Mes rêveries suivies d’un choix de correspondance politique, militaire et privée

Maurice de Saxe
Textes réunis et présentés par Jean-Pierre Bois
Préface de Jean-Paul Charnay

 

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Table des matières

Image de Maurice

Campagnes et honneurs

Maurice en ses théâtres, ou les avatars du maréchal de Saxe par J.P. Charnay

Maurice de Saxe. Tactique et politique par J.P. Bois

Mes rêveries

Remarques sur les Rêveries

Avant-Propos

Livre premier – Des parties de détail

Chapitre Premier – De la manière de lever les troupes, de celle de les habiller, de les entretenir, de les payer, de
les exercer, et de les former pour le combat

Article Premier – De la manière de lever des troupes

Article Deuxième – De l’habillement

Article Troisième – De l’entretien des troupes

Article Quatrième – De la paye

Article Cinquième – De l’exercice

Article Sixième – De la manière de former les troupes pour le combat

Chapitre Deuxième – De la légion

Chapitre Troisième – De la cavalerie ; de ses armures et de ses armes ; du pied de la cavalerie ; comme elle doit se former, combattre et marcher ; des mouvements ; des fourrages au verd et au sec, des pastures ; des tentes, et de la manière de les camper ; des partis ou détachements

Article Premier – De la cavalerie en général

Article Deuxième – Des armures de la cavalerie

Article Troisième – Des armes de la cavalerie, et du harnachement du cheval. Dessin des carabines

Article Quatrième – Du pied de la cavalerie, de la manière de se former, de combattre et de marcher

Article Cinquième – Des mouvemens de la cavalerie

Article Sixième – Des fourages au verd et des patures

Article Septième – Des fourages au sec

Article Huitième – Des tentes et de la manière de camper de la cavalerie

Article Neuvième – Des partis ou detachemens de cavalerie

Chapitre Quatrième –

Article Premier – Sur la grande manœuvre

Article Deuxième – De la colonne

Chapitre Cinquième – Des armes à feu et de la méthode de tirer

Chapitre Sixième – Des drapeaux ou enseignes

Chapitre Septième – De l’artillerie et du charroi

Chapitre Huitième – De la discipline militaire

Livre Second – Des Parties Sublimes

Chapitre Premier – De la défense et de l’attaque

Chapitre Deuxième – Réflexions sur la guerre en général

Chapitre Troisième – Digression sur la Pologne. Description de ce pays. Projet de guerre pour une puissance qui seroit dans le cas de la faire à cette République

Chapitre Quatrième

Article Premier – Maniere de construire les forts

Article Deuxième – Des tours avancées

Article Troisième – Calcul du tems auquel quatre mille huit cent hommes pourront construire un fort octogone suivant mon plan et mes profils

Chapitre Cinquième – De la guerre des montagnes

Chapitre Sixième – Des pays occupés ou remplis de haies et de fossés

Chapitre Septième – Des passages de rivières

Chapitre Huitième – Des différentes situations

Chapitre Neuvième – Des retranchemens et des lignes

Chapitre Dixième – De la phalange des Grecs et de l’ordre de combattre des Romains ; fragment de Polybe à ce sujet

Chapitre Onzième – De l’attaque des retranchemens

Chapitre Douzième – Des redoutes

Chapitre Treizième – Des espions et des guides

Chapitre Quatorzième – Des indices

Chapitre Quinzième – Du général d’armée

Mémoires et correspondance.
Choix de textes politiques et militaires

Au roi Auguste II, 23 octobre 1726

À Thioly, janvier 1727

À Adrienne Lecouvreur, 3 février 1727

À Adrienne Lecouvreur, 13 août 1727

à la princesse de Holstein, 10 janvier 1728

Au roi Auguste II, 10 mai 1732

Au roi Auguste II, juin 1732

Au roi Auguste II, 12 janvier 1733

Au duc de Noailles, 9 mai 1734

Au duc de Noailles, 23 octobre 1735

Au comte de Bruhl, 5 décembre 1737

Au roi Auguste III, 28 décembre 1737

Au comte de Bruhl, 12 novembre 1740

Au baron de Dieskau, 10 avril 1741

Déclaration solennelle du duc de Courlande et de Sémigalle 10 avril 1741

Au roi Auguste III, 12 juillet 1741

Au comte de Bruhl, 22 juillet 1741

Au roi Auguste III, 9 août 1741

Au chevalier de Folard, 28 novembre 1741

Au comte de Bruhl, 4 février 1742

Au roi Auguste III, 6 février 1742

Au maréchal de Broglie, 10 février 1942

Au roi Auguste III, 10 octobre 1743

Au comte d’Argenson, 2 mars 1744

Au comte d’Argenson, 5 mars 1744

Au prince Charles-Edouard Stuart, 11 mars 1744

Au duc de Noailles, 6 juillet 1744

À M. le comte d’Argenson, 24 août 1744

Mémoire sur le projet de guerre en Flandre pour la campagne de 1745, 4 décembre 1744

Au roi Auguste III, 4 mars 1745

Au comte d’Argenson, 13 avril 1745

Au comte d’Argenson, 14 avril 1745

Au comte d’Argenson, 21 avril 1745

Au comte d’Argenson, 27 avril 1745

Au comte d’Argenson, 30 avril 1745

Au comte d’Argenson, 1er mai 1745

Au comte d’Argenson, 13 mai 1745

Mémoire sur la campagne de 1745 en Flandre, juin 1745

Au comte de Bruhl, 22 août 1745

Au maréchal de Noailles, 8 septembre 1745

Au comte d’Argenson, 16 septembre 1745

Au roi de Prusse Frédéric II, octobre 1745

Au maréchal de Schmettau, 14 décembre 1745

Au comte d’Argenson, 12 janvier 1746

Au comte d’Argenson, 12 janvier 1746

Au comte d’Argenson, 21 février 1746

Au comte d’Argenson, 26 février 1746

Au comte d’Argenson, 28 mars 1746

Au comte d’Argenson, mai 1746

Au comte d’Argenson, 6 juillet 1746

Au comte d’Argenson, 28 juillet 1746

Au comte d’Argenson, 28 juillet 1746

Au prince de Conti, 28 juillet 1746

Au roi Louis XV, 31 juillet 1746

Au comte d’Argenson, 31 juillet 1746

Au comte d’Argenson, 2 août 1746

Au comte d’Argenson, 3 août 1746

Au comte d’Argenson, 6 août 1746

Au roi Louis XV, 8 août 1746

Au comte d’Argenson, 10 ou 11 août 1746

Au comte d’Argenson, 16 août 1746

Au comte de Ségur, 26 août 1746

Au comte d’Argenson, août 1746

Au comte d’Argenson, 2 septembre 1746

Au comte de Lowendal, 2 septembre 1746

Au comte d’Argenson, 7 septembre 1746

Au roi Auguste III, 10 septembre 1746

Au comte d’Argenson, 16 septembre 1746

Au roi de Prusse, Frédéric II, septembre 1746

Au comte de Clermont, 1er octobre 1746

Au roi Louis XV, 11 octobre 1746

Au roi de Pologne, Auguste III, 12 octobre 1746

Au roi de Prusse Frédéric II, 14 octobre 1746

Au roi de Pologne, Auguste III, 27 octobre 1746

À la reine de Pologne, 26 octobre 1746

Au comte de Bruhl, 27 octobre 1746

Au comte de Bruhl, 10 décembre 1746

Au comte de Bruhl, 24 janvier 1747

Au comte de Bruhl, 15 février 1747

Au comte de Bruhl, 7 mars 1747

À la princesse de Holstein, 10 mars 1747

Au comte d’Argenson, 17 avril 1747

Au comte d’Argenson, 21 avril 1747

Au comte d’Argenson, 25 avril 1747

À la princesse de Holstein, 12 mai 1747

Au comte de Loss, 17 juin 1747

Au roi Auguste III, 14 août 1747

Mémoire sur le siège de Berg-op-Zoom, été 1747

Au comte de Bruhl, 16 septembre 1747

Au roi Auguste III, 22 octobre 1747

Mémoires et observations. Sur les prames et lesbélandres de Hollande, 13 décembre 1747

Premier mémoire

Second mémoire

Au roi Auguste III, 24 décembre 1747

Au roi Auguste III, 10 février 1748

Au comte d’Argenson, 31 mars 1748

Au maréchal de Noailles, 8 avril 1748

À la duchesse de Brancas, 25 avril 1748

Au marquis de Puysieulx, 28 avril 1748

Au comte d’Argenson, 6 mai 1748

Au comte de Maurepas, 15 mai 1748

Au comte d’Argenson, 15 mai 1748

Minute (s.d., juin 1748)

Au roi Auguste III, 1er août 1748

À l’intendant du château de Chambord, 15 octobre 1749

Mémoire sur l’exercice des détachements du camp des Invalides, 25 mars 1750

Mémoire sur l’inconvénient d’essuyer le feu de l’ennemi sans lui répondre, 25 mars 1750

Au roi Louis XV, 1750

À la princesse de Holstein, 25 septembre 1750

Réflexions sur la propagation de l’espèce humaine, s.d.

Testament et codicille de S.A. Mgr le maréchal de Saxe

Apocryphes

Comte d’Hérouville de Claye, Traité des Légions

Extraits

Baron d’Espagnac, Supplément aux Rêveries

Extraits

Baron d’Espagnac, Remarques sur un nouveau système de fortification

Extraits

Zacharie Pazzi de Bonneville, Esprit des lois de la tactique

Notes de Monsieur le maréchal de Saxe

Zacharie Pazzi de Bonneville, Nouvelles rêveries

Extraits

Sources et bibliographie

Sources manuscrites

Sources imprimées

Bibliographie

Table des planches de l’édition des Rêveries donnée par l’abbé Pérau

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La géographie militaire française (1971-1939)

Philippe Boulanger

 

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Table des matières

Introduction

Première Partie – La formation de l’école française de géographie militaire

Chapitre Ier – Les origines de la géographie militaire

A) Le rapport ancien entre géographie et guerre

I. La géographie, un élément de l’art militaire

II. Théophile Lavallée, premier théoricien de la géographie militaire

III. Le retard de la géographie militaire francaise

B) L’impact de la défaite de 1870-1871

I. La pensée géographique en question

II. La recherche de nouvelles bases

C) Les premiers fondements (1871-1875)

I. Une démarche critique et ouverte aux influences extérieures

II. Naissance d’un nouveau concept : la géographie stratégique de Fervel

III. L’introduction de la géographie militaire terrestre et maritime

Conclusion : Les débuts difficiles de la géographie militaire

Chapitre II – L’âge d’or de la géographie militaire (1875-1914)

A) L’enracinement de la géographie militaire

I. Une approche reconnue de l’art militaire

II. La combinaison des méthodes traditionnelles et nouvelles

III.Une géographie sous influence

B) Les fondateurs de l’école de géographie militaire française

I. La Géographie militaire de Gustave-Léon Niox (1876-1895)

II. La Géographie militaire de Marga (1880-1884)

III.La géogénie de Barré (1897-1899)

C) Le rayonnement limité de l’école de géographique militaire

I. Le déterminisme géographique

II. Une ouverture limitée vers la géographie universitaire

III. Une école de pensée réservée au milieu militaire

Conclusion : Une pensée géographique en mutation

Chapitre III – De la géographie de guerre au déclin de la géographie militaire

A) Vers la géographie de guerre (1914-1918)

I. L’influence de la géographie dans la guerre

II. L’organisation d’une géographie de guerre

III. La mobilisation des géographes universitaires

B) Le renouvellement de la pensée géographique militaire (1919-1935)

I. Une géographie militaire en mutation

II. Une géographie militaire nouvelle

III. Vers la géostratégie

C) Une école de pensée marginalisée (1935-1939)

I. Les limites de la pensée géographique

II.La crise d’identité d’une école de pensée

III.La critique des géographes universitaires

Conclusion : Le fragile retour en force de la géographie militaire

Deuxième Partie – Géographie et guerre

Chapitre IV – Les institutions de la géographie militaire

A) Le développement du service géographique de l’armée

I. Une institution au service de la géographie militaire (1874-1914)

II. Le service géographique, acteur de la géographie de guerre (1914-1918)

B) L’enseignement dans les écoles militaires

I. L’essor de la discipline géographique dans les écoles militaires

II. Un enseignement théorique aux approches problématisées

III.La dimension appliquée de l’enseignement de la géographie militaire

Conclusion : Deux institutions au service de la géographie militaire

Chapitre V – Une géographie militaire appliquée

A) Le terrain, les hommes et la guerre

I. Le terrain, élément géographique fondamental dans la tactique

II. Les composants géographiques du terrain et leur influence dans la tactique

III. L’organisation militaire du terrain

B) L’espace, les hommes et la guerre

I. Les concepts géographiques généraux

II. Les objectifs géographiques dans la stratégie

III. Les réseaux de transports dans la stratégie

C) Le territoire, les hommes et la guerre

I. Une géographie militaire des frontières

II. Le territoire des puissances

III.Le territoire des nations

Conclusion : La triple échelle spatiale de l’art militaire

Chapitre VI – une géographie militaire différenciée

A) Une géographie militaire avant tout terrestre

I. L’Europe, théâtre des guerres

II. Une conception révélatrice d’une culture militaire

III. Les axes géographiques de la guerre

B) L’essor de la géographie militaire maritime

I. Des espaces géographiques spécifiques

II. La stratégie dans l’espace maritime et littoral

III. De la stratégie des espaces maritimes à la géostratégie navale

C) Les débuts de la géographie militaire de l’espace aérien

I. L’émergence d’une pensée géographique de l’espace aérien

II. Les composants géographiques de l’espace aérien

III. L’apport de la géographie militaire de l’espace aérien

Conclusion : La spécialisation progressive de la pensée géographique militaire

Troisième Partie – Les échiquiers militaires

Chapitre VII – Les France militaires

A) L’espace militaire face à la menace extérieure

I. La menace permanente de l’Allemagne

II. Les grandes lignes d’invasion

III.La régionalisation de l’espace militaire

B) Les régions stratégiques du Nord et du Nord-Est

I. L’axe fondamental du Rhin

II. La Lorraine, théâtre perpétuel de guerre

III. Le paradoxe géographique et stratégique de la région Nord

C) Les théâtres d’opérations secondaires

I.La frontière militaire contrastée de l’Est

II. Des frontières sans menace au Sud et à l’Ouest

III. Les centres stratégiques de la France

Conclusion : Les deux France militaires

Chapitre VIII – Les échiquiers européens

A) L’Allemagne, vaste espace de guerre

I. Un axe de guerre européen

II. La défense renforcée des façades orientales et occidentales

III. Les théâtres d’opérations secondaires

B) Les échiquiers instables de l’Europe centrale et orientale

I. La Suisse, centre stratégique de l’Europe

II. Une Europe centrale vulnérable et instable

III. Les puissances secondaires de l’Europe Sud-Orientale

C) Les périphéries insulaires et péninsulaires

I. L’insularité stratégique des îles Britanniques

II. La périphérie scandinave marginalisée

III.Les puissances péninsulaires du Sud de l’Europe

Conclusion : L’éclatement des échiquiers européens

Chapitre IX – Les échiquiers marginalisés

A) La naissance des grandes puissances

I. Des puissances montantes marginalisées

II. La puissance nouvelle des Etats-Unis

III. L’état russe face au défi stratégique de son immensité

B) La construction des empires coloniaux

I. La spécificité de la géographie militaire des colonies

II. Des zones d’influence entre grandes puissances mondiales

III. Les espaces de rivalités coloniales

C) Les espaces oubliés de la géographie militaire

I. Des espaces excentrés

II. Des conditions géographiques particulières

III. Les aires géographiques oubliées

Conclusion : Des échiquiers excentrés

Conclusion générale – L’expérience géographique dans la pensée militaire

La formation d’une école de pensée géographique

La géographie, instrument de guerre

La connaissance d’un ordre stratégique du monde

Archives

Sources imprimées

Bibliographie sur la géographie militaire

Index

Table des documents

Table des cartes

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Introduction à la partie positive de la stratégie

Général Lewal
Édition commentée et annotée par le colonel Allain Bernède

 

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Table des matières

Remerciements

Préface. Pour une approche historique des études de doctrine

Ne brûlez pas vos bibliothèques !

Cas concret

Ce qui était déjà une refondation

Aux origines de Lewal

Le réformateur de l’Armée

Quelle méthode pour quelle doctrine ?

I L’étude de la stratégie

II Le roman dans la stratégie

III L’histoire dans la stratégie

IV La politique dans la stratégie

V La philanthropie dans la stratégie

VI L’acte de guerre

VII Les deux parties de la stratégie

VIII La partie spéculative de la stratégie

IX Les facteurs moraux

X L’art militaire

XI Incertitude des principes d’art militaire

XII Les secrets de la guerre

XIII Les maximes de guerre

XIV Le gros bon sens en stratégie

XV La pratique et l’expérience

XVI Transformation des combinaisons de la guerre moderne

XVII Difficultés croissantes de la direction, moyens de les atténuer

XVIII Nécessité de la détermination des relations entre les unités au point de vue stratégique

XIX Possibilité de constituer la science de la guerre

XX Méthode rationnelle

Postface

Enseigner l’Histoire militaire aux militaires

Enseigner l’Histoire militaire à la société civile

Encore ne faut-il pas être dupe

annexe I – La division et les principaux types de formations divisionnaires

Annexe 2 – La tactique

Annexe 3 – Aspects parlementaires de la loi sur le recrutement militaire de 1889

Annexe 4 – Glossaire succinct de quelques termes militaires

Annexe 5 – Des principes de la guerre

Annexe 6 – Histoire militaire de la France de la fin du Moyen Âge à nos jours, mise en perspective

Annexe 7 – Chronologie de la vie du général Lewal (1823-1908)

Annexe 8 – Les principaux écrits du général Lewal

Annexe 9 – Décorations et citations du général Lewal

Annexe 10 – Notices biographiques des principaux auteurs cités par Lewal

Annexe 11 – Bibliographie d’accompagnement

Index

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Aspect continental du Brésil

Le point essentiel, quand on examine l’ensemble des territoires sud-américains enclavés dans la masse continentale sud-américaine, réside dans les possibilités routières, déjà nettement manifestées, qui se traduisent soit dans la neutralisation du pouvoir concentrique du bassin de La Plata, soit dans la force d’attraction de l’Amazonie, soit dans la capacité de coordination du littoral atlantique en relation avec les deux importantes manifestations de puissance économique et politique que le Brésil possède.

L’étude de certains aspects rassemblés dans ce dernier chapitre complétera sûrement le caractère de la projection continentale du Brésil.

Les transports et notre modèle continental

Celui qui observe les grandes lignes, les lignes essentielles, c’est-à-dire celles qui limitent les versants et les vallées principales des bassins hydrographiques de notre masse continentale, arrive facilement à reconnaître l’importance que prend la juxtaposition judicieuse des divers moyens de transport dans les relations politiques et économiques des états sud-américains entre eux, comme entre les subdivisions existant dans un quelconque de ces pays.

Notre système hydrographique est l’un des plus capricieux que l’on puisse imaginer. De la même manière, notre système orographique présente des aspects qui vont du modèle maritime du massif brésilien et de ses ramifications jusqu’aux formations andines avec leurs pics couverts de neige.

Tout cela se manifeste à travers d’immenses étendues se développant de préférence dans le sens des méridiens, les phénomènes orographiques s’intercalant comme les phénomènes hydrographiques, parfois même sous les formes les plus bizarres.

Du reste, la pluralité des transports est un phénomène qui s’observe toujours quand une région quelconque de notre continent bénéficie d’un net progrès.

Le système de transports argentin nous en donne un exemple parfait, si on considère la combinaison de son bassin fluvial et de son réseau ferré.

D’ailleurs, nous devons nous souvenir que l’aviation double ce système au moins dans les directions d’Asunción et de Santiago du chili, et aussi penser que tout ce système a la possibilité de se raccorder comme le font les voies maritimes.

La combinaison des voies ferrées et fluviales représentée par le couple Madeira – Mamoré, offre un autre exemple digne d’être cité.

Nous avons là la solution de continuité dans la navigation fluviale, exprimée par la voie ferrée entre Porto Velho et Guajara-Mirim. Malgré les difficultés, cette combinaison a au moins servi à donner à la Bolivie méditerranéenne un puissant élan à son économie.

Dans notre territoire, nous pouvons citer deux de ces cas les plus semblables comme la navigation dans le cours supérieur et moyen du rio Sâo Francisco, mis en communication avec la tête de ligne de chemin de fer de Pirapora, dans la province de Minas Geraes, comme avec celle de Joazeiro qi conduit directement au port de Bahia sur le littoral atlantique ; aussi, la liaison que permet la voie ferrée de S. Luiz à Terezina, entre une grande partie du Sertaô du Piaui et du Ceara avec l’Atlantique, par le contact de cette voie avec l’axe fluvial de Parnaiba, parfaitement navigable jusqu’à Amarante ou même un peu au-dessus.

Ces deux cas sont des exemples suffisants, si nous gardons à l’esprit, en particulier à propos du second cas, l’existence du réseau routier, facteur décisif donnant leur importance aux voies fluviales en tant que canaux d’écoulement. Et, si nous nous placions au niveau du problème des communications, c’est-à-dire en le prenant à rebours et donc en forçant les événements au lieu d’être conduits par eux, alors ces exemples prendraient une véritable signification.

Celui qui voudra méditer sur l’ensemble de ces exemples, pourra toutefois évaluer toute la dynamique de l’économie du versant atlantique, élaborée en combinant la multitude des moyens de transport : réseau routier, bassin fluvial, lignes de navigation (cabotage et long cours), chemin de fer.

Aujourd’hui se présente à nous une nouvelle et magnifique occasion pour vérifier une fois de plus l’importance de la pluralité des transports dans le cas de notre modèle continental.

Il s’agit du service aéropostal et de passagers entre Lima et Iquitos qui est déjà en plein fonctionnement. L’organisation et la mise en service de cette ligne en projet depuis le milieu de 1929 méritent qu’on ait pour cet exemple une attention particulière du point de vue où nous nous plaçons.

En réalité, le voyage comprend trois parcours successifs : entre Lima et Oroya par chemin de fer, entre Oroya et San Ramón par la route, entre San Ramón et Masiseia par avion avec escale à Puerto Bermudez, entre Masiseia et Iquitos en hydravion.

Cette succession de moyens de transport permet de faire en 23 heures 30 le trajet qui, autrefois, demandait 25 à 30 jours ; aujourd’hui, une des capitales du Pacifique est en contact direct avec l’Atlantique par l’Amazonie.

S’il n’y avait pas eu cette collaboration entre des moyens de transport (chemin de fer, automobile, avion, hydravion), il est certain que nous n’aurions pas atteint de tels résultats pratiques.

Des conditions naturelles contraires et des conditions atmosphériques défavorables obligent à utiliser toute la diversité de moyens. En outre, les distances et l’absence de ressources sont telles que les lignes aériennes ont des points d’atterrissage qui sont de simples pistes, qu’on devrait transformer en véritables bases aériennes avec toutes les installations requises. Par exemple, Masiseia est une vraie base aérienne, pour la raison qu’elle assure la liaison par hydravion (Masiseia – Iquitos), ainsi que celle par avion (Puerto Bermudez – Masiseia) ; elle doit posséder tous les moyens matériels de secours et de relève de personnel. La base d’Iquitos, outre ses installations, dispose d’une puissante station de TSF.

De notre point de vue, c’est là un enseignement de tout premier ordre. Il nous semble qu’à l’inverse de plans séparés des communications maritimes, terrestres, fluviales, aériennes, etc. nous devrions avoir un plan d’ensemble, basé sur les possibilités que nous offrent tous ces moyens de transport que nous procure l’industrie moderne.

Or, l’avion ou l’hydravion eux-mêmes ne seraient pas capables de résoudre tous les problèmes malgré leurs immenses possibilités ; il en est également des lignes de chemin de fer ou des réseaux routiers qui ne seraient pas plus aptes à les résoudre.

Notre influence se fait sentir dans les deux bassins séparés de l’Amazone et de La Plata ; également dans les passages andins, qui relient le bassin de l’Amazone à la côte du Pacifique ; de même, dans le fait que la bande littorale de notre territoire et notre littoral lui-même parachèvent nos possibilités sur le versant atlantique.

Sur cette base, prenant en compte les intérêts internes comme ceux continentaux, il se trouve que nous devrions établir notre politique de communication, de telle façon que, pour répondre à tous les besoins et quelles que soient les circonstances (météorologie, ressources locales, longueurs des étapes et leurs conditions topographiques, financement, etc.), nous puissions profiter de tous les moyens de transport en les combinant.

D’ailleurs, il faut reconnaître que ceci est ébauché dans tout notre système de communication. Cependant, il faudrait nécessairement que ce système soit organisé pour qu’on en tire le meilleur rendement. Ainsi, avec ce qui existe déjà, on pourra arriver à organiser un réseau mixte dans lequel tous les moyens de transport se trouveront parfaitement conjugués et en relation les uns avec les autres, dans lequel on réalise ce qui est la pluralité des transports, importante pour notre modèle continental.

Mais, ce qui est indéniable étant donné les aspects géographiques sud-américains sur lesquels notre regard s’est porté (parce qu’ils étaient fondamentaux ou qu’ils manifestaient une inquiétude politique), c’est dans le domaine de la pluralité des transports qu’il revient de droit au Brésil d’exprimer toute la force de son immense pouvoir coordinateur.

Le réseau aérien sud-américain et ses impératifs

Le réseau aérien sud-américain représente un autre exemple de la projection coordinatrice du Brésil dans la vie internationale du continent, étant donné l’influence décisive de certains impératifs physiographiques.

Malgré tous les progrès de l’aviation, on est conscient que les lignes aériennes doivent être balisées en fonction de la configuration du terrain.

Ce n’est pas, comme on peut le penser à première vue, une question d’orientation du vol. Aujourd’hui, les règles de la navigation aérienne donnent aux aviateurs les moyens de conserver le cap choisi dès le départ.

Il s’agit, simultanément, d’une série d’impératifs qui doivent être respectés pour que les vols se fassent dans les meilleures conditions possibles, que ce soit à propos des facteurs météorologiques dont il faut tenir compte, que ce soit à propos de l’état des ressources locales concernant les pistes d’atterrissage, normales ou éventuelles, ou de la question des bases aériennes.

Dans le continent sud-américain, de telles conditions du trafic aérien se manifestent d’une manière impérative. D’un côté, on a l’étendue du territoire le long des méridiens qu’on doit parcourir, de l’autre la bande centre avec toutes les étonnantes variétés du versant atlantique, depuis l’enfer vert de la forêt amazonienne jusqu’au système orographique du haut plateau central et son influence en direction de l’océan.

Ces particularités géographiques de notre masse continentale considérées, ainsi que les conditions que doivent respecter les lignes aériennes en fonction de la région qu’elles peuvent survoler, il est évident que la création d’un réseau aérien efficace et sûr doit tenir compte des impératifs de nos caractéristiques physiographiques.

On ne peut nier qu’il est nécessaire que nos lignes aériennes soient balisées, d’un côté par les bandes littorales, de l’autre par les grandes composantes de nos deux immenses bassins hydrographiques.

En effet, c’est par cela qu’on conclut, après avoir examiné pendant un instant les conditions du trafic aérien dans le continent sud-américain.

Le littoral du Pacifique et les vallées longitudinales andines canalisent toute la circulation aérienne en vue de desservir les régions du versant pacifique. Ces lignes longitudinales orientent en partie les vols du Servicio Aereo del Ejercito del Chile, de la SCADT de Colombie, de la Fawcet Aviation Company du Pérou, du Servicio Aeréo de la Marina Peruana et de la Compañia Lloyd Aereo Boliviano.

Le littoral atlantique joue le même rôle. C’est ce qui apparaît pratiquement dans les lignes aériennes entre New York, Rio et Buenos Aires (NYRBA), entre Natal et Porto Alegre (CONDOR), entre Natal et Buenos Aires (Latécoère).

Quant au trafic de la bande centrale du continent, il n’est qu’esquissé le long des voies fluviales des deux bassins de la façade atlantique.

Dans le bassin de La Plata, nous avons la ligne entre Buenos Aires et Santiago du Chili (Latécoère) et dans le bassin de l’Amazone, quelques lignes du Lloyd Aero Boliviano et enfin, la très récente ligne mixte de Lima à Iquitos, utilisant la Passe du Pasco, pour franchir la cordillère des Andes et, par Ucaiali, vers l’Amazonie, comme étant la première liaison entre le versant du Pacifique et celui de l’Atlantique par la région de l’Amazone.

L’événement le plus intéressant de tous concerne la ligne aérienne de New York à Buenos Aires, inaugurée à grand bruit par le magnifique vol de Lindberg entre Miami et La Havane.

Cette ligne suit non seulement les routes aériennes du versant du Pacifique, mais aussi celle passant par le seuil de Santa Rosa (vers le haut plateau bolivien) et celle vers le bassin de La Plata par Pilcomayo et Buenos Aires. Ainsi, ces deux lignes ont des servitudes physiographiques déjà mentionnées.

Pour préciser ces points de vue, étudions, en ce qui nous concerne, les possibilités de création des lignes d’aviation sud-américaines, en repoussant l’argument éculé voulant que le Brésil soit le berceau de la navigation aérienne.

C’est qu’en effet, le Brésil possède les caractères géographiques les plus décisifs de toute la masse continentale sud-américaine. Il possède la plus grande partie du bassin de l’Amazone et, avec elle, le contrôle de toutes les possibilités de trafic, y compris de tous les transports venant de l’autre versant du continent. En conséquence, nous pouvons exercer, par rapport à la partie sud de notre littoral et aux lignes de pénétration vers l’ouest, une réelle influence neutralisante des activités politico-économiques du bassin de La Plata. Et, en rapport avec l’extension de notre littoral, nous pouvons arrêter toutes les manifestations de ce contrôle et de cette influence.

Étant donné nos difficultés extrêmes dans le trafic terrestre (ouvrages d’art en quantité, formidables extensions, assainissement, etc.), quel rôle pourra jouer l’aviation pour donner un sens pratique aux aspects géographiques déterminants du continent dont nous disposons ? Jusqu’où apporterons-nous ce sens pratique si, avec le moyen de l’aviation, nous complétons ce que déjà nous avons réalisé dans d’autres domaines des transports ?

Force coordinatrice du Brésil longitudinal

une fois analysés et par conséquent admis et mis en relief, certains aspects de la masse continentale sud-américaine comme certains de ceux du territoire brésilien, l’importance de nos communications longitudinales se manifeste d’une manière indiscutable, que ce soit du point de vue de l’unité brésilienne ou que ce soit comme départ de la projection coordinatrice du Brésil, du point de vue continental.

On peut résumer cela en quelques mots.

En premier lieu, les grandes lignes de la masse continentale, la Cordillère des Andes la divisant en deux versants, celui de l’est avec ses deux bassins, celui de l’Amazone et celui de La Plata, et celui de l’ouest, vers le Pacifique.

Ensuite, ces deux bassins se situent par rapport à une sorte de pivot 3, issu d’une des formations de la Cordillère, ou haut-plateau bolivien, d’où partent les cours d’eau.

Puis, la perméabilité de la Cordillère, représentée par les cols et les seuils comme points de moindre résistance, lesquels peuvent être franchis par le flot des riches attirés par le puissant dynamisme du versant atlantique.

Finalement, la prééminence du bassin amazonien sur le bassin de La Plata, due à la force centripète de l’Amazonie, en relation avec son immense amphithéâtre et grâce aux énergies neutralisantes, provenant du littoral atlantique qui s’exercent sur le bassin de La Plata à cause de son exutoire mal placé.

Par ailleurs, ces caractéristiques géographiques commandent une série de phénomènes qu’on peut considérer comme capitaux.

L’instabilité géographique de certains territoires est l’un de ces phénomènes : en Bolivie, elle est liée au caractère minier des Andes profondément sapé par l’économie de l’Amazonie et celle de La Plata ; en Colombie, l’instabilité varie suivant les influences directes des deux océans et suivant celle de l’expansion yankee, qui se propage à travers la mer des Antilles ; en Uruguay, l’instabilité est plus ou moins due à l’influence de son identité économique avec celle du territoire brésilien et aussi aux sollicitations politico-économiques de La Plata.

La multiplicité des transports est une manifestation d’un autre ordre de ces phénomènes apparus quand on est confronté au problème des transports, lequel, pour être résolu, exige de recourir à l’emploi conjugué de tous les moyens.

Enfin, il existe un certain fatalisme dans la création des systèmes de circulation, principalement en ce qui concerne les lignes aériennes, provenant surtout de contraintes physiographiques bien nettes.

De l’ensemble de ces phénomènes, le territoire brésilien en possède la meilleure part à cause des régions amazoniennes et du Matto Grosso qui prolongent ses extrémités nord et sud, et convergent vers le centre même de la masse continentale.

La région amazonienne, du fait des possibilités de transport offertes par l’Amazonie, possède un intérêt en soi ; quant à la région du Matto Grosso, à cause de sa situation, prolongeant les territoires du littoral, elle permet, grâce à des routes terrestres, d’assurer une grande capacité de transport depuis les confins méditerranéens jusqu’à l’Atlantique.

Notre littoral, agissant comme un puissant aimant, se développe selon des étendues de côtes, jalonnées par les ports de S. Francisco – Santos, Rio de Janeiro – San Salvador, Natal – Belém, offrant ainsi trois surfaces de contact aux lignes de navigation maritime de l’Atlantique Sud.

Le segment San Francisco – Santos s’oppose à la force centripète du bassin de La Plata ; quant au segment Natal – Belém, Natal y joue le rôle de terrain d’atterrissage naturel pour les vols transatlantiques alors que Belém est le déversoir de tout le potentiel centripète de l’Amazonie.

Le segment Rio de Janeiro – San Salvador limite sur la côte la région littorale que représente la bande littorale longitudinale de liaison des deux grands axes de pénétration.

Malgré toute la projection coordinatrice de ces segments littoraux, en relation avec les aspects géographiques sur lesquels reposent les phénomènes essentiels de la géographie sud-américaine auxquels nous avons fait allusion, on doit considérer les lignes terrestres qui les renforcent dans de nombreux tronçons, rectifiant ou balisant la limite ouest de la bande longitudinale de liaison ou fixant les possibilités unificatrices de cette bande en fonction de la pluralité de nos ports.

D’une façon générale, ces lignes sont définies par les vallées du Parnaiba et du Tocantins et par les vallées des hauts et des moyens cours du San Francisco et du Parnaiba.

Dans la première vallée, nous trouvons Catalâo, qui s’impose comme base aérienne de premier ordre, d’où on peut se diriger aisément vers une quelconque des trois vallées principales qu’on vient de citer, et tout particulièrement vers Belém (Tocantins).

Dans la seconde, nous avons Pirapora reliée à Rio de Janeiro et Joazeiro à San Salvador. De ces deux points-jalons découle l’importance de Joazeiro parce que ce site correspond sensiblement au centre de dispersion orographique qui s’étend vers l’est et le nord, ses ramifications étant limitées par le littoral qui va de San Salvador jusqu’à San Luiz de Marauhâo.

D’un côté, le port de Recife est soustrait à la nette influence du littoral alors que seul le port de San Salvador présente de nettes possibilités d’évacuation ; dans le reste de cette étendue de côtes, les ports existent ou non à l’état embryonnaire pour de multiples raisons. D’un autre côté, on ne doit pas oublier que Joazeiro est à portée du point où la navigation sur le Parnaiba cesse ; la ligne de chemin de fer San Luiz – Terezina sur les rives de ce dernier va à son tour s’arrêter à Florés (Maranhâo).

Et de plus, observons que Joazeiro au bord du Rio San Francisco est capable de rassembler à Pirapora la grande partie de la production du nord du Minas Geraes et qu’il est en relation avec le réseau ferroviaire du nord-est par l’intermédiaire de la route Petrolina – Leopoldina – Lavras (Pernambus – Cearà). Enfin, Joazeiro est relié au port de San Salvador par une excellente voie ferrée, ce qui montre parfaitement son importance dans notre système de communications longitudinales.

Il reste enfin une évidence qui est la capacité d’attraction et de coordination du littoral atlantique qui nous appartient, en relation avec la capacité de pénétration des extrémités nord et sud de notre territoire, exprimée très précisément par la bande longitudinale qu’on vient de définir.

Cette sorte de barreau aimanté se montre ainsi capable d’agir sur les deux compartiments du versant atlantique, au moyen de ses deux axes de pénétration, propageant en même temps son influence dans les domaines politique et économique, vers les seuils et cols andins, jusqu’au versant ouest du continent.

Encore deux mots.

Étant donné le caractère secondaire du versant du Pacifique et la perméabilité des Andes, c’est sur le versant atlantique que les caractères fondamentaux de la personnalité politique sud-américaine manifestent leur plus grand pouvoir.

C’est dans cette région que les acteurs arrivent à jouer des rôles où l’exubérance n’est pas absente dans un théâtre formé d’une diversité de territoires d’une grande extension. C’est aussi là, où le contact entre les deux groupes ethniques y est le plus constant et le plus intime et où les influences d’outre-mer y sont les plus fortes.

Et c’est ainsi que, comme nous l’avons vu, nous sommes en dernière analyse confrontés à cette opposition entre les deux grands bassins, ou mieux, entre tous les intérêts que ces deux bassins représentent.

Plus se précise la recherche de la stabilité de la part des forces politiques qui s’adaptent au territoire, plus se manifestent les effets de désintégration causés par cet antagonisme géographique.

Plus forte se révèle l’influence des aspects économiques les plus divers, plus entrent en jeu de nouvelles voies de communication et de nouveaux moyens de transport ; à mesure que la richesse apparaît et circule, ces effets se font de plus en plus exigeants.

Après la fièvre de quatre siècles d’activité humaine dans ces contrées, tout laisse à penser que, dès le début, naquit le formidable antagonisme politico-économique de l’Amazonie et de La Plata dans lequel sont présentes toutes les questions directes ou indirectes liées aux deux bassins.

Et ce n’est qu’aujourd’hui, au début du deuxième siècle de vie autonome, où commence l’existence des nations sud-américaines, peut-être encore accélérée par les événements compliqués du premier quart de siècle dans lequel nous vivons, que nous prenons conscience des graves problèmes qu’elles doivent résoudre. Arrivés à ce point, voici comment on envisagera la situation.

Dans le bassin de La Plata, il y a des aspects concentriques, des populations suffisamment homogènes et denses, des facilités topographiques, des conditions météorologiques favorables. Les pions occupent des positions avantageuses dès le début. Domination absolue du pavillon argentin dans le bassin de La Plata. Il existe des lignes de chemin de fer qui sont reliées à des voies navigables, compensant avantageusement la situation défavorable de l’estuaire de La Plata. Ces deux moyens de communication drainent le trafic vers Buenos Aires, jouant le rôle de distributrice des États méditerranéens et aussi apportant l’influence de La Plata jusqu’aux vallées longitudinales des Andes.

Dans le bassin de l’Amazone, c’est l’inverse. Il y a profusion de forêts tropicales, excentriques par rapport aux zones d’influence de la politique brésilienne, situation due à la précarité des communications longitudinales. La terre est encore trop loin de l’homme, pour lui permettre d’envisager de grandes choses. La navigation fluviale ne se faisant pas selon les directions excentriques de l’Amazone, c’est seulement le Madeira-Mamoré, perdu dans les profondeurs de l’ »enfer vert » qui est l’unique pion savamment joué de main de maître…

Cependant, il faut qu’on soit en faveur des projets prévus pour le bassin de l’Amazone, c’est-à-dire en faveur du système ferroviaire qui se concentre sur San Paulo et, de là, va à Santos. Grâce à ce système, le nord-est pourra répondre aux besoins des États méditerranéens. Il représentera la neutralisation des influences convergentes des communications de La Plata et il constituera une excellente protection politico-économique pour le développement des communications amazoniennes.

Quelles sont les autres actions neutralisantes qui se produiront, après chaque événement, en faveur du bassin de l’Amazone notoirement en retard par rapport à son adversaire ? De quelle façon joueront certains nouveaux éléments comme l’avancée de l’aviation commerciale, le transbordement des richesses andines, l’émigration japonaise, les initiatives et les capitaux des Yankees ? Quelles réactions politiques naîtront de ces affaires et de l’influence de ces éléments ? Quel rôle sera celui des États méditerranéens face à des actions politiques à ce point contradictoires ?

Il est certain que cette suite de questions va se multiplier à l’infini. Toutes ensemble empruntent aux caractères du continent sud-américain, par la répétition multipliée à l’infini des images que ces questions provoquent, le symbole inquiétant du point d’interrogation.

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Notes:

3 En français dans le texte.

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Caractères déterminants du Brésil de La Plata et du Brésil amazonien

Nul ne peut refuser aux bassins hydrographiques le rôle qu’ils assument dans la caractérisation et même dans la délimitation de certaines régions. Comme pour les bassins hydrographiques, avec le réseau de leurs composants, ils façonnent physiographiquement et économiquement la région qu’ils couvrent.

C’est un fait, il y a des régions qui ne débordent pas des limites du bassin du fleuve qui les a parcourues et modelées. Les caractères géographiques des régions environnantes n’ont pas la faculté de pouvoir écouler les produits. Rien ne neutralise les forces concentriques engendrées par le réseau hydrographique, par le bassin lui-même. Une sorte de fatalisme entraîne toutes choses.

Cependant, les exceptions à ce cas général sont chaque fois plus nombreuses. Dans la plupart des cas, il faut tenir compte des circonstances déterminantes voisines et de leur faculté d’intervention en tant que réels facteurs géographiques, modificateurs du dynamisme centripète des bassins hydrographiques.

Ces facteurs sont beaucoup plus fréquents et complexes qu’on peut le penser à première vue, si on considère, outre les autres caractéristiques, l’influence croissante que les moyens de communication exercent dans les domaines étendus de la géographie politique.

Le Brésil de La Plata et celui de l’Amazone nous offrent deux exemples profondément différents ; il sont dans une telle situation géographique qu’ils constituent, avec le littoral atlantique qui nous intéresse, l’expression même de l’influence continentale du Brésil.

Actions neutralisantes sur le bassin de La Plata

Le Brésil de La Plata nous donne un exemple frappant des actions neutralisantes s’exerçant sur le pouvoir concentrique des bassins hydrographiques.

On sait que le Rio de La Plata possède trois de ses principaux affluents dont les cours supérieurs sont en territoire brésilien. Ce sont l’Uruguay, le Parana et le Paraguay qui naissent sur notre territoire ; de plus, trois des principaux affluents de la rive orientale du Parana proviennent de contreforts occidentaux de la Serra do Mar.

On connaît également les efforts considérables de la politique des communications de La Plata proprement dite : d’un côté, l’exploration systématique des voies fluviales eu égard aux moyens de transport, au drapage et au régime portuaire ; de l’autre, la prise en compte des liaisons ferroviaires qui doublent les communications fluviales. L’étude, même superficielle, d’une carte argentine, depuis qu’on s’occupe sérieusement de la question de la complémentarité des communications fluviales et ferroviaires, montre facilement à quel point le pouvoir concentrique du bassin de La Plata se trouve renforcé.

Ce renforcement répond par lui-même aux tendances centrifuges qui menacent le bassin de La Plata.

En premier lieu, c’est la situation défavorable de l’embouchure du Rio de La Plata, laquelle, pour une simple question de latitude, devient secondaire, notamment par rapport aux ports de Santos et de San Francisco. Après l’emprise argentine sur La Plata, les pays « méditerranéens » (Paraguay et Bolivie) aimeraient disposer de nouvelles voies pour atteindre l’Atlantique.

Enfin, les liaisons ferroviaires brésiliennes, malgré les hésitations de notre politique de communications routières et les nombreuses causes de désintégration, deviennent de plus en plus importantes dans l’économie du pays.

Cette dernière raison nous paraît avant tout avoir un caractère déterminant dans cette politique. Cependant, la très précaire ligne de Sâo Paulo à Rio Grande, si nous tenons compte d’autres éléments, joue bien son rôle d’épine dorsale du Brésil de La Plata. Son existence, doublant la route maritime et les liaisons par fer avec le littoral (Sâo Paulo – Santos, Ponta Grossa – Paranagua, Porto da Uniâo – S. Francisco, Santa Maria – Porto Alegre, S. Gabriel – Rio Grande), pour le moins, empêchent l’influence de La Plata de s’exercer librement sur le territoire brésilien. Le Nord-Ouest complète le tableau, amenant à la proximité de Corumba les voies ferrées brésiliennes, au bord même du Rio Paraguay, dont elles avaient cessé depuis longtemps d’être les tributaires et avec lesquelles nous avons déjà commencé à entrer en compétition, sinon économiquement, du moins politiquement.

L’oeuvre est à peine ébauchée.

Il faut à nouveau consolider la ligne S. Paulo – Rio Grande, augmenter son rendement et relier l’océan au Parana, prolongeant les lignes de Ponta Grossa au port de Guaira et de Porto de Uniâo à la Foz d’Iguassu ; il faut aussi consolider le Nord-Ouest dans tous les sens du terme et l’amener au niveau de pouvoir subir dans de bonnes conditions l’écoulement des produits « méditerranéens » du Paraguay et de la Bolivie.

Il ne fait aucun doute que ce sont des tentatives très importantes pour lesquelles ce qui existe se maintient difficilement. Mais c’est un devoir politique qui incombe au Brésil, non seulement du point de vue national mais aussi continental.

Le fatalisme géographique des bassins hydrographiques est encore un des préjugés de la vieille géographie divisée en secteurs étanches : physique, économique, politique, etc. Cependant, dans les domaines de la science géographique, il n’y a pas place pour le fatalisme. Elle est la science intégrale par excellence. Le cas du bassin de La Plata et des voies de communication du sud du Brésil en sont la preuve patente.

Potentiel centripète de l’Amazonie

Le bassin amazonien, à l’inverse de celui de La Plata, est le vrai cas typique des bassins hydrographiques, lesquels sont d’eux-mêmes capables de caractériser une région.

Sa sphère d’influence prend des proportions considérables, non seulement du fait de l’étendue du territoire qu’elle embrasse, mais aussi par la diversité des conditions géographiques qu’elle renferme.

Pour le sud, par le Rio Madeira, elle atteint le cœur du haut plateau bolivien avec les trois principaux affluents de ce fleuve qui sont le Mamoré, le Beni et le Madre de Dios. Il faut se souvenir que ces deux derniers peuvent transmettre des influences de caractère transandin, puisque leurs vallées sont proches du Col de Santa Rosa.

L’Ouest offre, face au Seuil de Pasco, deux vallées de caractère andin par le développement longitudinal de leurs cours ; ce sont celle de Ucaiali et celle du cours supérieur du Maranhâo. Il est inutile d’insister sur l’importance de cette dernière étant donné l’influence politique et économique du territoire péruvien. Il faut encore citer le Putumayo, sur la route directe du Seuil de Pasco, centre de dispersion qui, lui-même, définit l’instabilité géographique du quart Nord-Ouest du continent et dont la vallée de ce fleuve pourra mener à l’Atlantique.

Il est intéressant de rappeler le rôle que le Rio Negro est appelé à jouer dans cette même instabilité géographique, soit par son affluent, le Aupès, lequel prolonge sa zone d’influence indirectement jusqu’au cours supérieur de l’Orénoque et du Magdalena, soit par sa haute vallée vers le Rio Guania, lequel reçoit le Cassiquiare qui est tributaire de l’Orénoque. Il ne fait aucun doute que le Rio Negro répercute avec une exceptionnelle force l’influence du Putumayo sur le centre de dispersion (Seuil de Pasto), caractéristique de l’instabilité géographique contemporaine.

Dans le nord, le Rio Branco, dans son cours supérieur, s’approche des sources du Rio Caura, affluent de l’Orénoque et le Trombetas, auquel s’ajoute le Peru, convergent vers le haut plateau où paissent les plus beaux troupeaux de l’Amérique du Sud.

Ce tour d’horizon que nous venons de faire montre bien le degré, l’extension et la variété des influences du bassin amazonien.

En premier lieu, ces influences exercent une attraction déterminante sur les deux grandes instabilités géographiques continentales : le haut plateau bolivien et le centre de dispersion colombien. Elles représentent en particulier la véritable force de cohésion, donnant à l’immense cours de l’Amazone le rôle de pendule régulateur des fluctuations de ces territoires.

En second lieu, son influence se fait sentir à travers les passages andins sur les vallées elles-mêmes de la Cordillère ou même sur le versant du Pacifique.

Pour ce qui est du haut plateau bolivien, le Madeira-Mamoré est un facteur qui a permis à l’Amazonie d’avoir une capacité de transport ; de son côté la route de Yungas à La Paz a canalisé les forces économiques provenant du Col de santa Rosa.

Le Seuil de Pasco avait déjà commencé à jouer son rôle fonctionnel dans le système des passages andins. Nous avons là la ligne mixte Lima – Iquitos par Ucaiali et Iquitos doté d’une base aérienne de premier ordre.

Il reste les rios Putumayo et Negro, dont les vallées attendent la baguette magique que sont les transports modernes pour entrer définitivement en fonction.

Il nous paraît que rien ne convient plus à l’Amazonie que de lui donner la fonction de pôle centripète.

Il revient au Brésil de prendre conscience de son extraordinaire réalité géographique ; le Brésil dispose du cours de l’Amazone, moyen d’amener dignement le dénouement de tout le drame économique qu’on prépare dans les coulisses du superbe théâtre amazonien, que nous venons de parcourir à grandes enjambées sur une carte géographique.

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