense Miklós Zrínyi (Budapest).

István CZIGANY, lieutenant-colonel, directeur-adjoint de l’Institut d’histoire militaire (Budapest).

Bruno COLSON, doyen de la faculté de droit des Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix de Namur, maître de recherches à l’Institut de Stratégie Comparée, directeur d’études invité à l’Ecole pratique des Hautes Études.

Jean-Nicolas CORVISIER, professeur à l’Université d’Artois, délégué “Nord-Artois” de la Commission Française d’Histoire Militaire.

Olivier DE COUPIGNY, doctorant à l’Ecole pratique des Hautes Études.

Hervé COUTAU-BEGARIE, directeur d’études à l’École pratique des Hautes Études, président de l’Institut de Stratégie Comparée.

David CUMIN, maître de conférences (HDR) à l’Université Jean Moulin Lyon III (CLESID).

Armel DIROU, lieutenant-colonel, breveté de l’enseignement militaire supérieur.

Hugues EUDELINE, capitaine de vaisseau (e.r.), doctorant à l’Ecole pratique des Hautes Études.

François GERE, président de l’Institut Français d’Analyse Stratégique.

Jean-Christophe GERVAIS, commissaire lieutenant-colonel, breveté de l’enseignement militaire supérieur.

Michel GOYA, colonel, breveté de l’enseignement militaire supérieur, docteur en histoire, chargé de conférences à l’École pratique des Hautes Études.

Michel GRINTCHENKO, colonel, breveté de l’enseignement militaire supérieur, docteur en histoire, ancien auditeur du Centre des Hautes Etudes Militaires.

Joseph HENROTIN, docteur en sciences politiques, chargé de recherches au Centre d’Analyse et de Prévision des Risques Internationaux (CAPRI).

Pascal IANNI, chef de bataillon, breveté de l’enseignement militaire supérieur.

Norbert JUNG, lieutenant-colonel, breveté de l’enseignement militaire supérieur.

Philippe KIRSCHER, lieutenant-colonel, breveté de l’enseignement militaire supérieur.

Pierre LAEDERICH, agrégé et docteur en histoire, maître de recherches à l’Institut de Stratégie Comparée.

Jean-Jacques LANGENDORF, président de l’Institut fur Vergleichende Taktik (Vienne), maître de recherches à l’Institut de Stratégie Comparée, directeur d’études invité à l’Ecole pratique des Hautes Études.

Gildas LEPETIT, lieutenant, officier rédacteur à la Délégation au patrimoine culturel de la gendarmerie.

Jérôme DE LESPINOIS, lieutenant-colonel, docteur en histoire, chargé de conférences à l’Ecole pratique des Hautes Études.

Olivier LION, lieutenant-colonel, breveté de l’enseignement militaire supérieur.

François MARTIN, directeur d’études à l’Ecole pratique des Hautes Études.

Guy MVELLE, chercheur au Centre d’études et de recherches géopolitiques (Libreville).

Jan PASCAL, chef de bataillon, breveté de l’enseignement militaire supérieur.

Loïc PATTIER, chef d’escadrons, breveté de l’enseignement militaire supérieur.

Sandrine PICAUD-MONNERAT, docteur en histoire, membre de la Commission Française d’Histoire Militaire et de l’Association suisse d’histoire militaire.

Jean-Pierre POUSSOU, président honoraire de l’Université de Paris-Sorbonne, ancien recteur.

Frédéric RAMEL, professeur de science politique à l’Université Paris Sud XI, directeur scientifique de l’Institut de Recherches Stratégiques de l’École militaire.

Philippe RICHARDOT, agrégé et docteur en histoire, chargé de recherches à l’Institut de Stratégie Comparée, délégué “Méditerranée-Rhône” de la Commission Française d’Histoire Militaire.

Jean-Pierre SALZMANN, président de la Commission Lorraine d’Histoire Militaire.

Tanguy STRUYE DE SWIELANDE, professeur à l’Université catholique de Louvain, Facultés universitaires catholiques de Mons, et à l’Ecole Royale Militaire.

Ferenc TOTH, professeur à l’Université de Hongrie occidentale (Szombathely), directeur d’études invité à l’Ecole pratique des Hautes Études.

Bernard WICHT, privat-docent à l’Université de Lausanne, chef des affaires internationales auprès de la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP).

Olivier ZAJEC, chargé d’études à la Compagnie Européenne d’Intelligence Stratégique, chargé de recherches à l’Institut de Stratégie Comparée.

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Les cycles de Mars – Révolutions militaires et édification étatique de la renaissance à nos jours

Michel Fortman

 

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Charles Tilly a formulé, de façon succincte, la thèse que le présent ouvrage se propose d’explorer : « L’État a fait la guerre et la guerre a fait l’État ». Cette affirmation, qui met la guerre au centre de l’explication en ce qui a trait à la formation de l’État moderne, demeure encore aujourd’hui un défi important pour les chercheurs. En effet, si la sociologie politique semble avoir redonné, depuis quelque temps, une place aux conflits dans sa problématique, rares sont les auteurs qui ont ressenti le besoin de valider la thèse de Tilly en la confrontant de façon systématique à l’expérience historique. Peu ont pris la peine d’ancrer leur raisonnement dans un cadre qui conceptualiserait l’évolution de la guerre. Pour combler cette lacune, nous avons choisi le concept autour duquel s’articule notre argument : la révolution militaire. Le présent livre se propose d’évaluer la thèse de Tilly en examinant les processus au moyen desquels la guerre fait l’État au cours de cinq périodes marquées par des révolutions militaires : la Renaissance (15e et XVIe siècles) ; la période révolutionnaire et napoléonienne (1792 à 1815) ; la révolution industrielle (1815-1914) ; la période des guerres totales (1914-1945) ; l’ère nucléaire (1945-2007).

Table des matières

PREAMBULE

INTRODUCTION

CHAPITRE PREMIER – LA REVOLUTION MILITAIRE DE LA FIN DU MOYEN ÂGE A LA REVOLUTION FRANÇAISE : TECHNOLOGIES, TACTIQUES ET ADMINISTRATION

L’artillerie et la fin du système féodal
Le régime féodal : un système politique fondé sur une organisation militaire
L’émergence de l’artillerie et son impact
L’artillerie et la concentration des pouvoirs monarchiques
La contre-révolution des fortifications
L’émergence de la trace italienne
Le triomphe de la poliorcétique : les fortifications et la consolidation des États
La réémergence de l’infanterie, la révolution du feu et l’évolution des tactiques de la guerre terrestre
Le déclin de la cavalerie lourde et la fin de l’ost féodal
La fin de l’ost féodal et le changement de base sociale de la guerre
L’introduction des armes à feu et leur évolution
L’impact du feu : la vulgarisation du métier des armes et la croissance des armées
L’évolution des formations : de l’ordre serré à l’ordre mince
La formalisation des ordres de bataille
Étatisation, recrutement, logistique et administration : l’infrastructure de la révolution militaire
Les premières armées permanentes et la monopolisation de la violence
Des systèmes de recrutement en mutation
La dimension logistique de la révolution militaire
Première modernisation des institutions militaires
L’émergence des administrations centrales
Conclusion

CHAPITRE II – LA REVOLUTION MILITAIRE SUR MER ET SON IMPACT SUR L’EDIFICATION ETATIQUE EN EUROPE, DU XVIe AU XVIIIe SIECLE

Introduction : la révolution silencieuse
La révolution militaire sur mer de la fin du XVe siècle à l’aube du XVIIe siècle : l’émergence du vaisseau de ligne
L’architecture navale : la synthèse du levant et du ponant
La voile et le vent
Latitudes et longitudes
La poudre et la mer
Du galion au vaisseau de ligne
Maîtriser le sceptre de Neptune : la révolution militaire sur mer et les États européens, du XVIe au XVIIIe siècle
Entre Mars et Mercure : les marines privées et semi-privées (1500-1650)
L’émergence des flottes royales : l’exemple de la Royal Navy
Richelieu, Colbert et la Royale : l’absolutisme et la révolution militaire sur mer
Conclusion

CHAPITRE III – LA GUERRE ET LA DIVERSITE DES CHEMINS DE L’EDIFICATION ETATIQUE EN EUROPE, DU BAS MOYEN ÂGE A LA FIN DE L’ÂGE CLASSIQUE

La guerre et l’édification étatique : une relation incontournable
Le nerf de la guerre : les finances et la fiscalité
La diversité des cheminements de l’édification étatique par la fiscalité
Guerre, finances et édification étatique au Moyen Âge : les origines de la fiscalité moderne
Révolution militaire, fiscalité et édification étatique de la Renaissance à la fin de la guerre de Trente Ans
Le cas espagnol
Le cas français
1661-1780 : le duel franco-britannique
Le cas français : un modèle à ne pas suivre
Le cas anglais
Conclusion

CHAPITRE IV – REVOLUTION MILITAIRE ET POLITIQUE A LA FIN DE L’ÂGE CLASSIQUE : L’IRRUPTION DE L’ÉTAT NATIONAL SUR LA SCENE MILITAIRE, 1792-1815

La période 1792-1815 constitue-t-elle une révolution militaire ?
L’État national et la révolution du gouvernement direct
La mobilisation des hommes
Le financement de la guerre
Les limites de l’analogie de la guerre totale pour la période 1792-1815
Quelques effets spécifiques des guerres de 1792-1815 sur les États et les régimes
Conclusion

CHAPITRE V – GUERRE, REVOLUTION INDUSTRIELLE ET EDIFICATION ETATIQUE AU XIXE SIECLE (1815-1914)

La révolution militaire au XIXe siècle : dimensions et portée
Les prémisses de la RAM
La révolution du feu
La révolution des transports et des communications
Révolution militaire et révolution organisationnelle
La guerre et la formation de l’État de 1815 à 1914 : un bilan
Guerres, finances et fiscalité
Guerre et administration publique
La RAM du XIXe siècle et l’éducation
La RAM et les affaires sociales
Révolution militaire et mutation des relations entre l’État et l’industrie
L’Europe : vers la militarisation ou la démilitarisation ?
Conclusion

CHAPITRE VI – REVOLUTION MILITAIRE ET ÉTAT A L’ERE DES GUERRES TOTALES 1914-1945

1914-1945 : une période de rupture historique
RAM et guerres totales
La révolution militaire de la Grande Guerre : un lent processus d’adaptation aux réalités de l’ère industrielle
La Blitzkrieg, mythe et réalité d’une seconde révolution militaire à l’époque des guerres totales ?
L’État à l’épreuve des guerres totales
Guerres totales, État et société (1914-1918) – quelques réponses
Conclusion

CHAPITRE VII – REVOLUTION MILITAIRE, TRANSFORMATION DE LA GUERRE ET L’AVENIR DE L’ÉTAT MILITARO-TERRITORIAL AU TOURNANT DU XXIe SIECLE

D’une révolution à l’autre : de l’arme absolue à la guerre de quatrième génération
La révolution inachevée : l’arme nucléaire et son impact
Du champ de bataille électronique à la guerre en réseau : la RAM contemporaine (1974-2007)
Caractéristiques des défenses occidentales
Menaces “asymétriques”
Guerres irrégulières et transformation de la guerre : un nouveau paradigme ?
Mutations militaro-stratégiques et évolution de l’État dans la seconde moitié du XXe siècle : déclin ou transformation d’une forme politique ?
Le processus RAM-guerre-édification étatique remis en question
Un contexte international en mutation : la mondialisation et l’avenir de l’État
De l’État guerrier à l’État policier ?
Conclusion

ÉPILOGUE

BIBLIOGRAPHIE

ANNEXE – LA REVOLUTION DANS LES AFFAIRES MILITAIRES : ANATOMIE D’UN DEBAT INACHEVE

INDEX

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Préambule

Cet ouvrage a été conçu conjointement, en 1996, par mon collègue Thierry Gongora, alors jeune diplômé de doctorat de l’Université Carleton, et moi-même, dans le cadre d’un projet de recherche postdoctoral, entrepris sous ma direction, à l’Université de Montréal. Toutefois, le projet a pris une ampleur imprévue au fil des années, et les responsabilités professionnelles de Thierry, qui a entrepris une carrière scientifique au ministère canadien de la Défense à la fin des années 1990, l’ont malheureusement empêché de poursuivre ce travail commun. J’aimerais lui témoi¬gner ici ma gratitude pour avoir grandement contribué à la con¬ception originale et à la réalisation de ce livre. C’est lui, en effet, qui en a proposé le titre et esquissé la structure dans le cadre d’un cours que nous avons donné ensemble en 1995 et 1996. C’est lui aussi qui a rédigé la version originale du chapitre 4, mis à jour et complété par mes soins en 2007. Il a également lu et commenté les premiers chapitres de l’ouvrage. Qu’il en soit remercié ici.

La poursuite de ce travail de recherche aurait été impossible si plusieurs étudiants de l’Université de Montréal ne m’avaient apporté leur aide. En tout premier lieu, Alexandre Carette, diplô¬mé de maîtrise en histoire de l’Université de Strasbourg, a rempli pendant plusieurs années les fonctions de documentaliste extraordinaire, me permettant d’explorer l’émergence de l’État moderne depuis le Moyen Âge et d’effectuer quelques coups de sonde dans des domaines aussi spécialisés que l’histoire de la fiscalité, celle de l’éducation, de l’administration publique et des technologies militaires et maritimes. Si cet ouvrage peut prétendre à un mini¬mum de crédibilité historique, c’est à Alexandre qu’il le doit.

Compte tenu du caractère extensif de la recherche qui a précédé la rédaction des Cycles, la compilation de la bibliographie et la vérification des notes ont pris une ampleur hors du commun. Plusieurs étudiantes ont contribué à effectuer ce travail de moine, en particulier Leila Di Cori, Sophie Dubé-Chavanel et Élise de Garie. Cette dernière a d’ailleurs succédé à Alexandre en 2006-2007, me fournissant les données statistiques indispensables qui apparaissent au chapitre 7. Elle m’a également aidé dans la rédac¬tion de la seconde partie de ce chapitre. C’est elle qui a, en particulier, exploré la notion d’État policier (Crimefare State).

Les Cycles de Mars n’auraient jamais vu le jour sans l’aide financière de deux organismes qui m’ont permis d’engager un certain nombre d’assistants et d’acquérir la documentation néces¬saire. Il s’agit du Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture (FQRSC) qui, à trois reprises (2001-2004-2007), m’a renouvelé son appui au titre des subventions d’équi¬pes. Il s’agit également du Forum sur la Sécurité et la Défense, du ministère de la Défense nationale, qui soutient les activités de notre groupe de recherche depuis 1996.

Je serais aussi bien ingrat si je ne remerciais pas les personnes qui ont lu mon texte à fin d’évaluation et, tout particulièrement, Gérard Chaliand, Frédéric Mérand, David Haglund, Desmond Morton et Stéphane Roussel. Leurs commentaires m’ont certainement donné le courage d’aller jusqu’au bout de ce projet qui a occupé plus de dix ans de mon existence.

J’ai finalement la chance d’avoir une épouse qui aime notre langue et la respecte. Elle a aussi une longue expérience de la révision de texte et n’a pas compté les heures qu’elle a consacrées à la relecture du manuscrit. Si Les Cycles de Mars se lisent sans trop d’effort, malgré le caractère scolaire du propos, c’est très largement grâce à elle.

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