ÉPERON ET BÉLIER, ENTRE HISTOIRE ET TECHNIQUES

Michel Depeyre

 

En 1869, le romancier Jules Verne publie Vingt mille lieues sous les mers. L’ouvrage s’inspire des diverses inventions issues des derniers progrès technologiques. Son sous-marin, le Nautilus , est cependant en avance de plus d’un siècle sur les réalisations de l’époque. Or, ce bijou de ce qui représente pour Verne le sommet de l’ingéniosité humaine est doté d’un éperon. Ce dernier est l’attribut indispensable à tout symbole du progrès et de l’efficacité. Le rostre placé à l’étrave est ainsi à la fois l’emblème de la modernité la plus conquérante et l’héritier d’une tradition pluriséculaire remontant à l’Antiquité gréco-romaine. À la différence des armes imaginées ex nihilo, l’éperon est à lui seul le produit de l’Histoire et la manifestation du Progrès. Avec le rostre, nous entrons dans un moment capital de la pensée navale.

Les historiens ont mis en avant l’existence de deux grands courants bien souvent antagonistes : l’un privilégiant les enseignements de l’Histoire, l’autre soutenant l’importance prépondérante des matériels et minorant l’utilité des acquis des temps antérieurs. Avec l’éperon et le navire-bélier, l’innovation technologique abolit-elle ou réactive-t-elle complètement les acquis du passé ?

Cette étude ne se veut pas exhaustive. Elle a pour objet de mettre en exergue les multiples hésitations doctrinales qui se font jour entre les partisans des enseignements de l’Histoire et les tenants de la technologie. Elle se veut une esquisse de réflexion méthodologique sur la place et le rôle des armes par rapport aux nombreuses théories qui fleurissent à leur propos.

UNE ACTUALITÉ OMNIPRÉSENTE

L’historien se voit souvent reprocher de vivre dans un passé ne pouvant guère apporter de leçons utiles au présent. Les vieilles batailles sont intégrées dans une tradition, voire un folklore, mais les contemporains ne cherchent pas souvent à entendre l’écho lointain des débats et des travaux de leurs prédécesseurs. Au cours du xixe siècle, une bataille mémorable conduit à faire table rase de tout ce qui a précédé du point de vue technologique et théorique.

Une bataille-paradigme, Lissa

Le 20 juillet 1866, au large de l’île de Lissa, en mer Adriatique, se livre une des batailles navales les plus célèbres du xixe siècle. Elle a, en effet, des retombées tactiques importantes et durables1. Elle marque profondément l’attention des amirautés et des tacticiens pendant plusieurs décennies. Une telle notoriété est due à l’expérimentation in vivo d’une des inventions les plus récentes, l’éperon. Il n’est pas exagéré de dire qu’il se constitue à cette époque un véritable mythe de l’éperon.

Remémorons-nous quelques instants importants de Lissa. La flotte autrichienne est rangée en ordre de retraite sur trois lignes, constituant ainsi un puissant dispositif en coin. Les cuirassés sont sur les ailes, les bâtiments en bois sont au centre, c’est-à-dire dans la partie la plus visible. L’Italien Persano est d’ailleurs surpris de ne pas voir face à lui une escadre plus forte. Il commande de former la ligne de front, cap à l’ouest, puis par un mouvement tout à la fois, il ordonne la ligne de bataille cap au Nord-est. Cette formation est mince et peu résistante face au coin autrichien. Vers 10h30, l’amiral autrichien Tegetthoff lance l’attaque mais les cuirassés ont la vue masquée par la fumée due au combat, si bien qu’ils traversent la ligne italienne sans s’en apercevoir. Constatant alors que les navires en bois des Autrichiens sont coupés des cuirassés, l’amiral italien Vacca décide de s’attaquer à eux. Tegetthoff qui a compris la manœuvre vire à ce moment cap pour cap. Les bâtiments peuvent aller s’abriter à Lissa. Ailleurs, le combat fait rage. À cet instant, le navire amiral Ferdinand Max éperonne et coule l’italien Re d’Italia qui était déjà désemparé. Dans le camp autrichien, le vaisseau en bois Kaiser est endommagé. Le bélier L’Affondatore tente de le couler au moyen de son éperon. Le vaisseau gravement blessé ne sombre pourtant pas. Peu après midi, les deux forces en présence se séparent. La flotte la plus moderne a été vaincue. Pour les contemporains, l’éperon a été le facteur décisif.

Cette victoire autrichienne a effacé la gifle infligée à Sadowa par la Prusse. L’événement a été mis en avant à des fins politiques mais cela ne suffit pas à expliquer le rôle considérable accordé à cette bataille. Plus important, Lissa sert également de modèle, de paradigme, à la bataille illustrée par l’éperon.

Dans les années qui suivent, les ouvrages sur le thème se multiplient et les articles dans La revue maritime et coloniale se succèdent. En 1867, le vice-amiral Touchard donne une contribution d’une quinzaine de pages où il affirme la suprématie de l’éperon et l’effacement inéluctable de l’artillerie ; en 1868, c’est A. de Keranstret qui s’intéresse aux ordres de bataille pour les combats à éperon ; la même année, le lieutenant de vaisseau Clément Cordes revient une nouvelle fois sur le thème ; en 1869 un auteur anonyme présente des exercices d’attaque exécutés par l’escadre russe. Mais avant d’aller plus loin, à quoi ressemble un navire à éperon ?

Un nouveau type de bâtiment

C’est en 1840 que le lieutenant de vaisseau Nicolas-Hippolyte Labrousse (1807 – 1871) a l’idée d’utiliser l’éperon2. La galère romaine lui sert de modèle mais le navire à vapeur possède un avantage essentiel par rapport à cette dernière, il détient la possibilité d’atteindre une vitesse suffisamment élevée pour permettre au rostre d’être réellement dangereux en perforant l’ennemi. Le projet fut pris au sérieux et des expériences ordonnées en 1844. Ce n’est, cependant, qu’après la guerre de Crimée que le projet retient vraiment l’attention de la Marine. En 1861, est lancée la frégate cuirassée Solférino, premier bâtiment à éperon3. Une autre frégate suivit, le Magenta. Construits par Dupuy de Lôme, ces bâtiments de 7 200 tonnes filent à 12 nœuds. Un éperon se retrouve sur l’Océan du même architecte et qui fut lancé en 1868. L’entrée en service date cependant de 18704. Le bâtiment déplaçait 7 334 tonneaux.

Pourquoi installer un rostre sur les nouvelles unités ? En 1849, le futur amiral de Jonquières (1820-1901) rapporte déjà un projet de bâtiments à éperon où il vante les mérites du rostre : « L’éperon est pour les combats sur mer l’arme de l’avenir » 5. Interrogeons-nous sur cette remarque. Il faut ici se remémorer les interminables batailles des siècles précédents et qui ne débouchaient que très rarement sur un résultat décisif. La rencontre du 15 mai 1780 entre les flottes de Guichen et de Rodney en fournit un bel exemple. En ce milieu du xixe siècle, l’artillerie semble atteindre ses limites, alors que l’éperon représentait pour les hommes du tournant du siècle une chance afin de sortir de ce qui apparaissait alors comme une impasse. Le choc produira – pense-t-on – de plus gros effets dévastateurs¼

Même si lors de la bataille de Lissa l’artillerie n’est pas à l’origine de la perte du Re de Italia, il est difficile de l’éliminer totalement. Elle prend néanmoins une nouvelle place. Une fois la ligne ennemie percée, les batteries n’ont que peu de temps pour assaillir l’adversaire. Il faut donc modifier l’emplacement de l’artillerie destinée à un combat à courte distance, aussi une pièce est-elle disposée au centre du vaisseau, et ce, afin d’ouvrir le feu en direction de l’avant. On cuirasse cette partie qui, avec le poste de commandement constitue le « réduit » qui est repérable sur la coupe longitudinale du Redoutable 6.

Un exemple de bâtiment à éperon7 :

Plan schématique, type Courbet, Dévastation, Redoutable.

Les bâtiments à éperon sont associés à un autre type, les navires béliers, dont nous avons ici un bel exemple avec le Taureau, construit par Dupuy de Lôme. Le célèbre architecte essaie d’intégrer les aspects positifs du Monitor et du Merrimack, construits par les Nordistes et les Sudistes. Le Taureau fut lancé à Toulon le 10 juin 1865. Son déplacement est de 2 500 tonnes. D’autres du même type suivirent : le Bélier, le Cerbère. De 3 400 tonnes, ils filent à 12 nœuds 3 et possèdent deux pièces de 24 mm. En réalité, ils ne gagnent pas la haute mer et servent de garde-côtes8.

Exemple d’un navire-bélier9 : le bélier cuirassé Taureau, construit en 1865, sur les plans de Dupuy de Lôme

Le choc se justifiait avant tout par le combat rapproché puis par une maniabilité des bâtiments qui permettait de diriger le choc avec force et précision. Jonquières poursuit sa démonstration et établit une comparaison entre l’Antiquité classique et l’époque contemporaine :

 

Aujourd’hui que la vapeur nous a rendu avec plus d’énergie cette force docile que les bras offraient jadis, la question redevient ce qu’elle était. Qu’est-ce, en effet, qu’un bâtiment à vapeur, sinon une ancienne galère, dans laquelle les rames ont été remplacées par les roues ou l’hélice, les vivres par du charbon, et les bras de l’homme par les organes de la machine ?10

 

L’auteur poursuit sa lecture des faits en décrivant les conséquences sur la tactique et l’utilisation des armes. Il est permis ici de mesurer parfaitement la révolution que la vapeur provoque dans les esprits.

Les navires à vapeur se meuvent en tous sens avec des vitesses inconnues aux anciens ; les choses sont donc revenues au point de départ, et les effets directs du choc doivent, comme par le passé, devenir l’arme principale des navires, replacer les armes de jet, annuler les effets d’une manœuvre compliquée, les combinaisons de la tactique navale et la supériorité qui est parfaitement basée sur la spécialité des hommes voués au métier difficile de la marine à voiles 11.

Grand était donc l’espoir placé par les officiers et les spécialistes dans ce type de navires. Lissa concrétisait les attentes.

Réminiscences antiques

Les contemporains ont très vite fait la comparaison entre la galère et le navire à vapeur équipé d’un éperon. Dans les deux cas, le bâtiment est libre de sa manœuvre et n’est pas autant soumis aux contraintes du vent ou des courants marins que pouvaient l’être les vaisseaux à voiles. Deux autres ressemblances étaient également soulignées : les deux possédaient un rostre, les deux recherchaient le choc avec l’ennemi. De fait, la tactique de combat change presque radicalement par rapport aux xviie et xviiie siècles. Il ne s’agit plus de faire des évolutions savantes afin de se trouver en position favorable par rapport à l’ennemi et pour former une ligne de bataille la plus parfaite possible. Désormais, c’est la mêlée qui l’emporte. Il n’autorise plus, en effet, le combat en ligne de file tel qu’il était pratiqué jusqu’à présent. Les bâtiments doivent maintenant se disposer en formations en V afin de privilégier le choc. Un tel dispositif n’est pas sans rappeler la ligne de front des galères d’autrefois.

Jonquières place d’ailleurs l’éperon dans une continuité historique et montre les avantages de cette arme de choc :

¼ Les anciens, qui ont eu peut-être à un plus haut degré que nous le génie de la guerre et de la destruction, l’avaient bien compris ; ils ne se servaient du choc à distance que lorsqu’ils ne pouvaient pas faire autrement. (¼ ) Plus tard, les navires destinés à affronter des mers plus étendues et plus dangereuses, durent éprouver dans leurs formes des modifications propres à les rendre plus résistants et une diminution relative dans leurs équipages. Ne pouvant plus être mis en mouvement par la force de l’homme, ils devinrent inhabiles à se mouvoir en tous sens à cause de la direction capricieuse du vent. Dès lors, l’éperon devint une arme rarement utile, et l’artillerie, quoique moins puissante, vint le détrôner complètement 12.

L’analyse historique faite à gros traits est pertinente. Elle met en évidence un seuil technologique pas assez souligné : celui du passage de la galère au vaisseau. Un nouveau seuil paraît être atteint en ces premières décennies du xixe siècle, l’artillerie n’a pas encore atteint une efficacité suffisante pour perforer les cuirasses des navires. L’éperon est, bel et bien, un moyen à ne pas négliger. L’ingénieur des constructions navales Paul Dislère l’explique fort bien en 1876 dans La guerre d’escadre et la guerre de côtes 13. Il parle ainsi d’une « arme essentielle« .

Le souci permanent de l’actualité combiné à un dédain pour les enseignements des deux siècles précédents conduit à un étonnant défaut de perspective historique. Un premier paradoxe doit être souligné ici. Les tenants de la technique se réfèrent à l’Antiquité afin de justifier l’arme de choc des temps nouveaux. Indiquons à ce propos que les travaux des historiens de l’époque portant sur les marines grecque et romaine sont rares14.

L’arme miracle tant attendue est enfin arrivée¼ Parmi l’ensemble des auteurs cités plus haut, un courant s’individualise et domine pendant une trentaine d’années.

UN COURANT DANS LA TRADITION française

Comment expliquer le rapide engouement pour l’éperon ? Effet de mode ? Ce serait traiter le dossier avec légèreté et cette réponse n’apporterait pas de véritable réponse satisfaisante. Une vaste légitimation technique et scientifique est alors développée de part et d’autre chez toutes les puissances navales mais plus particulièrement en France. Dans ce cas spécifique surgit un second paradoxe de taille. Les théoriciens démontrent les mérites du rostre et en font une arme ravalant les autres aux seconds plan, proclamant très haut les mérites de l’innovation par rapport au passé. Mais, en même temps, ces mêmes spécialistes se placent délibérément dans une continuité historique et méthodologique qui plonge ses racines dans la tradition des auteurs français. La modernité technologique n’empêche pas les courants de fond de rester les plus forts.

Un tenant de la technique et de la science, Bourgois

L’un des auteurs les plus représentatifs de cette tendance est le contre-amiral Siméon Bourgois (1815-1887) qui rédige en 1869 un long article présenté en trois livraisons de la Revue maritime 15. Si les deux premières portent sur l’étude technique et physique du gouvernail, la dernière est exclusivement centrée sur l’utilisation du gouvernail du bélier et de ses applications giratoires dans la tactique nouvelle. Il est intéressant de savoir que sur les 111 pages de l’article, 38 seulement traitent des problèmes tactiques. Le ton est donné. Ne cherchons pas ici de références historiques.

Un outil privilégié, la géométrie

Selon Bourgois, grâce à la vitesse et à la manœuvrabilité plus grande des navires, détruire l’ennemi

¼ n’est plus qu’un problème de géométrie.

Nous voyons revenir au premier plan les idées exposées autrefois par Pierre-Henri Suzanne (1765-1837) dans ses Éléments théoriques et pratiques de la manœuvre des vaisseaux (1806). La tactique n’est qu’un problème mathématique à résoudre16. Une place envahissante est accordée à la géométrie et au calcul infinitésimal. Bourgois donne une nouvelle vigueur à l’école cinématique, comme l’illustre bien le long développement sur l’intersection des arcs de cercle17. L’expérience est une donnée essentielle mais, écrit Bourgois, elle ne saurait suffire car elle peut conduire à des conclusions hâtives18. Voilà pourquoi la théorie est indispensable pour l’officier. L’essentiel des deux premiers articles est donc consacré à des développements de mécanique. Sur de tels fondements, Bourgois bâtit sa description tactique, tout en l’ayant précédemment justifiée par des arguments scientifiques.

En revanche, nous l’avons dit, le troisième volet est entièrement consacré à la tactique. Remarquons la grande similitude de raisonnement qui, là aussi, existe à un siècle de distance, entre Bourdé de La Villehuet19, qui expose en premier la théorie du vaisseau, et la présentation de Bourgois. Pour nos deux auteurs, l’officier se doit d’être savant, ce qui lui impose une connaissance globale et intime des divers fonctionnements du bâtiment qu’il monte. Compte tenu de la rupture tactique que nous avons rappelée, décrire les principes essentiels est encore plus nécessaire qu’au xviiie siècle.

Un concept central, les « cercles morts »

Quel est l’avantage de l’éperon ? Le contre-amiral l’expose rapidement en affirmant que le choc provoqué est plus redoutable que l’artillerie elle-même. Le point fort des bâtiments de ce type est l’avant équipé du rostre. En revanche, les deux points faibles principaux sont le travers et l’arrière.

À la suite de ces propos, notre auteur présente les différents cas de figure qui peuvent se présenter lors d’un combat. Deux bâtiments peuvent entrer en contact par l’éperon. Ce dernier est cependant trop étroit pour que le choc entre les deux navires soit exactement localisé à cet endroit. Dans la plupart des cas, les deux éperons raclent la cuirasse de l’adversaire. L’arrachage du rostre peut être gravissime pour le navire. Les cloisons étanches doivent, avec l’aide des pompes, étaler les voies d’eau. Une conclusion s’impose : le choc frontal décisif est peu fréquent.

Le nouveau type de navires utilisé a des incidences énormes sur la tactique. Dès les premières lignes de l’article l’auteur rappelle que l’éperon :

¼ a changé complètement les méthodes et les règles de la tactique navale 20.

Les capacités giratoires, en particulier, ont été considérablement améliorées depuis le xviiie siècle. Il convient d’utiliser ce nouvel atout et d’en tirer profit pour la tactique nouvelle.

La démonstration de l’auteur est inspirée des travaux de l’amiral russe Grégoire Boutakov qui, dans sa Tactique navale, a mis au point le concept de « cercles d’évolutions ». Lorsque la barre est portée à son maximum, le navire décrit alors un arc. Bourgois reprend cette analyse et l’adapte aux béliers ayant un pouvoir de giration plus grand. Les bâtiments décrivent un cercle dans lequel ils ne peuvent pas entrer, une sorte d’angle mort. Bourgois parle de « cercles morts »21. Tout bâtiment qui réussit à pénétrer dans le « cercle mort » de son adversaire, se trouve dans une situation protégée. Cela signifie que les commandants doivent réfléchir au tracé de leur cercle mort. Il faut connaître la vitesse permettant de faire les cercles les plus courts possibles pour éviter que l’ennemi y pénètre. Afin de rendre la rotation plus rapide, un objet résistant – ou une ancre- peut être jeté du côté où se trouve le centre de giration. Il n’y aura pas besoin de tels subterfuges pour les bâtiments munis de deux hélices, en revanche, ils vireront moins vite que ceux ne possédant qu’une hélice22.

L’un des premiers, Bourgois insiste sur la nécessité de connaître parfaitement les capacités des adversaires. Il propose même de le faire à l’aide de photographies.

Penser à des contre-mesures

L’attaque des bâtiments à éperon ne pose pas uniquement des problèmes aux bâtiments non cuirassés. Les béliers eux-mêmes sont menacés par leurs congénères adverses. C’est la raison pour laquelle Bourgois s’efforce de trouver des contre-mesures. Il s’agit en particulier de protéger un arrière très exposé et où se positionnent la barre, le gouvernail et l’hélice – voire les hélices. L’auteur énumère ainsi les solutions proposées et évalue leur efficacité. Il mentionne l’arrière en saillie destiné à protéger les hélices comme sur les Monitor américains23. Il imagine aussi des torpilles flottantes défensives qui seraient traînées par le navire et pourraient être une grave menace pour les ennemis. Il se pose néanmoins des problèmes de conception car elles risqueraient d’endommager le navire en explosant trop près ou bien encore, Bourgois redoute qu’elles se prennent dans les hélices. Les contre-mesures ne sont donc pas au point, aussi convient-il de miser en priorité sur la tactique de combat.

Le commandant a-t-il alors la possibilité de compter sur son artillerie ? Celle-ci est disposée dans les batteries de travers. Malheureusement, le champ de tir est restreint. Un constat d’infériorité de cette nature prouve particulièrement bien que l’artillerie est ravalée à un rôle on ne peut plus secondaire. Des ingénieurs ont cependant cherché à placer les pièces sur des tourelles qui peuvent suivre l’ennemi et le blesser lorsqu’il veut élonger le bâtiment. Bourgois a beau affirmer le maintien du rôle de l’artillerie, celle-ci ne vient que lorsque le choc n’a pas eu l’effet escompté :

Un rôle considérable est donc encore dévolu à l’artillerie de gros calibre, dont le tir, si la lutte se prolonge sans coup d’éperon décisif, peut faire naître des incidents qui donnent au combat une issue indépendante des qualités giratoires des navires engagés 24.

Le passage est tout à fait dans le prolongement de la pensée de Jonquières.

L’article s’achève sur une remarque très juste mais qui, sans le vouloir, remet en cause les démonstrations mathématiques qui précédent. Voici ce qu’écrit Bourgois à propos de Lissa :

[Tegethoff] a triomphé bien plus par l’énergique audace du captaine que par les savantes combinaisons du tacticien 25.

Un épigone, Penfentenyo de Kervereguin

Auguste-Éléonore-Marie de Penfentenyo de Kervereguin (1837-1906), alors lieutenant de vaisseau, publie en 1873 un intéressant Projet de tactique navale pour les béliers à vapeur 26. Tout comme Bourgois, l’auteur souligne que les progrès techniques ont profondément transformé la tactique, mais il ne s’arrête pas à cette remarque, somme toute fort courante à l’époque. Il cherche à aller plus loin et propose de refondre complètement le livre officiel de tactique navale. Chaque marin doit apporter sa pierre à l’édifice, il donne ici la sienne, en redoutant le verdict qui sera émis par ses pairs27. La construction de l’ouvrage s’explique donc par cet objectif. Ce n’est pas une simple recherche comme avec Bourgois, il s’agit là d’une véritable proposition devant servir de base au travail officiel de refonte. L’auteur expose longuement les idées qui ont guidé son travail, puis la progression suit le plan du livre officiel de tactique : introduction générale, instructions générales, répertoire des évolutions et signaux généraux.

La commission d’examen du travail, présidée par l’amiral E. Jurien de la Gravière, ne s’y trompe pas et fait l’éloge de l’ouvrage :

[Cet ouvrage] constitue assurément l’ensemble le plus complet qui ait été soumis à l’examen de la commission 28.

Du combat singulier

Penfentenyo se place dans un cas de rencontre très particulier, le combat singulier entre deux navires. Il faut bien dire que ce n’est pas le plus fréquent. Bourgois avait traité de ce thème, mais Penfentenyo donne une plus grande dimension au développement portant sur ce cas de figure. En 1869, Bourgois remarquait que les règles du combat singulier n’étaient pas toutes connues avec précision et qu’elles restaient à « découvrir »29. C’est à ce travail que s’est consacré Penfentenyo. La place de cette étude en tête de l’introduction est un indice qui oriente sur l’une des fins de cet ouvrage.

L’influence de Bourgois est nette. La théorie du « cercle mort » est exposée mais l’auteur en tire une conclusion assez étrange :

¼ ce combat sera en quelque sorte comparable aux brillants tournois de nos chevaliers du moyen âge 30.

Le choc est-il efficace ? Le lecteur est surpris de constater que le terme « râclement » revient périodiquement dans le texte, laissant ainsi présager des difficultés à obtenir un choc décisif.

Des formations en escadre

Les combats en escadre ne sont pas omis. L’auteur y développe un important esprit offensif.

L’influence de la tradition géométrique n’est pas seulement décelable, comme chez Bourgois, dans les longues démonstrations mathématiques, elle conditionne également un état d’esprit qui prédispose à la recherche d’une formation de combat idéale. Au xviiie siècle, le vicomte de Grenier avait ainsi pensé trouver la formation parfaite avec le losange. Le courant ne s’est pas tari, il est très vivace chez Penfentenyo qui vante les mérites de la « division triangulaire » et de la « division carrée ». Les exégètes de Lissa ont déjà mis en avant le dispositif « en coin » adopté par les Autrichiens, considérant cette formation comme fétiche. La métaphore du « coin » est révélatrice du mode de pensée qui génère de telles réflexions. À la limite, la métaphore provoque dans les esprits une efficacité bien plus grande que le triangle sur le champ de bataille. C’est dans la force de l’analogie que repose l’efficacité principale de la formation « en coin »31.

Il serait néanmoins injuste d’affirmer que Penfentenyo en reste à une banale comparaison sans fondement véritable. Il appuie son analyse sur la notion de flanquement. Comme les béliers sont vulnérables sur leurs flancs, une protection doit être organisée en permanence sur cette partie plus faible. Le dispositif tactique le mieux approprié pour les navires est alors un triangle équilatéral. Si le nombre de bâtiments est suffisant, une « division carrée » est encore préférable32. Les béliers doivent, pour cette raison, être habitués à manœuvrer les uns avec les autres.

Du rôle de l’artillerie

À quoi peuvent servir les béliers ou les « corvettes cuirassées » ? Penfentenyo ne les élimine pas des escadres mais il leur assigne des missions particulières comme bloquer un port ou attendre une flotte ennemie à un passage. Il en tire une conclusion qui mérite l’attention :

Aujourd’hui plus que jamais, la force d’une flotte se mesurera bien plus par le nombre de ses bâtiments ou de ses éperons que par celui de ses hommes ou de ses bouches à feu 33.

Les navires à éperon bénéficient de leur vitesse et surtout de l’effet de masse qu’ils peuvent produire face à un ennemi. Castex n’exagérait pas quand il affirme que les théories de l’école cinématique transforme le navire en simple mobile qui devait en heurter un autre.

Les incidences sont telles que, selon notre auteur, tout le chapitre IX des Instructions officielles est à revoir. L’artillerie est à utiliser lorsque les bâtiments s’élongent à bout portant. Elle n’est pas inutile et Penfentenyo lui attribue une mission importante : elle doit toucher les parties sensibles de l’adversaire (machines, gouvernail). Souvenons-nous que le Re d’Italia est déjà désemparé lorsque survient l’éperonage. Le choc a seulement apporté le coup de grâce. L’auteur a bien raison d’écrire que la manoeuvrabilité sera considérablement réduite par l’action de l’artillerie, ce qui rendra l’action de l’éperon d’autant plus efficace34. Le tir doit être rapproché (10 à 15 mètres) et cherchera à toucher à la flottaison. Notons au passage que l’ordre de tir sera donné par le second car le commandant est occupé par « l’objectif principal », la manœuvre.

Le courant cinématique ne se résout pas à ces deux seuls auteurs. D’autres y tinrent une place importante, même si elle est oubliée aujourd’hui. Ce fut le cas du lieutenant de vaisseau Clément Cordes qui construisit toute une théorie des relèvements polaires35.

DES DÉCEPTIONS IMMENSES

Des sommes d’argent énormes, de l’énergie et des recherches ont été investies dans de tels projets technologiques et intellectuels. Pourtant, le nouvel outil ne donna pas entière satisfaction aux puissances navales. Si le reflux est lent, le dénigrement à l’égard de l’éperon est presque aussi important que l’enthousiasme qu’on eut pour lui.

Une efficacité à ne pas négliger

L’historiographie a, en effet, beaucoup dénigré l’utilisation de l’éperon, y voyant une résurrection d’une arme en complet décalage avec la propulsion à vapeur. Le problème doit pourtant être placé correctement dans son contexte. Les performances de l’artillerie ne sont pas encore assez bonnes pour perforer les cuirasses produites par une industrie sidérurgique en pleins progrès. Dans ce cas, l’éperon était un moyen pour perforer ces cuirasses. Dans un article de 1928, Raoul Castex signale que la valeur de l’éperon est amplifiée par la liaison des armes36. L’éperon n’était donc pas injustifié à l’époque.

Jérome Penhoat (1812-1882), dans un Essai sur l’attaque et la défense des lignes de vaisseaux 37, n’a pas refusé l’utilisation de l’éperon mais il lui a accordé une place au même titre que les autres formes de combat. Selon lui, l’artillerie est toujours l’élément prépondérant au sein d’une flotte. Rappelons que ce livre fut écrit entre 1860 et 1862, soit avant Lissa. Nous appréhendons ici le problème dans toute son ampleur. Lissa a conféré à l’éperon un pouvoir qu’il n’avait que partiellement. Le mythe lui a accordé le reste. Conscients de cela, les auteurs ont recherché dans la géométrie le moyen de tracer des évolutions qui lui donneraient un supplément d’efficacité.

Les leçons des xviie et xviiie siècles n’ont pas porté leurs fruits car les enseignements de cette période étaient réputés surannés. Et pourtant, le schéma était très voisin : la bataille décise étant difficile à obtenir, les théoriciens ont tenté de trouver la tactique miracle, y compris en usant de l’outil mathématique. Au siècle dernier, les résultats du combat à éperon ne furent pas aussi concluants que prévu. Les théoriciens se lancèrent dans la même direction et furent soumis au « prurit mathématique » pour reprendre l’expression imagée de Castex38.

Les insuffisances de l’expérience

Un des graves problèmes auxquels sont confrontés les états-majors, et par là-même les auteurs, est l’absence presque totale d’expérience d’un combat avec éperonnage. Peu nombreux sont les bâtiments coulés par un éperon en temps de guerre. C’est le cas du Re d’Italia. Voilà qui explique aussi le retentissement de la bataille de Lissa. Bourgois est conscient de ce problème quand il écrit :

L’expérience n’a pas encore appris jusqu’à quelle limite angulaire d’obliquité le choc de l’éperon reste dangereux 39.

Il est rejoint par son disciple Penfentenyo. Ce dernier invoque le manque d’expérience pour connaître parfaitement les avaries qui peuvent être provoquées par le choc entre deux béliers40. Selon lui, les formes fuyantes des cuirasses doivent éviter les dégâts trop grands. Une remarque tombe sous le sens : où réside l’intérêt de l’éperon si les conséquences du fameux choc tant vanté ne sont pas décisives pour l’ennemi blessé ? Cette question est d’autant plus importante que l’artillerie n’est plus l’élément essentiel. Les conséquences hâtives extraites du combat de Lissa montrent ici toute leur nocivité : une importance inconsidérée a été accordée au choc. Il est très clair que le recul des ingénieurs est insuffisant. Seule la guerre pourrait leur permettre de juger les performances des innovations mises en œuvre. Or, la guerre sur mer n’est plus très fréquente.

Quelques années plus tard, Alfred Thayer Mahan juge tout aussi prématurées les conclusions apportées par certains théoriciens. Ecoutons l’auteur américain s’expliquer sur la comparaison entre la galère et le vapeur :

Quelle que puisse être la valeur de cette opinion, elle ne saurait prétendre trouver une confirmation historique dans ce seul fait que la galère et le vapeur ont à tout instant la faculté de fondre directement sur l’ennemi, et que ces deux bâtiments portent un éperon. Jusqu’à présent, c’est une simple présomption ; elle ne pourra être définitivement appréciée qu’après l’épreuve de l’expérience, c’est-à-dire du combat 41.

Une liquidation progressive

Entre 1866 et 1885, l’éperon est présenté comme une véritable arme miracle.

Même si l’expérience au combat fait défaut, le rostre prouve malgré tout son efficacité lors des abordages qui se produisent au sein des flottes¼ En effet, l’historien Philippe Masson dénombre plusieurs catastrophes entre 1868 et 1878. Les Russes perdent ainsi un cuirassé, l’Amiral Lazarev, et la frégate Oleg qui s’abordent mutuellement. En France, l’aviso Forfait est également coulé lors d’un accident semblable. En Angleterre, l’Amazon éperonne et coule accidentellement dans la Mersey l’Osprey 42 ; c’est encore le cas de l’anglais Vanguard. En Allemagne le Grosser Kurfürst connaît le même sort43.

Néanmoins, des théoriciens continuent de travailler sur la tactique des béliers. La revue maritime et coloniale édite encore plusieurs travaux : en 1881, c’est l’étude de l’enseigne de vaisseau Larminat, en 1883 le lieutenant de vaisseau Besson traite du combat à l’éperon, en 1884, c’est au tour de l’amiral anglais Sir George Elliott. Le futur amiral René Daveluy expose encore la tactique pour béliers au début du siècle suivant. Il émet néanmoins des critiques sur la ligne de front qui est fille de la célèbre ligne de bataille de la marine à voiles. Il ne met pourtant pas réellement en cause l’efficacité du rostre et du bélier44.

Philippe Masson souligne avec justesse que la pratique de l’éperonage ne disparut cependant pas totalement. Elle fut encore utilisée lors des deux guerres mondiales, face à des sous-marins ennemis. Il est également curieux de constater que le jeune lieutenant de vaisseau Raoul Castex, alors stagiaire à l’Ecole Supérieure de Marine, présente en 1914 un projet de cuirassé comportant un éperon. Castex ne juge, en effet, pas incongrue l’idée d’un éperonage45.

*
* *

Au nom du progrès industriel et scientifique, les vieux vaisseaux à voiles sont relégués et détruits. La vapeur et les cuirasses transforment du tout au tout les bâtiments de guerre. Le savoir accumulé pendant près de trois siècles est donc, pour de larges pans, déclaré suranné. La victoire de l’approche techniciste de la guerre sur mer éclate au grand jour. Pourtant, les justifications et les références choisies par les partisans des béliers sont puisées dans l’Antiquité gréco-romaine. Les partisans de la technique cherchent curieusement des arguments dans l’Histoire ancienne, délaissant le fruit de la réflexion des auteurs des siècles récents.

Dès l’aube des années 1890, le rostre perd de son importance. À partir du Danton, lancé en 1909, il disparaît. L’éperon ne fut pas le seul à être objet d’un tel engouement. La décennie 1885-1895 est marquée par la suprématie de la torpille et du torpilleur, puis de 1895 à 1905, les esprits se passionnent pour le sous-marin46. D’autres exemples encore plus proches illustreraient une priorité exclusive accordée à une seule arme, ainsi le cuirassé et le porte-avions après la Seconde guerre mondiale.

Le dossier de l’éperon prouve qu’une confiance aveugle ou illimitée dans la technique et dans la science risque de déboucher sur une impasse. L’esprit scientifique véritable impose une confrontation avec la réalité, expérimentation que seule l’Histoire peut souvent offrir aux spécialistes. Les faits sont têtus.

 

 

 

 

 

 

Précédente ] [ Remonter ] [ Suivante ]

 

________

Notes:

 

1 Ch. de La Roncière et alii, Histoire de la Marine, Paris, L’Illustration, 1939, pp. 385 et sq ; E. B. Potter et alii, Sea Power, A Naval History, Annapolis, United States Naval Institute ; 2e éd. 1981, p. 156.

2 Michèle Battesti, La marine de Napoléon III, Vincennes, Service Historique de la Marine, 1998, 2 vol., tome I, p. 193.

3 Charles de La Roncière, G. Clerc-Rampal, Histoire de la marine française, Paris, Larousse, 1934, pp. 280-281.

4 Ch. de La Roncière, G. Clerc-Rampal, Histoire de la marine française, pp. 280-281.

5 Cité par le C.V. Laborde dans sa Conférence de synthèse historique tactique, 1638-1866, École de Guerre et Centre des Hautes Études Navales, session 1927-1928, multigraphié, p. 22.

6 Alain Guillerm, La marine à vapeur, Paris, PUF, 1996, p. 23.

7 L.V. Hourst, Notre marine de guerre, Paris, Ancienne librairie Furne, 1901, p. 137.

8 Ch. de La Roncière, G. Clerc-Rampal, Histoire de la marine française, p. 284.

9 Charles de La Roncière et alii, Histoire de la marine, p. 384.

10 Cité par le C.V. Laborde, Conférence de synthèse historique tactique, 1638-1866, pp. 22-23.

11 Cité par le C.V. Laborde, Conférence de synthèse historique tactique, 1638-1866, p. 23.

12 Cité par le C.V. Laborde, Conférence de synthèse historique tactique, 1638-1866, p. 22.

13 Paul Dislère, La guerre d’escadre et la guerre de côtes, Paris, Gauthier-Villars, 1876, VII + 198p., p. 163.

14 En 1885, l’amiral Edmond Jurien de la Gravière écrit Les derniers jours de la marine à rames, où il réunit des matériaux sur ce sujet.

15 Siméon Bourgois, « Théorie du gouvernail et de ses applications aux mouvements giratoires des navires à vapeur », Revue maritime, Paris, Paul Dupont et Challamel, mars 1869 (pp. 537-570), juin 1869 (pp. 255-293), septembre 1869 (pp. 65-105).

16 Michel Depeyre, Tactiques et stratégies navales de la France et du Royaume-Uni de 1690 à 1815, Paris, Économica-ISC-CIERSR, 1998, p. 236 et surtout « Suzanne, un mathématicien au pays de la tactique navale », in L’évolution de la pensée navale VI, Paris, Économica-ISC, 1997, pp. 15-28.

17 S. Bourgois, art. cit., septembre 1869, §. 18, pp. 80-85.

18 S. Bourgois, art. cit., mars 1869, p. 540.

19 M. Depeyre, op. cit., p. 119.

20 S. Bourgois, « Théorie du gouvernail¼ « , mars 1869, p. 537.

21 S. Bourgois, art. cit., septembre 1869, §. 17, p. 79.

22 S. Bourgois, art. cit., septembre 1869, §. 20, pp. 95-96.

23 S. Bourgois, art. cit., septembre 1869, p. 70.

24 S. Bourgois, art. cit., septembre 1869, p. 72.

25 S. Bourgois, art. cit., septembre 1869, §. 20, pp. 104-105.

26 A.-E.-M. de Penfentenyo, Projet de tactique navale pour les béliers à vapeur, Paris, Arthus Bertrand, 1873.

27 A.-E.-M. de Penfentenyo, op. cit., avant-propos, pp. 3-4.

28 S.H.M., dossier individuel de Penfentenyo : Jurien demande au ministre un Témoignage de Satisfaction pour ce livre.

29 S. Bourgois, art. cit., septembre 1869, §. 20, p. 100.

30 A.-E.-M. de Penfentenyo, op. cit., §. 4, p. 11.

31 L’épistémologue Gaston Bachelard a vu dans ces analogies un « obstacle verbal » à la constitution du savoir scientifique, lire La formation de l’esprit scientifique, Paris, Librairie Philosophique J. Vrin, 1938, pp. 73-74 et 80.

32 A.-E.-M. de Penfentenyo, op. cit., §§ ; 10 et 12, pp. 18 et 22.

33 A.-E.-M. de Penfentenyo, op. cit., §. 13, p. 25. Il est intéressant de retrouver ici un argument de la future « Jeune École ».

34 A.-E.-M. de Penfentenyo, op. cit., §. 15, p. 28.

35 L.V. Clément Cordes, « Du combat à l’éperon », Revue maritime et coloniale, Paris, sept.-déc. 1868, p. 478 et sq.

36 Raoul Castex, « La modernisation de l’éperon », La Revue maritime, 1928, n° 1, pp. 15 et passim.

37 Jérome-Hyacinthe Penhoat, Essai sur l’attaque et la défense des lignes de vaisseaux, Cherbourg, Bedelfontaine, 1862.

38 Raoul Castex, « La modernisation de l’éperon », 2e partie, p. 193.

39 S. Bourgois, art. cit., septembre 1869, p. 66.

40 A.-E.-M. de Penfentenyo, op. cit., p. 9.

41 Alfred Thayer Mahan, Influence de la puissance maritime dans l’histoire, 1660-1783, trad. française E. Boisse, Paris, Société française d’Éditions d’art, 1899, p. 12.

42 S. Bourgois, art. cit., septembre 1869, p. 67.

43 Philippe Masson, Histoire des batailles navales, Paris, Atlas, 1983, p. 95.

44 Capitaine de frégate René Daveluy, L’esprit de la guerre navale, Paris, Berger Levrault, 1909, 3 vol., tome II, pp. 11-14.

45 Hervé Coutau-Bégarie, Castex, le stratège inconnu, Paris, Économica, 1985, pp. 62 et 64.

46 R. Castex, « La modernisation de l’éperon », 2e partie, pp. 218-220 ; Hervé Coutau-Bégarie, La puissance maritime, Paris, Fayard, 1985, p. 97.

 

 

Ce contenu a été publié dans Uncategorized. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.