Conclusion

Dans le livre « A la Maison Blanche », Kissinger résume bien les objectifs suivis par l’administration. Kissinger défend la politique de Washington en estimant que « les dilemmes de notre politique vietnamienne se reflétaient dans l’abîme qui séparait notre vision de la réalité et la nature du débat public. Ce qui était réel, pour nous c’était l’offensive ennemie au Laos et au Cambodge, offensive qui menaçait notre position militaire au Viêt-nam. Et pourtant, alors que les menaces objectives grandissaient, on nous demandait de poursuivre un programme de retrait unilatéral. Pour le public, nous risquions de nous voir entraîner à un nouvel engagement, dans deux autres pays lointains. Nous pensions qu’il fallait empêcher l’effondrement de ces pays, si nous voulions renforcer les Sud-viêtnamiens et leur permettre de reprendre le flambeau sans que nos retraits se transforment en déroute. »[1]

Pourtant, l’élargissement du conflit au Cambodge va se révéler être la plus grosse erreur de l’administration Nixon en Indochine. Nixon n’est pas compris ni par l’opinion publique, ni par le Congrès, ayant comme conséquence une nouvelle scission au sein de la société américaine. Mais le malaise est beaucoup plus profond. Le fond du problème n’est pas l’Indochine, mais bien les abus de pouvoir du président, les inégalités sociales, la crise d’identité,….. Aussi entre mai 1970 et 1973 nous nous situons dans une crise institutionnelle et sociale où le conflit en Indochine n’est que secondaire.

A l’échelon international, la politique nixonienne se caractérise par la Realpolitik et les idées de Mahan. Pour rappel la Realpolitik se caractérise par trois traits principaux : l’intérêt national, la compétition et l’équilibre des forces. Aussi la Realpolitik à travers la Doctrine Nixon redéfinit un périmètre de sécurité en Asie qui est celui des Etats-Unis vers 1945-1948, principalement fondé sur le réseau de bases se trouvant aux Philippines, au Japon et en Corée du Sud, excluant tout engagement dans le reste de l’Asie du Sud-Est et à Taiwan. Il y a donc une volonté de la part de l’administration de protéger la façade occidentale des Etats-Unis en évitant soigneusement de s ‘engager directement dans le maintien de l’équilibre même de l’Extrême-Orient.

Aussi d’un point de vue géopolitique, les Etats-Unis après s’être laissé entraîner par les idées de Mackinder – le sort d’une puissance maritime dépend de l’équilibre sur le continent-, en reviennent à celle de Mahan – le sort d’une puissance maritime dépend de l’importance des points-clé qu’elle contrôle à la périphérie du continent.[2]

[1] H. KISSINGER, op.cit., p. 498.

[2]F. JOYAUX, op.cit., p. 190.

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